Etude des mutations intervenant dans l’hémophilie B

Formation hémophilie B, tutoriel & guide de travaux pratiques en pdf.

Mode de transmission

L’étude des pedigrees de familles de Bergers Allemands atteintes par l’hémophilie B a montré que seuls les mâles étaient atteints et qu’elle ne touchait pas toutes les générations. Ceci a permis de conclure à un mécanisme de transmission récessif lié au chromosome X [71]. Ainsi un père hémophilie transmet le gène à toutes ses filles qui deviennent porteuses.
Chez l’Homme et le Chat, le mode de transmission est également récessif lié à l’X (Figure 33).
Figure 33. Exemple de pedigree d’une famille de chats British shorthairs atteints d’hémophilie B d’après.

Les mutations intervenant dans l’hémophilie B

Le gène codant pour le facteur IX est présent, chez l’Homme, sur le chromosome X en Xq26-q27. Il occupe 33,5 kilobases et comporte 8 exons [29]. L’exon 1 code pour la séquence signal, l’exon 2 pour la région riche en acide γ-carboxyglutamique, l’exon 3 pour le faisceau de petits acides aromatiques, les exons 4 et 5 pour les domaines « epidermal growth factor-like », l’exon 6 pour le peptide d’activation, l’exon 7 pour le domaine catalytique et l’exon 8 pour la région 3’ non transcrite. Bien que cette structure ait été étudiée chez l’Homme, la séquence d’ADNc du chien est comparable (86 % d’analogie au niveau des acides aminés d’après Evans et collaborateurs en 1989 [70]).
Evans et collaborateurs ont décrit, chez le chien, une mutation non-sens (G -> A au nucléotide 1477) qui conduit à une substitution d’un acide glutamique par un acide aminé glycine dans le domaine catalytique de la protéine [69]. Ce changement amène une modification de la conformation rendant le facteur IX inactif.
Mauser et collaborateurs ont rapporté chez des Lhassa Apso, une hémophilie B consécutive à une délétion des nucléotides 772 à 776 associée à une substitution de C -> T du nucléotide 777 (Figure
34) [143]. Ceci aboutit à la formation d’un ARNm instable et à la formation précoce d’un codon stop dans la région du peptide activateur. Un test génétique a donc pu être établi à partir de la découverte de cette mutation, pour les Lhassa Apso.
Brooks et collaborateurs, en 1997, ont montré chez un Labrador Retriever une délétion complète du gène codant pour le facteur IX responsable d’une hémophilie B sévère. Gu et collaborateurs, en 1999, ont décrits deux mutations causant des hémophilies B sévères : une large délétion allant de la région 5’ du gène à l’exon 6 [89] et une insertion associé à un épissage alternatif de l’exon 8 amenant à la formation d’un codon stop [29].
Enfin une dernière mutation a été décrite par Brooks et collaborateurs, en 2003, dans une famille de Braque Allemand [28]. Les études de l’ADN par Southern Blot et PCR ont montré dans l’ADN des chiens hémophiles une insertion de 1,5 kilobases dans l’intron 5. Cette insertion consiste en un LINE-1 (Long Interspersed Nuclear Element) canin 5’. Cette mutation est responsable d’une hémophilie B moyenne (5 % d’activité par rapport à la normale).
Chez le Chat, Goree et collaborateurs ont décrit deux mutations différentes responsables d’hémophilie B chez des chats domestiques croisés [86]. Le premier chat hémophile étudié portait une mutation ponctuelle non sens dans l’exon 8 (Arginine -> STOP en position 338) conduisant à la synthèse d’une protéine tronquée. Quant au second chat étudié, il portait une mutation ponctuelle faux-sens (Tyrosine -> Cystéine en position 82) qui détruisait un pont disulfure indispensable à la structure normale de la protéine [86].
Figure 34. Comparaison des séquences du gène codant pour le facteur IX et de la séquence en acides aminés du facteur IX d’un Lhassa Apso normal et d’un Lhassa Apso atteint d’hémophilie B
Légende : cette figure montre une comparaison entre la séquence du gène codant pour le facteur IX chez un Lhassa Apso normal (« normal sequence ») et d’une Lhassa Apso atteint d’hémophilie B (« mutant sequence ») où l’on constate un décalage du cadre de lecture chez le chien muté suite à une délétion de plusieurs bases.

SYMPTÔMES ET DIAGNOSTIC

Signes cliniques

Les signes cliniques de l’hémophilie B sont semblables à ceux présents chez les animaux atteints d’hémophilie A mais sont beaucoup plus modérés. En effet le facteur IX a un rôle moins important dans la coagulation. En général, il est considéré que les signes sont plus sévères chez les jeunes animaux ou chez les chiens de grande taille [167]. Ceci est surement dû au tempérament plus actif des jeunes et à l’environnement plus protecteur des petits chiens [40].
Chez le Chien, les manifestations cliniques les plus courantes sont les hématomes sous-cutanés ou intramusculaires consécutifs à des traumatismes notamment suite à des injections [167, 217]. Dans la littérature ont été rapportés des saignements prolongés suite à une coupe de queue, la coupe du cordon ombilical, la perte des dents de lait ou un traumatisme quelconque ainsi que des douleurs d’origine indéterminée [80, 179, 190]. Des cas d’hémarthroses ont aussi été rapportés [196]. Les cas décrits d’hémophilie B chez le Chat ont montré des symptômes identiques avec une prédominance des boiteries dont la localisation variant avec le temps.
A la différence de l’hémophilie A, les animaux atteints d’hémophilie B semblent tous avoir un taux d’activité du facteur IX inférieur à 1 % de la normale. Un seul cas d’animal symptomatique ayant un taux égal à 80 % de la normale a été rapporté, il s’agissait d’un chien croisé mâle souffrant de saignements prolongés suite à des traumatismes mineurs.

Diagnostic

La méthode de diagnostic est identique à celle utilisée pour le diagnostic de l’hémophilie A. La principale anomalie mise en évidence est un allongement du temps de céphaline activée associé à un temps de Quick normal. La mesure de niveau d’activité des différents facteurs de la coagulation ne montre alors qu’une diminution de l’activité du facteur IX. L’activité du facteur IX peut être mesurée par mesure de la coagulation du plasma à tester en présence de plasma déficient en facteur IX. Des systèmes colorimétriques en cinétique fondés sur des mesures photométriques de temps de thromboplastine partiellement activée à partir de plasma déficient en facteur IX sont également utilisables pour déterminer l’activité du facteur IX chez un patient [74]. Ces tests nécessitent des animaux témoins.

Cours gratuitTélécharger le cours complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *