Détours méthodologiques

Détours méthodologiques

Toute pensée sociologique, sans étayage pratique, relève plutôt de l’érudition, de la spéculation intellectuelle, voire de la philosophie sociale. A l’inverse, une description brute sans référence conceptuelle relève davantage du reportage journalistique qu’à l’enquête sociologique. La pensée sociologique consiste alors en un équilibre subtil entre terrain et conceptualisation, entre pratiques et théories, entre immersion empirique et recul réflexif. Le recours à l’enquête de terrain est une dimension prépondérante du travail sociologique. La démarche empirique est donc indissociable de la théorie. Le choix méthodologique découle alors du positionnement théorique accompagnant notre réflexion. Cependant, le raisonnement sociologique n’est pas exclusivement au service de la compréhension de l’objet d’étude. Les pratiques d’enquêtes ne dispensent pas le sociologue d’une réflexion a priori et a postériori sur ses outils et ses méthodes. Dans cette perspective, ce chapitre s’attache à la réalisation de ce retour réflexif sur la méthodologie employée tout au long du travail de recherche. Il consiste à décrire, préciser et expliquer nos principaux choix méthodologiques en veillant à faire le lien avec nos différentes prises de position théoriques. Il nous donne également l’occasion de justifier et de questionner nos choix par rapport aux différentes contraintes et possibilités (temporelles, logistiques, économiques) auxquelles nous sommes confrontés durant le temps de la recherche vis-à-vis d’une méthode scientifique théoriquement idéale.

L’objectif de cette section tend à rendre compte, précisément, du travail empirique effectué par le chercheur, sur sa manière de procéder concrètement sur le terrain. La nature des informations fournies rend alors ce chapitre très pragmatique. Cette partie se trouve un peu à part dans une thèse de sociologie mais cela demeure un passage obligé. En effet, au niveau des productions scientifiques, seules les thèses permettent de prendre le temps de cette réflexion méthodologique puisque cet exercice de style ne rentre pas dans les perspectives éditoriales des publications d’ouvrages scientifiques et il n’existe pas la place pour cela dans les articles de revue spécialisée. Dès lors, le chapitre méthodologique d’une thèse de sociologie demeure donc l’un des rares lieux de Les observations réalisées au sein des associations sportives prennent place au sein d’un espace géographique particulier : la région Franche-Comté et plus précisément au sein de l’espace rural franc comtois. De plus, ces associations sportives s’insèrent au sein d’un espace local qui détermine Par la suite, nous reviendrons sur les différentes phases d’enquête qui ont émaillé l’ensemble de la recherche. Afin d’approcher au plus près la réalité sociale du sport rural franc comtois, nous avons croisé plusieurs méthodes empiriques sur nos terrains de recherche. Pour atteindre un meilleur degré d’intelligibilité, nous avons effectué une première phase d’enquête quantitative par questionnaires, puis une deuxième phase d’enquête qualitative par entretiens et par observation participante. Toutefois, la durée de l’observation participante a traversé l’ensemble de la recherche. Nous décrirons précisément les outils méthodologiques respectivement employés : les échantillons, les outils de recueil, les conditions de passation des ces outils, etc. Enfin, nous orienterons le propos sur la rigueur des données recueillies par rapport à la subjectivité du chercheur, sur sa nécessaire posture réflexive face à sa discipline et les questionnements éthiques inhérents à l’analyse des données de nos informateurs dans le respect et la confidentialité.

La structure géologique, démographique, géographique et spatiale de la France et des régions qui la composent contribue à rendre son paysage atypique mais parallèlement à rendre son territoire hétérogène. Entre des zones rurales montagnardes, des zones rurales des grandes plaines de la Beauce ou bien les zones rurales du littoral, etc., il devient très difficilement envisageable d’appréhender l’ensemble du milieu rural au niveau national. Cette diversification de l’espace naturel exerce une influence particulière sur la population notamment au niveau du secteur économique et plus particulièrement au niveau des comportements en matière de loisirs sportifs. Comme le souligne Bertrand Hervieu et Jean Viard, il existerait une stratification régionale du territoire national avec une réelle différenciation entre les régions. « Dire que tout le monde pense pareil, ce n’est pas pour autant croire, au pied de la lettre, à l’uniformité de la république, unie et indivisible. Car si tout le monde pense pareil, chacun pense en fonction de la région où il vit, des traditions anciennes ou récentes qui déterminent sa vie quotidienne, ses plaisirs et ses difficultés, le regard qu’il a sur lui-même ou que les autres portent sur lui. On ne peut pas savoir si la force des différences que nous saisissons entre les régions est d’abord mémorielle, ou si elle est liée à la manière dont ces régions accèdent aux phases successives de la modernité. (…) Autrement dit, l’art de « faire société ensemble » dans les différentes régions françaises est fortement différenciée.

 

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