ENTRE RÉFÉRENTS ET DISPOSITIFS, L’ALTERNANCE EN FORMATION PROFESSIONNELLE INFIRMIÈRE

ENTRE RÉFÉRENTS ET DISPOSITIFS, L’ALTERNANCE EN FORMATION PROFESSIONNELLE INFIRMIÈRE

Le programme de formation infirmière, basé sur une approche par permettre à l’étudiant d’acquérir l’ensemble de ces compétences, la formation infirmière est une formation en alternance dite intégrative. Bourgeon (1979, cité par Lerbet, 1981, p.35-36) a identifié trois types d’alternance à savoir « l’alternance juxtapositive » se limitant à une cohabitation entre les organisations de travail et la formation ; « l’alternance associative » dans un objectif commun formalisant un partenariat et « l’alternance copulative ou intégrative », dans laquelle « l’alternant articule les différences entre les deux lieux de formation pour favoriser une démarche intégrative » (Bougès, 2011, p.65). Au-delà de ces alternances organisationnelles, Lerbet (1981, p.33-35) a défini trois types d’alternances du point de vue de l’étudiant que sont « l’alternance-rythme, l’alternance-renversabilité et l’alternance-réversibilité »43. A travers ses enjeux d’alternances, le programme de formation infirmière de juillet 2009 a-t-il agi comme un instituant (Ardoino et Lourau, 1994) ? L’inscription de cette formation dans un cursus universitaire amène à questionner les pratiques d’enseignements et d’accompagnement des étudiants. Nous allons aborder l’organisation de ce partenariat entre les différents intervenants (IFSI, Université, Terrain de stage), qui apparaît souvent complexe aux étudiants et parfois aux professionnels eux-mêmes. De quelles manières les articulations, entre les différents  partenaires44, ont-elles été pensées ? Qu’est-ce que cela peut impliquer pour l’étudiant, entre construction et évaluation des compétences ? Nous présenterons ensuite les nouveaux dispositifs mis en œuvre dans cette approche par compétences, en interrogeant plus particulièrement le rôle du tuteur infirmier. En effet, cette fonction de tuteur est renforcée dans le cadre du programme de 2009, interrogeant les professionnels sur leur rôle auprès des étudiants. Quels sont les fonctions spécifiques  du tuteur en formation en alternance, lui permettant de construire ses postures45 ? Quels intérêts peut-il y avoir à préciser les postures du tuteur et de l’ensemble des référents, entre « intégrer », « encadrer » et « former », vis-à-vis des étudiants? Nous terminerons en présentant notre choix de centrer notre travail de recherche sur le parcours de l’étudiant en formation, davantage que sur la construction de l’identité professionnelle ou le processus de professionnalisation. Comment le parcours de l’étudiant participe-t-il à reconnaître la subjectivité de l’étudiant, à travers un cheminement singulier ? De quelle manière ce parcours singulier influence-t-il l’implication professionnelle (Mias, 1998) de l’étudiant ?

Un maillage complexe à clarifier, entre les différents partenaires et l’évaluation des compétences

Le programme mis en place participe de l’universitarisation des formations en santé, et si un partenariat existait déjà entre les terrains de stage et les IFSI, ce nouveau partenaire qu’est l’université invite à repenser les relations et la place de chacun. Le référentiel de formation met en avant l’importance de l’apprentissage par situations, en référence à la boucle expérientielle de Le Boterf (2000, éd.2010). L’étudiant appréhende la situation en mobilisant de nombreuses ressources (personnelles, professionnelles, institutionnelles) de façon implicite, devant ensuite prendre le temps à travers les analyses de pratique49 de rendre explicite cet implicite. Les professionnels de terrain ont vu leurs responsabilités renforcées dans l’évaluation de l’acquisition des compétences professionnelles par l’étudiant. La compétence existe par et dans l’action, d’où la nécessité pour l’étudiant d’en percevoir la complexité à distance, dans une démarche réflexive, qui ne se limite pas à décrire l’action réalisée ni le résultat de cette action. L’étudiant possède des savoirs, savoir-faire et savoir-être, des connaissances, des expériences et c’est la pertinence de ce qu’il va mobiliser, à partir de son analyse de la situation qui montrera des éléments de sa compétence. Nous avons vu que le but de la formation est de former des praticiens réflexifs, autonomes et responsables. Dans une approche transdisciplinaire (Bougés, 2011, p.86), la formation s’organise autour de l’étude de cas ou de situations vécues par l’étudiant. Cette approche, dans une alternance intégrative, permet d’appréhender la complexité du travail en milieu professionnel, en prenant en considération l’expérience de l’étudiant, dans ses alternances. Cependant l’étudiant se retrouve dans un système de formation lui-même complexe, qui n’est pas toujours bien compris par les professionnels eux-mêmes, où une multitude de « référents » jalonnent son parcours.

 

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