Historique du trouble bipolaire

Historique du trouble bipolaire

Bien avant la naissance de la médecine, de nombreux auteurs ont noté le passage de la personne d’un état mélancolique à un état maniaque. Avant J.-C., c’est Hippocrate qui a relevé ce changement de la mélancolie à la folie. Beaucoup d’auteurs l’ont suivi comme Arétée de Cappadoce en l’an 150, arrivant jusqu’à Griesinger en 1845 qui considérait que ces deux états formaient un même trouble où la mélancolie précédait et annonçait la manie .

En 1854, Falret désignait le trouble bipolaire par « folie circulaire », alors que Baillarget par « folie à double forme ». Ces auteurs étaient les premiers à parler d’une même maladie qui regroupait deux états opposés et dont les épisodes étaient récurrents.

C’est en 1899, que l’allemand Emil Kraepelin avait individualisé la « folie maniaco-dépressive » dans son traité, comme une psychose endogène constitutionnelle différente de la démence précoce. Il a précisé les symptômes, l’évolution et les antécédents de la maladie. Il a introduit la notion d’état mixte qui réunit en même temps des signes mélancoliques et maniaques.

En 1907, Deny et Camus introduisent la notion de « psychose maniaco-dépressive». En 1957, Karl Leonhard individualise deux formes de psychoses affectives : les formes bipolaires réunissant en alternance des épisodes dépressifs et maniaques et les formes monopolaires formés d’épisodes dépressifs psychotiques et rarement de manies . C’est en 1970, que le trouble bipolaire a été reconnu par tous les auteurs comme une maladie qui peut regrouper non seulement des patients qui présentent des manies franches, de type I, mais aussi des patients qui ont des antécédents d’épisodes dépressifs majeurs et hypomaniaques, de type II .

Définition du trouble bipolaire 

Le trouble bipolaire anciennement appelé psychose maniacodépressive se manifeste par « la succession d’épisodes dépressifs ou maniaques, avec des intervalles libres de tout symptôme entre les accès thymiques » . Il constitue une maladie mentale sévère et chronique. Les personnes atteintes de cette maladie peuvent expérimenter trois formes d’épisodes et peuvent être classées selon deux types, le type I et le type II. Pour définir le trouble bipolaire nous nous sommes basés sur les critères diagnostiques du « Mini DSM-IV » et du « Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux DSM-IV-TR », qui déterminent quatre formes d’épisodes. L’épisode maniaque caractérisé par une humeur élevée, euphorique ; l’épisode hypomaniaque caractérisé par une humeur expansive ou irritable ; l’épisode dépressif caractérisé par une humeur triste, dépressive et l’épisode mixte caractérisé par une humeur à la fois euphorique et triste. Nous allons définir brièvement ces quatre formes d’épisodes afin de déterminer les symptômes qui les caractérisent.

L’épisode dépressif majeur est défini comme suit :
1- Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, signalée par le sujet
2- Diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour presque toutes les activités
3- Perte ou gain de poids significatif en l’absence de régime
4- Insomnie ou hypersomnie
5- Agitation ou ralentissement psychomoteur
6- Fatigue ou perte d’énergie
7- Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée
8- Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision
9- Pensées de mort récurrentes, idées suicidaires récurrentes sans plan précis pour se suicider.

Au moins cinq des symptômes cités ci-dessus doivent avoir été présents chez le sujet presque tous les jours pendant une même période d’une durée de deux semaines et avoir représenté un changement par rapport au fonctionnement antérieur, une souffrance et une altération du fonctionnement socio-professionnel et persister pendant plus de deux mois .

Cet épisode s’associe souvent à une irritabilité, des idées obsessionnelles, une anxiété, des phobies, des attaques de panique et un abus de substance. Il peut de même s’accompagner de difficultés conjugales (séparation, divorce), sexuelles (plaisir et orgasme) et professionnelles (perdre son travail) .

L’épisode maniaque est défini comme suit :
1- Augmentation de l’estime de soi ou idées de grandeur
2- Réduction du besoin de sommeil
3- Plus grande communicabilité que d’habitude
4- Fuite des idées ou sensations subjectives que les pensées défilent
5- Distractibilité
6- Augmentation de l’activité orientée vers un but ou agitation psychomotrice
7- Engagement excessif dans des activités agréables mais à potentiel élevé de conséquences dommageables .

L’humeur du sujet est perturbée et élevée de façon anormale et persistante, pendant au moins une semaine avec au moins trois des symptômes cités ci-dessus qui ont persisté avec une intensité suffisante et qui ont entraîné une altération marquée du fonctionnement socioprofessionnel .

Cet épisode s’accompagne souvent d’une non reconnaissance par le patient d’être malade et d’avoir besoin d’une prise en charge. Son apparence physique et vestimentaire peut changer et apparaître osée et séduisante. Son comportement peut devenir désorganisé (distribuer de l’argent) et non éthique (acheter à son client des titres sans son autorisation). Son humeur peut se caractériser par la colère et l’impulsivité (menace des autres, agression et risque suicidaire). Tous ces comportements qui ne correspondent pas au caractère du patient bipolaire en accès maniaque proviennent des troubles du jugement ou de son hyperactivité .

L’épisode hypomaniaque est défini comme suit :
1- Augmentation de l’estime de soi ou idées de grandeur
2- Réduction du besoin de sommeil
3- Plus grande communicabilité que d’habitude
4- Fuite des idées ou sensations subjectives que les pensées défilent
5- Distractibilité
6- Augmentation de l’activité orientée vers un but ou agitation psychomotrice
7- Engagement excessif dans des activités agréables mais à potentiel élevé de conséquences dommageables .

L’humeur du sujet est élevée de façon persistante, expansive ou irritable tous les jours pendant au moins quatre jours avec au moins trois des symptômes cités ci dessus qui ont persisté avec une intensité significative mais qui ne sont pas suffisants pour entraîner une altération marquée du fonctionnement socio-professionnel .

Comme dans l’épisode maniaque, le patient bipolaire en accès hypomaniaque peut présenter à peu près les mêmes comportements que celui en accès maniaque : changement au niveau physique, moral et comportemental .

L’épisode mixte est défini comme suit : Les critères sont réunis à la fois pour un épisode maniaque et pour un épisode dépressif majeur et cela presque tous les jours pendant au moins une semaine. La perturbation de l’humeur est suffisamment sévère pour entraîner une altération marquée du fonctionnement socio-professionnel. Cet épisode peut se caractériser par une désorganisation au niveau des idées et des comportements du patient bipolaire et par une dysphorie très élevée lui permettant souvent de réclamer une prise en charge . Tous ces épisodes que nous venons de citer ne sont pas dus aux effets physiologiques directs d’une substance ou d’une affection médicale générale .

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE – ETUDE THÉORIQUE
CHAPITRE I : TROUBLE BIPOLAIRE
Sa genèse et sa relation à la personnalité
1- Historique du trouble bipolaire
2- Définition du trouble bipolaire
3- Classification du trouble bipolaire
4- Epidémiologie du trouble bipolaire
5- Comorbidités et troubles psychiatriques dans l’enfance
6- Origine et différentes explications du trouble bipolaire
7- Relation entre trouble bipolaire et personnalité
8- Insight ou conscience du trouble dans le trouble bipolaire
9- Différences entre bipolaire I (à prédominance maniaque)
et bipolaire II (à prédominance dépressives)
10- Prise en charge
CHAPITRE II : TROUBLE BIPOLAIRE ET LOCUS DE CONTROLE
1- Historique
2- Définition du locus de contrôle
3- Notion d’attribution causale
4- Notion d’impuissance apprise (learned helplessness)
5- Locus de contrôle et dépression
6- Effet de l’internalité sur la santé
7- Norme d’internalité
8- Différences entre sujets internes et sujets externes
9- Attribution causale du trouble bipolaire
10- Locus de contrôle des bipolaires
11- Locus de contrôle et adhérence au traitement dans
le trouble bipolaire
CHAPITRE III : SCHEMAS PRECOCES D’INADAPTATION D’APRES YOUNG
1- Historique du concept de schéma
2- Définitions du schéma précoce d’inadaptation et de ses
caractéristiques
3- Origines des schémas précoces d’inadaptation
4- Développement des schémas selon les cinq domaines
5- Styles d’adaptation dysfonctionnels liés aux schémas
6- Modes de schémas
7- Schémas précoces d’inadaptation et changement d’humeur
8- Caractéristiques de la thérapie des schémas précoces d’inadaptation
CHAPITRE IV : TROUBLE BIPOLAIRE ET COGNITIONS
1- Aperçu historique sur la pensée
2- Approche cognitive
3- Définition des pensées automatiques
4- Définition de processus cognitifs
5- Définition des schémas cognitifs
6- Modèles cognitifs de la dépression et du trouble bipolaire
7- Cognitions et schémas cognitifs dans le trouble bipolaire
CHAPITRE V : TROUBLE BIPOLAIRE ET MILIEU FAMILIAL
1- Importance de la famille
2- Parents sains et besoins affectifs fondamentaux selon Young
3- Parents destructeurs
4- Profil psychologique des parents maltraitants
5- Influence de la maltraitance en bon âge sur le cours,
l’évolution et les comorbidités dans le trouble bipolaire
6- Caractéristiques du milieu familial des personnes bipolaires
DEUXIÈME PARTIE – RECHERCHE SUR LE TERRRAIN
Questionnaires auprès d’un échantillon d’adultes bipolaires libanais et d’un
échantillon d’adultes sains
CHAPITRE VI : MÉTHODOLOGIE DU TRAVAIL SUR LE TERRAIN
1- Objectif de la recherche
2- Définition des variables
3- Choix de l’échantillon
4- Chois de la technique de recherche
5- Date de passation des tests
6- Mode de traitement et d’interprétation
CHAPITRE VII : INFLUENCE DU TROUBLE BIPOLAIRE SUR LES COGNITIONS : LE LIEU DE CONTROLE
– VERIFICATION DE LA PREMIERE HYPOTHESE
CHAPITRE VIII : INFLUENCE DU TROUBLE BIPOLAIRE SUR LES COGNITIONS : LES PENSEES AUTOMATIQUE
– VERIFICATION DE LA DEUXIEME HYPOTHESE
CHAPITRE IX : INFLUENCE DU TROUBLE BIPOLAIRE SUR LA VIE AFFECTIVE : LES SCHEMAS PRECOCES D’INADAPTATION
– VERIFICATION DE LA TROISIEME HYPOTHESE
CHAPITRE X : INFLUENCE DES RELATION PRECOCES SUR LE TROUBLE BIPOLAIRE: LES ATTITUDES PARENTALES
– VERIFICATION DE LA QUATRIEME HYPOTHESE
SYNTHESE GENERALE
CONCLUSION 

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