BIEN-ETRE DES ANES ET LEURS ROLES SOCIO-ECONOMIQUES

BIEN-ETRE DES ANES ET LEURS ROLES SOCIO-ECONOMIQUES

Importance alimentaire 

En gastronomie, les viandes des équidés sont diversement appréciées, en fonction des interdits religieux et des habitudes alimentaires de chaque peuple. Si au Sénégal la consommation de la viande d’âne intervient au cours d’initiations mythiques, au Burkina Faso par exemple, elle intervient normalement comme source de protéines animales pour certaines franges de la population, à hauteur d’environ 98,3 tonnes l’an (KABORET, 1984). Par exemple en 2012, un effectif de 17 546 ânes a été abattu, soit 894, 846 tonnes de viande d’âne (DGESS, 2012). La viande asine est également très prisée au Tchad (GRABER, 1970). Elle est surtout utilisée dans la confection des saucissons. 9 Les ânes sont couramment consommés en Namibie et, occasionnellement, dans certaines régions de l’Afrique du Sud. Dans d’autres pays, comme le Zimbabwé, la consommation de la viande d’âne est considérée comme un acte répugnant (EPSTEIN, 1971). Le lait d’ânesse, autrefois, était un aliment très recherché et utilisé dans la pharmacopée traditionnelle. Il serait un antidote contre les intoxications au soufre, à la ciguë. Le lait d’ânesse serait un médicament miracle contre la goutte (Celse cité par ROSSIE, 1995). Donné avant ou après le repas, il améliore l’appétit des enfants chétifs, des malades ou les personnes âgées (MICHAEL et JANE, 2006). Le lait d’ânesse était également réputé pour sa qualité dans les soins esthétiques. Les textes de l’Antiquité nous rapportent que Cléopâtre l’utilisait en bain pour ses soins de beauté. Ce lait est aujourd’hui encore utilisé pour la production de savons. 

 Importance mystique 

Au Burkina Faso, chez certaines ethnies, l’âne est considéré comme un animal mystérieux, sacré dont on conseille d’éviter de maltraiter ou de tuer. Il est encore utilisé périodiquement dans certains villages du Yatenga (cas des villages Foulcé) à des fins rituelles pour solliciter une bonne pluviométrie (OUMSONRE, 1987). Pour d’autres (MAILLIET et al., 1969) : – le brai de l’âne à une certaine heure de la nuit revêt une signification particulière ; – il faut sacrifier un âne ou un bœuf pour avoir l’autorisation d’en posséder un pour le travail de la terre ; – l’âne qui creuse le sol à l’aide de ses sabots (à l’image du creusement d’une tombe) porte malheur ; – l’âne qui hoche la tête dans les familles est porteur de malheur ; – si les poils de l’âne ne tournent pas dans le sens des aiguilles d’une montre à des parties bien précises du corps de l’animal, si deux enfants d’une même mère montent sur cet âne, l’un deux mourra dans les 48h. Les ânes participent aux activités socio-économiques dans les pays en voie de développement comme le Burkina Faso. Ils effectuent d’importantes activités à la place des hommes d’où la nécessité de penser à leur bien-être. 10 CHAPITRE III : BIEN-ETRE ANIMAL Le code de la santé animale au Burkina Faso, dans son article 49, interdit d’exercer de mauvais traitements envers les animaux tant domestiques que sauvages apprivoisés ou tenus en captivité. Des dispositions règlementaires déterminent les mesures propres à assurer la protection de ces animaux contre les mauvais traitements ou les utilisations abusives et à leur éviter des souffrances lors des manipulations inhérentes aux diverses techniques d’élevage, de parcage, de traction et d’abattage des animaux (DGSV, 1989). 

 Définition 

La définition du bien-être animal est complexe compte tenu des paramètres qu’il englobe (religieux, philosophiques, sociaux, économiques, scientifiques et politiques) (HEWSON, 2004). Selon certains auteurs, le bien-être animal est considéré comme une expérience subjective de l’animal, un état mental correspondant à l’absence d’émotions négatives (peur, frustration, douleur, faim ou soif prolongée, stress répété, etc.) et vraisemblablement à la présence d’émotions positives (DAWKINS, 1983 ; DUNCAN, 2005). Nous pouvons retenir la définition du FARM ANIMAL WELFARE COUNCIL (Conseil pour le bien-être des animaux d’élevage) du Royaume Uni, qui exprime le mieux possible le bien-être animal. Elle est libellée comme suit : « le bien-être des animaux est atteint lorsqu’il y a : – absence de soif, faim et malnutrition nécessitant un accès facile à l’eau douce et un régime assurant la santé et la vigueur de l’animal ; – absence d’inconfort nécessitant un environnement approprié, comprenant un abri et une aire de repos confortable ; – liberté d’exprimer un comportement naturel nécessitant un espace suffisant, des installations adaptées et la compagnie d’autres animaux de la même espèce ; – absence de douleur, de peur et de stress chronique nécessitant des conditions et un traitement évitant d’infliger des souffrances psychologiques ; – absence de souffrances, de blessures et de maladies nécessitant une action de prévention ou un diagnostic rapide et un traitement ». 

 Evaluation du bien-être animal

 VEISSIER et al., (1999, 2007) ont, de manière simple, proposé des critères pratiques qui permettent d’évaluer le bien-être des animaux en se basant sur les cinq (05) principes fondamentaux du bien-être animal (tableau I). 11 Tableau I : Principes et évaluation du bien-être animal (VEISSIER et al., 1999, 2007) Principes Eléments d’évaluation du bien-être animal Les indicateurs comportementaux L’expression d’activités anormales liées à l’impossibilité d’exprimer un comportement pour lequel l’animal est fortement motivé, une réactivité émotionnelle exacerbée ou diminuée sous l’effet d’un stress chronique Les indicateurs physiologiques La modification du fonctionnement de l’axe corticotrope sous l’effet d’un stress chronique Les indicateurs zootechniques La chute de poids, de la production de lait ou d’œufs qui peuvent varier, entre autres, si les animaux subissent un stress chronique, sont malades ou blessés Les indicateurs sanitaires La présence de maladies et/ou de blessures ; lesquelles peuvent entraîner un malaise ou des douleurs pour l’animal Les préférences des animaux appréciées au travers de tests de choix multiples Les préférences en posant directement la « question » à l’animal (type de logement, l’alimentation, etc.) 

PARTIE EXPERIMENTALE 

 Lieu et période d’étude

 L’étude s’est déroulée au Burkina Faso d’août à octobre 2014. Le Burkina Faso est un pays au cœur de l’Afrique Occidentale ayant une superficie de 274 200 km2 . Il est limité au Nord et au Nord-Ouest par le Mali, à l’Est par le Niger, au Sud par la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin (OUOBA, 1997). Il possède un climat tropical de type soudano-sahélien avec deux saisons très contrastées, la saison des pluies avec des précipitations comprises entre 300 mm et 1 200 mm et la saison sèche durant laquelle souffle l’harmattan, un vent chaud et sec, originaire du Sahara (KABORE, 2002). Le Burkina Faso est divisé en quarante cinq provinces réparties en 13 régions (Figure 1). L’élevage constitue le troisième grand pôle du secteur agro-pastoral du pays. Il contribue pour plus de 18% du Produit Intérieur Brut (PIB) (MRA, 2011). Figure 1 : Régions d’étude du Burkina Faso I.2 Choix de la zone d’étude L’étude a été réalisée dans la région de l’Est (qui détient 10,19 % des ânes) et du Plateau Central (qui contient 10,09 % des ânes) en raison de la forte concentration des ânes, mais aussi de l’importance de leurs implications dans les travaux de la terre qui constituent leur principale activité. Par ailleurs, la région 14 des Hauts Bassins (qui renferme 8,81% des ânes) a été choisie en raison de la présence non seulement des ânes mais aussi de leur utilisation dans le commerce (Tableau II). Tableau II : Zones d’étude Régions Provinces Villages Est Gourma Gnindougou ; Koaré ; Toboauli ; Badiabdeni ; Diapangou ; Balga ; Wakou ; Bossongri ; Dokouna ; Bandiabgou Hauts Bassins Kénédougou Bandougou ; Tenasso ; Samorogouan ; Farakan Plateau Central Oubritenga Sawana ; Kuila ; Bakoulba ; Ziga ; Boulba 

 Collecte de données 

L’enquête a comporté deux principales phases : – la collecte des informations de base axée sur une revue documentaire et sur l’entretien avec des personnes ressources ; – les enquêtes de terrain ; La collecte des données de base s’est axée sur les sources secondaires d’information, la recherche bibliographique et documentaire. La documentation a été faite à partir de : – la bibliothèque de l’EISMV ; – la bibliothèque de la Direction Générale des Services Vétérinaires (DGSV) du Burkina Faso. Cette démarche a permis d’acquérir une vue générale de l’environnement naturel et économique.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : ELEVAGE DES ANES
I.1 MODE D’ELEVAGE DES ANES AU BURKINA FASO
I.1.1 Sédentarisme
I.1.1.1 Stabulation entravée permanente
I.1.1.2 Divagation saisonnière
I.1.1.3 Divagation permanente
I.1.2 Autres modes d’élevage
CHAPITRE II : IMPORTANCE DES ASINS
II.1 IMPORTANCE SOCIALE
II.2 IMPORTANCE ECONOMIQUE
II.2.1 Utilisation dans la culture attelée
II.2.2 Utilisation dans le transport
II.2.3 Utilisation dans les travaux domestiques et champêtres
II.2.4 Autres utilisations
II.2.5 Sources de revenus monétaires
II.3 IMPORTANCE ALIMENTAIRE
II.4 IMPORTANCE MYSTIQUE
CHAPITRE III : BIEN-ETRE ANIMAL
III.1 DEFINITION
III.2 EVALUATION DU BIEN-ETRE ANIMAL
DEUXIEME PARTIE : PARTIE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES
I.1 LIEU ET PERIODE D’ETUDE
I.2 CHOIX DE LA ZONE D’ETUDE
I.3 COLLECTE DE DONNEES
I.4 ENQUETES
I.4.1 Enquête exploratoire
I.4.2 Enquête formelle
I.5 TRAITEMENT DES DONNEES
I. LIMITES DE L’ETUDE
CHAPITRE II : RESULTATS.
II.1 ETATS DES LIEUX SUR L’ELEVAGE DE L’ANE.
II.1.1 Effectifs
II.1.2 Conditions d’élevage
II.1.2.1 Habitat
II.1.2.2 Alimentation
II.1.2.3 Abreuvement
II.1.2.4 Bien-être animal
II.2 ROLE SOCIO-ECONOMIQUE DE L’ANE
II.2.1 ROLE SOCIAL DE L’ANE
II.2.1.1 Rôle socio-culturel de l’âne
II.2.2.2 Fréquence de mise en service
II.2.2.3 Montant généré par l’utilisation des ânes .
II.2.2.4 Harnachement des ânes
II.3 SANTE ANIMALE
CHAPITRE III : DISCUSSION
III.1 ELEVAGE DE L’ANE AU BURKINA FASO
III.2 ROLE SOCIAL DE L’ANE
III.3 IMPORTANCE ECONOMIQUE DE L’ANE
III.4 SANTE ANIMALE
CHAPITRE IV : RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES
IV.1 ACTION AU NIVEAU DE LA SOCIETE .
IV.2 ACTION ZOOTECHNIQUE
IV.2.1 Amélioration des conditions d’élevage
IV.2.1.1 Habitat
IV.2.1.2 Alimentation
IV.2.1.3 Hygiène
IV.3 ACTION SUR L’ETAT SANITAIRE
IV.4 AMELIORATION DU BIEN-ETRE DE L’ANE.
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE

 

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