Intérêt du Ki67 dans les tumeurs carcinoïdes typiques et atypiques en pathologie pulmonaire

Intérêt du Ki67 dans les tumeurs carcinoïdes typiques et atypiques en pathologie pulmonaire

En pathologie pulmonaire, les tumeurs neuroendocrines (TNE) se divisent en quatre catégories : le carcinoïde typique (CT), le carcinoïde atypique (CA), le carcinome neuroendocrine à grandes cellules (CNEGC) et le carcinome neuroendocrine à petites cellules (CPC). Le sous-typage des tumeurs neuroendocrines pulmonaires est un processus codifié dans lequel les quatre variantes histologiques sont classées par leur aspect morphologique, le nombre de mitoses établit sur 2 mm² et la présence de nécrose. Les aspects morphologiques évocateurs associés à l’expression immunohistochimique de marqueurs neuroendocrines (chromogranine, synaptophysine et CD56) sont nécessaires pour poser leur diagnostic.

Les tumeurs carcinoïdes pulmonaires CT et CA sont des tumeurs rares dont le taux d’incidence varie de 0,2 à 2/100 000 habitants/an aux Etats-Unis et en Europe et le rapport entre CT et CA est d’environ 8/10 [1]. Il s’agit de tumeurs rares représentant moins de 2 % de toutes les néoplasies pulmonaires. Il existe une prédominance féminine et l’incidence est la plus élevée entre la cinquième et la sixième décade. Les CT ont une localisation intéressant préférentiellement la partie proximale ou intermédiaire d’un lobe pulmonaire alors que les CA sont plus fréquemment périphériques. Les CT sont généralement de plus petite taille que les CA. Morphologiquement, leur architecture est classiquement neuroendocrine en nids, en travées ou en rosettes, composées de cellules éosinophiles, monotones, cohésives aux noyaux dont la chromatine est fine, d’aspect « poivre et sel ». S’il s’agit de CT, il n’y a pas de nécrose et le nombre de mitose est inférieur à 2 pour 2mm², s’il s’agit de CA le compte mitotique est compris entre 2 et 10 pour 2mm² et/ou il existe de la nécrose tumorale.

Les CPC et les CNEGC sont des tumeurs plus fréquentes que les tumeurs carcinoïdes et représentent respectivement environ 15 et 3% des néoplasies pulmonaires. Les CPC sont le plus souvent proximaux ou intermédiaires et les CNEGC plutôt périphériques. Les CPC présentent une architecture moins bien différenciée et sont souvent très nécrotiques avec des nappes de cellules monotones pouvant montrer par place quelques aspects de rosettes, des noyaux se déformant mutuellement et de très nombreuses mitoses (> 10 pour 2 mm²). Les CNEGC ont une architecture neuroendocrine évocatrice au faible grandissement mais montrent de larges plages de nécrose, des cellules aux noyaux souvent nucléolés ou vésiculeux et un index mitotique également très élevé (> 10 pour 2 mm²). Il existe plusieurs clones d’anticorps Ki-67 disponibles sur le marché, le clone Mib-1 s’est imposé comme étant le réactif le plus fiable pour reconnaître Ki-67 sur coupe en paraffine [20]. D’autres clones utilisés en routine ont une fiabilité équivalente comme le clone 30-9 [21]. Toutefois il est important de noter qu’il n’existe pas de protocole standardisé pour l’utilisation en laboratoire de cet anticorps ce qui peut conduire à une variabilité inter- laboratoire [22].

Selon la nouvelle classification de l’OMS 2021, le rôle principal du Ki-67 dans les tumeurs neuroendocrines du poumon est d’aider à distinguer les tumeurs carcinoïdes des CPC et CNEGC, en particulier dans les petites biopsies avec artefacts d’écrasement dans lesquelles l’identification des mitoses est difficile. Le rôle et l’intérêt du Ki-67 pour la différenciation entre carcinoïdes pulmonaires typiques et atypiques reste controversé et il n’y a actuellement aucun consensus concernant sa valeur diagnostic ou pronostic [23]. Toujours selon l’OMS et la littérature, des méthodes très variables de coloration et d’interprétation du Ki-67 ont été utilisé et aucun seuil cohérent n’a été trouvé pour le diagnostic différentiel entre CT et CA. En effet les seuils varient de 2,3 % à 4,15% pour les CT et de 9 % à 17,8 % pour les CA. Il est également précisé que le Ki67 ne doit pas être utilisé pour le diagnostic, bien que les tumeurs carcinoïdes ayant un Ki67 > 5% soient plus susceptibles d’être des CA. La recommandation est de poursuivre les recherches avant d’incorporer le KI-67 à la classification des tumeurs neuroendocrines pulmonaires. Cependant, une étude récente [24] a rapporté que le Ki67 peut améliorer la prédiction de l’issue de la maladie sans avoir toutefois de réel impact supplémentaire sur le diagnostic histologique alors que d’autres études proposent une classification en 3 grade basée sur le Ki67 [25] et suggère un intérêt pronostic .

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