Contraception d’urgence : son utilisation par les jeunes

Contraception d’urgence : son utilisation par les jeunes

Séances d’éducation pour la santé et connaissances des élèves

 Une étude a été menée auprès d’établissements du second degré de Loire-Atlantique afin de comprendre comment ont été réalisées les séances d’éducation pour la santé au cours de l’année scolaire 2011-2012 (8). Dans cette étude, il en résulte que seul un tiers a été organisé pour les classes de première. Ces séances ont principalement été animées par des professeurs de SVT* ou par le corps enseignant. Cependant, nous pouvons nous interroger sur la facilité que peuvent avoir les adolescents à aborder ce sujet avec les adultes qui ont autorité sur eux. Selon le témoignage d’un élève, il serait préférable d’avoir des intervenants extérieurs à l’établissement, jeunes pour être plus proches d’eux et pour éviter un éventuel décalage générationnel (9). 20 Les professeurs peuvent aborder les aspects physiologiques et anatomiques de la relation sexuelle mais comment aborder, sans erreur d’interprétation de la part de ses élèves et sans gêne des professeurs, les notions de plaisir, d’amour, de relation physique. La complémentarité des professionnels issus de domaines différents trouve toute sa place dans cette situation. Moins de la moitié des établissements de cette étude fait appel à des intervenants extérieurs tels que des centres de planification et d’éducation familiale. Le Professeur Florence Bretelle, professeur des universités et praticien hospitalier en gynécologie-obstétrique à l’hôpital Nord de Marseille, a créé un module sur la contraception pour les étudiants en médecine et maïeutique. Le principe étant que « les étudiants de 2ème et 3ème année interviennent dans les collèges qui le souhaitent pour informer les classes de 4ème sur les questions de sexualité et de modes de contraceptifs ». Ce module s’est inspiré du « principe venu d’Angleterre du « peer to peer », des jeunes s’adressant à leurs pairs, connaissant un bon impact ». (12) Dans notre étude, pour la réalisation des séances d’éducation, il a été utilisé cette méthode de formation peer to peer, la mutualisation d’intervenants pluridisciplinaire et les professeurs étaient absents lors du temps d’échange avec les jeunes. Les meilleures conditions de favorisation des échanges ont donc été mises en place. Les questions ont pu d’ailleurs être très libres et sans aucune gène: « Comment donner un réel plaisir à sa copine, je n’y arrive pas ? », « Pourquoi les hommes ont ils une érection le matin ? …. » De plus, aucun lycée général de cette étude n’a organisé de séance sur ce thème auprès des classes de terminale, ce qui s’explique par le manque de temps disponible lors de cette année consacrée à la préparation du baccalauréat. Ces résultats se retrouvent dans notre étude puisque les jeunes filles en terminale étaient sous représentées (43 jeunes filles sur 166). Au travers de cette étude, il a été mis en évidence que les établissements scolaires ne respectaient pas la législation en vigueur en ne mettant pas en place trois séances par an et par niveau d’éducation à la vie affective et sexuelle (8). Ce non respect des trois séances annuelles obligatoires dans les écoles, collèges et lycées est constaté dans d’autres études (9, 10, 11). La circulaire n°2003-027 de février 2003, stipule et précise que la mise en place de trois séances annuelles d’éducation à la sexualité doivent être dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées. Nous pouvons nous demander s’il n’y a pas un manque d’intervention en milieu scolaire dans la région PACA, dans cette région où le taux d’IVG reste le plus élevé de France (2). 21 Les deux établissements interrogés n’ont pas pratiqués les trois séances obligatoires d’éducation pour la santé, selon eux par manque de temps. Les séances devraient être impérativement assurées en classe de seconde et première, étant donné que le programme de terminale est très chargé avec la préparation du baccalauréat. L’accès à la contraception est relativement facile, avec notamment la mise en place du PASS* santé dans la région PACA dès 2013. Il s’agit d’un chéquier comprenant neuf coupons permettant des prestations de prévention et l’accès à la contraception (préservatif, pilule …), à des consultations gynécologiques, des analyses biologiques. Sans pour autant se servir de la carte vitale, ce dispositif permet aux jeunes, qui le souhaitent, un accès anonyme à la contraception. La demande de ce chéquier se fait par téléprocédure sur le site génération.regionpaca.fr. Dans les dix premiers mois suivant le lancement ce Pass, 3 000 chéquiers ont été commandés majoritairement par des étudiants (45 %) et des lycéens (25 %). Lors de mes interventions dans les classes, j’évoquais l’existence de ce Pass santé dans la région PACA, cependant seul un petit nombre d’élève était au courant de son existence. Il existe également les centres de planification ou d’éducation familiale (CPEF)*, « pratiquant des consultations de contraception ainsi que des actions de prévention, ils peuvent également délivrer gratuitement et anonymement des moyens de contraception aux jeunes filles souhaitant rester anonyme mais aussi aux femmes ne bénéficiant pas d’assurance maladie » (13). A Aix en Provence trois centres sont mis à disposition, l’un des trois est situé au sein de l’Hôpital d’Aix en Provence, le deuxième est dans l’enceinte de la Faculté de lettres et le dernier se trouve dans un bureau d’information jeunesse. Cependant, notre étude montre que seulement deux jeunes filles se sont tournées vers ces centres pour pouvoir bénéficier d’une contraception. Ces centres offrent un accès remarquable aux jeunes mais ils ne sont pas assez exploités. Ils sont donc peut être trop peu connus, il serait intéressant de développer des campagnes d’informations de ces centres auprès des jeunes. De plus, les élèves peuvent bénéficier d’autres sources d’informations en dehors des séances d’éducation à la sexualité en milieu scolaire. La famille est bien évidemment une source assez utilisée par certains jeunes, mais aussi la publicité, internet, les magazines et l’entourage amical. Internet, est une source où on peut trouver de tout, du vrai comme du complètement faux. Il peut paraître difficile pour les jeunes de faire le tri entre les sites officiels avec des informations valides et les autres.  C’est pourquoi il existe un portail d’adresses utiles pour les adolescents, pour qu’ils puissent avoir des réponses sur des sites fiables . Lors de la séance d’éducation, les jeunes en ont été informés mais très peu d’élèves étaient au courant de ce portail d’adresses disponibles sur internet. Il serait donc aussi important de faire des campagnes d’informations sur ces dispositifs. Le rôle des parents mais également le rôle des professeurs restent importants dans l’éducation à la sexualité des jeunes. Finalement, la facilité d’accès à la contraception d’urgence n’est-elle pas la conséquence de son utilisation abusive ? 

 Sexualité des adolescents

Il existe de multiples définitions de l’adolescence. Toutes, cependant, retiennent la spécificité de cette période unique de la vie comme sa caractéristique dominante. L’adolescence est, en effet, une période de transition au cours de laquelle un sujet n’est plus tout à fait un enfant, mais pas encore l’adulte qu’il s’apprête à devenir. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS*) parle d’individus âgés de 10 à 19 ans. L’adolescence, qui commence avec le début de la puberté, est dominée par les transformations physiques et physiologiques, surtout sexuelles; cette période est également caractérisée par des prises de risques et un manque d’appréciation des conséquences possibles. Théoriquement, les parents sont au premier plan et jouent le rôle des premiers acteurs dans l’éducation à la sexualité, mais, en pratique, ce n’est pas toujours aussi aisé. « Pour l’adolescent, ses parents ne sont peut-être pas les interlocuteurs privilégiés pour parler de sexualité. La recherche de son identité entraîne un travail de séparation de ses parents. La difficulté d’établir un dialogue se comprend facilement. En matière de sexualité, l’enfant a envie qu’on lui parle de relation avec l’autre et donc aussi de la notion de plaisir et pas seulement de danger, de risques, de protection, sujets derrières lesquels, bien souvent, se cachent les parents. Un deuxième acteur, extérieur à la famille peut alors entrer en jeu. » (15) L’école doit prendre sa part de responsabilité à l’égard de la santé des élèves et de la préparation à leur future vie d’adulte : les séances d’éducation à la santé obligatoires dans les écoles, collèges et lycées à raison de trois séances par an. Comme nous l’avons vu précédemment, ces séances ne sont pas toujours dispensées. En France, l’âge moyen des premiers rapports sexuels, proche pour les deux sexes, se maintient à 17 ans (1). Dans notre étude, une fille sur deux à 15 ans avait déjà eu un rapport sexuel. Il est donc probable que l’âge moyen du premier rapport sexuel soit de plus en plus précoce. 23 Concernant la protection contraceptive des jeunes filles interrogées dans l’étude, 32,5 % des jeunes filles (soit n = 54) utilisent une contraception dont 28,3 % sous pilule oestroprogestative. En ce qui concerne les jeunes filles avec une activité sexuelle active, 45,7 % n’ont pas de contraception en cours. De plus, seulement 29,8 % d’elles utilisent un préservatif de manière systématique. Il est fort probable que certaines jeunes filles pratiquent une activité sexuelle à risque, c’est à dire sans aucun moyen de contraception. Quinze et demi pourcent des jeunes filles prétextent ne pas utiliser de préservatif puisqu’elles utilisent une contraception. Le préservatif, étant le seul moyen de protection contre les infections sexuellement transmissibles, comment les jeunes filles de nos jours se protègent elles contre ces infections ? Cette génération se sent elle moins concernée par les maladies sexuellement transmissibles ? Le dernier rapport de l’OMS sur le sida met en évidence une ignorance alarmante des jeunes. Lorsqu’ils commencent à avoir des rapports sexuels, la plupart ignorent comment se protéger (24). Ce sentiment d’ignorance ne s’est pas fait ressentir pendant mes interventions dans les classes. Par ailleurs, les craintes des effets secondaires de la pilule mis en avant par les médias et sa mauvaise observance pourraient expliquer les échecs de cette contraception chez les jeunes filles. Il est important d’orienter les jeunes filles vers d’autres méthodes contraceptives peut être plus adaptées pour elles. En effet, fin 2012, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM*) et la Haute Autorité de Santé ont édité différents documents expliquant les risques de thrombose veineuse liés à l’utilisation des pilules de 3ème et 4ème génération. Le suivi par l’ANSM de l’évolution des ventes en pharmacie des contraceptifs montre que la mise en garde a eu un impact direct : en 2013, les ventes de pilules de 3ème et 4ème génération ont diminué de 45 % par rapport à 2012 tandis que les ventes de pilules de 1ème et 2ème génération ont augmenté de 30 %. Un report sur d’autres moyens de contraception tels que les implants et dispositifs intra-utérins a été remarqué dont la vente a augmenté de 28 % en 2013 (16). L’efficacité de la contraception orale est largement liée à une observance régulière, voire rigoureuse pour les pilules microdosées. De nombreuses études portant sur des traitements au long cours mettent en évidence des difficultés d’observance avec le temps.

Table des matières

1.INTRODUCTION
2.MATERIEL ET METHODE
3.RESULTATS
3.1. Description de la population étudiée
3.2. Comportement des jeunes filles en matière de contraception
3.3. Connaissance et utilisation de la contraception d’urgence par les jeunes filles
4.ANALYSE ET DISCUSSION
4.1. Description de l’étude
4.2. Séances d’éducation pour la santé et connaissances des élèves
4.3. Sexualité des adolescents
4.4. Connaissance et utilisation de la contraception d’urgence par les jeunes
4.5. Propositions d’améliorations
5.CONCLUSION
6.BIBLIOGRAPHIE

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