Etude chimique et toxicologique des ecorces de tige de myrica spathulata (myricaceae)

Un poison est une substance qui, introduite dans l’organisme ou absorbée par celui-ci, volontairement ou accidentellement, provoque une perturbation, voire la mort. La différence entre les poisons et les médicaments repose sur une question de dose. Une toxine est un poison d’origine naturelle provenant d’animaux, de végétaux ou de microorganismes.

Avec le développement des disciplines scientifiques comme la chimie, la physique, la médecine, et la biochimie, la toxicologie ou science des poisons a connu un grand essor. Elle est devenue une science sociale d’une utilité incontestée, mais ses rapports avec la physiologie et la pharmacologie en font une science biologique qui apporte une précieuse contribution à l’étude des phénomènes de la vie (FABRE, 1964).

Plusieurs toxines ont été déjà isolées et la connaissance de leur mode d’action a apporté une grande contribution au traitement des maladies et à la compréhension du fonctionnement des voies métaboliques.

A titre d’illustration, on peut citer :
– la colchicine venant de Colchicum automnale, un alcaloïde toxique, utilisé en cancérologie car elle bloque la métaphase (FABRE, 1964) ;
– les antibiotiques qui aident à combattre les maladies infectieuses, comme la pénicilline qui est un peptide venant du champignon Penicillum caudatum(FABRE, 1964) ;
– la toxine cholérique isolée du bacille Vibrio cholerae, un activateur universel de l’adénylate cyclase. Cette toxine a été employée dans l’investigation des effets biologiques de l’AMPc et du mécanisme de régulation de l’adénylate cyclase, et aussi dans la mise en évidence de la structure et de la fonction membranaire (BENNET et CUATRECASAS, 1977) ;
– la morphine, un alcaloïde isolé de Papaver somniferum et qui est utilisée comme analgésique (BRUNETON, 1993).

Les végétaux constituent une source importante de toxines. En effet, l’homme les a de tous temps utilisés pour :
– chasser : il confectionne des flèches empoisonnées à partir de végétaux toxiques, tels que Chondrodendron tomentosum (VERBENACEAE) (SAMYN, 2001) ;
– pêcher : à titre d’exemple des poisons de pêche sont préparés à partir de plantes comme le « Famamo » ou Crotalaria coursii (PAPILIONACEAE ) (SAMYN, 2001) ;
– rendre la justice : c’est le cas du « Tangena » ou Cerbera venenifera (APOCYNACEAE) utilisé comme poison d’épreuve à Madagascar au 18e siècle (SAMYN, 2001) ;
– se soigner, par exemple : le « Fandoabola » ou Pittosporum ambrense (PITTOSPORACEAE), dont les fruits écrasés sont un antidote des piqûres de sangsues (BOITEAU, 1986) ;
– lutter contre des animaux nuisibles, avec le « Hazongoaika » ou Cussonia bojeri Seem (ARALIACEAE) qui a des propriétés insectifuges (SAMYN, 2001).

Caractéristiques de la famille des MYRICACEAE

Ce sont des arbres ou buissons aromatiques qui renferment des terpènes et des tannins. Les racines sont généralement à nodules symbiotiques avec des bactéries fixatrices d’azote (JUDD et coll, 2002).

Description botanique de Myrica spathulata

Myrica spathulata   est un arbuste ou arbre atteignant jusqu’à 12m de hauteur, à rameaux et ramules jeunes, glabres et glanduleux. Les feuilles sont longuement pétiolées, simples et alternes. Le limbe obovale-spatulé, atténué décurrent à la base, arrondi obtus au sommet, un peu coriace et lisse, est souvent brillant sur le dessus, parsemé de nombreuses glandes, surtout au stade juvénile. Les inflorescences sont en chatons axillaires. Les chatons mâles sont à fleurs tétrandres, à filets soudés, en colonne à la base. Les chatons femelles sont à fleurs avec ovaire muni de quelques émergences basales. Les fruits sont sphériques ou ovoïdes (HUMBERT et LEROY, 1952 ; RABESA, 1986).

Classification (BREMER et coll., 1999)

La classification de la plante est la suivante :
Règne : VEGETAL
Embranchement : SPERMAPHYTES
Sous-embranchement : ANGIOSPERMES
Classe : DICOTYLEDONES
Sous – classe : ROSIDAE
Ordre : FAGALES
Famille : MYRICACEAE
Genre : Myrica
Espèce : spathulata Mirb
Noms vernaculaires : Andravola (Alaotra) Laka, Tsilakana, Silaka (Betsimisaraka) Sarindriaka (Betsileo) .

L’espèce est endémique de Madagascar.

Distribution géographique et lieu de récolte

Myrica spathulata pousse dans la forêt littorale orientale de Madagascar, sur les sables côtiers et sur les collines (HUMBERT et LEROY, 1952) . Le matériel végétal a été récolté dans la forêt littorale d’Amparafana, commune de Mahatsara, région de Mahanoro, en Avril 2006.

Organe utilisé

La partie de la plante utilisée dans notre recherche est l’écorce de tige, en raison de son utilisation thérapeutique traditionnelle en tant qu’odontalgique.

Préparation et conservation du matériel végétal

Les tiges sont écorcées puis les écorces obtenues sont lavées et séchées au soleil pendant 24h. Le matériel sec est ensuite broyé à l’aide d’un mortier. La poudre obtenue est tamisée et conservée à la température ambiante. Elle constitue notre matériel d’étude.

La plupart des produits chimiques utilisés sont purs et de qualité pour analyse (marque MERCK ou PROLABO). Les plaques de gel silice utilisées pour la chromatographie sur couche mince sont de marque MERCK (60F254, de dimensions 20 x 20 cm). Le gel de silice d’épaisseur 0,2 mm est étalé sur feuille plastique.

Extraction à froid 

La poudre d’écorces est mélangée avec le solvant d’extraction (eau distillée ou mélange hydroalcoolique 75%) suivant le rapport 1/10 (p/v), c’est-à-dire 10 ml de solvant d’extraction pour 1g de poudre. Le tout est homogénéisé sous agitation magnétique pendant 3 h à la température ambiante. La suspension est laissée macérer à + 4°C pendant 24 h. Après une nouvelle agitation de 1 h pour bien mélanger le tout, le macérat est filtré sur 4 épaisseurs de gaze pour éliminer les tourteaux. Le filtrat est centrifugé pendant 30 min à 10000 tours/min à l’aide d’une centrifugeuse de marque JOUAN (modèle TH12). Le surnageant obtenu est évaporé jusqu’au rapport 1/1 ( p/v ), c’est-à-dire 1 g de poudre pour 1 ml d’extrait, puis centrifugé pendant 15 min à 12000 tours/min à l’aide d’une centrifugeuse de marque BREMSE pour éliminer la précipitation apparue au cours de l’évaporation. L’extrait obtenu constitue l’extrait brut (EB).

Extraction à chaud

La poudre d’écorces est délayée dans le solvant d’extraction (eau distillée ou mélange hydroalcoolique 75%) suivant le rapport 1/10 (p/v). Le tout est soumis à un chauffage à reflux à 60°C pendant 3 h sous agitation magnétique. Après refroidissement, la suspension est laissée macérer à + 4°C pendant 24h. Après une réagitation de 1h, le macérat est filtré sur 4 épaisseurs de gaze pour éliminer les tourteaux. La suite du procédé est la même que dans l’extraction à froid.

Précipitation par l’acétate neutre de plomb (ANP) 

Principe
Ce sel de métal lourd à la propriété de précipiter, sous forme de sels insolubles, certains composés comme les acides nucléiques, les acides organiques, les polysaccharides, ou les protéines.

Mode opératoire 

L’extrait dilué au 1/6 est additionné, sous agitation magnétique, d’une solution aqueuse d’ANP 20% (p/v) de volume déterminé. Le précipité qui se forme est éliminé par centrifugation à 12000 tours/min à l’aide d’une centrifugeuse de marque BREMSE pendant 5 min. Le traitement est répété jusqu’à ce qu’il n’apparaisse plus de précipité. Une solution de phosphate disodique 10% (p/v) est additionnée au surnageant pour éliminer l’excès de plomb par précipitation. Le précipité apparu est écarté par centrifugation dans les mêmes conditions que précédemment. Le traitement est aussi répété jusqu’à ce qu’il n’apparaisse plus de précipité. Le volume du dernier surnageant est ramené à sa valeur initiale par évaporation.

Précipitation par l’acétone 50%

Principe
La méthode repose sur la diminution du pouvoir dissolvant d’un milieu aqueux par addition d’un solvant organique miscible à l’eau. Ceci entraîne la précipitation des substances peu solubles.

Mode opératoire
Un volume déterminé d’acétone est versé petit à petit, sous agitation magnétique, dans le même volume d’extrait à traiter. Le mélange formé est laissé au repos à + 4°C pendant 15 min. Le précipité formé est écarté par centrifugation à 12000tours/min pendant 15 min (BREMSE). L’alcool dans le surnageant est éliminé par évaporation, et le culot est repris dans de l’eau distillée.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : ETUDE CHIMIQUE
1 Introduction
2 Matériels et méthodes
2.1. Matériels
2.1.1 La plante
2.1.1.1- Description de la famille des MYRICACEAE
2.1.1.2- Description botanique de Myrica spathulata
2.1.1.3- Classification
2.1.1.4- Distribution géographique et lieu de récolte
2.1.1.5- Organe utilisé
2.1.1.6- Préparation et conservation du matériel végétal
2.1.2- Les produits chimiques
2.2. Méthodes
2.2.1. Méthode d’extraction
2.2.1.1. Extraction à froid
2.2.1.2. Extraction à chaud
2.2.2. Méthodes de purification
2.2.2.1 Précipitation par l’acétate neutre de plomb (ANP)
2.2.2.2.1. Principe
2.2.2.2.2. Mode opératoire
2.2.2.2. Précipitation par l’acétone 50%
2.2.2.2.1. Principe
2.2.2.2.2. Mode opératoire
2.2.2.3. Précipitation par l’éthanol 50%
2.2.2.3.1. Principe
2.2.2.3.2. Mode opératoire
2.2.2.4. Dialyse
2.2.2.4.1. Principe
2.2.2.4.2. Mode opératoire
2.2.2.5. Fractionnement par le n-butanol
2.2.2.5.1. Principe
2.2.2.5.2. Mode opératoire
2.2.3. Méthode de concentration
2.2.4. Détermination du rendement
2.2.5. Méthodes d’analyse
2.2.5.1. Chromatographie sur couche mince (CCM)
2.2.5.1.1. Principe
2.2.5.1.2. Mode opératoire
2.2.5.2. Criblage phytochimique
2.2.5.2.1. Les saponines
2.2.5.2.2. Les tanins et polyphénols
2.2.5.2.3. Les désoxyoses : Test de KELLER-KILIANI
2.2.5.2.4. Les iridoïdes
2.2.5.2.5. Les alcaloïdes
2.2.5.2.6. Les flavonoïdes et les leucoanthocyanes
– FLAVONOIDES : Test de WILSTATER
– LEUCOANTHOCYANES:Test de BATE-SMITH
2.2.5.2.7. Les steroïdes et triterpènes
– Test de LIEBERMANN-BURCHARD
-Test de SALKOWSKI
2.2.5.2.8. Les anthraquinones : Test de BORNTRÄGER
3. Résultats
3.1. Extraction
3.1.1. Extraction à froid
3.1.1.1. Extraction aqueuse
3.1.1.2. Extraction hydroalcoolique
3.1.2. Extraction à chaud
3.1.2.1. Extraction aqueuse
3.1.2.2. Extraction hydroalcoolique
3.2. Purification
3.2.1. Les méthodes non retenues dans le protocole de purification
3.2.1.1. Précipitation par l’acétate neutre de plomb (ANP)
3.2.1.2. Précipitation par l’acétone 50%
3.2.2. Les méthodes retenues dans le protocole de purification
3.2.2.1. Précipitation par l’éthanol 50%
3.2.2.2. Dialyse
3.2.2.3.Fractionnement par le n-butanol
3.2.3. Rendement de purification
3.2.4. Degré d’homogénéité des extraits
3.3. Caractérisation chimique
3.3.1. Propriétés physico-chimiques
3.3.2. Nature chimique
4. Discussion et conclusions
DEUXIEME PARTIE : ETUDE TOXICOLOGIQUE
1. Introduction
2. Matériels et méthodes
2.1. Matériels
2.1.1. Les animaux d’expérimentation
2.1.1.1. Les souris
2.1.1.2. Les têtards
2.1.1.3. Les poissons
2.1.1.4. Les larves de moustiques
2.1.2. Les plantes d’expérimentation
2.1.3. Les germes utilisés
2.1.4. Les milieux de culture
2.1.4.1. Milieu liquide
2.1.4.2. Milieu solide
2.2. Méthodes
2.2.1. Méthodes d’étude des effets sur les animaux
2.2.1.1. Chez la souris
2.2.1.1.1. Estimation de la toxicité
2.2.1.1.2. Détermination de la DL50
2.2.1.2. Test hémolytique
2.2.1.2.1. Principe
2.2.1.2.2. Mode opératoire
2.2.1.3. Méthodes d’étude des effets sur les animaux à sang froid
2.2.1.3.1. Expérience sur les alevins de carpe
2.2.1.3.2. Expérience sur les têtards de grenouille
2.2.1.4. Méthode d’étude des effets sur les larves de moustique
2.2.2. Méthode d étude des effets sur les végétaux
2.2.2.1. Effets sur la germination des graines
2.2.2.2. Effets sur la croissance des jeunes plantules
2.2.2.3. Test sur le développement des bourgeons axillaires
2.2.3. Méthodes d’étude des effets sur la croissance des micro-organismes
2.2.3.1. Identification
2.2.3.2. Etude de l’activité antimicrobienne des extraits
2.2.3.2.1. Principe
2.2.3.2.2. Mode opératoire
2.2.3.3. Détermination de la CMI
3. Résultats
3.1. Effets des extraits sur les animaux
3.1.1. Effets de l’extrait sur la souris
3.1.1.1. Description des symptômes d’intoxication
3.1.1.2. Détermination de la DL 50
3.1.2. Effets des extraits sur les hématies de mouton
3.1.3. Effets de l’extrait brut sur les alevins de carpe
3.1.4. Effets de l’extrait brut sur les têtards de grenouille
3.1.5. Effets de l’extrait brut sur les larves de moustiques
3.2. Effets des extraits sur les végétaux
3.2.1. Effets de l’extrait brut sur la germination des graines
3.2.2. Effets de l’extrait brut sur la croissance des jeunes plantules
3.2.3. Effets des extraits sur le développement des bourgeons axillaires
3.3. Effets des extraits sur les micro-organismes
3.3.1. Identification des germes
3.3.2. Activité antimicrobienne des extraits
3.3.3. Détermination de la CMI
4. Discussion et conclusion
CONCLUSION GENERALE

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