Imagerie rapide en comptage de photons, application à l’interférométrie stellaire optique à longue base

Imagerie rapide en comptage de photons, application à l’interférométrie stellaire optique à longue base

Généralités sur l’optique corpusculaire 

Le photon

 La question de la nature de la lumière a fait l’objet d’un long débat au cours de l’histoire des sciences. Au XVIIème siècle, René Descartes, après sa description des lois de l’optique géométrique, avan¸ca l’hypothèse selon laquelle la lumière serait constituée de particules en mouvement, idée partagée par Isaac Newton un peu plus tard. Ce point de vue fut réfuté d’abord par Christian Huygens à la même époque, puis au début du XIXème siècle par Augustin Fresnel, qui établit les lois de l’optique ondulatoire. La réhabilitation de l’hypothèse corpusculaire se fit grˆace aux travaux de Max Planck, puis d’Albert Einstein. De fa¸con à pouvoir déterminer correctement la loi de rayonnement du corps noir, Planck émit l’idée en 1901 que les transferts radiatifs se faisaient par quantités indivisibles d’énergie que l’on nomme hh quanta ii. En 1905, Einstein, tenta expliquer l’effet photoélectrique (Fig. 1.1-a), c’est-à-dire l’émission d’électrons par certains matériaux en présence de lumière (observé la première fois par Hertz en 1887). Il décrivit, en s’inspirant de l’idée de Planck, la lumière comme étant composée de particules, qui furent d’abord appelées lichtquanten, puis hh photons ii. L’existence du photon permit aussi un peu plus tard d’expliquer l’effet Compton (absorption par un électron d’une partie de l’énergie d’un photon, l’autre partie donnant lieu à la création d’un photon moins énergétique, le photon initial n’existant alors plus ; Fig. I.1-b). La mécanique quantique tenta dans les années 1920 de concilier les caractères ondulatoires et corpusculaires de la lumière. Le photon est donc une quantité d’énergie localisée (dans les limites données par Heisenberg). Energie donnée par la célèbre formule : ´ E = hν (I.1.1) o`u h représente la constante de Planck et ν la fréquence de l’onde associée au photon. Dans la pratique, on préfère caractériser un photon par sa longueur d’onde λ. Son énergie s’écrit alors : E = hc λ (I.1.2) o`u c représente la vitesse de la lumière dans le vide. L’existence du photon pose une limite inférieure, dite hh limite quantique ii, dans la possibilité d’observation des phénomènes faiblement lumineux, c’est-à-dire particulièrement en astronomie. Même le détecteur le plus sensible ne pourra observer certains objets pendant un temps de pose donné, car en observant l’un d’eux, la probabilité de recevoir un photon pendant le temps d’observation est quasi-nulle. Atome Electron Photon h! Ek Photon h! Ek Photon h!’!h! (a) (b) Electron , , Figure I.1. Effets photoélectrique (a) ; Compton (b). 

L’imagerie en comptage de photons 

On définit par hh imagerie en comptage de photons ii la réalisation d’images à la limite quantique. Dans ce cas, l’image se forme temporellement photon après photon, chacun correspondant à un impact de coordonnées (x, y) dans le plan de l’image. Si le système en amont du détecteur est du type télescope, l’image obtenue après intégration d’un très grand nombre de photons peut alors s’interpréter comme étant une hh cartographie ii de la distribution des angles d’incidence des photons collectés. Chaque incidence se caractérise par deux angles (α, β) ayant leurs correspondants (x, y). L’intensité en (x, y) est alors proportionnelle au nombre de photons d’incidence (α, β). Les résultats de l’optique ondulatoire concernant la résolution angulaire d’un télescope peuvent d’ailleurs être retrouvés par la mécanique quantique de la fa¸con suivante, en prenant un cas à deux dimensions. On prend l’inégalité d’Heisenberg : δx.δp ≥ h (I.2.1) δx représente l’indétermination sur la position du photon et δp l’indétermination sur sa quantité de mouvement. On s’intéresse à l’instant o`u le photon pénètre par la pupille d’ouverture D, ce qui va supprimer l’incertitude totale sur x, mais introduire une incertitude sur p tel qu’il sera mesuré dans le plan image grˆace à la lentille ou au miroir du télescope. Comme on ne peut pas connaˆıtre la position exacte d’un photon dans le plan pupille, on a : δx = (0, D) (I.2.2) Chapitre I. Généralités sur l’optique corpusculaire 13 L’expression de p s’écrit (loi de de Broglie) : p = h λ (cos α,sin α) (I.2.3) En considérant que les angles d’incidence des photons détectables doivent être petits, on peut faire l’approximation : p = h λ (1, α) ⇒ δp = h λ (0, δα) (I.2.4) et par conséquent : (0, D).  0, h λ δα ≥ h ⇒ D h λ δα ≥ h ⇒ δα ≥ λ D (I.2.5) Ce résultat rappelle celui obtenu par le principe de Huygens-Fresnel lorsque l’on cherche à expliquer la diffraction par une ouverture à deux dimensions (voir annexe 2-B). p ! D « ! p+ »p Figure I.2. Illustration de la résolution angulaire limite en mécanique quantique. Nous avons souligné précédemment l’existence de la limite quantique. Celle-ci est relative à l’aire collectrice Ac du télescope qui ne peut être augmentée indéfiniment pour des raisons pratiques. On arrive aujourd’hui à obtenir Ac ≈ 200 m2 (cas des quatre télescopes du VLT). Si nous considérons la limite hh instrumentale ii d’observation comme étant liée à la sensibilité du détecteur placé au foyer du télescope, alors le caractère quantique de la lumière permet de rapprocher la limite instrumentale de la limite absolue. En effet, dans le cas des phénomènes continus, la limite instrumentale est fixée par le bruit propre du détecteur (exprimé par la puissance équivalente de bruit ou NEP) et la durée maximale d’observation τobs durant laquelle la valeur relative au phénomène observé reste constante. Quelle que soit la NEP et τobs, comme il n’y a pas de limite quantique, il existera toujours des phénomènes d’énergie inférieure à NEP/ √ τobs (qui ne pourront pas être détectés). En revanche, si un détecteur de lumière est assez sensible pour détecter l’énergie d’un seul photon, alors il pourra capter toute l’information lumineuse donnée par le collecteur.Nous allons voir qu’il est physiquement possible de construire un détecteur approchant ces conditions optimales. Approchant seulement car : a) il n’existe pas d’instruments capable de détecter hh à tous les coups ii l’impact d’un photon. Les processus de détection ne se déclenchent jamais systématiquement à chaque photoévénement (voir II-1). Le traitement de l’information correspondant à un photoévénement peut être erroné et, parfois même, négligé. b) Les détecteurs possèdent un hh bruit d’obscurité quantique ii, c’est-à-dire qu’ils indiquent des photoévénements qui ne se sont pas produits. Ceci est particulièrement vrai lorsque l’on détecte de particules de faible énergie dont font partie Les photons du spectre visible. Afin de mesurer la qualité des images en comptage de photons, nous allons définir une expression du rapport signal sur bruit dans ces images. Considérons un pixel (˘x, y˘) dans l’image. Soit Φ(˘x, y˘) le nombre de photons par unité de temps re¸cus par le pixel.  

Table des matières

Avant-propos
Notations utilisées
Première partie: Imagerie rapide en comptage de photons
I. Généralités sur l’optique corpusculaire
1. Le photon
2. L’imagerie en comptage de photons
3. Méthodes mathématiques en imagerie par comptage de photons
3.1. Formalisme de base
3.2. Transformée de Fourier de matrices creuses
3.3. Autocorrélation de matrices creuses
3.4. Densité spectrale et problème du biais de photons
II. La détection individuelle des photons dans le domaine visible
1. L’effet photoélectrique
2. Les premiers détecteurs de photons
3. Les multiplicateurs d’électrons et les photomultiplicateurs
4. Le tube Lallemand
5. Les intensificateurs d’images
6. Problèmes des intensificateurs d’images
7. Le tube Digicon
8. Solutions alternatives pour la détection de photons
III. Les caméras à comptage de photons
1. Introduction
2. Les premières caméras à comptage de photons
3. La mesure des coordonnées de photons
3.1. Les premiers systèmes optiques et vidéo
3.2. L’anode wedge-and-strip
3.3. L’anode résistive
3.4. L’anode à interpolation
3.5. L’anode ligne-à-retard
3.6. L’anode hybride W&S/LAR
3.7. L’anode Vernier
iv Table des matières
4. La caméra CP40
5. La caméra CP20
6. La caméra à anode résistive (Ranicon)
7. La caméra PAPA
8. La caméra MAMA
9. L’évaluation d’une caméra à comptage de photons
IV. Les principes de la caméra DELTA
1. Pourquoi une nouvelle caméra à comptage de photons ? 
2. Principe des projections
3. Apport d’une troisième projection
4. Limitations du système DELTA
5. Réglage des axes de projection
6. Le concept hyper-DELTA
V. L’optique de la caméra DELTA
1. Introduction
2. L’intensificateur principal
3. Principe de l’optique de projection
4. Conception d’une optique de projection
4.1 Bref cahier des charges
4.2 Montage à lentilles cylindriques simples
4.3 Montage à doublets cylindriques achromatiques
4.4 Montage à optique sphérique
5. Conclusion
VI. L’électronique de la caméra DELTA
1. Introduction
2. La barrette CCD TH7809A
3. L’intensification de la TH7809A
4. L’électronique de seuillage
5. Le précentrage des photons
6. L’atténuation du bruit
7. L’informatique de traitement
8. Conclusion
VII. La mesure des dates des photoévénements
avec les caméras asynchrones
1. Introduction
2. Cahier des charges
3. Conception et réalisation de DAUPHIN
4. Premiers essais
5. La synchronisation du strobe
6. Conclusion
VIII. La reconstruction d’images d’objets mobiles
observés en comptage de photons
1. Introduction
2. Effets d’une transformée de Fourier à trois dimensions
3. Implémentation en comptage de photons
4. Simulations numériques
5. Tests avec une caméra Ranicon
6. Extensions du contexte
6.1. Variation importante du flux
6.2. Séquence représentant n objets mobiles à des vitesses différentes
6.3. Mouvement à V non-constant
7. Perspectives
Annexe 1-A. Article paru dans
Astronomy & Astrophysics Supplement Series
Annexe 1-B. Article paru dans les SPIE Proceedings
Annexe 1-C. Article paru dans Experimental Astronomy
Annexe 1-D. Conception d’un logiciel de simulation optique
Seconde partie: Mesure de la différence de marche en interférométrie
IX. Généralités sur l’interférométrie stellaire optique à longue base
1. Principes
2. Historique de l’interférométrie stellaire
3. Les différents montages d’interféromètres
3.1. Les montages Fizeau et Michelson
3.2. Le montage teinte-plate
4. Mouvement diurne et base projetée
5. Effets de la polarisation
6. Effets de la dispersion atmosphérique
7. Influence de la turbulence atmosphérique
7.1. Cas des petites ouvertures
7.2. Cas des grandes ouvertures
X. Correction de la différence de marche
en interférométrie stellaire optique
1. Introduction
2. Le suivi des franges non-dispersées
3. La détection synchrone
4. La méthode du spectre cannelé
5. La méthode des franges dispersées
6. Implémentation de la méthode des franges dispersées au GI2T
7. Conclusion
XI. Analyse de la méthode de mesure de la différence de marche en dispersion spectrale
1. Introduction
2. Première approche statistique
3. Identité avec l’estimateur du maximum de vraisemblance
4. Cas des fréquences non-entières
5. La résolution spectrale
6. Conclusion
XII. L’information a priori dans la détection
et le suivi des franges
1. Introduction
2. Modélisation du piston atmosphérique différentiel d’un interféromètre
3. La durée optimale de trame
4. Utilisation de la TF temps-espace
5. L’information a priori dans le suivi des franges
5.1 Prédiction utilisant un modèle de piston différentiel
5.2 Prédiction par un modèle auto-régressif
6. Conclusion
Annexe 2-A. Article paru dans les SPIE Proceedings
Annexe 2-B Rappels d’optique ondulatoire
Conclusion générale
Références bibliographiques

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