Effet de la physico-chimie

La présence et l’abondance d’un taxon parasitaire dans un écosystème dépendent de la capacité de celui-ci à soutenir tous les hôtes permettant à ce parasite d’accomplir son cycle vital. Plusieurs études ont montré que la prévalence et l’abondance parasitaire pouvaient varier à travers les systèmes aquatiques, suggérant une influence de l’environnement sur la capacité d’un parasite à accomplir son cycle de vie (Kennedy 1975; Kennedy 1978; Bailey et Margolis 1987). Une variété de facteurs, tant physico-chimiques (pH, conductivité; oxygène dissous; radiation ultra-violette (UV)) (Christensen et al. 1980; Pietrock et Marcogliese 2003; Studer et Poulin 2013), morphométriques (superficie du milieu, profondeur moyenne; Esch et al. 1986; Bailey et Margolis 1987; Marcogliese et Cone 1991) que biotiques (communauté ichthyenne; biomasse d’hôtes; Arneberg et al. 1998; Thielges et al. 2008; Lagrue et Poulin 2016) influençant la présence d’hôtes ainsi que la survie parasitaire ont déjà fait l’objet de différentes études .

Effet de la physico-chimie 

Tel que mentionné précédemment, l’effet individuel de plusieurs facteurs physicochimiques sur la capacité d’un parasite à accomplir son cycle de vie a déjà été bien étudié (Pietrock et Marcogliese 2003). Dans le cas de mon étude, nous nous sommes penchés sur l’effet de deux facteurs physico-chimiques qui seraient les plus susceptibles d’affecter la survie parasitaire en milieu naturel, soit le pH et la radiation UV, Par exemple, Christensen et al. (1980) ont montré qu’un pH acide (5 à 6) empêchait ou réduisait fortement le développement d’œufs de parasites comparativement à un pH neutre, limitant ainsi la présence de parasites dans les lacs plus acides. De plus, des milieux plus acides ont de la difficulté à supporter des populations élevées de gastéropodes, qui sont souvent des hôtes primaires de parasites trématodes (Hoffman 1999). La quantité d’ions calcium étant fortement réduite dans ces milieux, les gastéropodes ont de la difficulté à former leur coquille, et ultimement, sont quasi absents des milieux aquatiques acides (Marcogliese 2001).

L’ autre facteur physico-chimique à l’étude dans le cadre de mon projet, la radiation ultraviolette, est déjà bien connu pour influencer la survie de plusieurs organismes invertébrés tels que les coraux, le zooplancton, les poissons ainsi que les amphibiens (Hader et al. 1998). Cependant, très peu d’études se sont concentrées sur l’effet de la radiation UV sur les parasites et les études réalisées jusqu’à ce jour ont été réalisées en laboratoire. Par exemple, Studer et Poulin (2013) ont montré un fort effet délétère de la radiation UV sur les cercaires du parasite Maritrema noveazealandensis . En contrôlant pour d’autres facteurs (température, salinité), ces derniers ont montré que la courbe de survie des cercaires passait d’un taux d’ environ 40% en absence de rayonnement UV à un taux de survie d’environ 20% en présence de rayonnement UV, à l’intérieur d’une période de huit heures.

Effet de la morphométrie du milieu 

La capacité d’un parasite à accomplir son cycle de vie est aussi influencée par les caractéristiques morphométriques d’un système. En effet, certaines études réalisées en milieu forestier ont démontré un impact direct de la superficie forestière sur la capacité d’un parasite à accomplir son cycle de vie. Par exemple, Allan et al. (2003) ont étudié l’effet de la fragmentation forestière sur le risque de transmission de la bactérie responsable de la maladie de Lyme, Borrelia burgdorferi, chez la tique. Ces derniers ont observé que les petites parcelles forestières contenaient plus de tiques infectées par la bactérie comparativement aux plus grandes parcelles. En milieu aquatique, Marcogliese et Cone (1991) ont observé que la profondeur moyenne des lacs avait une influence sur la faune parasitaire, les lacs moins profonds favorisant le contact entre l’ ensemble des hôtes du cycle de vie d’un parasite. Ces auteurs ont aussi observé que la diversité parasitaire variait fortement en fonction de la taille des lacs, les lacs plus petits possédant moins d’ espèces de parasites que les plus grands lacs.

Effet de facteurs biotiques 

La présence d’hôtes alternatifs dans un système influence négativement la prévalence et l’ abondance d’un parasite dans un écosystème. Thielges et al. (2008) ont remarqué que les systèmes contenant des hôtes agissant comme « puits » réduisaient d’environ 70% la prévalence du parasite chez son hôte cible. De plus, Krakau et al. (2006) ont observé que l’ abondance de parasite était réduite dans les systèmes comportant des espèces introduites. En étudiant un système où le trématode Renicola roscovita infecte normalement un bivalve sous forme de cercaire (hôte intermédiaire) et un oiseau sous sa forme adulte (hôte définitif), les auteurs ont observé que l’introduction d’un bivalve invasif réduisait l’ abondance du parasite chez le bivalve indigène, expliquant cette différence par l’absence de prédation de l’hôte définitif sur l’hôte intermédiaire introduit , menant ultimement à une réduction du parasite dans le système.

La biomasse d’hôtes dans un système est un autre facteur biotique clé dans le succès de la capacité d’un parasite à accomplir son cycle de vie. Par exemple, Arneberg et al. (1998) ont modélisé l’ abondance d’un parasite en fonction de la densité d’hôtes disponible et ont observé que l’ abondance parasitaire augmentait proportionnellement à la densité de sa population cible (voir figure 4). Plus concrètement, plusieurs exemples de la littérature ont confirmé un lien direct entre l’ abondance de parasite et la densité d’hôtes en milieu aquatique. Par exemple, Meyrowitsch et al. (1991) ont étudié la transmission du stade libre du parasite Echinostoma caproni et ont observé que sa densité était directement associée à la densité de son hôte cible, dans leur cas un gastéropode aquatique. Lagrue et Poulin (2016) ont aussi observé une relation semblable entre la biomasse parasitaire et la biomasse de l ‘hôte du parasite, où la biomasse parasitaire était positivement corrélée avec la biomasse du poisson cible, Gobiomorphus cotidianus.

Table des matières

Chapitre 1 Introduction
1.1.1. Effet de la physico-chimie
1.1.2 Effet de la morphométrie du milieu
1.1.3 Effet de facteurs biotiques
1.2 Problématique
1.3 Objectifs et prédictions
Chapitre II Alternative hosts identity has a stronger effect than abiotic factors on trematode transmission in brook charr
Abstract
Introduction
Methods
Study area and fish sampling
Parasite analysis
Lake morphometry and physico-chemical variables
Data analysis
Results
Crepidostomum abundance
Apophallus abundance
Apophallus prevalence
Discussion
Acknowledgments
References
Tables
Figures captions
Supplementary material
Chapitre III Conclusion générale

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