Évolution des formes de la comptabilité d’entreprise vietnamienne du communisme vers le capitalisme (1975 – 2003)

Évolution des formes de la comptabilité d’entreprise vietnamienne du communisme vers le capitalisme (1975 – 2003)

Le chapitre 5 nous a offert un tableau en relief d’évènements et de faits qui ont ponctué l’évolution politique, sociale et économique du Viêt-nam tout au long de la seconde moitié du XXe siècle. Cette longue période (1954 – 2003) est marquée par des événements politiques et des réformes économiques dont certaines étaient, initialement, des tentatives de correction des dysfonctionnements de l’économie centralisée et planifiée , mais qui, a posteriori, apparaissent comme préparant le terrain économique pour le passage du système d’économie structurée autour d’un Plan au niveau national vers un modèle d’économie coordonnée par les marchés (chapitre 5). La littérature sur les réformes comptables en contexte de transition post communiste (chapitre 3) est unanime sur le fait que les processus de transition dans tous les pays en question sont accompagnés de transformation des modes de comptabilisation (dont la comptabilité d’entreprise). Ces réformes peuvent être de nature, de contenu et d’ampleur très variés dans leur déroulement dans le temps et d’un pays à un autre. Les thèmes traités dans ces travaux portent souvent sur un ou des changements tels que les objectifs de la comptabilité d’entreprise, les normes d’un justificatif comptable, les formats et contenus des livres comptables, la nomenclature des comptes, les enregistrements comptables, les principes, les méthodes de calcul et d’évaluation, la révision des notions comptables existantes ou la création de nouvelles, les règles de détermination du coût de revient des produits, les règles de répartition des bénéfices et leur usage, les règlements des dettes, le traitement des pertes, les formats des rapports financiers, l’adoption des directives européennes et/ou des normes comptables internationales, la publication d’une loi sur la comptabilité ou l’émergence des associations professionnelles etc… Rares sont les travaux qui adoptent une vision plus systémique des réformes de la comptabilité post-communiste. L’hypothèse, largement considérée par les économistes et les auteurs sur les économies en transition, selon laquelle les réformes comptables ne sont que des manifestations sous jacentes des réformes économiques, constitue l’un des postulats quasi-implicites de la plupart des  études sur les réformes de la comptabilité d’entreprise dans les économies post-communistes.

Cependant, nous aimerions, dans notre travail, attirer l’attention sur deux points : premièrement, les changements observés dans le domaine de la comptabilité ne peuvent pas tous être attribués au processus de passage vers le capitalisme ; et deuxièmement, la transition comptable n’est pas une trajectoire linéaire, parallèle et indépendante de celle de la transition économique. Ces deux trajectoires sont imbriquées l’une dans l’autre. Elles entretiennent des relations d’influence mutuelle. La comptabilité, selon notre conception, un ensemble de formes de représentation des réalités économiques collectivement et socialement partagées évoque non seulement l’aspect technique et réglementaire de la comptabilité, mais aussi la façon de représenter l’entreprise, ses activités économiques et l’économie par les Comptables. Or qui dit représentation dit objet et sujet. Ici la représentation sociale et collective au travers de la comptabilité concerne l’objet économique et le sujet collectif que sont les personnes productrices ou utilisatrices de l’information comptable. La transformation des formes comptables dans le cadre de la transition économique signifie la transformation des modes de représentation de l’économie, des façons de penser l’économie chez les Comptables et les personnes qui utilisent l’information comptable. Nous pensons que les nouvelles formes comptables, en prenant racine dans la nouvelle économie, fournissent de nouveaux repères, de nouveaux critères et formatent les représentations sociales de l’économie et par ce fait introduisent ce que Bryer (2000) appelle la « mentalité calculatoire » spécifique d’un système économique.

Cet argument, selon nous, ne fait que renforcer l’hypothèse générale qui consiste à dire que quand l’économie change, la comptabilité la suit. Dans cet esprit, en travaillant avec des idéaux-types de comptabilité, nous essayons d’aller au- delà de l’aspect technique et réglementaire de la comptabilité pour interpréter la signification économique que véhicule chacune des caractéristiques d’une comptabilité-type. En effet, notre objet d’étude est la comptabilité de type communiste ou de type capitaliste qui est définie comme un ensemble de caractéristiques que nous qualifions de formes comptables, nous permettant de reconnaître une comptabilité-type et de la distinguer d’une autre. C’est la raison pour laquelle, la distinction à l’occidentale entre comptabilité financière (destinée aux tiers) et comptabilité de gestion (destinée à la gestion de l’entreprise) n’est pas prise en compte dans notre travail parce que celle-ci ne traduit pas une caractéristique spécifique des systèmes économiques étudiés et qu’elle révèle plutôt des divergences en termes de « représentation technique du cycle de production » (Richard, 2000).

 

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