Enquête dans quatre parcs zoologiques en France

Rapport d’enquête dans quatre parcs zoologiques en France, tutoriel & guide de travaux pratiques en pdf.

Matériels et méthodes

Description générale des quatre parcs

Répartition géographique des quatre parcs

Les parcs zoologiques de Lyon, Mulhouse et Vincennes sont tous les trois soumis à un climat de type continental. Les hivers sont rudes et les été chauds avec beaucoup d’orages. À la Palmyre, le climat est océanique avec des hivers doux et très humides marqués par des pluies intermittentes et surtout de la bruine ; l’été est beaucoup plus sec mais frais (Figure 14).

Plans des parcs

Les parcs étudiés ont été représentés par un plan généraliste (Figure 15, 16 et 17) qui permet d’avoir un aperçu de la localisation des piégeages dans les primateries de chacun.
Le parc zoologique de Vincennes (14,5 ha) étant en travaux depuis 2008, les pièges ont été disposés dans l’enclos des girafes, alors seules résidantes.

Collection et nombre de visiteurs

Le parc zoologique de Mulhouse est l’un des plus anciens parcs de France. Aujourd’hui, il compte 1200 animaux dans un jardin qui abrite plus de 3000 plantes variées. Le nombre de visiteurs augmente chaque année avec la rénovation progressive des enclos du parc et l’arrivée de nouveaux animaux, tels que les wallabies des roches ou bien la tortue géante des Seychelles. Le parc de la Tête d’Or à Lyon est un parc qui a plus de 150 ans aujourd’hui. Il compte moitié moins d’animaux qu’à Mulhouse, et son entrée est totalement libre pour le public. Le parc zoologique de Vincennes, plus récent que les deux derniers parcs suscités, a fermé ses portes en 2008 pour une rénovation complète de ses enclos qui devrait s’achever en 2014. Enfin, le parc zoologique de La Palmyre, le plus récent des parcs étudiés fait partie des parcs les plus visités en France (Tableau 4).
Tableau 4 : Nombre moyen de visiteurs par an dans les 4 parcs zoologiques étudiés
A l’exception de Vincennes, la diversité animale exposée dans les parcs est vaste. A Mulhouse par exemple, 8 espèces de Callitricidés sont représentées (Tableau 5).
Tableau 6. Les parcs zoologiques de La Palmyre et de Lyon ont participé à l’étude car ils possédent également des tamarins bicolores. Le zoo de Vincennes n’expose en revanche pas de tamarins bicolores.
Tableau 6 : Nombre de tamarins bicolores dans les quatre parcs étudiés

Caractéristiques environnementales

Les parcs zoologiques de Mulhouse, Lyon et Vincennes sont tous les trois des parcs situés au cœur d’une grande ville, contrairement au parc zoologique de La Palmyre qui se trouve plutôt excentré. Cependant, la région étant très touristique, le nombre de visiteurs est particulièrement élevé durant la période estivale (Tableau 7).
Tableau 7 : Caractéristiques environnementales des parcs étudiés

Enclos des tamarins bicolores

Description
Parc zoologique et botanique de Mulhouse
Le plus grand des enclos extérieurs des tamarins bicolores n’est pas visible du public à Mulhouse (Figures 18 et 19). Il n’héberge cependant pas les principaux couples reproducteurs. Il se situe en arrière du bâtiment de la singerie, dans les feuillages des arbres et buissons des alentours et à proximité de la benne à déchets. Il s’agit d’un environnement idéal pour les micro-rongeurs, source de nourriture et terriers y sont rassemblés
Les deux autres enclos extérieurs sont, eux, visibles par le public. Ils sont fermés par des vitres excepté au niveau du toit bipente où un pan consiste en un simple grillage (Figure 20 et 21).
Parc de la Tête d’Or à Lyon
L’enclos extérieur des bicolores à Lyon suit le même principe que les enclos extérieurs semi-fermés de Mulhouse. Le toit est grillagé. Les autres pans sont des vitres (Figure 22).
Figure 22 : Enclos extérieur semi-fermé des tamarins bicolores à Lyon
Parc zoologique de La Palmyre
L’enclos des tamarins bicolores à La Palmyre est très végétalisé, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Il est entièrement constitué d’un grillage fin permettant cependant le passage de micro-rongeurs à la fois par le toit et le sol (Figures 23 à 25).
Parc zoologique de Vincennes
Aucun tamarin bicolore n’y est représenté.
Nettoyage des enclos
Le nettoyage des enclos permet de relever la présence de cadavres de rongeurs. Il permet aussi, par la simple présence de l’homme, de repousser les nuisibles. Ainsi, l’éloignement des nuisibles sera généralement d’autant plus efficace que le nettoyage est fréquent. Il permet également de retirer les restes de nourritures qui attirent les rongeurs. Associé à une dératisation efficace, il peut contribuer à une nette diminution de la fréquentation des enclos extérieurs par les nuisibles. Le Tableau 8 détaille les fréquences de ratissage et de dératisation à Mulhouse, La Palmyre et Lyon.
Tableau 8 : Ratissage et dératisation de l’enclos des tamarins bicolores à Mulhouse, La Palmyre et Lyon

Végétation

La végétation est un point essentiel dans la création d’un enclos. Elle peut servir de décor, d’alimentation (bambou chez les hapalémurs) ou d’enrichissement pour l’espèce maintenue en captivité. Elle ne doit pas être toxique et doit au mieux correspondre à l’habitat naturel. Le choix de la végétation doit également prendre en compte les nuisibles qui peuvent être attirés ou repoussés par certaines plantes. L’armoise, l’euphorbe (sève irritante pour la peau et les yeux) et la menthe sont des plantes connues pour éloigner les rongeurs.
Quelques caractéristiques des plantes présentes dans les enclos de Mulhouse et de La Palmyre sont présentées dans le Tableau 9.
Tableau 9 : Plantes présentes dans les enclos extérieurs des tamarins bicolores de Mulhouse et de Lyon

Protocole général de l’enquête

Les micro-rongeurs sauvages circulant dans l’enceinte de chaque parc zoologique étudié représentaient les 4 populations de l’étude. Initialement, très peu de données régionales, tant quantitatives que qualitatives, étaient disponibles à leur sujet.
Dans cette étude, chaque « cas » était représenté par un micro-rongeur appartenant à une des 4 populations étudiées.
Le questionnaire relatif à cette étude est fourni en ANNEXE 2 : Questionnaire. Il a été présenté aux vétérinaires enquêteurs lors de la réunion de l’Association Française des Vétérinaires de Parc Zoologique (AFVPZ) le 14 octobre 2011. Une explication détaillée du protocole a ainsi pu être effectuée. Ce dernier comprennait l’étude de la prévalence de la maladie selon les critères de chaque population (longueur et poids permettant une estimation de l’âge de chaque individu, sexe, état d’embonpoint, état général, espèce), l’étude de la prévalence de la maladie en fonction des caractéristiques de chaque parc (climat, présence ou absence de tamarins bicolores, plantes présentes dans les enclos) et enfin, la présence et la fréquence des mesures préventives (fréquence de nettoyage des enclos extérieurs, fréquence de dératisation).

Piégeage et analyses

Mise en place du piégeage

Types de piège

Afin de standardiser la méthode de piégeage, des tapettes à souris et à rats ont servi lors de toutes les récoltes de rongeurs dans les différents parcs participant à l’étude. Le principal intérêt de ces pièges était d’entrainer une mort rapide de l’animal.
Deux tailles de pièges ont été utilisées pour assurer d’une part le piégeage des rats et autres espèces de taille similaire, et d’autre part, le piégeage les souris et autres espèces de taille similaire.

Localisation des pièges

Chaque piège possédait une lettre écrite à l’aide d’un marqueur indélébile et sa localisation a été précisément répertoriée sur une fiche (ANNEXE 2 : Questionnaire). Chaque animal piégé était donc associé à une lettre.
Au total, 16 pièges ont été placés dans chaque parc :
 cuisine centrale : 2 tapettes souris et 2 tapettes rat ;
 enclos des bicolores :
– enclos extérieurs :
→ 2 tapettes souris et 2 tapettes rat à l’intérieur de l’enclos lorsque les animaux étaient rentrés le soir ; les pièges étaient retirés le lendemain matin avant de sortir les animaux ;
→ 2 tapettes souris et 2 tapettes rat autour de l’enclos extérieur.
– enclos intérieurs :
→ 2 tapettes souris et 2 tapettes rat dans le couloir proche de l’enclos des tamarins bicolores.
Durant les journées ensoleillées, les animaux pouvaient encore être amenés à sortir dans les enclos extérieurs. Il fut donc important de bien vérifier le retrait des pièges avant de les laisser sortir.

Types d’appât

Les appâts utilisés étaient des morceaux de pomme (aliment très apprécié par les rongeurs) ou des restes de repas des Callitricidés (par exemple des morceaux de gruyère au parc zoologique de Mulhouse). Des noisettes ont également été utilisées car leur fruit étant bien accrochés, le piège avait alors plus de chance de se déclencher.

Matériel et méthode de prélèvement

Heures de disposition et de retrait des pièges

La gestion des pièges dépendait des horaires des soigneurs, propres à chaque parc zoologique. Les pièges étaient amorcés le soir, lorsque les soigneurs terminaient leur journée, et retirés le lendemain matin, avant la sortie des animaux dans les enclos extérieurs.

Récolte des individus piégés

Après s’être équipé de gants en latex, le soigneur récoltait les rongeurs des différents pièges dont il s’occupait et les déposait individuellement dans un papier absorbant sur lequel était noté la date du jour et le numéro du piège. Tous les rongeurs récoltés étaient ensuite déposés dans un récipient clos et placés au réfrigérateur jusqu’à ce qu’ils soient collectés dans la matinée par le vétérinaire.

Prélèvement du foie et mesures associées

Après avoir précisément déterminé son espèce, l’animal était pesé à l’aide d’une balance de précision (au gramme près) et mesuré à l’aide d’un double décimètre (tête – base de la queue) pour déterminer approximativement son âge. Le sexage était aisé et confirmé lors de l’ouverture de la cavité abdominale.
L’état général de l’animal était rapidement précisé (bon vs mauvais) ainsi que son état d’embonpoint (échelle de 1 à 5 ; 1 = « maigre », 5 = « obèse »).
Le foie était ensuite soigneusement prélevé dans son intégralité après avoir été bien individualisé puis, coupé en deux parties à peu près égales dont l’une (partie droite dans l’animal) était conservée au congélateur dans un pot à urine, et l’autre, dans un pot de formol tamponné à 10 %.

Examen macroscopique des foies de la deuxième campagne

L’intensité de l’infestation était évaluée par l’observation à l’œil nu de l’étendue des lésions à la surface du foie : elle était qualifiée de faible, modérée ou sévère. Ainsi, les lésions discrètes ne touchant la plupart du temps qu’un seul lobe caractérisaient une infestation de faible intensité. Des lésions nombreuses et intéressant approximativement 50 % du foie caractérisaient une infection d’intensité modérée. Quant aux lésions touchant plus de 50 % de la surface du foie, elles caractérisaient une infestation sévère.
Pour chaque intensité d’infestation, la présence du parasite était ensuite recherchée par examen histopathologique.

Examen histopathologique des foies

Après un examen macroscopique détaillé des foies, une à deux sections ciblant des lésions macroscopiquement visibles, ou une à deux sections prises au hasard sur les foies macroscopiquement sains ont été soumises à une analyse histopathologique. Cet examen concernait tous les foies et permettait de vérifier la présence d’œufs de Capillaria hepatica.
Après un minimum de deux semaines de fixation dans le formol, les foies étaient coupés en fines tranches d’environ 3,5 mm d’épaisseur à l’aide d’une lame de scalpel. Ces tranches étaient disposées dans une cassette portant un numéro unique associé au prélèvement et écrit 47 au marqueur indélébile. Chaque cassette contenait les prélèvements de foie issus de quatre animaux différents (voir infra).
Les échantillons étaient ensuite traités selon la technique de préparation histologique standard, coupés en section de 3,5 µm et colorés à l’hémalun-éosine-safran (HES).

Examen parasitologique des foies de la deuxième campagne

Cette méthode concernait les foies présentant des lésions macroscopiques suspectes. Elle nous permettait à la fois de mettre en évidence des œufs à l’aide d’une méthode d’observation directe, mais également de confirmer l’absence d’œufs au sein des foies ne présentant pas de lésions macroscopiques.
Après décongélation rapide du foie à température ambiante, un premier rinçage était effectué pour retirer tous les débris éventuels. Les prélèvements étaient ensuite soigneusement écrasés à l’aide d’un mortier puis rincés avec du sérum physiologique (NaCl 0.9%) au travers d’un filtre de maille 110 µm de diamètre. Le filtrat obtenu était à nouveau filtré au travers d’un filtre de plus petit diamètre (40 µm de diamètre) censé retenir les œufs de Capillaria hepatica. Deux fractions de 100 µL du second filtrat ont ensuite été prélevées et déposées dans une lame de Malassez pour le comptage par foie.
La forme de citron, la capsule bi-operculée et la paroi striée étaient des critères morphologiques permettant de conclure à la présence d’œufs de Capillaria hepatica.

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