Définition de petite et moyenne entreprise familiale

Définition de petite et moyenne entreprise familiale

Bien que plusieurs auteurs comme Gélinier et Gaultier (1979), Rosenblatt, De Mik (1985), Bork (1986), Ward (1987), Jaffe (1991) etc., ont étudié l’entreprise familiale, aucune définition, à notre connaissance, n’est encore universellement reconnue. Les travaux de Dansereau (1987: 8-25) et de Handler (1989:259-261) permettent de faire une bonne recension des définitions proposées dans la littérature et démontrent bien le manque de consensus. Cette absence de définition rend la tâche un peu plus difficile lorsque nous avons à comparer les recherches faites sur le sujet (Handler, 1989:262). Cette tâche est d’autant plus délicate que le terme de PME est en lui-même une notion assez complexe à définir.

A ce propos, les travaux de D’amboise (1989: 7-27) rapportent une bonne analyse des différentes descriptions associées à la PME à travers le monde et tracent quelques grandes lignes permettant de mieux distinguer la PME des autres types d’entreprises. D’amboise ressort, comme caractéristiques, sa taille réduite déterminée par le nombre d’employés et le total de ses ventes, une capacité restreinte de ses opérationss et sa quantité généralement limitée de ressources. De plus, son autonomie, sa simplicité, sa souplesse et la nature de sa gestion relèvent aussi de ces particularités. Les caractéristiques retenues par Pierre André Julien et son groupe de recherche en économie et gestion des PME (GREPME) (1994:34) viennent renchérir et compléter les particularités énumérées par d’Amboise. Julien et son groupe ont noté six (6) caractéristiques permettant de mieux cerner le concept de PME: la petite taille, la centralisation de la gestion, une faible spécialisation, une stratégie intuitive ou peu formalisée, un système d’information interne peu complexe ou peu organisé et un système d’information externe simple (contact direct avec la clientèle) (Julien , 1994:34-36) font partie de ces attributs accordés à la PME. Ces caractéristiques sur la PME contribuent à illustrer en partie la définition d’une PMEF; les travaux de Gélinier & Gaultier (1979), Dansereau (1985), Dyer (1986), Handler (1988), Jaffe (1991) ainsi que ceux de Perreault (1992) aident à la compléter par d’autres spécificités propres à la PMEF.

La plupart des auteurs analysés sont d’accord pour dire que les PMEF se distinguent des PME par le fait qu’il existe une interaction entre l’entreprise et la famille et qu’il y a parfois imbrication entre les événements familiaux et les événements organisationnels (Gélinier et Gaultier, 1979:19; Handler & Kram, 1988:361; Jaffe, 1991 :25; McCollom, 1992:4; Tagiuri & Davis, 1992:49). L’entreprise devient avec les années, une prolongation de la famille (Dansereau, 1985:122; Rosenblatt, de Mik, Anderson, Johnson, 1985:38; Dumas,1989:33); celle-ci s’implique parfois de façon indirecte (encouragement, support financier, conseils) mais aussi directement en y travaillant personnellement (Rosenblatt, de Mik, Anderson, Johnson, 1985:88, Ward, 1987:15). Une étude faite sur 60 entreprises familiales a permis à McLaughlin et Byrne (Jaffe, 1991 :25) d’affirmer qu’une des forces de l’entreprise familiale vient de l’engagement et de la dépendance des membres de la famille. Le pouvoir de l’entreprise familiale est relié au fait que les membres de la famille se connaissent bien, qu’ils ont confiance en chacun et qu’ils travaillent souvent sans compter l’énergie mise dans l’organisation (Jaffe, 1991 :25).

Le contrôle de la propriété du capital  par les membres d’une même famille (en totalité ou en partie) semble aussi un des facteurs spécifiques aux PMEF qui fait l’unanimité chez bon nombre d’auteurs (Rosenblatt, de Mik, Anderson, Johnson, 1985:4; Jaffe, 1991 :27). Cependant, la présence des membres de la famille dans la gestion de l’entreprise ne fait pas le même consensus. En effet, tandis que certains auteurs insistent pour qu’au moins deux membres de la famille participent, à différents niveaux, aux activités de l’entreprise et qu’ils soient activement impliqués dans la gestion (Dansereau, 1985:26; Jaffe, 1991 :25), d’autres n’y accordent pas une aussi grande importance (Bork, 1986:24; Ward, 1987:252; Perreault, 1992:25).

L’importance économique des PMEF 

A ce jour, il semble que l’entreprise familiale demeure une forme d’entreprise encore très répandue. En effet, Philippe de Gaspé Beau bien révélait, lors d’une conférence annuelle du « Family Firm lnstitute » en octobre 1991 (Perreault, 1992:28), l’importance économique de ces entreprises:

-elles participent pour 55 pour cent du produit national brut de l’Amérique du Nord;
– elles réalisent des ventes de trois trillions de dollars annuellement;
– elles participent à 50 pour cent de tous les salaires payés et
– elles créent 66 pour cent des nouveaux emplois .

Malgré le manque de statistiques précises sur l’entreprise familiale, les données concernant les PME permettent d’illustrer l’importance de son rôle économique. Comme il est reconnu qu’un fort pourcentage de ces PME (90 pour cent) sont des entreprises familiales (Perreault, 1992:31), nous pouvons considérer la contribution économique de ces dernières comparable à celle des PME.

Les données fournies en 1994 par Industrie Canada et par Statistique Canadas corroborent avec les statistiques rapportés par M. de Gaspé Beaubien. A ce propos, soulignons que le secteur de la petite entreprise n’a cessé d’afficher une tendance marquée à créer des emplois; la très petite entreprise (de moins de 50 employés) étant la principale responsable de l’accroissement net de l’emploi au Québec (49.3 pour cent) (Industrie Canada, 1994: 2). De 1982 à 1992, le nombre d’emploi dans les PME s’est accru à un rythme de 31 pour cent (Industrie Canada, 1994: faits saillants). Les petites entreprises constituent un élément important de tous les secteurs d’activité. Cependant, dans les secteurs demandant une forte capitalisation comme les mines ou l’industrie automobile, c’est la grande entreprise qui domine (MISTC, 1990:5). Dans le secteur manufacturier, l’importance des petites entreprises a augmenté dans un grand nombre de secteurs d’activités où des technologies nouvelles et souples ont été introduites (Baldwin, 1994:3). Au Canada, elles occupent une part d’emploi de 75.1 pour cent (Industrie Canada, 1994:2).

Selon le « United States Small Business Administration », les PME jouent un rôle majeur sur le plan de l’innovation (Carrier et Gasse, 1992:345); elles produisent 2.5 fois plus d’innovations que les grandes entreprises per capita d’employés (Ward, 1987:17).

De plus, comme les PME sont beaucoup plus flexibles (structure organisationnelle plus souple, moins syndiquées, moins hiérarchisées) que les grandes entreprises, elles s’adaptent plus facilement à de nouvelles conjonctures économiques (Dansereau, 1985:31). Sur ce point cependant, certains auteurs (Dansereau, 1985:32; Gasse & Carrier, 1992:182) font la remarque que les PMEF sont légèrement moins dynamiques et flexibles que les PME, le traditionalisme parvient facilement à scléroser l’entreprise et à l’empêcher d’évoluer rapidement (Gasse & Carrier, 1992:182).

Les recherches empiriques de Daily et Dollinger (1992:133) dévoilent d’autres différences entre les PME et les PMEF. Leurs études révèlent que les PMEF sont habituellement plus performantes que les PME car le potentiel pour une même vision économique et une même façon de faire les choses y est plus grand7. Jaffe (1991:31) attribue ces performances et succès des entreprises familiales au fait que les membres d’une même famille connaissent bien leurs forces et faiblesses, qu’ils sont loyaux et confiants les uns envers les autres et sont très engagés. Samson (1994:83) déclare que les PMEF « passent souvent au travers » des difficultés, des périodes de récessions parce que leur entreprise est basée sur une économie de subsistance; le propriétaire se contente souvent d’un salaire d’employé et parfois même d’aucun salaire pour quelques mois … Cependant, bien que ces caractéristiques apportent des avantages à la PMEF .

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1: LA PROBLÉMATIQUE
1. 1. Définition de petite et moyenne entreprise familiale
1.2. L’importance économique des PMEF
1.3. Commentaires sur la documentation se rapportant à l’entreprise familiale
1.4. Problématique de la gestion des conflits familiaux dans les PMEF
1 . 5. Question de recherche
CHAPITRE Il: ÉLÉMENTS ENTOURANT LE CONFLIT DANS LA PMEF DE SECONDE GÉNÉRATION
2.1. L’entreprise familiale de seconde génération
2.2. Le conflit
2.2. 1 ~ Définition du conflit
2. 2. 2. Classification des conflits
2.2.3. Différentes conceptions du conflit
2.2.4. Le conflit familial
2.3 .. Les sources de conflit
2.3.1. Sources de conflit dans les organisations en général
2.3.2. Sources de conflit dans les PMEF
2.4. Conséquences des conflits
2.4.1. Conséqu~nces négatives des conflits
2.4.1.1.Conséquences négatives sur les organisations en général
2.4.1.2. Conséquences négatives sur les PMEF
2.4.2. Conséquences positives des conflits
2.4.2.1. Le conflit stimule l’activité organisationnelle
2.4.2.2. Le conflit permet de créer de nouveaux réseaux de communication
2.4.2.3. Le conflit remet en question certains éléments de l’entreprise
2.4.2.4. Le conflit améliore l’efficacité et le rendement
2.5 Méthodes de gestion de conflit
2.5.1. Les comportements de gestion de conflit dans les organisations en général
2.5.1.1. Les méthodes structurelles
2.5.1.2. Les méthodes interpersonnelles
2.5.2. Les comportements de gestion de conflit dans les PMEF
2.6. Conclusion sur les revues de littérature
2.6.1 Modèle exploratoire
CHAPITRE Ill MéTHODOLOGIE ET RéSULTATS OBTENUS
3.1 Considérations méthodologiques
3.1.1. La méthodologie du récit
3.1.2. Questions face à la démarche utilisée
3.1.2.1. Qui interroger?
3 .. 1.2.2. Combien ?
3.1.2.3. Faut-il être directif ou non-directif?
3.1 .2.4. Récits complets ou incomplets?
3.1.2.5. Comment transcrire les données?
3.1. 2. 6. La validation
3.1.2. 7. L’analyse-interprétation
3.2. Méthode de collecte et de traitement des données
3.2. 1. La rencontre préliminaire
3.2.1.1. Commentaires sur la rencontre préliminaire
3.2.2. La première entrevue
3.2.2.1. Commentaires sur la première entrevue
3.2.3. La deuxième entrevue
3.2.3.1. Commentaires sue la deuxième entrevue
3.3. Résultats obtenus
CHAPITRE IV ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
4.1. Récit de pratique no. 1
4.1.1. Résumé du récit
4.1.2 .. Conflit père-fils
4.1.3. Analyse et interprétation du conflit père-fils
4.1.3.1. Analyse structurelle
4.1.3.2. Analyse dynamique
4.1.3.3. Analyse diachronique
4.1.4. Conflit entre les deux frères
4.1.5. Analyse et interprétation du conflit entre les deux frères
4.1. 5. 1. Analyse structurelle
4.1. 5.2. Analyse dynamique
4.1.5.3. Analyse diachronique
4.1.6. Synthèse de ce premier récit
4.2. Récit de pratique no 2
4.2.1. Résumé du récit
4.2.2. Conflit entre frères et cousins
4.2.3. Analyse et interprétation de ce conflit
4.2.3.1. Analyse structurelle
4.2.3.2. Analyse dynamique
4. 2.3.3. Analyse diachronique
4.2.4. Synthèse du récit no.2
4.3. Récit de pratique no.3
4.3.1. Résumé du récit
4.3.2. Conflit entre père-fils
4.3.3. Analyse et interprétation de ce conflit
4.3.3.1. Analyse structurelle
4.3.3.2. Analyse dynamique
4.3.3.3. Analyse diachronique
4.3.4. Synthèse du récit no.3
4.4. Vue d’ensemble des résultats obtenus
4.5. Discussion
4.5. 1. Similitudes et différences entre les résultats obtenus et la revue de littérature
4.5.2. Points saillants identifiés par la comparaison des trois récits
CHAPITRE V CONCLUSION

Cours gratuitTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *