Entrepreneur un récepteur de technologie …innovateur

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Théories « en miroir » pour l’entrepreneur : entre fonctionnalisme et comportementalisme

De la même manière que les théories des PME oscillent entre stratégie « planifiée » et processus « souhaitable», les théories sur l’entrepreneur hésitent entre fonctions nécessaires à priori et comportements attendus à posteriori… Difficile en effet de dissocier l’analyse d’une PME de celle de son entrepreneur dirigeant ! Ce qui explique sans doute que les théories sur l’entrepreneur aient suivi un développement « en miroir » de celles des PME. A l’origine de cet intérêt pour les entrepreneurs on retrouve divers auteurs, les prémices remontent à Cantillon1 en 1755 et Say2 en 1852. Beaucoup plus tard, en 1904, Marx Weber évoque le protestantisme comme explication de la naissance d’un groupe d’entrepreneurs à la source de la révolution industrielle en Angleterre. Comme le souligne très justement Samuelson3 et Hagen4 , il est probable que la religion n’était pas l’explication principale de ce phénomène5 , il est bien plus plausible de penser à la place particulière que tiennent nombre de minorités dans le monde, les amenant par divers mécanismes à innover et à entreprendre. « En Russie, ce furent les « vieux croyants qui furent les innovateurs ; au Japon, les bouddhistes ; en Allemagne, les luthériens ; et aux premières étapes du développement en Inde, les Parsis ; au Pakistan, les musulmans ; en Colombie, les catholiques pieux. (…) On aurait du mal à trouver les origines de cette attitude (entrepreneuriale) dans chacune de ces religions très différentes. »1 On peut toutefois considérer que Marx Weber a beaucoup contribué à donner un rôle distinctif à l’entrepreneur au sein de la société. Ce faisant, il prépare sans conteste le terrain à la réflexion, révolutionnaire en son temps, d’un de ses collaborateurs2 , Joseph Aloïs Schumpeter, qui marquera réellement les débuts de la compréhension fonctionnaliste de l’entrepreneur.

L’approche fonctionnaliste, l’entrepreneur Schumpeterien

Dans cette approche, c’est ce que fait l’entrepreneur qui permet de le définir. Les économistes furent les principaux artisans de cette forme de compréhension de l’entrepreneuriat. A l’origine, l’entrepreneur fut longtemps perçu comme un homoeconomicus par les économistes traditionnels, ce dernier était relativement prévisible, réagissant aux modifications de son environnement économique afin de maximiser les profits de son entreprise. Nous allons, dans ce qui suit, accorder une attention toute particulière à celui qui remit fondamentalement en cause cette vision. Schumpeter, en effet, a été l’un des premiers à permettre une nouvelle perception de l’entrepreneur en l’assimilant à un innovateur. Ce dernier joue alors un rôle central dans une économie où le déséquilibre dynamique créé par le changement est le signe d’une économie en bonne santé (par opposition à la vision antérieure de l’équilibre optimum de la théorie néoclassique).« Le rôle de l’entrepreneur consiste à réformer ou à révolutionner la routine de production en exploitant une invention ou plus généralement une possible technique inédite. »1 L’entrepreneur se voit ainsi doté d’une capacité d’initiative que lui avait jusqu’alors nié les théories économiques antérieures. Mu par la recherche du profit, l’entrepreneur, selon Schumpeter, n’a d’autres alternatives que d’innover afin de dégager des profits. Toutefois, ceuxci ne peuvent être que provisoires dès lors que la généralisation de l’innovation et l’apparition de la concurrence entrent en jeu. Ce qui induit la nécessité pour l’entrepreneur de renouveler régulièrement l’acte d’innover, démarche qui peut concerner tant l’organisation de son entreprise, que l’évolution de son outil de production ou la création de nouveaux produits (dérivés – dans le cas d’innovations en grappe – ou non). Cette nécessité que relève Schumpeter lui permet alors d’introduire et d’expliquer la notion de cycle dans l’économie qui constituera son deuxième apport aux théories économiques de l’époque. « En quoi a consisté la contribution des individus concernés (i.e. les entrepreneurs) ? Seulement en volonté et en action : pas en bien concret car ils les ont achetés – soit à d’autres soit à eux-mêmes ; pas en pouvoir d’achat, car ils l’ont emprunté – à d’autres, ou si nous tenons compte des acquisitions des périodes antérieures à eux-mêmes. Et qu’ont-ils fait ? Ils n’ont pas accumulé de marchandises, ils n’ont créé aucun moyen de production original, mais ont employé les moyens de production existants différemment, de façon plus appropriée, plus avantageuse. Ils ont « mis en pratique de nouvelles combinaisons ». Ils sont des entrepreneurs. Et leur profit, le surplus que ne balance aucun passif, est un profit d’entrepreneur. »2 Ce dernier trouve donc une fonction à part entière dans le système économique, cette dernière étant bien distincte de celle du capitaliste qui lui apporte et risque des capitaux. Cette distinction entre l’entrepreneur et le capital est encore d’actualité et constitue une source de différenciation pour nombre d’auteurs contemporains traitant de l’entrepreneuriat même si elle ne fait pas toujours l’unanimité . Enfin, le dernier apport des écrits de Schumpeter est de distinguer nettement l’invention de l’innovation. Il définit cette dernière comme correspondant au lancement réussi d’une invention sur le marché introduisant par la même occasion la problématique du lien existant entre marché et inventions. A la suite de Schumpeter, d’autres définitions fonctionnelles de l’entrepreneur virent le jour, la plupart insistant sur le caractère innovant de ce dernier. Ainsi Léon Gingembre, fondateur du CGPME , fait la distinction entre « patronat de management », popularisé depuis dans les médias sous le terme des « grands patrons », et le « patronat réel» où « c’est le patron qui engage dans son entreprise tout son avoir financier, qui exerce des fonctions réelles et uniques de responsabilité de gestion, qui met en jeu son savoir et, en cas d’échec, son honneur ». Pour sa part, Drucker, évoque l’entrepreneur innovateur en ces termes : « Les entrepreneurs représentent en fait une minorité parmi les nouvelles entreprises, une minorité qui crée quelque chose de nouveau, de différent, qui provoque un changement, une mutation des valeurs » . 

L’approche comportementaliste, ou l’éclatement de la perception de l’entrepreneur « La stratégie, une affaire de comportements. »

Alain Desreumaux Les choix stratégiques des PME sont le plus souvent l’expression des préférences de leur dirigeant pour certains comportements vis-à-vis de situations données. Ces comportements visent à permettre à l’entreprise de s’adapter à son environnement interne et externe qui est en permanente mutation. L’adaptation s’entend soit par l’action sur l’entreprise elle-même, soit sur l’environnement qui l’entoure, soit la combinaison des deux. C’est donc assez naturellement que les chercheurs se sont intéressés à la question du comportement des entrepreneurs, de leurs motivations et des qualités nécessaires.Mc Clelland1 est souvent présenté comme un des précurseurs de cette école ; il fut en effet l’un des premiers à évoquer le besoin de réalisation pour expliquer le phénomène entrepreneurial. Selon lui, ce besoin de réussir serait inculqué durant la plus jeune enfance à travers une valorisation émotionnelle de l’enfant lorsque ce dernier développe des actes indépendants. Par la suite, il insistera surtout sur le besoin de réussite économique qui serait alors le corollaire du besoin de réussite personnel. Cette approche, pour originale qu’elle était, ne prend pas en compte le fait que la perception de la réussite est souvent tributaire de la société dans laquelle elle souhaite s’exprimer. Ainsi, dans certains pays, le fait de rentrer dans les ordres représentera le summum de la consécration sociale, alors que dans d’autres ce sera le pouvoir politique, et enfin dans d’autres encore le pouvoir économique. En ce qui concerne Mc Clelland, on ressent toute l’influence de la culture anglo-saxonne qui a abouti dans d’autres domaines à des résultats très proches comme ceux de Maslow présentant aussi le besoin d’estime comme un élément important de compréhension des éléments étudiés. A sa suite, de nombreuses typologies ont vu le jour mettant en exergue une grande diversité d’entrepreneurs. Ces typologies semblent le plus souvent être le reflet des facteurs-clés mis en avant par leurs auteurs. Notre objectif n’est pas ici de reprendre de manière exhaustive l’ensemble des typologies existantes mais simplement d’illustrer succinctement les différentes perceptions que l’on peut habituellement retrouver dans la littérature concernant l’entrepreneuriat. 

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