Contribution à l’analyse de la démarche vers l’autopromotion des groupes cibles villageois

Situation de l’agriculture

Historiquement, le sud-est est une région dont les principales vocations sont les cultures de rente. A titre d’illustration, l’ouverture de la RN5 12 a été conçue pour l’évacuation des produits de rente. Comme principaux produits, citons par ordre d’importance décroissante : le café, le girofle, le poivre,…
Plus tard, suite à la fluctuation des prix des produits sur les marchés internationaux, fluctuation qui tend plutôt vers la baisse ; les paysans sont devenus pluriactifs, et on a assisté à un développement plus ou moins important des autres cultures, telles que : cultures vivrières (riz et tubercules comme le manioc, la patate douce, le taro), cultures de légumineuses (pois de terre, niébé, haricot) et autres cultures maraîchères comme le chou de Chine. C’est de cette façon qu’ils gèrent les risques d’insuffisance alimentaire du ménage, risques qui sont liés aux aléas climatiques, à la pullulation des maladies et ravageurs des cultures…
Généralement, il s’agit d’une agriculture de subsistance dont la majeure partie de la production rentre dans la consommation des membres des ménages. Les paysans mettent en vente une certaine quantité de produits, seulement lorsqu’ils ont besoins de liquidités. Or, la production n’arrive même pas à subvenir aux besoins alimentaires du ménage ; il est alors difficile pour les paysans de rompre avec le cercle vicieux de la pauvreté.
Pour ce qui est de la gestion de la production, lors des évènements tels que décès, circoncision, la plus grande partie des récoltes sont utilisées ; ce qui fait qu’en période « normale », le ménage souffre encore plus de manque de nourriture. Par ailleurs, lors des récoltes (surtout pour le riz et le manioc), le ménage consomme beaucoup plus que d’habitude, en terme de quantité per capita. A cela s’ajoute aussi la difficulté de conserver les produits comme le manioc et le fruit à pain (consommés durant la période de soudure alimentaire), à cause de l’hygrométrie élevée de l’air.

Situation alimentaire et nutritionnelle des ménages, placée dans le contexte socio-économique

La situation socio-économique de la région est marquée par la pauvreté accentuée de la population rurale. La production rizicole est largement insuffisante pour satisfaire les besoins alimentaires des ménages ; entraînant ainsi une longue période de soudure (6 à 8 mois).
Néanmoins, la riziculture reste pour les paysans l’activité la plus importante, et domine le calendrier cultural. Les tubercules tels que manioc et patate douce, assurent l’apport de base en glucides (en remplacement du riz), et représentent la deuxième priorité des paysans dans cette zone. Ces aliments font toutefois défaut, surtout en février et mars. Ainsi la situation alimentaire des ménages se distingue en fonction de l’importance des cultures pérennes, telles les bananes, les fruits à pain et les jacquiers. Pour les légumineuses (haricot, pois de terre, arachide), elles ne sont cultivées que par une frange minime de la population rurale ; sauf le niébé qui est cultivé en association avec le manioc sur sols sablonneux. Par ailleurs, les revenus monétaires ont fortement baissé, suite à la chute du prix de café, dont la production de la zone n’est plus expédiée que vers la province de Toliara et Fianarantsoa.
Cependant, le café reste toujours la principale culture de rente, produite par 92 % des ruraux, suivie par le poivre (38 %), la canne à sucre (17 %) – notamment pour la fabrication artisanale de rhum – et enfin le girofle (2 %). En ce qui concerne le commerce des productions fruitières (litchi, bananes, agrumes, ananas, etc.), les paysans se heurtent aux problèmes de transport vis-à-vis des centres de consommation et d’exportation, ainsi qu’au manque de collecteurs qui s’en suit. L’insuffisance de la production vivrière, se conjuguant avec les faibles moyens financiers, entraîne une situation nutritionnelle alarmante, aggravée encore par la tradition qui se traduit par une stigmatisation des femmes et des enfants. Pour ce qui est de la consommation alimentaire, elle est caractérisée par un déficit énergétique et protéique, et un manque d’apport en sels minéraux. La viande n’est consommée que lors des grands événements (surtout les funérailles) ; la faible production laitière est laissée aux veaux ou vendue au marché.

Milieu physique

La zone d’études se situe dans la région sud-est de Madagascar, district de Farafangana ; s’étendant entre les longitudes Est 46°20 et 48°34, et les latitudes Sud 20°20 et 24°25.
Relief : Trois types de relief sont présents d’ouest en est : La falaise prolongée par des vallées encaissées, suivies de moyennes collines et de niveaux d’aplanissement ; la région côtière formée de basses collines ou de vastes plaines ; le bord de l’océan, composé d’une succession de dunes et de cordons littoraux, sur 2 à 4 km de large.
Climat : Le climat de la région sud-est est un climat chaud et humide. L’humidité relative moyenne de l’air s’élève à 76%. Régulièrement, la région est frappée par des cyclones tropicaux.
Précipitations : Dans la région, on note une abondance de précipitations ; la saison sèche est quasi-absente, avec un minimum de pluies en septembre et octobre. La période pluvieuse, correspondant à la saison cyclonique, se situe entre décembre et avril. La moyenne des précipitations annuelles est de 2400 mm. En saison pluvieuse, il pleut 17 à 23 jours par mois, contre 8 à 16 jours par mois en saison plus sèche.
Températures : La température moyenne mensuelle oscille autour de 20°C pendant la saison fraîche. En saison chaude, elle est toujours supérieure à 25°C. La moyenne des températures minima descend à 15°C (en juillet), tandis que cell e des maxima s’élève à 29,2°C (en février). Les heures d’insolation moyenne durent huit heures par jour au mois d’octobre et six heures en juillet à Farafangana.
La présence de la mer comme régulateur thermique provoque une différence significative au niveau de la variation de la température : faible amplitude pour la zone côtière, et plus forte amplitude vers la falaise. Mouvement de la masse d’air : Les vents se caractérisent par des brises de mer, parfois très violentes le long de la bande côtière, soufflant dans la journée, et des brises de terre la nuit.

Les trois phases de l’autopromotion des groupes cibles

D’une manière générale, la démarche vers l’autopromotion des groupes cibles passe par 3 phases essentielles :
Phase de substitution : Cette première étape concerne la mise en confiance de la population cible à l’égard des promoteurs. Elle consiste en une série d’animations intenses à travers les différentes réunions. Durant cette phase, les promoteurs expliquent clairement aux bénéficiaires la raison d’être du Projet, ses intentions de réduire l’extrême pauvreté et la faim (à travers la mise en œuvre des activités), ainsi que le mode de collaboration entre les 2 parties (en l’occurrence l’existence d’apports bénéficiaires dans toutes les activités de développement, et la nécessité de se regrouper pour pouvoir accéder aux services offerts par le Projet). C’est également pendant cette phase que l’on met en place les diverses structures d’opération (les OP12), constituant les unités de base d’intervention du Projet. Par ailleurs, tout au long de cette phase, s’inscrit un processus continu de renforcement des capacités des membres des OP, via différentes formations techniques et fonctionnelles. Les thèmes de formation touchent surtout (à part les techniques agricoles) : les rôles et fonctions des membres de bureau, la notion de vie associative, le leadership, l’initiation à la planification des activités, l’importance de l’épargne, les techniques de transfert de messages sur la nutrition…
Cogestion : Durant cette deuxième étape, les bénéficiaires de l’action se transforment progressivement en « véritables acteurs » dans la réalisation des activités. C’est une phase de responsabilisation des groupes cibles, et de désengagement progressif des promoteurs. A ce niveau, les OP mises en place devraient acquérir un certain dynamisme et une certaine effectivité dans la mise en œuvre de leurs activités. Le rôle des promoteurs consiste surtout à diagnostiquer les OP, et appuyer les membres sur les différents points à améliorer.
Le diagnostic porte essentiellement sur la vie associative de l’OP (effectivité du bureau, dynamisme des membres, respect de la convention collective et règlement des litiges, tenue de réunion, réalisation des activités par rapport au planning, situation financière, gestion des biens communs tels que les matériels agricoles) ; l’application des formations reçues ; l’identification des éventuels problèmes qui bloquent le développement des activités, et la recherche de solutions.
Autonomisation (Retrait progressif du Projet) : C’est la phase, pendant laquelle les membres des OP capitalisent leurs acquis des deux premières phases. A ce stade, la collaboration entre l’OP et les différents partenaires stratégiques (fournisseurs d’intrants et de matériels agricoles, l’institution de micro finance…) est déjà raffermie. A titre d’exemple, les membres de l’OP sont capables d’organiser l’achat groupé des intrants nécessaires à la production agricole. Au cours de cette phase, l’assise associative de l’OP devrait être acquise :
L’OP possède un certain fonds pour le développement des activités ; elle est capable d’organiser ses activités, et la répartition des tâches entre les membres est bien établie ; la convention collective est respectée par les membres ; elle dispose de quelques équipements essentiels pour l’extension de ses activités ; elle est apte à évaluer ses propres activités.
Ici, l’équipe du Projet assume seulement un rôle de supervision dans la consolidation de cette assise associative. Par ailleurs, la formalisation de l’OP devrait être réalisée tout au long de cette dernière étape.

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Résolutions prises pour la gestion du périmètre

Sur le plan opérationnel, ce sont les villageois eux-mêmes qui doivent décider de l’organisation pratique des activités et des travaux communautaires. L’équipe du Projet joue uniquement le rôle de facilitation et d’animation dans les discussions et les prises de décisions, tout en assurant que les activités conçues soient conformes aux objectifs escomptés, et que l’organisation établie soit cohérente avec le cadre temporel de l’action.
Voici les points saillants des résolutions qui ont été prises lors des différentes réunions des bénéficiaires des trois villages :
Vu l’ampleur des travaux sur le creusement des canaux d’irrigation (18 km) du périmètre de Marotsiriry, et pour une surveillance rapprochée des ouvrages ; les habitants des 2 autres villages (Vazako et Loharano) sont aussi associés au processus d’aménagement de la plaine.
Une journée par semaine37 (le vendredi) sera consacrée à la réalisation des travaux communautaires (apports bénéficiaires) : ouverture des pistes d’accès, creusement des canaux d’irrigation…
Les paysans qui possèdent des rizières en amont du barrage –rizières devenues par la suite inondées par le lac de retenue– auront d’autres terres (de mêmes tailles) en aval (du barrage), à titre de compensation.
Les propriétaires des rizières qui sont traversées par les canaux d’irrigation ne seront pas dédommagés. Seuls les hommes valides ayant 18 ans ou plus, participeront aux travaux de creusement des canaux ; à l’exception des roitelets et des notables.
Les bénéficiaires qui arriveront à bout dans le creusement des canaux seront les propriétaires des terres à l’intérieur du périmètre.
Les parcelles ayant été acquises par voie d’achat ne seront pas touchées lors de la distribution ultérieure des terres. Les absents pendant le creusement (sans motifs valables) seront sanctionnés d’une amende de 500 Ar. Trois absences successives (sans avoir averti au préalable les responsables, et sans raisons valables) entraîneront l’exclusion de la personne concernée de l’association ; elle ne recevra aucun lopin de terre lors de la répartition.
Des responsables issus de chaque village seront en charge du contrôle de présence lors des travaux de creusement.

Table des matières

Ière Partie : Présentation générale de l’étude
I-1/ Contexte de l’étude
1.1.1/ Situation de l’agriculture
1.1.2/ Situation alimentaire et nutritionnelle des ménages
I-2/ Problématique et objectif
1.2.1/ Problématique
1.2.2/ Objectif
I-3/ Hypothèses de l’étude
I-4/ Résultats attendus
I-5/ Démarche méthodologique
1.5.1/ Consultation bibliographique
1.5.2/ Etude cartographique
1.5.3/ Entretiens d’exploitation
1.5.4/ Travaux sur terrains
1.5.5/ Phase de rédaction
I-6/ Cadre de l’étude
1.6.1/ Présentation de la zone d’étude
1.6.1.1/ Milieu physique
1.6.1.2/ Milieu humain
1.6.1.3/ Situation foncière
IIème Partie : Résultats
II-1/ La démarche construite dans la mise en œuvre de l’autopromotion
2.1.1/ Les trois phases de l’autopromotion des groupes cibles
2.1.2/ Communication de masse
2.1.3/ Réalisation d’études servant de base pour l’orientation des activités
2.1.4/ Communication continue pour le changement de comportement
2.1.5/ Renforcement de capacités
2.1.6/ Planification concertée
2.1.7/ Développement de partenariat
II-2/ La mise en œuvre des activités au niveau de la population cible
2.2.1/ Pour les activités agricoles
2.2.1.1/ Elaboration et lancement de paquets techniques simples adaptés au contexte local
2.2.1.2/ Organisation du travail au sein des organisations paysannes (OP)
2.2.1.3/ Renforcement des capacités paysannes
2.2.1.4/ Renouvellement du stock de semences et d’intrants
2.2.1.5/ Gestion des petits matériels
2.2.2/ Activités nutritionnelles
2.2.2.1/ Intervention de nutrition au niveau communautaire et sécurité alimentaire des ménages
2.2.2.2/ Intervention de nutrition scolaire
2.2.3/ Activités hydrauliques
2.2.3.1/ Remarque préliminaire
2.2.3.2/ Processus de mise en œuvre
II-3/ Vérification des hypothèses
IIIème Partie : Discussions et recommandations
III-1/ Propositions de stratégie de pérennisation des actions entreprises
3.1.1/ La structure sociale traditionnelle locale
3.1.2/ Les structures de relais
3.1.2.1/ L’organisation des villageois du millénaire dans la mise en œuvre des activités
3.1.2.2/ L’association des usagers de l’eau (AUE) du petit périmètre irrigué (PPI) de Marotsiriry
III-2/ Constitution des données de base sur la zone d’action et la population cible du Projet
III-3/ Choix et formulation des indicateurs objectivement vérifiables (IOV)
III-4/ Au niveau de la passation de marchés
III-5/ Aménagement de la plaine de Marotsiriry
III-6/ Propositions pour hausser l’impact de la vulgarisation agricole
3.6.1/ Renforcer l’animation au sein des groupements
3.6.2/ Echanges techniques intra et inter fokontany, visites organisées inter-communes
3.6.3/ Différenciation entre paysan débutant et paysan ayant déjà pratiqué le SRA
3.6.4/ S’appuyer sur les paysans pilotes dans la diffusion des innovations techniques
III-7/ Gestion de l’approvisionnement
3.7.1/ Matériel agricole
3.7.2/ A propos de l’option « revolving » des semences améliorées de riz
III-8/ Amélioration du revenu des paysans cibles
III-9/ Amélioration de l’état nutritionnel de la population cible
III-10/ Prioriser la communication entre les différents volets au sein du Projet
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes

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