Interprétation des résultats

Interprétation des résultats

Nous nous sommes demandé, à la suite de nos recherches sur les notions de représentation, de handicap et de compensation, si la représentation de la ville pouvait être influencée par le handicap et si le fauteuil roulant, chez les personnes en situation de handicap moteur, pouvait entrainer des spécificités dans cette représentation. Suite à nos enquêtes, nous pouvons donner deux éléments de réponses : tout d’abord, il semblerait que les personnes en fauteuil roulant se représentent la ville à travers son accessibilité. Ensuite, il paraitrait que le fauteuil soit la cause des difficultés rencontrées dans la ville, et donc la première cause de spécificités dans la représentation de la ville. Comme nous l’avons vu dans la partie précédente, les travaux de Lynch ont montré que les personnes percevaient la ville à travers cinq éléments : les voies, les limites, les nœuds, les points de repère et les quartiers. Dans les cartes mentales réalisées par des personnes en fauteuil roulant, nous avons pu mettre en avant ces éléments. Nous avons également remarqué que tous les interviewés ajoutaient, sur leur carte ou dans le discours l’accompagnant, la notion d’accessibilité. De plus, lors des entretiens, l’accessibilité a été un des premiers sujets abordés, souvent avant même que nous commencions à poser des questions précises. Elle semble donc prendre une place très importante pour eux et encore plus quand on parle de la ville. En effet, nous avons vu dans l’analyse que la partie « espace », dans laquelle était largement abordée l’accessibilité, était l’une des catégories les plus abordées (elle représente jusqu’à 50 % du discours d’une personne). Tout d’abord, se représenter un lieu en fonction de son accessibilité, c’est remarquer tous les défauts d’accessibilité qui peuvent faire obstacle au cheminement, au passage du fauteuil. Les plus couramment repérés sont ceux en lien avec les trottoirs : leur faible largeur, leur trop important devers, ou encore les bateaux mal placés ou simplement absents

. D’autres obstacles, comme nous l’avons vu dans la partie précédente, peuvent être en lien avec les comportements des autres usagers de la ville, qui garent leur voiture sur un trottoir ou y laisse leur poubelle, ce qui ne laisse pas une largeur suffisante au passage d’un fauteuil roulant. Claude explique d’ailleurs qu’il est souvent obligé de descendre du trottoir et de rouler sur la route dans ces cas-là : « ça posait souvent problème, *…+ c’était le long du trottoir, parce que souvent les personnes qui étaient à la pêche ou des choses comme ça, c’étaient des voitures qui étaient garées sur le trottoir, donc bah à chaque fois ça bloquait, je passais sur la route et y a pas de bateau nul par pour descendre pratiquement ». Ce n’est ici qu’un exemple mais toutes les personnes interrogées nous on fait remarqué qu’elles devaient rouler sur la route régulièrement à cause d’un trottoir non accessible ou d’un manque de civisme.

 Remarquer tous les défauts

Nous venons de mettre en avant le fait que la ville était représentée par les personnes en fauteuil roulant à travers ses lieux non-accessibles. Cependant, un autre point a été relevé par Nicolas, qui explique : « Bah ça c’est sûr que la ville on la voit différemment. Quand j’arrive dans une rue je peux vous dire quasiment instantanément où sont les bateaux, où je peux traverser, si le trottoir il est assez large ou pas ». Ainsi dans la pratique quotidienne, le « non-accessible » est utilisé et analysé pour mettre en avant les cheminements qui vont être praticables en fauteuil. Les personnes en fauteuil roulant vont donc remarquer très précisément les endroits où ils peuvent se rendre sans difficulté, mais également les lieux qui vont être totalement inaccessibles. Ces deux points se complètent pour former une image de la ville qui va se former en fonction de son accessibilité. Lors de la pratique de la ville, des itinéraires accessibles sont par conséquent plus ou moins préparés, déterminés. Est alors mis en avant le problème de continuité de l’accessibilité, notamment relevé par Jeanne : « Le problème dans les déplacements c’est la continuité des déplacements pour aller d’un point A à un point B. *…+ Si on trouve pas il y a deux solutions : soit on joue les casse-cou en passant sur la route à pied, ou alors on fait demi-tour. Voilà. C’est vraiment ce problème de continuité qui pose problème ». La spontanéité *est ce qui le gêne le plus dans ses déplacements de tous les jours+. *…+ Parce que si j’habite en ville ême, comme vous je vais me rapprocher du réseau urbain, ce qu’on appelle l’hyper-centre, la zone plane de la ville. Donc là je pourrais être en effet relativement mobile. Mais dès que je vais vouloir monter au Nord, ou au sud, là je vais commencers difficultés ».</p à avoir quelque>

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