Etude de l’activité diurétique de l’extrait Ajn-07 chez le cochon d’inde

Etude de l’activité diurétique de l’extrait Ajn-07 chez le cochon d’inde

INTRODUCTION

Les diurétiques sont des substances qui augmentent l’élimination de l’eau et des solutés par voie urinaire. Ils sont généralement prescrits dans le traitement de l’hypertension artérielle et de l’œdème généralisé . À eux seuls, ils arrivent à abaisser l’hypertension artérielle dans les 2/3 des cas. Or cette maladie est devenue un problème de santé publique car elle touche 34,5 % de la population mondiale adulte dont 36,8 % chez les hommes et 32,3 % chez les femmes (OMS, 2016). Par ailleurs, l’œdème est dû à la rétention d’eau au niveau du tissu interstitiel suite aux différentes maladies comme l’insuffisance rénale et l’insuffisance cardiaque (DOUCET A. et coll., 2007 ; SHERWOOD L. et coll., 2013). Les diurétiques augmentent l’élimination de l’eau et du sodium, soit en augmentant le débit de filtration glomérulaire, soit en retenant l’eau dans le tubule du néphron, soit en inhibant la réabsorption de l’ion sodium à différents niveaux du tubule rénal  diminuant ainsi la pression artérielle et l’œdème.

L’eau peut être retenue dans le tubule par des substances osmotiquement actives ou par l’ion sodium. L’inhibition de la réabsorption de ces molécules provoque la rétention de l’eau dans la lumière tubulaire et l’augmentation de la diurèse. Au niveau du tube contourné proximal, l’ion sodium est réabsorbé en échange avec l’ion hydrogène issu de l’acide carbonique synthétisé dans la cellule pariétale sous l’action de l’anhydrase carbonique (RANG H.P. et coll., 2012). L’inhibition de cette enzyme empêche la formation de l’acide carbonique et inhibe ainsi la réabsorption de l’ion sodium. Certains diurétiques comme le furosémide (Lasilix®) inhibent la réabsorption de l’ion sodium au niveau de la branche ascendante de l’anse de Henlé; d’autres comme spironolactone (Aldactone®) inhibent l’aldostérone au niveau du tube contourné distal (PLANT L., 2003). Cette hormone corticosurrénale favorise la réabsorption de sodium entrainant ainsi une augmentation de la volémie (SHERWOOD L. et coll., 2013).

Lorsque la réabsorption de l’ion sodium est inhibée, la quantité de cet ion qui arrive au niveau du tube contourné distal est élevée. Or à ce niveau, il est réabsorbé en échange avec l’ion potassium entrainant une élimination massive de l’ion potassium. L’hypokaliémie est à l’origine des troubles du rythme cardiaque, ce qui nécessite des substances qui épargnent l’ion potassium . Les diurétiques osmotiques comme le mannitol sont filtrés librement au niveau du glomérule et ne sont pas métabolisés par l’organisme, ni réabsorbés au niveau du tubule rénal. En restant dans le tubule, ils exercent une pression osmotique et y retiennent l’eau, augmentant ainsi la diurèse (KRZESINSKI J.M., 1996). Les inhibiteurs de l’anhydrase carbonique comme l’acetazolamide (Diamox®) empêchent la formation de l’acide carbonique, source de l’ion H+ nécessaire aux échanges Na+ et H+.

En absence de H+ , le Na+ n’est pas réabsorbé et l’eau reste dans la lumière tubulaire. Ces médicaments augmentent la diurèse et l’urine excrétée devient alcaline (ODLIND B., 1984). Les diurétiques de l’anse comme le furosémide (Lasilix®) et la bumetanide (Burinex®) inhibent la réabsorption de sodium au niveau de la branche ascendante de l’anse de Henlé, ce qui augmente la diurèse et la natriurèse . Les diurétiques thiazidiques comme l’hydrochlorothiazide (Esidrex®) et l’indapamide (Fludex®) inhibent la réabsorption du sodium au niveau du tube contourné distal (PLANT L., 2003 ; CLOUTIER L. et coll., 2013 ; DING D. et coll., 2016). Le spironolactone (Aldactone®) et l’épleronone (Inopra®) sont des antagonistes de l’aldostérone qui inhibent la réabsorption de sodium au niveau du tube contourné distal . Ces médicaments 3 peuvent produire une hyponatrémie à cause de cette inhibition et une hypokaliémie suite à l’échange de sodium et de potassium au niveau du tube contourné distal .

Les diurétiques épargnant le potassium comme l’amiloride (Modamide®) et le triamtérène (Dyrenium®) sont des médicaments qui diminuent la réabsorption de sodium et la sécrétion de potassium dans le tubule collecteur (VAZIR A. et COWIE M.R., 2016 ; GOUGOUX A., 2012). Malgré le progrès des recherches scientifiques et de l’industrie pharmaceutique en termes de diurétique, de nombreuses plantes sont encore utilisées comme diurétique dans le monde. Par exemple, en Amérique centrale et méridionale, la décoction de barbe de Zea mays (maïs) (POACEAE) est utilisée pour traiter les maladies de l’appareil urinaire. Cette plante augmente la diurèse et soulage les inflammations de la vessie (ISERIN P. et coll., 2001).

En Autriche, les feuilles et les fleurs de Lamium galeobdolon (ortie jaune) (LAMIACEAE) sont utilisées sous forme d’infusion pour traiter l’oligurie, les douleurs et les brûlures à la miction, les maladies des reins et l’œdème cardiaque (TREBEN M., 1980). En Inde, les fruits de Lagenaria siceraria (calebasse) (CUCURBITACEAE) (GHULE B.V. et coll., 2007), les feuilles de Linaria ramosissima (SCROPHULARIACEAE) (PANDYA P.N. et coll., 2012) et les feuilles de Cissampelos pareira (MENISPERMACEAE) (SAYANA S.B. et coll., 2014) sont utilisés en tant que diurétiques. Les fleurs de Crocus sativus (IRIDACEAE) (SHARIATIFAR N. et coll., 2014) sont aussi utilisées en Asie comme diurétiques. À Madagascar, le décocté de feuilles de Cassia occidentalis (Voantsiroky, Nimaro) (CESALPINIACEAE), l’infusion de feuilles de Drosera madagascariensis (Mahatanando) (DROSERACEAE) (DEBRAY M. et coll., 1971), le décocté de l’écorce de Pittosporum ochrosiifolium (hazombary) (PITTOSPORACEAE) et le décocté de la pulpe de Tamarindus indica (Voamadilo) (FABACEAE) (NICOLAS J.P. et coll., 2012) sont également utilisés en tant que diurétiques. D’après les enquêtes que nous avions effectuées dans la région d’Alaotra-Mangoro, fokontany Amboniala, le décocté des feuilles de la plante étudiée dans ce travail est utilisé par les habitants de cette région pour se soigner en cas de difficulté de miction et d’œdème des membres inférieurs. En analysant ces données, nous pensons que cette plante pourrait avoir un effet diurétique. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons effectué des tests in vivo chez le cochon d’Inde. L’effet de l’extrait hydro alcoolique des feuilles de cette plante a été étudié sur le volume urinaire des animaux traités, le pH urinaire ainsi que le taux de sodium et de potassium urinaires.  

PARTIE CHIMIQUE 1. Préparation de l’extrait 

Les feuilles de la plante utilisée dans cette étude ont été récoltées dans la région d’Alaotra-Mangoro, fokontany Amboniala le 17 novembre 2016. Elles ont été séchées à l’ombre dans un endroit aéré pendant 34 jours. Deux cent grammes de feuilles séchées ont été broyés à l’aide d’un broyeur à marteau (BROOK CROMPTON Série 2000) au Laboratoire de Pharmacologie Générale de Pharmacocinétique et de Cosmétologie (LPGPC) à la Faculté des Sciences de l’Université d’Antananarivo. La poudre obtenue a été macérée dans un mélange éthanol – eau (60 : 40) pendant 72 h à la température ambiante. Le mélange a été agité une fois par jour pendant 10 minutes. Après 72 h, le macérât a été filtré sur du coton hydrophile. L’éthanol dans le filtrat a été évaporé à l’aide d’un distillateur (Figure 2) à la température 80 °C (Figure 3), puis la phase aqueuse a été évaporée à sec dans un bain marie à la température de 100 °C. L’extrait obtenu a été codé AJN-07, puis pesé pour calculer le rendement selon la formule : Rendement (en %) = Masse de l ′ extrait obtenu (en g) Masse de la poudre végétale initiale (en g) 

Criblage phytochimique

 Pour déterminer les différentes familles chimiques présentes dans l’extrait AJN-07, un criblage phytochimique a été effectué. Ce test est basé sur la réaction de coloration et/ou de précipitation entre des réactifs spécifiques et les familles chimiques correspondantes, ou la formation de mousse en agitant la solution. L’intensité de ces réactions dépend de la teneur de la famille chimique présente dans l’extrait (FONG H.H.S et coll., 1997) (Tableau I).

PARTIE PHARMACOLOGIQUE

Le but de ce travail a été d’étudier l’activité de l’extrait AJN-07 sur la diurèse chez le cochon d’Inde. Son effet sur le volume d’urine émise, le pH urinaire, la natriurie et sur la kaliurie a été étudié. 1. Animaux d’expérimentation Des cochons d’Inde tricolores des deux sexes, âgés de trois mois et pesant entre 225 et 275 g ont été utilisés. Les animaux ont été acclimatés à l’animalerie du Laboratoire de Pharmacologie Générale, de Pharmacocinétique et de Cosmétologie de la Faculté des Sciences de l’Université d’Antananarivo. Ils ont été nourris avec de feuilles de graminées fraîches et de carottes. Ils ont été soumis aux conditions de l’animalerie : 12 h de lumière et 12 h d’obscurité à la température ambiante de 20 °C environ. Ces animaux ont été mis à jeun pendant 18 h avant l’expérience. 2. Étude de l’activité de l’extrait AJN-07 sur la diurèse L’objectif de ce test a été d’étudier l’effet de l’extrait AJN-07 sur la diurèse de 24 h. Tous les animaux ont reçu 50 ml/kg d’eau distillée par voie orale (SANOGO R. et coll., 2009). Puis, ils ont été répartis en 3 lots : les animaux du lot témoin ont reçu 10 ml/kg d’eau distillée, tandis que les animaux des deux autres lots ont reçu l’extrait AJN-07 dissout dans de l’eau distillée, aux doses de 25 et 50 mg/kg. Trente minutes après la surcharge hydrique, l’extrait a été administré par voie orale dans un volume de 10 ml par kilogramme de poids corporel (SHAMKUWAR P.B. et PAWAR D.P., 2013). Ensuite, chaque animal a été placé individuellement dans une cage à métabolisme pendant 24 h et leur urine a été recueillie dans un récipient (Figure 4). L’urine recueillie a été filtré et son volume a été mesuré à l’aide d’une éprouvette graduée

Table des matières

LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET SIGLES
I. INTRODUCTION
II. MATÉRIELS ET MÉTHODES
A. PARTIE CHIMIQUE
1. Préparation de l’extrait
2. Criblage phytochimique
B. PARTIE PHARMACOLOGIQUE
1. Animaux d’expérimentation
2. Étude de l’activité de l’extrait AJN-07 sur la diurèse
3. Étude de l’effet de l’extrait AJN-07 sur le pH urinaire
4. Étude de l’effet de l’extrait AJN-07 sur la natriurie et sur la kaliurie
C. EXPRESSION DES RÉSULTATS
III. RÉSULTATS
A. PARTIE CHIMIQUE
1. Rendement de l’extraction
2. Criblage phytochimique
B. PARTIE PHARMACOLOGIQUE
1. Effet de l’extrait AJN-07 sur la diurèse
2. Effet de l’extrait AJN-07 sur le pH urinaire
3. Effet de l’extrait AJN-07 sur la natriurie
4. Effet de l’extrait sur la kaliurie
IV. DISCUSSION
V. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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