Evolutions des champs universitaires : structures et organisation

Evolutions des champs universitaires : structures et organisation

Il semble nécessaire de présenter les champs universitaires de chacun des pays et leur évolution entre le moment où se créent les formations retenues pour l’étude empirique et aujourd’hui sur le plan structurel et administratif organisationnel pour avoir une idée de la place et du fonctionnement des établissements d’enseignement supérieur qui accueillent les formations universitaires francophones, comme de la place et du fonctionnement de ces dernières. Le fonctionnement des champs universitaires est en effet susceptible d’avoir des répercussions sur la création et le fonctionnement des formations universitaires francophones, et de faciliter comme d’entraver leur fonctionnement. Quelles sont les particularités de ces champs entre la fin des années 1980, moment où émergent les formations universitaires francophones dans les pays retenus, et les années 2010 ? Quelles sont les différentes orientations, voire influences, qui les parcourent ? Selon quelles contraintes et quelles facilités les formations universitaires francophones s’implantent- elles et fonctionnent-elles dans ces champs où elles font figure d’exception ? Enregistre-t-on des évolutions notables? Ces évolutions sont-elles des facteurs facilitant ou au contraire contraignant la mise en place de formations francophones et leur fonctionnement dans la durée ? Comme nous venons de le voir dans la partie précédente, les formations francophones ont commencé à apparaître au tournant des années 1980-1990 et ont connu un essor lors de la décennie 1990. Mais depuis les années 2000, il y a globalement un coup d’arrêt à la création de formations francophones : c’est de manière beaucoup plus marginale que sont créées de nouvelles formations universitaires francophones dans les contextes retenus, sauf en Roumanie.

Le contexte roumain présente une particularité par rapport à la Turquie et à la Bulgarie : il est beaucoup plus francophone, dans le sens où l’apprentissage du français au lycée et à l’université y demeure important (voir plus haut). Cependant, ce sont surtout des formations de masters qui y sont créées dans les années 2000 ainsi que dans la décennie suivante, soit des formations que nous avons considérées plus souples, à la fois pour les programmes, leur fonctionnement, et pour la sélection des étudiants. Quant aux formations universitaires francophones présentant un curriculum complet (partiellement ou entièrement) en langue française, telles celles que nous avons retenues pour l’étude empirique, si celles qui ont été créées à la fin des années 1980 et dans la décennie 1990 fonctionnent encore au moment de l’enquête empirique, les nouvelles créations, comme en Bulgarie et en Turquie, sont de plus en plus rares. Durant la décennie 1990, les champs universitaires dans les trois pays se sont ouverts et « massifiés », à des degrés divers, afin d’accompagner les changements économiques et politiques569. En Turquie, le champ universitaire se développe de manière spectaculaire mais très cadrée, tandis qu’en Bulgarie et en Roumanie, les champs universitaires connaissent des bouleversements idéologiques et disciplinaires et se développent de manière plus anarchique. Durant les décennies 2000, on peut relever plusieurs caractéristiques dans l’évolution des champs observés : poursuite de la création de nouvelles universités en Turquie, relative rationalisation et baisse des étudiants en Roumanie et en Bulgarie. Mais aussi, on relève, à des degrés divers là encore, la persistance de tensions concernant les carrières des enseignants durant toute la période observée.

Parallèlement, pendant toute la période observée des dynamiques d’internationalisation et d’européanisation570, variables selon les champs universitaires, s’affirment plus ou moins dans la décennie 2000 (structuration des cursus ; mobilités ; recherche…). Nous présentons les évolutions organisationnelles (niveaux décisionnels et autonomie des établissements) et structurelles (évolution du nombre d’institutions de formations et des effectifs des étudiants et des enseignants), ainsi que les dynamiques d’internationalisation et d’européanisation de chaque champ universitaire successivement – Turquie, Bulgarie et Roumanie -, avant de dresser un petit bilan comparatif. Nous nous sommes appuyée sur plusieurs sources pour tenter de retracer ces évolutions générales des champs universitaires dans chacun des pays. Pour la Turquie, ce sont essentiellement des rapports issus des archives de Nantes pour la période 1980-1998571. Au-delà de cette période et pour les deux autres pays, il s’agit essentiellement de documents institutionnels (comme les fiches Curie à partir de 2005 pour la Turquie, 2007 pour la Bulgarie et la Roumanie), mais aussi d’articles scientifiques prenant pour base les statistiques officielles. La constitution de données chiffrées, en particulier pour une période aussi longue, fut assez complexe : les statistiques dont nous disposons ne sont pas homogènes dans la durée, y compris si elles proviennent du même organisme émetteur – en l’occurrence les instituts de statistiques des pays retenus572 ; elles ne sont évidemment pas homogènes entre les pays retenus ; on ne sait pas toujours ce qui est exactement comptabilisé dans les chiffres donnés, les critères pouvant varier d’une année sur l’autre… Nous avons tout de même essayé de construire des progressions, année après année, pour chaque pays, afin d’observer des ruptures éventuelles dans une série. Les détails des données chiffrées mobilisées et des sources auxquelles nous avons recouru se trouvent dans les annexe 4 (Turquie), 5 (Bulgarie), 6 (Roumanie).

 

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