Caractérisation des altérations hydrothermales

Les altérations hydrothermales varient minéralogiquement et spatialement, de proximale à distale, en fonction des types de gisements . Elles représentent l’empreinte des variations chimiques causées par le passage des fluides hydrothermaux et constituent généralement une suite de minéraux typiques selon certains contextes (Mikucki, 1998). La nature des fluides influence donc la minéralogie d’altération. L’altération hydrothermale est directement reliée à la genèse de la minéralisation. C’est donc une caractéristique discriminante qui influence les stratégies d’exploration sur une propriété. Ce Chapitre vise 1) à déterminer la (ou les) séquences paragénétique(s) des minéraux d’altération hydrothermale au sein du Stock de Boyvinet, 2) à relier spatialement les altérations à la minéralisation, et 3) de les quantifier géochimiquement à l’aide de bilans de masses pour déterminer les variations en éléments mobiles (gains et pertes). En effectuant des levés de susceptibilité magnétique, il sera possible de comparer la réponse magnétique de certaines altérations. Par la suite, des comparaisons seront réalisées avec la minéralogie décrite en lames minces, en affleurement et en forages, afin de proposer des liens avec la susceptibilité magnétique des zones minéralisées à l’échelle des affleurements cartographiés.

Minéralogie

La minéralogie des altérations hydrothermales a été décrite à partir de cartographies de détail (échelle 1 :50) en affleurement et en forages en premier lieu, et par la suite à partir d’échantillons représentatifs en lames minces. Les travaux de terrain réalisés dans le cadre de ce projet correspondent à un total de 5 décapages et 11 forages carottés. La suite paragénétique complète observée dans le corps intrusif est : albite – chlorite – hématite – silice – carbonates – magnétite – pyrite ± séricite ± épidote . Cette suite de minéraux s’observe sur tous les affleurements minéralisés et dans la majorité des forages répartis au sein du corps intrusif . Les altérations hydrothermales rencontrées en lames minces et en cartographie sont décrites ci dessous selon les minéraux. Il faut souligner que les altérations hydrothermales ont été plus faciles à reconnaître et à placer chronologiquement grâce à la hornblende, qui a enregistré une grande partie des transformations minéralogiques.

Épidotisation
L’épidote, une phase principalement rencontrée au sein de la hornblende, est perceptible à quelques endroits où le degré d’altération est plus faible . Elle s’observe sous forme de texture en « manteau d’Arlequin » (pôle pistachite; Roubeault, 1982). Sous la forme cryptocristalline, l’épidote est alors difficile à différencier des carbonates aussi présents en remplacement dans la hornblende. Il est fort possible qu’il s’agisse d’une évidence du métamorphisme régional aux schistes verts (métamorphisme prograde). L’épidote est communément remplacée par la chlorite, sauf pour la partie sud de l’intrusion, notamment sur le décapage BVB. À cet endroit, l’épidote est un minéral interstitiel du corps intrusif luimême et forme aussi localement des veinules centimétriques . Cette épidotisation prononcée et ponctuelle pourrait être en lien avec la proximité des dykes majeurs de gabbros du complexe de la Chute-à-l’Esturgeon et de la Faille Opawica.

Chloritisation
La chlorite remplace communément l’épidote développée dans les phénocristaux de hornblende  et se retrouve aussi en grains libres dans les zones interstitielles aux phénocristaux de feldspaths albitisés. L’altération en chlorite est aussi très bien développée au sein des fragments mafiques , fort probablement tardive à l’épidotisation. De plus, on retrouve communément des zones de filonets de chlorite aux pourtours de zones minéralisées (en affleurement et en forage) d’épaisseur décimétrique à métrique. Localement, des veinules de chlorite-pyrite sont retrouvées dans ces portions de filonets, mais ne portent pas des valeurs aurifères économiques. La cartographie de l’affleurement TR-98-02-A en annexe présente un exemple concret de veinules de chlorite périphériques aux zones minéralisées.

Martitisation (albitisation et hématisation)
La martitisation, selon Thompson et al. (1996), est un développement d’albite secondaire dans un feldspath, associé à la présence d’inclusions d’hématite cristalline très fine (provenant d’une transformation de la magnétite en hématite. Lorsque l’albite secondaire se développe sous forme tabulaire très fine, elle le fait selon un plan préférentiel, voire deux, résultant en une texture en « damier ». Cette texture est l’étape ultime de l’altération des grains originels de feldspaths.  L’altération se développe généralement en fonction des macles ou des portions plus sodiques. On retrouve également des néocristaux d’albite dans les veines périphériques aux zones fortement albitisées , la propagation se limite seulement aux phénocristaux de feldspaths et non aux minéraux interstitiels. Cette altération est omniprésente dans l’intrusion et a été observée en général dans toutes les lames minces provenant du corps intrusif (affleurement et forages; dans environ 90% des feldspaths observés). Cependant, une zonalité d’intensité de l’albitisation en fonction de la fracturation semble diviser les zones entre « faiblement altérée » et « fortement altérée ». L’intensité de l’altération se définit par la perte totale des mâcles des feldspaths/plagioclases en lames minces. En conséquence, l’intensité de l’hématisation varie également proportionnellement de faible à très forte au sein des feldspaths altérés  .

Silicification
La silicification diffuse (jusqu’à 5% du contenu minéralogique) s’observe en forages et sur la majorité des affleurements cartographiés. Communément associée aux zones riches en veines et veinules de quartz-carbonates, elle est aussi présente de manière pervasive sous la forme de grains de quartz très fins et parfois recristallisés (jonctions triples). La silicification pervasive est toutefois directement reliée à l’enrichissement aurifère, comparativement aux simples intervalles de stockwerks de veines et veinules, qui elles sont communément stériles.  en lien avec les fluides minéralisateurs.

Table des matières

Introduction
1.1 Problématique générale
1.2 Application d’une méthode de classification métallogénique par test de
caractéristiques discriminantes
1.3.1 Géologie du secteur
1.4 Buts et objectifs de l’étude
1.5 Méthodologie
Caractérisation géologique du Stock de Boyvinet
2.1 Composition minéralogique du Stock de Boyvinet
2.2 Composition géochimique de l’intrusion
2.3 Déformation
2.4 Survol des minéralisations observées
Caractérisation des altérations hydrothermales
3.1 Minéralogie
3.2 Associations spatiales avec la minéralisation
3.3 Bilans de masses
3.4 Réponses de la susceptibilité magnétique aux altérations
hydrothermales
3.5 Conclusions
Cortèges métalliques du système minéralisateur
4.1 Introduction
4.2 Familles de pyrites et d’oxydes
4.2.1 Pyrites
4.2.2 Oxydes
4.3 Méthodologie analytique : LA-ICP-MS
4.3.1 Traitement des données
4.4 Résultats
4.4.1 Habitus de la minéralisation aurifère
4.4.2 Quantifications géochimiques
4.4.3 Comparaisons pyrites – oxydes
4.5 Conclusions
Analyse des inclusions fluides
5.1 Introduction
5.2 Objectifs de l’étude
5.3 Description des échantillons
5.4 Pétrographie des inclusions fluides
5.5 Analyse de la composition en gaz par spectrométrie de masses
5.6. Interprétation
Synthèse et Conclusion

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