Evaluation des dommages infligés à l’arachide à partir de son infestation initiale par la bruche Caryedon serratus (Olivier) (Coleoptera, Chrysomelidae) dans le bassin arachidier au Sénégal

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Description botanique et position systématique

L’arachide Arachis hypogaea L est une plante de 30 à 40cm de long, érigée ou rampante. Sa tige principale rampante ou verticale porte une partie aérienne portant des feuilles alternes avec deux paires de folioles membraneuses, opposées, de forme elliptique et de couleur verte plus ou moins foncée ou plus ou moins jaune selon les variétés. Les pétioles (portion étroite de la feuille reliée à la tige) sont enserrés à leur base par deux stipules engainantes et lancéolées. Les pétioles (portion étroite de la feuille reliée à la tige) sont enserrés à leur base par deux stipules engainantes et lancéolées. Les fleurs sont presque sessiles et apparaissent à l’aisselle des feuilles, isolément ou en petits groupes. La corolle papilionacée est jaune orangée.
Les étamines au nombre de 9 sont soudées en tube par leur filet. Après la fécondation, la base de l’ovaire s’allonge pour former un pédoncule floral appelé gynophore qui s’enfonce dans le sol par géotropisme positif (Schilling, 2003). Son mode de fructification est donc hypogé.
Le fruit mûrit à une profondeur de 3 à 5 cm. L’arachide est une plante qui requiert de l’eau, pour cette raison un sol léger et bien drainé. Le fruit est une gousse de 3 à 4 cm de long et de couleur jaune paille. La gousse est composée d’une coque indéhiscente contenant le plus souvent seulement deux graines réticulées extérieurement, et est étranglée entre les graines mais non cloisonnée.
La systématique de l’arachide retenue est le suivant :
 Règne : Plantae
 Sous règne : Tracheobionta
 Division : Magnoliophyta
 Classe : Magnoliopsida
 Sous-classe : Rosidae
 Ordre : Fabales
 Famille : Fabaceae
 Sous-famille : Faboideae
 Genre : Arachis
 Espèce : Arachis hypogaea
 Nom binomial : Arachis hypogaea Linné, 1753.

Variétés d’arachides au Sénégal

En plus des anciennes variétés connus (voir annexe 1) et cultivées partout dans le monde, dix nouvelles variétés sont conçues au centre national de recherche agricole de Bambey.
Ces variétés ont une meilleure adaptation aux changements climatiques dans un contexte spécifique (ISRA, 2018). En effet leur cycle de maturité est de 90jours, homologuées en 2018 (ISRA, 2018). Cependant, elles sont dénommées : Suunu Gaal, Taaru, Yaakar, Rafeet Kaar, Tosset, Essamay, Raw Gadu, Jaambar, Kom Kom et Amoul Morom (ISRA, 2018).

Condition de développement de l’arachide

Originaire de l’Amérique tropicale, l’arachide est une légumineuse ayant une adaptation à la chaleur mais peu sensible à la photopériode. En effet la culture requiert 100 à 130 jours dans un sol chaud pour arriver à maturité dans une température optimale qui se situe entre 25 et 35°C. De plus l’arachide est cultivée sur des sols à texture fine, meubles et perméables, en particulier les sols sableux sont ceux qui conviennent le mieux. Elle est sensible à la salinité et à l’acidité car l’acidité des sols inhibe le développement des bactéries fixatrices d’azote. Les semences se font soit avec les gousses, soit avec les graines dont le décorticage s’effectue précautionneusement. La germination est beaucoup plus lente avec les gousses. Les graines sont placées à 5cm de profondeur et sont espacées de 20 cm (fig.1a). Cependant, au cours de leur développement, les gynophores porteurs des ovaires apparaissent pour donner des fleurs puis des fruits. C’est ainsi qu’on assiste à la formation des gousses à l’intérieur desquelles contiennent un, deux à quatre graines selon la variété cultivée (fig.1b).

Importance de l’arachide

Au-delà de son apport nutritive, l’arachide est un oléagineux qui joue un rôle commensurable dans l’alimentaire et l’économie, d’où sa partition à l’autosuffisance et à la sécurité alimentaire :
 Sur le plan économique
Cinquième culture de rentre la plus produite dans le monde, l’arachide représente la première culture oléagineuse en Afrique de l’Ouest. Au Sénégal en particulier, l’arachide représente plus de 40 % des revenus des petites exploitations familiale (Diagne, 2014). En effet, elle rapporte chaque année plus de 80 milliards dans l’économie nationale du pays (Thiaw, 2008) et contribue à hauteur de 16,7% au PIB (ANSD, 2012). Culture de rente, l’arachide occupe 70% de la population du bassin arachidier et procure 35% des revenus agricoles dans le monde rural (MAER, 2014 in Diagne, 2014).
Les dérivés de cette légumineuse comme l’huile, le tourteau de bétail, jus de l’arachide, patte d’arachide sucrée et les cacahouètes grillés salés ou sucrés (fig. 2) occupent une place importante dans l’ensemble des marchés sénégalais, constituant ainsi un apport économique considérable dans le quotidien des populations.
 Sur le plan alimentaire et nutritionnel
Au Sénégal, l’arachide rentre dans beaucoup de nos préparations sous forme de pâte (mafé) ou de graines moulues, beurre, pâtes, farines, confiseries, bonbons, gâteaux et divers. Suivant sa composition chimique qui 11 à 27 % en hydrates de carbone, 41 à 52% de lipides et 21 à 25% de protéines (Thiaw, 2008), elle contribue un apport nutritionnel et énergétique considérable. En d’autres termes, la consommation régulière d’arachide ou ses dérivés suite à une transformation (beurre, l’huile) peut assurer la prévention face à certaines maladies (annexe 2).Toutefois, une consommation très élevée d’arachides est responsable de nombreuses maladies allergiques chez certains enfants.
Figure 2 : Commercialisation de l’arachide dans les marchés Sénégalais (source : Diop, 2019) I. 3 déprédateurs de l’arachide
La pénurie alimentaire n’est pas pour autant cause de l’insuffisance de la production car les déprédateurs des cultures et en majorité des denrées stockées sont sources de pertes économiques conséquentes dans les cultures et les stocks.

Les ravageurs des cultures

Les différentes espèces qui font une ruée dans les champs de l’arachide en fonction de la périodicité peuvent être soit sur les plantules (Peridontopyse spinossima Silvestri, larves Amsacta moleneyi, chenilles, punaises Halticus minutus, acariens Pugomorpha kraussi, criquets non ailés et les Mylabres sur la partie inférieure des fleurs), soit au niveau du collet des racines (les coccinelles Pseudococcus bromelia, termites Microtermes parvulus, nématodes Scutellonema cavenessi etc…) et enfin soit sur des gousses, les punaises du genre Aphanus, A. sordidus qui participent à la dégradation de l’arachide sous les meules, donc sont tous sources de nombreux pertes économiques (dégâts et phytopathologie).

Les ravageurs des stocks

Au Sénégal, les ravageurs poste-récoltes sont présents dans les champs et les structures de stocks (seccos, magasins, des greniers etc…). Ils sont à l’origine des pertes économiques considérables, mauvaises hygiènes et la famine. En effet les coléoptères sont des ravageurs les plus redoutables des denrées stockées (céréales et légumineuses). Par exemple, C. serratus est la seule espèce qui peut percer facilement la coque jusqu’au l’intérieur de la graine, par perforation. Ainsi les trous occasionnés favorisent l’intervention des insectes secondaires comme Oryzaephilus mercator, O.surinamensis, Tribolium castenum et Tribolium confusum, d’une part et les pertes quantitatives et qualitatives très sérieuses d’autres parts.

La bruche de l’arachide : Caryedon serratus (Olivier, 1790)

Originaire d’Afrique plus précisément au Sénégal par Oliver en 1790, à partir des récoltes faites sur les gousses de Tamarindus indica par Geoffroy de Villeneuve, justifiant ainsi la répartition de cet insecte dans le monde par l’exportation et la commercialisation des tamarins et les arachides (Sembène,1996).

Description et position systématique

L’adulte de C. serratus mesure 6 à 8 mm de long sur 3 à 5 mm de large. Il est de couleur brun rougeâtre ; sous la pubescence, la cuticule est de couleur marron, plus ou moins densément marquée de noir (Delobel & Tran, 1993). Le corps est ovale, allongé, tronqué aux deux extrémités ; les yeux composés, gros et proéminents (Decelle, 1966) ; le pygidium incurvé chez le mâle, allongé et visible en vue dorsale chez la femelle (Williams, 1980). Les fémurs postérieurs sont fortement dilatés, lenticulés au bord ventral, les tibias sont recourbés en arc de cercle (fig.3a). Les antennes sont longues, dilatées à partir du 3 ième article, nettement dentelées et même subpectinées à partir du 4 ième article. Les yeux sont très gros et proéminents (Decelle, 1966). Les femelles de C. serratus produisent, pendant la scotophase, une phéromone sexuelle volatile qui déclenche chez les mâles une chémoanémotaxie positive grâce à la sensibilité de récepteurs antennaires (Chaibou et al., 1993). Selon Boucher et Huignard (1987) puis Boucher et Pierre (1988), l’accouplement a lieu au début de la scotophase lorsque l’intensité lumineuse devient très réduite grâce à un spermatophore introduit dans la bourse copulatrice de la femelle (Guèye, 2000). Cette dernière pond ses œufs peu de temps après l’accouplement qui dure 25 à 45 mn d’après Pajni et Mann (1979). Les larves issues de l’éclosion de ces œufs marrons plus ou moins blancs, sont blanchâtres aux stades l1, l2, l3 puis marron au stade l4 avec une tête circulaire à coloration noirâtre. Les larves de deuxième et de troisième stade avec des pattes réduites sont peu mobiles à la différence des larves de premier et de quatrième stade qui, elles peuvent se mouvoir. Le cocon, translucide et de texture membraneuse, est construit, soit à l’intérieur de la gousse, soit à l’extérieur, sur un support végétal ou dans le sol.
La position systématique qui a été retenue après les travaux de Decelle (1966) en est l’objet de nombreuses controverses. Le genre Caryedon qui comporte une trentaine d’espèces morphologiquement très voisines, est réparti dans une vaste zone qui s’étend de la pointe occidentale de l’Afrique aux îles Moluques, du sud de la Méditerranée à Madagascar (Borowiec, 1987). Delobel dans ses travaux en 2007 avait avancé l’appartenance de C. serratus dans la famille des Chrysomelidea. Ainsi la systématique de cet insecte serait le suivant :
Animaux
Arthropodes
Exapodes
Insectes
Ptérygotes
Neoptères
Ordre : Coléoptères
Sous-Ordre : Polyphages
Infra-Ordre : Cucujiformia
Super-Famille : Chrysomeloidae
Famille : Chrysomelidae
Sous-Famille : Bruchinae
Tribu : Pachymerini
Genre : Caryedon
Espèce : Caryedon serratus

Biologie et Ecologie

Les différentes études faites sur cet insecte, nous ont montrés que la bruche de l’arachide tend à une adaptation rapide du monde sauvage dans des écosystèmes différents, tant par les conditions climatiques que par la constitution de la biocénose. En effet C. serratus est une espèce à la fois cosmopolite, multivoltisme et polyphage. Ainsi, pendant la saison sèche, ce coléoptère se développe et les adultes se produisent dans les gousses et les graines des plantes hôtes sauvages aux genres Tamarindus, Bauhinia, Cassia et Piliostigma. Au Sénégal, dans le bassin arachidier, on trouve en nombre très important d’arbres comme : T.indica, B. rufescens, C. sieberiana, B. tonningii et Piliostigma (Sembene, 1997). Cependant c’est lors de la récolte des arachides au champ, au moment du séchage des gousses que les femelles viennent pondre sur les petits interstices des coques de la graine. Ainsi au cours de l’incubation qui dure 5 jours à l’éclosion, la larve clétrophage perce la coque en dessous de l’œuf ou bien, dans la moitié des cas, elle cherche plus loin, explorant la coque à la recherche d’un emplacement propice. Elle traverse la solide lame externe, le tissu spongieux intermédiaire, s’attaque à la lame interne assez dure, évite les traversées résistantes pour enfin se plonger dans la cavité qui contient les graines, c’est la larve L1 mobile, blanchâtre à tête noirâtre. Les 4 stades larvaires durent environ 32 jours de la cavité à la graine. A l’intérieur de la cavité, elle creuse une galerie dans laquelle on la trouve, environnée de déjections blanches qui adhère à sa peau ; bien massive et gonflée de graisse, elle se contorsionne avec violence quand on veut l’extraire de la graine. A son complet développement, elle sort de cette graine, construit un cocon parcheminé, transparent vers le support, recouvert ailleurs par des déjections et hérissé de quelques soies. La forme larvaire peut persister longtemps à l’intérieur du cocon et l’insecte restant très actif et réparant les dégâts que peut subir son développement. L’adulte, avant de se libérer peut aussi demeurer plus ou moins longtemps. C’est la nymphose qui dure 15 à 19 jours, constituant le dernier phage du cycle complet qui fait près de 2 mois. Il n’est tenu compte ici ni de la prolongation des stades qui se produisent surtout dans la saison humide, ni de l’accélération du développement au moment du stockage des graines (fig.3).
Adultes : s’accouplent dans les 24h après émergence
Figure 4: Cycle de reproduction de Caryedon serratus Olivier (Ngom, 2014) II.3 Importance des dégâts et pertes économiques
Les infestations majeurs de la bruche à l’arachide s’accentuent d’une manière considérable dans les stocks. En effet, les pertes varient selon la durée et le type de stockage (Thiaw, 2008). Autrement dit, le niveau d’attaque est proportionnel à la succession des générations émergées dans les stocks. Les études faites dans les années antérieures confirment que les pertes quantitatives peuvent atteindre jusqu’à 83% durant 4 mois (Ndiaye, 1991) et 97% de 7 à 8mois de stockage (Diagne, 2014). Au Sénégal, la forte présence des plantes hôtes dans le bassin arachidier est liée aux pertes économiques énormes. Car ces plante constituent non seulement un lieu de refuse et d’alimentation, mais également de reproduction des bruches de l’arachide pendant la saison sèche pour pouvoir se maintenir jusqu’à période propice d’attaque de ses cibles (Sembène, 1996). Ainsi en plus de ces dommages quantitatifs, C. serratus est un insecte redoutable pour la sécurité alimentaire de l’arachide, laissant ainsi des souillures, défections (fig.5a) qui favorisent la prolifération des moisissures (Aspergillus flavus) (fig.5b). Ce qui engendre la diminution de la valeur marchande et le plus loin, le rejet des produits arachidiers dans les marchés européens. En effet, ces substances nocives nuisent gravement à la santé publique car elles sont sources de nombreuses maladies (cancer du foie, hépatiques et retard de croissance chez les enfants). En sommes, ces pertes quantitatives et qualitatives sur la chaine de valeur arachidière influent largement sur le coût de ce produit et donc, des pertes économiques énormes.

Table des matières

Introduction
Chapitre I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I. L’arachide : Arachis hypogaea L
I.1 Description botanique et position systématique
I.2 Variétés d’arachides au Sénégal
I.3 Condition de développement de l’arachide
I.4 Importance de l’arachide
I.5 Ravageurs de l’arachide
II. La bruche de l’arachide : Caryedon serratus (Olivier, 1790)
II.1 Description et position systématique
II.2 Biologie et Ecologie
II.3 Importance des dégâts et pertes économiques
II.4 Systèmes de lutte contre C. serratus
II.4.1 Lutte physique et mécanique
II.4.2 Lutte par usage de bioinsecticides
II.4.3 Lutte biologique
II.4.4 Autres systèmes de lutte : la solarisation
Chapitre II : MATERIEL ET METHODES
II.1 Présentation de la zone d’étude
II.2 Méthodologie
II.2.1 Echantillonnage
II.2.2 Evaluation des niveaux d’infestation
II.2.2.1 Comptage des oeufs…
II.2.2.2 Suivi des émergences
II.2.2.3 Pesage du poids des adultes après 4 mois de stockage
II.2.4 Evaluation des dégâts sur l’arachide
II.2.4.1 Evaluation des dégâts après 4 et 6 mois de stockage au laboratoire
II.2.4.1.1. Calcul des pertes pondérales des gousses
II.2.4.1.2 Calcul du pourcentage d’attaque des graines
II.2.4.1.3 Calcul des pertes pondérales des graines
II.2.5 Evaluation paramètres pédoclimatiques de la zone d’étude
II.2.6 Prospection des cultures de l’arachide
II.2.7 Méthodes de lutte pratiquées dans la zone d’étude contre les ravageurs
II.3. Analyse statistique
Chapitre III : RESULTATS ET DISCUSSION
III.1 Niveau d’infestation initiale
III.1.1 OEufs
III.1.2 Adultes
III.1.2.1 Nombre d’adultes émergés
II.1.2. 2 Taux de survie
III.1.2.3 Sex-ration
III.1.2.4 Durée du Cycle
III.1.2.5 Poids des Adultes
III.2 Dommages induits par l’infestation d’initial
III.2.1 Pertes de poids des gousses
III.2.2 Pourcentage d’attaques des graines
III.2.3 Pertes des poids des graines
III.3 Dommages après 6mois de stockage
III.3.1 Pertes de poids des gousses
III.3.2 Pourcentage d’attaque des graines
III.3.3 Pertes de poids des graines
III.4 Les paramètres pédoclimatiques de la zone d’étude
III.4.1 pH du sol
III.4.2 Humidité du sol
III.4.3 Photopériodicité
III.5 Méthodes de lutte pratiquées dans la zone d’étude
III.6 Quelques espèces rencontrées sur les parcelles
III.7 DISCUSSIONS
CONCLUSION
Références bibliographiques
Références Webographie
ANNEXES
Résumé
Abstract

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