ECREVISSES MARBREES

ECREVISSES MARBREES

Les conditions naturelles de la plaine de Betsimitatatra et les activités économiques de ses habitants ont contribué à entraver la prolifération rapide des écrevisses marbrées. A part ces deux éléments, le ramassage continu de ces dernières figurait également parmi les éléments à voir dans l’étude de la disparité des méfaits des écrevisses introduites. Il était question de voir les utilisations des écrevisses marbrées dans les trois sites. Dans ce sens, il s’agissait d’observer les quantités ramassées quotidiennement, les directions qu’elles prenaient et son utilisation dans les divers sites d’étude. En effet, nous avons supposé que les écrevisses marbrées sont plus nocives quand elles ne sont pas ramassées régulièrement. Comme dans la première partie, les travaux entrepris sur terrain ont également révélé une uniformité du ramassage et de l’utilisation de ces écrevisses étrangères. Cette «exploitation»5 des écrevisses marbrées a connu des hauts et de bas, bouleversée par la campagne de sensibilisation menée par le DBA, sans pour autant anéantie, puisque la continuité de cette action de ramassage a largement contribué à l’amortissement des méfaits de ces écrevisses marbrées. Aussi, cette deuxième partie présentera-t-elle d’une part les formes de cette exploitation avant la campagne de sensibilisation menée par le DBA et ses impacts dans la vie des riverains de la plaine. D’autre part, on parlera des modifications opérées dans l’exploitation de ces écrevisses marbrées ainsi que les raisons de sa persistance malgré la conscientisation effectuée.

UNE EPHEMERE PROSPERITE DE LA VENTE DES ECREVISSES MARBREES

Avant l’existence des écrevisses marbrées dans la plaine de Betsimitatatra, les écrevisses présentes sur le marché provenaient de la cote orientale de Madagascar. En ces temps, la consommation de ces derniers était réservée à la couche aisée de la société tananarivienne. A la fin de l’année 2006, c’était toujours le cas, le prix des sois disants «Foza orana » était de 700Ar le kapoaka. Ce qui faisait que le ramassage de ces écrevisses étrangères s’avérait rentable et venait s’ajouter aux activités économiques déjà existantes dans la plaine, une production, de plus, orientée vers le marché. Ceux qui avaient l’esprit commercial trouvaient en elles une ressource à exploiter, d’autres les ramassaient pour en faire de la nourriture ou pour ravitailler leur petit élevage. En effet, les Ems sont à la fois une ressource monétaire et alimentaire. Avant de parler de sa commercialisation, il est incontournable de voir les moyens mis en œuvre pour le ramassage des écrevisses. Des ramasseurs aux consommateurs, les écrevisses marbrées font un long voyage. Tout commence dans la plaine : les pêcheurs recueillent les écrevisses, puis ces dernières passent aux mains des revendeurs avant d’arriver sur la table des consommateurs.

Clichés de l’auteur Ou à l’aide d’une épuisette (A) ou avec un voile (photo B) ou encore avec du filet épervier (photo C) ou tout simplement à la main (photo D) ; le ramassage des Ems s’effectue en plein jour et dans la majorité des cas à l’extrémité d’une buse de drainage des eaux des rizières où les eaux tourbillonnent. Une fois ramassées, les écrevisses sont emportées par les revendeurs jusqu’aux points de vente habituels

Point de ramassage et production journalière

Le quartier d’Ankasina est la principale productrice d’écrevisses marbrées de toute la plaine. En effet, selon un article du « gazety avy lavitra6 » du 4 février 2008, les pêcheurs de ce quartier amasseraient 12 à 15 sacs d’EMs par jour. Cette affirmation est confirmée par 20 personnes enquêtées lors de nos travaux de terrain. La production est charriée quotidiennement par pousse-pousse. L’utilisation et la direction que prenait cette forte production restent méconnues jusqu’à présent. Mais on pourrait avancer deux hypothèses concernant la destination de ces écrevisses. D’une part, ces écrevisses stimulent la croissance des petits cochons et l’engraissement des grands. De ce fait, certains gros éleveurs passent des commandes auprès des fournisseurs d’écrevisses marbrées de la plaine. D’autre part, quelques journaux de la capitale affirment que ces écrevisses sont déjà aussi présentes dans les zones aux alentours de la région Analamanga notamment les régions Alaotra Mangoro, Vakinankaratra et Itasy. Cette affirmation est contestée par les dires d’un chercheur de la Faculté des Sciences de l’Université d’Antananarivo qui avance que ces écrevisses ne sont pas originaires de ces régions précitées. On est alors emmené à penser que les EMs présentent dans ces localités sont peut être originaires du fokontany d’Ankasina dans la plaine de Betsimitatatra. Aucun point de ramassage de la capitale ne rivalise avec cette production, le fokontany de Manakasina de la commune rurale d’Ambohitrimanjaka vient tout de suite après, avec une production journalière de 5 sacs. Une grande partie de cette production est destinée au marché du fokontany en question et aux besoins des ménages de la commune, le reste est orienté vers la capitale. Les autres points de ramassage ont une production largement inférieur a celle de ces deux premières, de l’ordre de 3 sacs par jour. Il s’agit de deux sites dans le quartier de Mamba dans le fokontany de Soavimasoandro, il en est de même pour le fokontany d’Ambaravarankazo dans le sixième arrondissement de la CUA. Quant aux autres points de ramassage, 15 personnes enquêtées nous ont révélé l’existence de ces sites mais ils n’ont pas divulgué des informations concernant leurs productions journalières. A savoir, le fokontany d’Ikopakely de la CR d’Ambohitrimanjaka, au niveau du pont d’Ambohidroa du sixième arrondissement de la CUA et d’Amorona du fokontany de Soavimasoandro.

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