Analyser les variations morpho métriques du bras gauche des enfants

CARACTERISQUE SOCIO-DEMONGRAPHIQUES

Le but de cette présente étude est d’analyser les variations morpho métriques du bras gauche des enfants âgés de 6-59 mois souffrant de MAM. Cette étude rentre dans le cadre du projet de recherche pour le développement d’un outil alternatif de diagnostic par image de la malnutrition aiguë chez les enfants en temps réel piloté par ACF-Espagne en partenariat avec le Laboratoire de Recherche en Nutrition et Alimentation Humaine (LARNAH) de l’UCAD. Il est basé sur le principe de la morphométrie géométrique qui est une technique de quantification et de visualisation des différences de forme (Rohlf et Marcus, 1993 ; Bookstein, 1996 ; Klingenberg, 2010). Une première étude a été faite chez des enfants MAS et les enfants bien portants âgés de 6-59 mois vivants au Sénégal et en Espagne. Elle a permis de développer un algorithme de classification pour les deux groupes (Medialdea et al., 2018). Cependant, il est nécessaire d’élargir la capacité de l’algorithme en incluant également les enfants souffrant de MAM et les enfants à risque de malnutrition aiguë, afin de pouvoir évaluer la sensibilité et la spécificité de ce classificateur.

L’échantillon initial de 96 enfants n’a pas pu être atteint, malgré la prise en compte des cycles de recrutement précédents de l’équipe, en raison de la faible prévalence d’enfants âgés de 24 mois et plus, diagnostiqués MAM par PB dans la zone d’étude. En effet, les résultats de l’enquête SMART de 2017, ont montré que seuls 1,3% et 0,8 % d’enfants sont respectivement diagnostiqués MAM par PB dans les régions de Matam et de Louga (SMART, 2017). D’autres études qui ont comparé les deux outils de diagnostic de la malnutrition aiguë (PB et PTZ) chez les enfants âgés de 6-59 mois, ont montré que le PTZ dépiste plus d’enfants malnutris que le PB (Fiorentino et al., 2016 ; Custidio et al., 2018 & Onifade,2019). Ces résultats expliquent certainement les difficultés à recruter des enfants, âgés de 24 mois et plus, MAM dépistés par le PB après deux phases de collecte (Avril-Juin et de Septembre-Décembre).

La majorité des enfants MAM par PB de notre population d’étude sont âgés de moins de 36 mois. Ce résultat coïncide avec ceux des études antérieures sur la malnutrition aiguë des enfants âgés de 6-59 mois (Grellety & Golden 2016 ; Fiorentino et al., 2016 ; Custidio et al., 2018). Ces études ont démontré que le PB détecte plus les jeunes enfants souffrant de malnutrition aiguë globale ou sévère, toutefois les informations sur la MAM sont encore rares. Il a été également constaté dans cette étude, que le PB dépiste plus les garçons que les filles. Des études qui ont évalué la capacité du PB à diagnostiquer la malnutrition aiguë globale et sévère chez les enfants âgés de 6-59 mois vivant au Cambodge et en Inde ont montré le contraire c’est-à-dire le PB est plus sensible chez les filles que chez les garçons (Fiorentino et al., 2016 ; Kapil et al., 2018 & Onifade 2019). Cette contradiction pourrait s’expliquer par un groupe cible différent car notre présente étude concerne les enfants souffrants de MAM uniquement tandis que les leurs concernent les MAG et les MAS. Le cadre géographique dans lequel chaque étude a été réalisée pourrait aussi justifier cette différence, car il existe un effet de l’environnement dans l’expression de la malnutrition aiguë (Grellety et Golden, 2016). Toutefois il est important de préciser qu’avec l’analyse de la variance, le PB et le PTZ ne présentent pas de différence entre les sexes ou les tranches d’âge. La taille d’échantillon non représentative de la région de Matam et de Louga pourrait en être une cause. Les résultats révèlent que seul le poids varie en fonction du sexe. Par contre la taille et le poids varient en fonction de l’âge ce qui corrobore des études sur la croissance et l’évolution des Hommes (Bayley et Davis, 1935 ; Bogin, 1999 et 2015). Le PB varie aussi en fonction de l’âge comme l’ont démontré de De Onis et al. (1997) et Custudio et al. (2018) dans leurs études respectives.

D’après nos résultats, une faible proportion d’enfant MAM souffre d’un retard de croissance (39,6%). Ce résultat corrobore celui de l’étude transversale d’Olsen et al. (2019) axée sur le développement moteur et linguistique des enfants âgés de 6 à 23 mois souffrant de MAM au Burkina Faso. Ils ont montré que seuls 37 % des enfants MAM de leur étude souffrent d’une forme de retard de croissance. Des prévalences plus faibles ont été trouvées dans ces zones (16 % à Louga et 17 % à Matam) lors de la dernière Enquête Démographique et la Santé continue (EDS-continue) faite en 2017 (ANSD, 2018). Cependant cette présente étude cible uniquement les enfants MAM alors que l’enquête a été effectuée chez tous les enfants, ceci pourrait justifier la différence entre ces deux résultats. La valeur médiane du PBZ des sujets de l’étude est similaire à celle du PTZ et est significativement plus élevée chez les enfants âgés de 24 mois et plus, donc l’indice PBZ pourrait probablement être utilisé pour le diagnostic de malnutrition aiguë modérée. Ce résultat est confirmé par De Onis et al. (1997) et Custudio et al. (2018) qui ont abouti à la même conclusion dans une méta-analyse faite en Somalie, portant sur 19 enquêtes effectuées entre 2007 et 2016 où il a été démontré que le PBZ peut être utilisé pour le diagnostic de la malnutrition aiguë chez les enfants âgés de 6-59 mois. La majorité des enfants diagnostiqués MAM par PB souffrent d’un retard de croissance. Ce qui signifie que ces enfants courent un plus grand risque de malnutrition chronique que les autres enfants de l’étude. L’étude de Filteau et al. (2019) sur la croissance régulière de la petite enfance associée à une valeur anthropométrique (poids, taille ou PB) plus grande chez les enfants indiens nés avec un faible poids de naissance dont les mesures anthropométriques sont reprises à l’âge de 4-6 ans, montre une corrélation positive entre le poids et le PB, la taille et le PB. Ceci pourrait justifier la présence de retard de croissance chez ce groupe d’enfants MAM. Cependant une étude faite en Afrique du Sud et portant sur le traitement des enfants âgés de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë modérée a montré qu’il n’existe pas de relation entre la malnutrition aiguë diagnostiquée par PB et le retard de croissance (Steenkamp et al., 2016).

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