Anthropométrie des adolescents

Anthropométrie des adolescents

Evaluation du statut pondéral des adolescents

La surcharge pondérale et la malnutrition sont situées aux deux extrémités opposées du spectre de l’adiposité, et leur évaluation est basée sur la mesure du poids et de la taille rapportés à l’âge et le sexe de l’enfant (Cole et al., 1991).

Le statut pondéral de l’enfant peut être évalué à partir de plusieurs types de courbes: celles du poids selon l’âge ou du poids selon la taille (Sempé et al., 1979). Cependant, la première méthode ne tient pas compte de la taille et la deuxième ne tient pas compte de l’âge. Contrairement à la mesure du poids, l’indice de corpulence (poids (kg)/Taille² (m²) appelé indice de Quételet ou indice de masse corporelle (IMC) est indépendant de la taille et par conséquent reflète bien la corpulence. Les courbes de l’IMC selon l’âge (Rolland-Cachera et al., 1982) prennent en compte simultanément les trois variables : poids, taille et âge, et évaluent ainsi de façon plus précise le statut pondéral.

Différentes courbes de corpulence et références disponibles

La corpulence évaluée par l’indice de Quételet ou indice de masse corporelle varient au cours de la croissance, l’interprétation du caractère normal ou pathologique du niveau d’adiposité doit se faire en tenant compte de l’âge et du sexe de l’enfant (Rolland-Cachera, 2004). À travers le monde, plusieurs types de courbes sont utilisés. Le choix du type de courbe à employer est controversé et dépend essentiellement des objectifs recherchés.

Courbes de corpulence françaises
Les courbes de corpulence de référence françaises (figure 1 et 2) ont été établies en 1982 par Rolland-Cachera (Rolland-Cachera et al., 1982). Elles ont été révisées en 1991 et figurent depuis 1995 dans le carnet de santé des enfants. Les courbes de corpulence françaises sont établies en percentiles, qui permettent de définir les zones d’insuffisance pondérale (< 3e percentile), de normalité (3–97e percentile) et de surpoids (>97e percentile) depuis la naissance jusqu’à l’âge de 20 ans. Il faut noter que les références françaises permettent de définir le surpoids (>97e percentile) mais qu’elles ne comportent pas de seuil permettant de distinguer, parmi les enfants en surpoids, ceux qui sont obèses (Rolland-Cachera et al., 1991).

Courbes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Le comité OMS d’experts sur l’utilisation et l’interprétation de l’anthropométrie a proposé des définitions de l’obésité chez l’adulte et l’enfant (OMS., 1995). Pour l’adulte, ce comité recommande l’utilisation de l’IMC, les valeurs de 25 et 30 kg/m2 définissant les degrés 1 et 2 de surpoids. Ces seuils ont été établis à partir de données statistiques reliant les valeurs de l’IMC aux taux de mortalité. Pour les enfants, l’OMS recommande d’utiliser les courbes du poids selon la taille jusqu’à 10 ans, puis les courbes de l’IMC établies à partir des données de l’étude NHANES I ainsi que les plis cutanés, cette définition complexe (différentes méthodes selon l’âge, différents indicateurs et différentes références) proposée en 1995, est toujours actuelle, mais elle est peu utilisée.

Courbes des Centers for Disease Control (CDC)
Le CDC a publié en 2000 les nouvelles courbes de référence américaines (Kuczmarski et al., 2000) qui comportent des rang de centiles allant du 5em au 95em centile ce qui permet d’évaluer la zone de déficit pondéral, de normalité et d’excès pondéral . Elles ont été établies à partir d’échantillons plus importants et plus récents (à l’exception des courbes du poids et de l’IMC, établies sur des données plus anciennes, en raison de l’augmentation trop importante de l’obésité ces dernières années. De nouvelles méthodes statistiques ont été utilisées, et pour la première fois, des courbes d’IMC ont été ajoutées à l’ensemble des courbes de référence (Rolland-Cachera., 2004).

Seuils internationaux définissant le surpoids, l’obésité et la maigreur
L’International Obesity Task Force (IOTF), sous l’égide de l’OMS a élaboré en 2000 une définition du surpoids et de l’obésité chez l’enfant, en utilisant des courbes d’IMC établies à partir de données recueillies dans six pays disposant de larges échantillons représentatifs (Cole et al., 2000). Le concept de ces courbes est différent de celui utilisé dans les références françaises qui définissent le surpoids et l’insuffisance pondérale en fixant des seuils basés sur des distributions statistiques. L’IOTF a considéré qu’en termes de morbi-mortalité, le risque principal pour un enfant en surpoids ou obèse était de présenter un surpoids ou une obésité à l’âge adulte. Disponibles de l’âge de 2 ans à 18 ans, les seuils du surpoids et de l’obésité sont constitués par les courbes de centiles atteignant respectivement les valeurs 25 et 30 kg/m² à 18 ans (les valeurs 25 et 30 étant les seuils définissant respectivement le surpoids et l’obésité chez l’adulte, établis sur la base des relations entre valeurs d’IMC et taux de mortalité). Selon la définition de l’IOTF, le surpoids inclut toutes les valeurs au-dessus du seuil 25, donc aussi l’obésité. L’obésité se définit par les valeurs d’IMC supérieures au seuil IOTF-30. La zone située entre les seuils IOTF-25 et IOTF-30 correspond à la zone de surpoids (obésité exclue) (Thibault et al., 2010). Cole et al ont utilisé les mêmes méthodes que celles utilisées par l‘IOTF pour l’établissement des seuils internationaux de l’insuffisance pondérale. Les données de l’IMC ont été recueillis dans six pays à revenu élevé et moyen: le Brésil, la Grande Bretagne, à Hong Kong, les PaysBas, Singapour et les Etats-Unis ayant des données nationales représentatives et ont servi à établir une population de référence (Cole et al., 2007).

Pelletier et Frongillo soulignent que la plupart des mortalités liées à la malnutrition se produisent avec une malnutrition légère ou modérée (Pelletier, 2003).

Il est donc essentiel de distinguer entre les grades de la maigreur (Figure 5). Ainsi, en plus du seuil initial IMC=17 qui définit la maigreur, il est proposé deux autres seuils: IMC=18,5 utilisé depuis longtemps par l’OMS dans les études pour adultes (James et al., 1988) et qui définit la maigreur de grade 1 (OMS, 1995) et le seuil IMC=16 utilisé pour définir le grade 3 de la maigreur.

Courbes du Programme National Nutrition Santé (PNNS)
En France, en 2002, dans le cadre du Programme National Nutrition Santé (PNNS), le ministère de la Santé a coordonné un groupe d’experts afin de proposer une nouvelle présentation des courbes de corpulence (Figure 6,7), adaptées à la pratique clinique. Ces courbes intègrent les deux méthodes : les courbes françaises complétées par le centile IOTF C-30. En effet, le seuil du 97e centile des références françaises ne permettait pas de distinguer un enfant situé légèrement au-dessus de ce centile d’un autre enfant présentant une importante surcharge pondérale. Pour cela, la zone de surpoids a été scindée en deux zones (obésité degré 1 et obésité degré 2), qui permettront de situer plus précisément le niveau d’excès pondéral d’un enfant. Les experts n’ont pas retenu le centile IOTF C-25 (définissant le surpoids pour I’IOTF), car il était proche du 97’ centile des références françaises (Rolland Cachera et al ., 2002).

Table des matières

Introduction
Revue bibliographique
I. Anthropométrie des adolescents
I. 1. Evaluation du statut pondéral des adolescents
I. 2. Différentes courbes de corpulence et références disponibles
I .2. 1. Courbes de corpulence françaises
I .2. 2. Courbes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
I. 2. 3. Courbes des Centers for Disease Control (CDC)
I .2. 4. Seuils internationaux définissant le surpoids, l’obésité et la maigreur
I .2 .5. Courbes du Programme National Nutrition Santé (PNNS)
I .3. Choix de la courbe et de la terminologie
II. Antécédents du risque cardiovasculaire
III. Physiopathologie du stress oxydatif et relation avec l’alimentation
III. 1. Stress oxydant
III. 2. Mécanismes antioxydants
III .2. 1. Antioxydants enzymatiques
III. 2. 2. Antioxydants non enzymatiques
III. 3. Les marqueurs biologiques du stress oxydant
III. 4. Alimentation et stress oxydant
IV. Relation entre obésité infantile, stress oxydant et risque cardiovasculaire
V. Définition des anomalies métaboliques chez les adolescents
Sujets et méthodes
I. Population et cadre d’étude
I .1. Evaluation clinique
I. 1. 1. Relevé des paramètres anthropométriques
I. 1. 2. Mesure de la pression artérielle
I. 2. Analyses biochimiques
II. Méthodes
II. 1. Classification des paramètres anthropométriques
II. 2. Prélèvement
II. 3. Dosages et analyses biochimiques
II. 3 .1 . Détermination de la glycémie
II. 3. 2. Détermination de l’Urée
II .3. 3. Détermination de la créatinine
II .3. 4. Evaluation du profil lipidique
II. 3. 4. 1. Dosage du cholestérol total
II. 3. 4. 2. Dosage des triglycérides
II. 3. 4. 3. Dosage du cholestérol-HDL
II. 3. 4. 4. Détermination du cholestérol-LDL
II. 3. 5. Evaluation du statut Redox
II. 3 .5 . 1. Détermination de l’attaque radicalaire
a. Mesure de la peroxydation lipidique par le dosage des substances réactives à l’acide thiobarbiturique (TBARS) au niveau érythrocytaire
b. Mesure de l’oxydation protéique par le dosage des dérivés carbonyles au niveau érythrocytaire
II. 3. 5. 2. Détermination de la défense antioxydante enzymatique au niveau érythrocytaire
a) Superoxyde dismutase
b) Glutathion peroxydase
c) Glutathion réductase
II. 3. 5. 3. Evaluation de la défense antioxydante non enzymatique au niveau sérique
a) L’albumine
b) L’acide urique
II. 4. Analyse statistique
Résultats
I. Caractéristiques démographiques et anthropométriques de la population
I. 1. Répartition des adolescents selon le sexe et l’âge
I. 2. Evaluation du statut pondéral des adolescents
I. 3. Répartition des adolescents selon le sexe, l’âge et l’IMC
I. 4. Caractéristiques anthropométriques des 4 classes pondérales
II. Évaluation des paramètres cliniques et biochimiques
II. 1. Analyse de la pression artérielle systolique et diastolique des adolescents du groupe Surpoids, Obèses et Maigreurs, comparé au groupe des Normopondéraux
II. 2. Teneurs sériques en glucose, urée et créatinine des adolescents du groupe Surpoids, Obèses et Maigreurs, comparé au groupe des Normopondéraux
II. 3. Analyse du profil lipidique des adolescents du groupe Surpoids, Obèses et Maigreurs, comparé au groupe des Normopondéraux
II. 3. 1. Teneurs sériques en cholestérol total et triglycérides des adolescents du groupe Surpoids, Obèses et Maigreurs, comparé au groupe des Normopondéraux
II .3 .2. Teneurs sériques en cholestérol-HDL et cholestérol-LDL des adolescents du groupe
Surpoids, Obèses et Maigreurs, comparé au groupe des Normopondéraux
II. 4. Prévalence des anomalies métaboliques chez les adolescents étudiés
II. 5. Analyse de la distribution des anomalies métaboliques dans les 4 classes pondérales
III. Evaluation du statut oxydant/antioxydant
III. 1. Analyse de la peroxydation lipidique (TBARS) et de l’oxydation protéique (groupements carbonyles) au niveau érythrocytaire chez les adolescents du groupe Surpoids, Obèses et Maigreurs, comparé au groupe des Normopondéraux
III. 2. Analyse de la défense antioxydante enzymatique érythrocytaire chez les adolescents du groupe Surpoids, Obèses et Maigreurs, comparé au groupe des Normopondéraux
III. 2. 1. Analyse de l’activité de la superoxyde dismutase, glutathion peroxydase et le glutathion réductase et du au niveau érythrocytaire chez les adolescents du groupe surpoids, Obèses et Maigreurs, comparé au groupe des Normopondéraux
III. 3. Analyse de la défense antioxydante non enzymatique au niveau sérique chez les adolescents du groupe Surpoids, Obèses et Maigreurs, comparé au groupe des Normopondéraux
III. 3. 1. Analyse des taux sériques en albumine et acide urique chez les adolescents du groupe Surpoids, Obèses et Maigreurs, comparé au groupe des normopondéraux
IV. Influence du degré de la surcharge pondérale
Discussion
Conclusion

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