Introduction à l’étude de la « lèpre » dans le Lévitique

Introduction à l’étude de la « lèpre » dans le Lévitique

Les deux chapitres de la Bible que nous allons étudier et essayer de comprendre doivent être replacés dans le contexte du Lévitique, et plus généralement de la Torah. Pour cela, nous donnerons d’abord quelques éléments sur le Lévitique et sa structure, ainsi que sur l’exégèse historico-critique de ce livre ; ensuite nous envisagerons la lecture hebdomadaire de la Torah de l’Antiquité à nos jours et, bien évidemment, celle des passages qui nous intéressent ; puis nous parlerons des problèmes de pureté avant de terminer par une étude philologique des termes « techniques » utilisés pour décrire la « lèpre » biblique, dont nous verrons que la traduction est loin d’être évidente. Le livre du Lévitique n’est pas d’un abord facile. Pour beaucoup de lecteurs actuels, le contenu en parait anachronique, rébarbatif et plutôt déroutant avec ses rituels, ses sacrifices et ses notions de sacré et de sainteté, de pur et d’impur. Pourtant, ce livre fait partie des premiers textes étudiés dans les yeshivot110 ; c’est le cas depuis l’Antiquité, puisque même Rabbi ‛Aqiva l’a étudié comme tend à le démontrer la tradition suivante : Quels furent les débuts de Rabbi Aqiba ? On dit qu’à l’âge de quarante ans, il n’avait encore rien étudié (il était issu d’une famille de prosélytes) […]. Il se tourna sans attendre vers l’étude de la Torah. Il partit avec son fils et ils se présentèrent devant un premier maitre. Rabbi Aqiba lui dit : Maitre, enseigne-moi la Torah. Rabbi Aqiba prit l’extrémité d’une tablette d’argile et son fils prit l’autre.

Le maitre leur y écrivit l’Aleph-Beth et il l’apprit ; puis l’Aleph-Tav et il l’apprit ; le livre du Lévitique et il l’apprit. Il continua à étudier jusqu’à ce qu’il ait appris la Torah toute entière111. Contrairement aux autres livres du Pentateuque, l’aspect narratif y est pratiquement absent, ce qui rend sa lecture encore plus aride. Le Lévitique est le troisième livre du Pentateuque et, dans la tradition juive, il est désigné, comme pour les autres livres de la Torah, par son premier mot hébreu significatif, wa-yiqra (ארקיו), « Il (Dieu) appela », ce qui ne renseigne pas vraiment sur son contenu. Mais, son autre dénomination rejoint l’intention du titre grec : sefer torat ha-kohannim ou livre de la loi (ou de l’instruction) des prêtres112. En effet, le Lévitique (de Leuitikon biblion, titre donné par les traducteurs de la Septante) doit son appellation au terme « lévite », prêtre hébreu, lui-même dérivé du nom de la tribu de Lévi113, et certainement pas à la présence plus que fugitive des lévites114 en « dédié, dévoué » au service du Temple.) du peuple d’Israël (Exode 28, 1), et sa fonction est devenue héréditaire (Exode 29, 9). Les kohannim sont donc un sous-ensemble de la tribu de Lévi, descendants d’Aaron. Eux seuls sont admis à s’approcher de l’autel (Exode 28, 43, Exode 30, 20, Exode 40, 32, Lévitique 9, 7 et Nombres 18, 3), et à accomplir les rites sacrificiels les plus importants, tels ceux concernant le sang des bêtes sacrifiées ou la combustion des parts réservées à Dieu. Les autres membres de cette tribu, qui n’a pas reçu de territoire au moment de l’entrée des Hébreux en terre promise, les lévites donc (membres de la tribu de Lévi qui ne descendent pas d’Aaron), remplissaient les emplois subalternes : ils étaient les gardiens et les serviteurs du Sanctuaire. Dans le désert, ils campaient auprès du tabernacle et en transportaient les diverses pièces. Plus tard, une de leurs principales fonctions fut de chanter, dans le Temple, les louanges à Dieu. Dans la suite de l’exposé, nous utiliserons le terme lévite (lévites) pour désigner les membres de la tribu de Lévi, et celui de lewi (lewiyyim) quand il s’agira de prêtres.

son sein (seulement quatre occurrences situées en Lévitique 25, 32 – 33 contre cinquante- neuf dans le livre des Nombres). Son contenu, qui doit être compris comme un « enseignement sacerdotal », met l’accent sur la sainteté de Dieu et sur le code selon lequel son peuple devrait vivre pour devenir saint115. Son but est d’enseigner les préceptes moraux et les vérités religieuses de la loi divine au moyen du rituel ; car la terre où vivent (vivront) les Hébreux, appartenant à Dieu, est une terre sainte qui ne doit pas être profanée par une impureté. Cette terre, sacrée, est assimilée au Temple et l’impureté doit en être éloignée : un homme impur ne peut entrer au Temple ou consommer des sacrifices. On peut donc, à certains égards, le considérer comme un manuel à l’usage des prêtres, qui leur aurait servi de guide dans l’exercice de leurs fonctions, non seulement pour le service du Temple, mais aussi pour conseiller et résoudre les problèmes posés au peuple par l’observation des commandements. Mais il ne faut pas en déduire pour autant que ce livre soit sans intérêt pour les non-prêtres116.

 

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