Contribution à l’étude de l’ensablement de la vallée de Koussanar

Contribution à l’étude de l’ensablement de la vallée de Koussanar

Les ressources naturelles et les potentialités agricoles et pastorales

 Dans la zone d’étude, les principales ressources naturelles sont inégalement réparties dans l’espace et dans le temps. 

 Les ressources en eaux 

Les eaux de surfaces sont disponibles grâce au réseau hydrographique et les eaux souterraines grâce aux nappes maestrichtiennes, phréatiques. A l’échelle du bassin versant de Sandougou (BVS), le réseau hydrographique relativement dense, comprend principalement la vallée de Sandougou (VS) et ses principaux affluents dont la VK, ainsi que quelques ravins, mares et marigots (Thiam, 2006, Zade, 2011). Au plan de l’hydrogéologie, la zone est pourvue de quatre types de systèmes d’aquifères caractéristiques, constituant les ressources en eaux souterraines dans le BVS (Zade, 2011) :  la nappe phréatique (située entre 20 et 60m) du Continental Terminal (C.T) et de l’Oligo-Miocène, qui est contenue dans des horizons sablo-argileux et des niveaux latéritiques perméables (PRDIT 2001-2006 in Zade, 2011) ;  la nappe intermédiaire de l’Eocène qui est constitué de grès calcaire faiblement fissurés et de sables coquilliers ;  la nappe profonde (à partir de 120 m) du Maastrichtien, constitué de sables et de grès qui repose directement sur le socle ;  les nappes du Socle ancien très localisées et dispersées avec de faibles débits, qui se caractérisent par une grande variabilité de leurs paramètres hydrodynamiques. 

 Les ressources végétales

 La présence de la végétation forestière est favorisée par les conditions climatiques locales. La végétation, composée d’espèces diverses et dominée par les formations végétales de type savane, est caractéristique du domaine soudano-sahélien (Ndiaye, 2000 ; Thiam, 2006). Au niveau du BVS, elle va de la savane boisée à la savane arbustive développée sur les sols gravillonnaires des plateaux et les sols ferrugineux plus riches des vallées (CSE, 2005 in Zade, 2011). I.3.3. Les potentialités agricoles et pastorales D’après le PRDIT (2001 – 2006), une grande quantité de terres aptes à l’agriculture pluviale et irriguée et beaucoup de pâturages naturels exploitables sont disponibles. Cependant, les possibilités de développement de l’agriculture et de l’élevage reposent sur la disponibilité des ressources précitées, de l’existence de conditions écologiques et climatiques adaptées et d’une dynamique organisationnelle des populations.

La population et les activités socio-économiques

 La population 

Le peuplement de notre zone d’étude est plus ou moins récent. Il est formé d’une véritable mosaïque de groupes ethniques (dominés par les peuls), répartis dans le temps et dans l’espace selon l’historique du peuplement et les activités socio-économiques des populations. La répartition ethnique est dominée par les peuls (plus de 50%), les mandingues (plus de 30%), les bambaras (environs 7 %) et les wolofs (moins de 4%), le reste étant constitué de minorités koniaguis, sérères, etc. (PLDK, 2004 in Thiam, 2006).

 Les activités socio-économiques 

Dans la zone, l’essentiel des revenus de la population est tirée des privilèges que lui offre la nature. A travers nos enquêtes effectuées à Koussanar, particulièrement au marché hebdomadaire et auprès des populations, nous avons constaté que les principales activités socioéconomiques sont l’agriculture, l’élevage, l’exploitation forestière, le commerce et l’artisanat. L’agriculture, première activité de la zone, regroupe les cultures de rente (arachide et coton), les cultures vivrières (maïs, mil, sorgho, riz, fonio, etc.) et les cultures maraîchères (variétés de légumes). L’élevage, deuxième activité, est en pleine expansion grâce à la disponibilité de l’eau et des zones écologiques privilégiées, riches en ressources pastorales (Thiam, 2006). L’exploitation forestière de plus en plus explosive, concerne principalement les Contribution à l’étude de l’ensablement de la Vallée de Koussanar, un affluent du Sandougou / 2014-2015 Mémoire de Master 2 Géosciences présenté par Marcel Diégane SARR Page 16 combustibles ligneux (charbon de bois et bois de chauffe), le bois d’œuvre, le bois de service et les produits de cueillette. Le commerce se développe à travers les marchés journaliers et ou hebdomadaires. L’artisanat comprend la menuiserie en bois, la menuiserie métallique, le tailleur, etc

LE CONTEXTE GEOMORPHOLOGIQUE, GEOLOGIQUE ET PEDOLOGIQUE DE LA ZONE

 La géomorphologie 

Au plan géomorphologique, la zone d’étude appartient au Bassin sénégalo-mauritanien (Diouf, 2008). Sa spécificité géomorphologique est liée à la platitude du relief. On y trouve un ensemble de bas plateaux d’inclinaison nord-est/sud-ouest, avec une pente douce et dont l’altitude atteint rarement 50 mètres. Ces bas plateaux sont entaillés par un réseau hydrographique composé de vallées fossilisées du système de la vallée de Sandougou et de mares qui commandent en effet, la distribution locale des unités géomorphologiques et pédologiques (Michel, 1973 in Diouf, 2008). Ils sont localement couverts d’une cuirasse ferrugineuse et sont souvent jalonnés de buttes (petits massifs) témoins cuirassées, communément appelés des inselbergs, et représentatifs du modelé des régions tropicales (Michel, 1973 in Thiam, 2006). Cette cuirasse formée lors des phases humides du Quaternaire ancien et moyen (Diouf, 2008) est très présente dans les sols de la région, et est souvent de type conglomératique ou gravillonnaire sur les hauts et moyens glacis (Michel, 1973 in Diouf, 2008). 

La géologie 

Le bassin versant de la vallée Sandougou appartient au grand bassin sénégalomauritanien où se sont accumulés les dépôts du Secondaire et du Tertiaire alors que le socle précambrien formé de roches magmatiques et métamorphiques affleure au Sud-est du bassin (Coly, 2009 in Zade, 2011). Ce bassin, dont la plus grande partie est située dans le Sahel, s’est formé lors d’une période marine qui a succédé à une période continentale (Diouf, 2008). Du Crétacé (Secondaire) à l’Éocène (Tertiaire), des séries de transgressions et de régressions marines d’ampleurs inégales se seraient produites dans toute la région extrême occidentale de l’Afrique (Diouf, 2008). C’est à la faveur de ces séries de transgressions-régressions que s’est formé le Bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien dont fait partie le Centre-Est sénégalais (Michel, 1973 in Diouf, 2008). La particularité géologique de la zone est liée aux conditions de formation de son bassin sédimentaire qui a subi un façonnement imputable à l’hydrographie et à l’érosion éolienne pendant le quaternaire (Thiam, 2006). Selon Roger et al (2009), les formations géologiques superficielles de la zone appartiennent au Continental Terminal (C.T.) désigné actuellement sous l’appellation de la formation du Saloum. Il s’agit de formations marines d’âge fini tertiaire qui ont été altérées, plus ou moins remaniées et érodées. Ces formations sont des séries sédimentaires gréseuses d’inclinaison nord-est/sud-ouest (Diouf, 2008).

 La pédologie 

Selon Thiam (2006), les sols, à l’image de l’évolution de la pédogenèse à l’échelle régionale (Sénégal oriental), ne sont pas identiques, ni uniformément répartis dans notre zone d’étude. Toutefois, ils sont fonctions de l’allure du modelé et des transformations anciennes et actuelles subies par ce dernier. Ceci est prouvé par des études pédologiques selon lesquelles, les sols gardent avec le modelé, une importante relation. Les types de sols les plus représentatifs sont les sols ferrugineux non lessivés appelés sols Dior (près de 30% des surfaces cultivables) et les sols ferrugineux lessivés appelés sols Deck Dior (Ndiaye, 1999 in Thiam, 2006). Parmi ces derniers types, les plus représentatifs sont principalement de type argileux difficile à cultiver lorsqu’ils sont imbibés et quand ils sont secs (Thiam, 2006). Par ailleurs, au niveau du BVS, les sols sont essentiellement de types ferrugineux tropicaux, lessivés, remaniés, sur colluvio-alluvions sur les terrasses, peu évolués d’apport colluvial sur les versants et hydromorphes, d’apport alluvio-colluvial au niveau des vallées / dépression (Zade, 2011). Ils sont de textures respectivement sablo-argileuses et argilo-limonosableuses, avec une perméabilité moyenne à faible (Badiane, 1999 in Zade, 2011). Selon Diouf (2008), les sols ferrugineux tropical lessivé se sont formés lors des phases humides et sèches qui ont caractérisé le Quaternaire au Centre-Est sénégalais. Leurs horizons superficiels sont pauvres en matière organique. Le lessivage a, en effet, entraîné l’essentiel des matières organiques en profondeur, donnant ainsi à ces sols un aspect clair (Ndong, 1996 in Diouf, 2008). Les sols hydromorphes sont des sols minéraux à gley ou pseudogley (Diouf, 2008) caractérisés par une teneur importante en MO et en argile d’où leur aspect sombre (Ndong, 1996 in Diouf, 2008). 

ETAT DES CONNAISSANCES SUR L’ENSABLEMENT 

Vu l’importance des enjeux liés aux changements environnementaux en général et à la dynamique de l’ensablement en particulier, plusieurs études environnementales relatives à l’ensablement ont été menées par beaucoup de chercheurs. Nous allons nous focaliser sur certaines études qui vont nous permettre :  de bien appréhender la problématique de l’ensablement ;  de mieux comprendre la dynamique du phénomène d’ensablement à travers ses principales caractéristiques ;  de connaître les différentes méthodes de lutte utilisées afin d’apporter de probables solutions contre l’ensablement. 

ENSABLEMENT : DEFINITIONS, CARACTERISTIQUES ET TYPOLOGIE 

Définitions de l’ensablement 

La notion d’ensablement peut être conçue différemment selon que l’on considère, soit les caractéristiques et la dynamique d’ensablement, soit les facteurs et les impacts dans les environnements de dépôt. En effet, le mot ensablement défini par Larousse désigne un « Amas de sable formé par l’eau ou le vent » (Ibrahim, 2006). Par ailleurs, l’ensablement désigne tout envahissement par des grains de sable, aboutissant à l’accumulation de sable et / ou la formation de dunes (FAO, 1988). Selon Saxer (2008), un état d’ensablement correspond à un excès de sédiments sableux par rapport à une situation qui est jugée normale.

Caractéristiques de l’ensablement 

Les principales caractéristiques de l’ensablement sont définies par les différents mécanismes et modes de transport de sable et par les formes d’accumulations sableuses, éoliennes comme hydriques, qui en résultent. Les principales formes d’accumulations éoliennes sont caractérisées en fonction de la structure du courant de transport, de la nature de la surface du sol, de la topographie, de la végétation et de la dimension des particules de sable. Il s’agit notamment des voiles sableux (éoliens), des Nebkas, des dunes sous toutes leurs formes dont la Barkhane, l’une des formes très menaçantes pour l’ensablement, vu leur capacité de déplacement rapide (FAO, 1988). Géosciences présenté par Marcel Diégane SARR Page 19 Les accumulations hydriques de sable sont générées par les conditions hydrodynamiques caractéristiques de l’agent de transport et du milieu de dépôt. Elles sont en général sous des formes de banc, d’épis, de lits, de bandes, de dunes longitudinales sur le littoral, etc.… 

 Typologie de l’ensablement 

Deux types d’ensablement peuvent se distinguer selon l’agent principal responsable de l’érosion, du transport et du dépôt :  l’ensablement éolien dû à l’érosion sous l’effet du vent, caractérisé par des accumulations éoliennes ;  l’ensablement hydrique causé par l’érosion sous l’action de l’eau, qui se manifeste par des accumulations hydriques. Cependant, dans le cadre de cette étude, l’accent sera mis sur l’ensablement hydrique. 

 LES CAUSES DE L’ENSABLEMENT

 D’après les travaux de plusieurs auteurs dont, Kabiri (2013) et Adoum (2012), les principales causes du phénomène d’ensablement sont d’origine naturelle et anthropique. Les conséquences y résultantes sont multiples et leurs impacts pèsent considérablement aussi bien sur l’environnement que sur les activités socio-économiques. En effet, dans leurs études, ces auteurs montrent que le phénomène de l’ensablement résulte à la fois des conditions climatiques et des actions anthropiques. 

 Les causes naturelles : l’érosion et ses facteurs

 L’érosion des sols implique un ensemble de processus comportant généralement trois phases distinctes :  la destruction de la roche et des sols et le détachement de matériaux ;  le transport des matériaux d’érosion vers un lieu de dépôt par différents agents (gravité, eau, vent) ;  le dépôt du sédiment sous formes d’accumulations sédimentaires. 

 L’érosion éolienne : mécanismes, causes et facteurs

La principale cause de l’ensablement éolien est l’érosion éolienne qui se manifeste par le déplacement de volumes élevés de particules par le vent (FAO, 1988). Le vent conditionne en effet le déplacement des particules du sol en fonction essentiellement de son intensité (Alali et Ben Mohammadi, 2013). Il devient alors un facteur causal de l’érosion par arrachement, transport et dépôt des particules du sol (M’Hirit et Yassin, 1993). Le régime des vents commande la forme et la dynamique des édifices sableux (Gedat, 2007). Le phénomène de l’érosion éolienne est favorisé par certaines caractéristiques écologiques qui sont d’ordre climatique, pédologique et des modes inappropriées d’utilisation des terres (Fall, 1995 in CSE, 2010). 

 L’érosion hydrique : mécanismes, causes et facteurs 

L’érosion hydrique est un phénomène complexe qui peut se définir comme la perte de sol due à l’action conjuguée des gouttes d’eau de pluies et des eaux de ruissellement, qui arrachent et transportent les particules vers un lieu de dépôt. Elle se déroule en trois étapes distinctes (détachement, transport et sédimentation des particules), et peut se manifester sous trois formes différentes qui se combinent dans le temps et dans l’espace :  érosion en nappe selon les mécanismes de détachement des particules de terre ;  érosion linéaire par concentration du ruissellement dans les crues ;  érosion par ravinement due à la concentration des filets d’eau au niveau des rigoles qui s’approfondissent. Sous l’effet des gouttes de pluies et des eaux de ruissellement, l’horizon superficiel des sols disparaît, tandis que se forment des rigoles qui s’élargissent et donnent naissance à des « bad lands » impropres à l’agriculture (MEPN, 1998). Selon M’Hirt et Yassin (1993), l’effet agressif des gouttes d’eau de pluies sur le sol est caractérisé par l’action d’arrachement et de dislocation des particules terreuses ; cependant, l’érosivité des pluies est fonction du diamètre et de la vitesse d’impact des gouttes. Le ruissellement est le phénomène hydrologique par lequel les pluies s’écoulent à la surface du sol (Ramade, 1998 in Ibrahim, 2006). Les actions de détachement et de transport de l’eau dépendent globalement de la nature du sol, de la rugosité superficielle, de la pente, de la vitesse de l’eau (traduisant son énergie) et de la taille des particules sédimentaires (Saxer, 2008). Selon Le Bissonnais et al. (2002), plusieurs auteurs (Wischmeier et Smith, 1978 ; King et Le Bissonnais, 1992, in Le Bissonnais et al. 2002) s’accordent sur le fait que les facteurs de l’érosion qui influencent les phénomènes érosifs regroupent le sol, l’occupation du sol, la topographie et le climat.

Table des matières

RESUME
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE 1 : LE CONTEXTE DE L’ETUDE
I. LE CONTEXTE GEOGRAPHIQUE DE LA ZONE D’ETUDE
II. LE CONTEXTE GEOMORPHOLOGIQUE, GEOLOGIQUE ET PEDOLOGIQUE DE LA ZONE
CAPHITRE 2 : ETAT DES CONNAISSANCES SUR L’ENSABLEMENT
I. ENSABLEMENT : DEFINITIONS, CARACTERISTIQUES ET TYPOLOGIE
II. LES CAUSES DE L’ENSABLEMENT
CHAPITRE 3 : MATERILES ET METHODE D’ETUDE
I. MATERIELS
II. METHODES
CHAPITRE 4 : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I. CARACTERISATION TOPOGRAPHIQUE BVK
II. CARACTERISATION DES TOPOSEQUENCES DE LA VALLEE
III. DESCRIPTION DES PROFILSPEDOLOGIQUES
IV. CARACTERISATION GRANULOMETRIQUE
V. CARACTERISATION CHIMIQUE DES SOLS DE LA VALLEE
VI. SOLUTION CONTRE L’ENSABLEMENT DE LA VALLEE
CONCLUSION GENERALE ET RECOMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXS

 

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