Caractéristiques de l’adhérence thérapeutique

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (2013), une personne sur quatre au niveau mondial sera, à un moment de sa vie, touchée par un trouble mental. Les pathologies sévères concernent une proportion diminuée mais importante de la population : la schizophrénie touche environ 1% de la population, les troubles d’anxiété généralisés 2% et les troubles dépressifs sévères 3% (Haute Autorité de la Santé, 2013).

Selon Wittchen et Jacobi (2005), une personne sur deux dans l’Union Européenne (UE) souffre un jour d’un trouble psychique (Schuler et Burla, 2012). En 2011, les mêmes auteurs affirment, au travers de leurs recherches épidémiologiques, que 38% de la population de l’UE, y compris la Suisse, souffrent d’un trouble psychique une fois par année.

Les troubles psychiques peuvent avoir des répercussions négatives dans tous les domaines de la vie. En effet, l’activité professionnelle peut être entravée par l’absentéisme et la stigmatisation rend plus difficile la réinsertion professionnelle. De plus, selon Baer (2007), en Suisse les troubles psychiques sont la source la plus fréquente d’invalidité et la principale cause de suicide (Schuler et Burla, 2012). Par ailleurs, au niveau sociétal, les répercussions financières sont importantes. Mis à part les coûts directs des traitements, ils existent également des coûts indirects liés à des pertes de productivité de ces personnes. Selon Jäger et Rössler (2008), plus de 12 milliards de francs suisses seraient attribuables aux maladies psychiatriques (Schuler et Burla, 2012).

Concernant la problématique objet d’étude, il est à noter que les personnes souffrant d’un ou plusieurs troubles psychiques présentent souvent des problèmes liés à l’adhérence thérapeutique. En effet, les articles relèvent qu’au minimum environ 30% des patients présentent une nonadhérence trois mois après la sortie de l’hôpital (Olfson & al., 2000). Ce pourcentage est en lien avec différents facteurs (diagnostic, facteurs socio-environnementaux et personnels) et augmente de manière exponentielle, pouvant atteindre 60 à 70% de non-adhérence (Aldebot & al., 2009 ; Sajatovic & al., 2009 ; Serobaste & al., 2014 ; Lingam & Scott, 2002 ; Bucci & al., 2003). Ces pourcentages varient selon les études, les caractéristiques des échantillons et le type de pathologies étudiées.

Définitions 

Trouble mental
Selon l’OMS (2016), les maladies comme la schizophrénie, la dépression et les troubles dus à l’abus de drogues font partie des troubles mentaux. Ils sont généralement caractérisés par une association de pensées, d’émotions et de comportements anormaux. Selon le DSM-IV (2005), il n’existe pas une définition applicable à toutes les situations. Indépendamment de la cause originelle, un trouble mental est considéré comme l’expression d’un dérèglement du comportement psychologique ou biologique de la personne. Il est important de se rappeler que ce n’est pas la personne, mais le trouble manifesté par celle-ci qui doit être classifié.

Les troubles psychotiques englobent la schizophrénie et les troubles schizo-affectifs. Ceux-ci sont des troubles se résultant en une « altération qui interfère de façon marquée avec la capacité à répondre aux exigences ordinaires de la vie ». Le terme défini une « perte des limites du Moi » et une « altération marquée de l’appréhension de la réalité ». (DSM-IV, 2005, p.343) .

Les troubles dépressifs et les troubles bipolaires font partie des troubles de l’humeur qui se caractérisent par une altération de l’humeur. Cependant, le trouble dépressif non spécifié se différencie des troubles bipolaires car il est exempt d’antécédents d’épisode maniaque, mixte ou hypomaniaque (DSM-IV, 2005).

Caractéristiques de l’adhérence thérapeutique

Afin de clarifier dès le début de notre travail en quoi consiste notre sujet de recherche, il est important de définir le concept d’adhérence, ses caractéristiques et ses conséquences.

La compliance, l’adhérence et la concordance sont trois des concepts utilisés pour décrire l’attitude des patients face à la prise en charge proposée par les professionnels. Selon Leibing (2010), l’utilisation de ces trois termes a évolué et cela reflète également l’évolution de la relation soignantsoigné. En effet, la compliance était le premier terme utilisé et représentait une notion plus autoritaire que l’adhérence. Selon Formarier et Jovic (2012), la compliance reflète une soumission de la part du patient par rapport aux directives du médecin, ce qui hiérarchise la relation patient-médecin.

Selon Sajatovic et al. (2009), l’OMS définit l’adhérence comme « la mesure à laquelle le comportement d’une personne (prendre la médication, suivre un régime et changer des habitudes de vie) correspond à des recommandations d’un professionnel de la santé » (p.591). Ce terme est le plus adéquat, car le patient est actif et libre dans les décisions relatives à sa santé.

Pour finir, la concordance est un concept britannique actuel qui respecte les croyances et les choix du patient. Le médecin inclut le patient dans les choix thérapeutiques (Leibing, 2010). C’est un concept étroitement semblable à celui de l’observance, qui est définie comme une concordance entre le comportement du patient et le programme thérapeutique proposé et accepté par le patient et le soignant (Formarier et Jovic, 2012).

Pour notre part, nous privilégions l’utilisation des termes adhérence et concordance-observance, car ceux-ci correspondent à un engagement égalitaire de la part du patient et du soignant. A noter que cependant nous avons réutilisé le terme compliance pour les articles qui le mentionnait comme tel. Dans le concept d’adhérence thérapeutique, nous ne considérons pas uniquement ce qui concerne le traitement médicamenteux, mais de manière plus large, incluant le suivi thérapeutique de manière globale. De plus, il nous semble indispensable d’appliquer ces termes quand le but est de favoriser une alliance thérapeutique.

La non-adhérence est un phénomène pouvant se manifester de différentes manières. Celui-ci n’est pas un tout ou rien, mais peut inclure des erreurs (intentionnelles ou accidentelles) dans le dosage et le timing, une omission totale ou partielle de la prise des médicaments, l’utilisation de combinaisons médicamenteuses involontaires, une prise initiale du traitement suivi par un arrêt rapide ou une non-présence aux rendez-vous (Patel & David, 2007). En effet, selon Misdrah et al. (2012), il est difficile à ce jour de trouver une définition unanime de l’adhésion, et il n’y a aucune norme d’or pour la mesurer.

Table des matières

Introduction
1. Problématique
1.1. Importance du problème
1.2. Définitions
1.2.1. Trouble mental
1.2.2. Caractéristiques de l’adhérence thérapeutique
1.2.3. Alliance thérapeutique
1.3. Justification du sujet à l’étude
2. Cadre théorique et rôle des soins infirmiers en lien à l’adhérence thérapeutique
3. Objectifs et questions de recherche
4. Méthodologie
4.1. Bases de données
4.1.1. Mots clés et équations
4.2. Cross-referencing
4.3. Revues et ouvrages consultés
5. Résultats
5.1. Nombre d’articles retenus, critères de choix et d’exclusion
5.2. Titre des articles retenus pour l’analyse
6. Analyse critique des articles
7. Comparaison des résultats
8. Discussion et perspectives
8.1. Consensus et divergences
8.2. Recommandations pour la pratique
8.3. Mise en lumière des résultats selon le cadre théorique
8.4. Recommandations pour la recherche et la formation
8.5. Limites de la revue de littérature
9. Conclusion 

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