HUMANISME ET INTERET DE LA PENSEE POLITIQUE DE CONDORCET

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cadre formel de la théorie du progrès

L’exigence fondamentale de la méthode de Condorcet réside dans ce que la continuité devient l’élément déterminant, car en même temps qu’elle donne la totalité en supprimant les lacunes, elle assure la cohérence puisque la série continue établit, par les transitions fines, un analogue de la déduction. L’idéal restant newtonien : une régularité du monde tel que sa variété puisse s’engendrer à partir d’un principe premier.
Ces principes spécifiques, Turgot l’adoptera à l’histoire des hommes ; c’est ce qui le poussera à affirmer que : « tous les âges sont enchaînés les uns aux autres par une suite de causes et d’effets qui lient l’état présent du monde à tous ceux qui l’ont précédé. Le guerre humain, considéré depuis son origine, paraît aux yeux d’un philosophe un tout immense qui, lui-même, a, comme chaque individu, son enfance et ses progrès ».
Condorcet hérite de ces idées et les premières pages de l’Esquisse rappellent avec instance l’exigence de continuité, principe d’intelligibilité du tableau historique.
C’est ainsi qu’évoquant les groupements humains qui recevaient « les lumières d’un peuple plus éclairé, pour le transmettre à d’autres hommes » il ajoute qu’ainsi se forme une chaîne non interrompue entre le commencement des temps historiques et le siècle où nous vivons Et plus loin, définissant la tâche de la philosophie, instruite par la suite non interrompue de faits et d’observations que lui fournit l’histoire, il ne reste, dit-il, qu’à rassembler, à ordonner les faits et à monter les vérités utiles qui naissent de leur enchaînement et de leur ensemble .
Condorcet ne se contente pas de l’affirmation d’une unité de l’espèce humaine : de façon très originale il construit son propre objet théorique et donne ainsi au thème de l’humanité comme un seul individu qui apprend continuellement, sa forme spécifique et rationnelle.
la description de l’état de l’espèce humaine s’effectue donc à partir de la psychologie de l’individu. Une telle méthode d’amplification postule une identité entre l’individuel et le social, postulat qui se décompose lui-même en deux éléments. Le plus banal renvoie au dogme de l’unité de la nature humaine qui autorise le passage de l’individuel au social.
Les premières lignes de l’Esquisse exposent la constitution du lieu social selon une genèse d’inspiration lockienne et réalisent ainsi le programme même que nous venons d’exposer. Tout développement part du simple et par une série de combinaisons aboutit au complexe, le simple renvoie aux facultés élémentaires caractéristiques du psychisme individuel. Le médium des combinaisons, ce qui fait naître de nouvelles structures sociales et culturelles est désignés, de façon générale, comme communication et échange.
C’est dire que la variété de l’histoire universelle s’engendre par une activité combinatoire. L’inspiration lockienne s’allie à une idéologie libre échangiste pour associer les individus et conduire à la société. La multiplication est la formalité inventive de l’histoire et le progrès se donne comme un effet d’ensemble. Ainsi pourrait-on appliquer à la vie sociale et historique ce que Condorcet dit de la langue qui résulte des combinaisons d’une quantité très limitée d’articulation premières .
Puisque les différentes séquences de faits historiques peuvent se combiner et par une sorte d’intégration, se rendre continues dans le flux de l’histoire d’un peuple unique, c’est qu’il existe entre elles une profonde homogénéité. La série du développement de chaque peuple n’est que fragment d’une totalité brisée par l’absence de traces, mais continue dans sa réalité. En rapprochant, en articulant les éléments sériés mais séparés, on peut reconstituer la totalité, c’est-à-dire construire la fiction rationnelle de l’humanité comme peuple unique. Par ce mouvement épistémologique, Condorcet crée le cadre formel de toute théorie du progrès qu’il léguera aux positivistes et l’on sait, avec quelle chaleur, Auguste comité reconnaîtra sa dette à son égard.
Ce qu’accomplit Condorcet revient à investir dans la rationalité d’une histoire un thème insistant du XVIIIe siècle. Le dogme de l’unité de la nature humaine qui sous-tendait le passage de la psychologie individuelle à la réalité sociale s’exprime aussi en cette seconde étape de la constitution du tableau dans l’idée de la civilisation comme mouvement collectif de la réalité humaine.
Mais la créativité méthodologique reparaît lorsque Condorcet aborde le tableau de nos espérances, lorsqu’il évoque la possibilité d’une prospective rationnelle de l’espace : sans doute, pour seulement le programme d’une prospective mais en donne le fondements méthodologiques. Condorcet distingue deux types de prévision dans les sciences naturelles : l’une s’appuie sur la connaissance des lois et conduit à une assurance presque entière, l’autre profite de l’expérience du passé et débouche sur un savoir du futur de type probabilitaire. Unifiant sciences humaines et sciences naturelles sous le principe que les lois générales qui règlent les phénomènes de l’univers sont nécessaires et constantes , il peut transposer aux sciences de l’homme les deux types de prévision que fournit l’étude de la nature.
Ajoutons que sans en thématiser la méthode, il pratique, en outre, une manière de recherche par scénario. Dans la neuvième époque, il effectue une prévision du passé et construit deux scénarios possibles, l’un visant la France, l’autre l’Amérique. Sans insister ici, puisque notre perspective est simplement épistémologique, sur le contenu des projections aveniristes de Condorcet, marquons ce pendant cette date où surgit la première tentative de penser la possibilité d’une prévision scientifique du futur de l’humanité, à l’écart des projections subjectives ou d’utopies normatives.

Repérage et enjeux de l’élément négatif de l’histoire chez Condorcet

Condorcet, par l’invention de médiations méthodologiques assez ingénieuses assure la continuité d’une histoire qui s’étend même jusqu’aux horizons les plus lointains du futur.
Le développement de l’élément polémique représente un caractère spécifique du travail accompli par Condorcet lui-même écrira d’ailleurs que « l’histoire de ces combats … occupera donc une grande place dans cet ouvrage, et n’en sera la partie ni la moins importante, ni la moins utile ». (E.T, P.11.) Dès l’introduction apparaissent les deux thèmes qui cernent la présence du négatif. Tout d’abord l’erreur : Condorcet note que « les opérations de l’entendement qui conduisent à l’erreur ou qui nous y retiennent … n’appartiennent pas moins que la méthode de raisonner juste ou celle de découvrir la vérité, à la théorie du développement de nos facultés individuelles… »(14). Elles sont la « suite nécessaire de son activité, de sa curiosité, de cette disproportion toujours existante entre ce qu’il connaît et ce qu’il croit avoir besoin, ce qu’il a le désir de connaître » (15). Présentée sous ce jour, une théorie de l’erreur en affirme le caractère à la fois naturel et inévitable mais ne lui donne pas une importance telle que les erreurs générales puissent faire « rétrogarder l’homme vers l’ignorance » (16). Une conception de ce genre s’intégrerait facilement dans une doctrine de la raison, où celle-ci s’approcherait progressivement de la vérité. Or le ton de l’Esquisse est infiniment plus dramatique, l’erreur en devenant superstition bloque l’évolution humaine.
Il faut donc faire apparaître le second thème négatif de l’Esquisse. Il est présenté avec une certaine solennité à la fin de la première période : la séparation de l’espace humaine en deux classes. L’une destinée à enseigner et à dominer grâce au monopole du savoir ; l’autre faite pour croire et reconnaître sa propre infériorité. Cette dualité, cette structure dès les premières peuplades, « chez les sauvages les moins civilisées » et la classe des prêtres en offre les derniers » restes » à l’époque même où écrit Condorcet.
Cependant, la présentation, des deux classes telle qu’elle s’expose dans la première période, reste assez peu satisfaisante. Il faut se reporter aux pages antérieures pour trouver quelques éléments qui puissent fournir une genèse de cette scission sociale.
Cependant, à un certain moment de l’histoire humaine lorsque les propriétés commence à s’instaurer et à se transmettre, l’évolution, embrage brusquement sur une vitesse supérieure. « Quelque uns possèdent un superflu susceptible d’être conservé » , ce superflu donne l’idée des échanges décisive. Lisons Condorcet « l’usage s’introduit, pour échange d’un travail qui leur sert à s’en dispenser eux-mêmes jusqu’à un certain point. Il existe donc une classe d’hommes dont le temps n’est pas absorbé par un labeur corporel, et dont les désirs s’étendent au-delà des simples besoins » .
L’apparition de cette classe de loisirs, spéculative et productive d’idées « favorise cette multiplication qui, réciproquement, en accéléré le progrès » bref l’humanité voit sa vitesse combinatoire s’accélérer et sa richesse interne s’accroître avec rapidité.
A ce point de l’histoire, l’inégalité apparue qui réserve un temps libre de pensée à un nombre restreint d’individus n’a aucune négativité. Elle a, au contraire, par son effet multiplicateur, des conséquences heureuses pour l’humanité.
Comment donc ce décalage positif investi-il son signe ? A cette question, aucune réponse précise ne se lit dans les pages de l’Esquisse, mais si la genèse de ce renversement reste obscure, sa nature au contraire est parfaitement claire. Le décalage devient négatif lorsque le savoir que la classe de loisir peut acquérir grâce à ses observations et ses méditations ne se diffuse pas dans la totalité du peuple.
Une classe le monopolise et en fait l’instrument de sa domination ; elle cache ce savoir, n’en révèle que certains aspects et, sous des formes voilées ou symboliques, institue le règne du secret, un ésotérisme à finalité de domination politique.
Le secret va donc représenter, dans la philosophie de l’histoire de Condorcet, l’élément déterminant les civilisations marquées par une structure sociale à domination de classe. Depuis la Grèce qui avait su borner les prêtres au culte des dieux et, par l’interdiction du monopole, faire de la science une activité qui ne fut pas « l’occupation et le patrimoine d’une caste particulière » , toutes les société relèvent de cette structure à dualité et Condorcet indique, à chaque étape de son enquête, sous quelle forme historiquement caractérisée, s’exprime la domination d’une classe sur l’autre. Trois traits permettent de le définir. Le secret d’abord : « Comme leur but n’était pas d’éclairer, mais de dominer, non seulement ils ne communiquaient pas en peuple toutes les connaissances, mais il corrompaient par des erreurs celles qu’ils voulaient bien lui révéler ; ils leur enseignaient, non ce qu’ils croyaient vrai, mais ce qui leur était utile »(Esquisse ; La pratique du secret aboutit à l’établissement de deux doctrines « l’une pour eux seuls, l’autre pour le peuple » (25), et l’établissement de cette double doctrine se trouve favorisée par les changements dans les langues qui furent l’ouvrage du mélange des peuples. Double langage, donc : « … les hommes à double doctrine, en conservant pour eux l’ancienne langue, ou celle d’un autre peuple, s’assurèrent ainsi l’avantage de posséder un langage entendu par eux seul ».
Nous ne pourrons pas dans le cadre de cette réflexion suivre en détail les interprétations que donne Condorcet à propos de telle ou telle forme historique de la domination par le secret. Toutefois, nous pouvons privilégier trois passages où Condorcet repère dans le passé les premières apparitions d’une civilisation fondée sur la diffusion du savoir et qui mettent ainsi en relief l’incompatibilité de la double doctrine et de la recherche philosophique.
Il dénonce l’échec de certains Philosophes grecs qui crurent échapper à la persécution doctrine « en adoptant, à l’exemple des prêtres eux-mêmes, l’usage de la double doctrine » , et en réservant a quelques disciples éprouvés leur opinions audacieuses. Mais l’adoption d’un certain secret et ici conduite de prudence et non désir de domination, les prêtres ne s’y trompent pas et, parfaitement conscient de la menace que représente la recherche libre de la vérité, se hâtent de les accuser d’impiété.
Néanmoins, l’époque hellénique n’a pas été entièrement soumise à la prêtrise et une activité intellectuelle désintéressée a pu se développer. Mais Condorcet fait l’objet des écoles de l’ancienne Grèce, libres fraternités d’hommes « occupés à pénétrer les secrets de la nature » (28) centres d’enseignements qui servaient à répondre les lumières « dans un temps ou l’imprimerie était inconnue » (29). Enfin Socrate apparaît dans l’Esquisse comme la première grande victime de superstition, et cela, parce qu’à travers lui, se manifestait l’esprit de la Grèce, esprit de saisir et de vérité que Condorcet caractérise par une triple totalité qui lève tous les scellés que peuvent placer les prêtres assoiffés d domination « tous les hommes conservaient un droit égal à la connaissance de la vérité. Tous pourraient chercher à la découvrir pour, la communiquer à tous, et à la communiquer tout entière » (30).
Accès égal à la recherche ; diffusion universelle des résultats du savoir aucunes censure sur ces résultats, voilà bien, défini à propos de la Grèce ; l’idéal des lumières absolument antinomique au comportement dissimilé de la classe dominante.
L’instauration du bien et de l’équilibre social exigent donc la disparition du frein que représente la monopolisation du savoir par la classe dominante et, par conséquent, l’éradication totale des conduites sociales de secret.
A ce niveau d’examen de la pensée de Condorcet, nous constatons que l’instance déterminante du mouvement de l’histoire se situe dans le domaine des idées ; de leur naissance, de leur diffusion et de leur existence sociale. Mais la puissance des idées reste limitée puisque par elles-mêmes, en ne considérant que leur force intrinsèque, elles sont constamment maîtrisées, orientées et utilisées par la classe dominante.
Les idées mènent le monde mais elles le mènent mal puisque, corrompues par la classe des prêtées et des rois, elles ne servent qu’à maintenir l’esclavage intellectuel et politique du peuple. Elles ne seront guerres de l’infection du secret que par l’intervention d’un élément extrinsèque on idéologique : dans l’histoire surgira la technique libératrice, l’imprimerie.
La découverte technique donne une réalité universelle à l’échange des idées, limitée et menacée lorsque son support reste le manuscrit rate et facilement retirée de la circulation sociale.
A cet effet, l’imprimerie représente véritablement le pivot technique du progrès. « L’imprimerie multiple indéfiniment, et à peu de frais, les exemplaires d’un même ouvrage » (31). Dès lors la faculté de lecture augmente désir de lire se propage, une diffusion et une publicité plus étendues des idées transforment profondément l’esprit collectif et Condorcet écrit cette phrase significative : « les lumières sont devenues l’objet d’un commerce actif, universel » (32).
En effet, la circulation des livres et opuscules donne à la liberté un vaste champ où toutes les opinions peuvent s’exprimer. On voit « s’établir une nouvelle espèce de tribune, d’où se communiquent des impressions moins vives, mais plus profondes ; … où tout l’avantage est pour la vérité, puisque l’art n’a pas perdu sur les moyens de réduire qu’en gagnant sur ceux d’éclairer »
Si bien que, le secret se peut plus se maintenir, l’ensemble des gens éclairés acquiert une force sociale agissante et constitue ce que Condorcet nomme « l’opinion publiques ». Elle remplace la souveraineté usurpée des prêtres et des rois, elle manifeste la raison même et, grâce à elles, s’élève « un tribunal indépendant de toute puissance humaine, auquel il est difficile de rien cacher et impossible de se soustraire » (33) 30 : esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, P 117 Garnier Flammarion. Cette page très dense où s’enchaînent tribune, opinion et tribunal constitue l’acte de naissance d’un nouveau pouvoir spirituel qui exclut le secret, et fait comparaître, sans exception ni privilège, toutes les opinions dans des débats ouverts, libres des puissances temporelles et ne relèvent que de la seule autorité de la raison. Condorcet semble ici plus prudent qu’Auguste, puisqu’il institutionnalise pas ce pouvoir ce qui limiterait peut-être sa portée normative. Mais ne sera-t-il pas finalement très proche du positivisme lorsqu’il proposera dans le fragment sur l’atlantide, la constitution d’une société de savants, chargée de guider l’humanité dans sa marche progressive ?
Le pouvoir spirituel de l’opinion publique casse le secret et met fin à la division en deux classes. L’homme, libéré de cet antagonisme, retrouve sa propre nature, opprimée par des siècles d’hypocrisie. Bacon, Galiléé, les cartes sauront profiter de ces neuves possibilités pour réveiller l’esprit humain et le rendre à sa propre force. Alors, écrit Condorcet en conclusion à la 8e période :
« l’esprit humain (…) était formé pour être libre. Ceux qui osèrent s’opiniâtrer à lui conserver ses chaînes… furent forcés de lui prouver qu’il devrait les garder ou les recevoir, et dès lors on put prévoir qu’elles seraient bientôt brisées » (34).

LA POLITIQUE : PRETEXTE D’UN ENGAGEMENT INTELLECTUEL

Penseur en politique

La filiation intellectuelle de Condorcet est tout à fait conforme à l’esprit encyclopédique apparu en milieu des lumières ; dont G. G Granger nous dira qu’il s’agit du « goût universel (…) du savoir humain »3.
Mais, une grande raison qui poussa Condorcet à sortir lors des sentiers de l’abstraction est sa profonde obsession à l’injustice qu’il tient de son histoire personnelle.
Julie Lespinasse précise : « cette âme calme et modérée dans le cours ordinaire de la vie (…) devient ardente et pleine de feu s’il s’agit de défendre les opprimés, ou de défendre ce qui lui est plus chères encore, la liberté des hommes et la vertu des malheureux »4
C’est ainsi qu’il brava violement les magistrats et les prêtres qui oppriment des être sans défense. Ce sentiment s’explique peut-être par sa passion qui tient ses sources du principe moral de l’égalité entre les hommes et ce sentiment naturel si bien décrit par Rousseau : la Pitié.
En effet, dans une de ses correspondances Condorcet avoue : « lorsque je suis sorti du collège…,  j’ai cru observer que l’intérêt que nous avions être juste et vertueux était fondé sur la peine que fait nécessairement éprouver à un être semble l’idée du mal que souffre un autre être sensible »5
C’est précisément ce sentiment de compassion qui justifiera sa plaidoirie pour la cause du droit et de la justice pour tous. Dans ce 18e siècle français qui tolère les pires inégalités, de l’esclavage des Noirs à la plus grande disparité des richesses, Condorcet est le seul tout à la fois pour l’égalité entre les hommes, l’égalité des sexes, les droits de l’accuse devant la justice.
Cet esprit militant et innovateur marquera toujours son rapport à la politique dans tous ses aspects. C’est ce qui lui voudra certainement ce témoignage élogieux de Robert Badinter : « la vraie différence entre lui et ses pères est qu’il ne fut pas seulement un savant ou un encyclopédiste, un grand commis de l’Etat ou un politique, il fut cent ans avant que l’expression ne s’impose, un intellectuel engage. Toute sa vie se partage entre la réflexion sur les principes et le contrat pour les imposer »6
Dans le registre de ses premiers très originales en politique, nous pouvons revisiter quelques unes qui sont très instructives sur fulgurance de son genre philosophique.
Passé a une autre conception de la justice, Condorcet demandes la réforme de la jurisprudence criminelle d’après des idées justes et humaines. Il estime que si les peines sont adoucies, si les supplices et toutes les cruautés inutiles sont supprimés, et si on laisse pour figurer au nombre des crimes des fautes de meurs ; alors conclut Condorcet « Nous bénirons l’homme qui vous l’aura donné et nous aimerons mieux un despote qui nous gouvernera par des lois douces que les deux cent tyrans qui exécutaient arbitrairement des usages atroces érigés en lois par eux-mêmes » (lettre citée le Condorcet à Beccaria).
Condorcet va même jusqu’à contester la légitimité du verdict donné par les juges tous les affaires criminelles. Selon lui, rien n’est plus important que ce qui touche à la liberté ; et « de toutes les manières d’opprimer les hommes ; l’oppression légale me paraît la plus odieux. Je sens que je pourrais pardonner à un ministre qui me ferait mettre à la Bastille, mais je ne pardonnerai jamais aux assassins de la barre » En effet Condorcet plaide pour une idée très originale en matière d’instruction judiciaire : l’égalité de condition entre l’accusé et le juge ; car précise t-il : « s’il faut beaucoup de magistrat dans les tribunaux, il faut supposer que les mots, les ignorants, les gens durs et personnels y seront en grand nombre. En raisonnant d’après cette supposition, je trouve que les juges, partagés entre la crainte de condamner un innocent et celle de laisser un crime impuni, seront plus frappés de la dernière. Plus les juges éloignés du rang des accusés, plus ce sentiment augmentera… donc si les accusés sont des gens du peuple, il faut que leurs juges ne soient pas fort au dessus de cet état. J’ai toujours peur du mot d’une conseiller de la tournelle : à la mort et allons dîner ».

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : L’ORGANISATION THEORIQUE ET PHILOSOPHIQUE DE LA PENSEE DE CONDORCET
Chapitre I : Les fondements théoriques et épistémologiques
Section 1 : Le cadre formel de la théorie du progrès
Section 2 : Repérages et enjeux de l’élément négatif de l’histoire
Chapitre II : La Politique, Prétexte d’un engagement Intellectuel
Section 1 : Penseur en politique
Section 2 : Acteur en politique
DEUXIEME PARTIE : HUMANISME ET INTERET DE LA PENSEE POLITIQUE DE CONDORCET
Chapitre I : Humanisme de la pensée politique de Condorcet
Section 1 : L’Egalité sociale
Section 2 : la liberté par l’instruction
Chapitre II : l’intérêt de la pensée politique de Condorcet
Section 1 : le citoyen, un universel singulier
Section 2 : vers une société mondiale
CONCLUSION
SUJET : LA PENSEE POLITIQUE DE

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