Investissements directs étrangers : les approches théoriques et les déterminants

« L’investissement direct étranger est effectué dans le but d’acquérir un intérêt durable dans une entreprise exerçant ses activités sur le territoire d’une économie autre que celle de l’investisseur. Le but de ce dernier étant d’avoir un pouvoir de décision effectif dans la gestion de l’entreprise » FMI, (1993), Balance of Payment Manuel, p.6 .

Le phénomène de la mondialisation constitue un processus complexe qui a bouleversé la société internationale à travers l’évolution rapide de l’économie de marché et l’accélération de l’internationalisation dans l’espace mondial. Ce phénomène est apparu pour favoriser l’intégration et la libéralisation des économies en assurant le démantèlement des frontières physiques et réglementaires faisant obstacle aux échanges entre les nations. La mondialisation se manifeste à travers la mobilité internationale des firmes et des facteurs de production mis en œuvre dans un contexte international. Ainsi, l’avènement de ce phénomène a encouragé à surmonter les distances qui paralysaient ces mouvements des facteurs de production et des biens et services. Selon Mucchielli (2005) , trois changements intéressants ont stimulé ce nouveau contexte et ont créé le phénomène de la mondialisation grâce à leurs interactions et leurs intensités:

– La libéralisation des mouvements de capitaux par les Etats ;
– La déréglementation, la privatisation et l’ouverture de nouveaux marchés aux échanges et aux investissements ;
– L’expansion des technologies de l’information et de la communication.

De nouvelles voies de financement de la croissance sont apparues avec le développement des échanges commerciaux, la globalisation financière, l’augmentation des flux financiers internationaux, la multiplication des accords régionaux et l’expansion des firmes multinationales.

La notion de la mondialisation est définie par Mouhoud comme « l’accélération sans précédent de la liberté de localisation des firmes dans l’espace mondial ». L’auteur a précisé cinq composants en termes d’intensité et d’évolution qui sont : « 1) les délocalisations des activités impliquant ou non les investissements directs à l’étranger (IDE) ; 2) les flux commerciaux de biens et services entre les filiales des firmes ou entre firmes, et les échanges de biens intermédiaires ; 3) les flux financiers ou de capitaux à court terme ; 4) les flux de connaissances et de technologies ; 5) les migrations internationales de travailleurs qualifiés et peu qualifiés ».

Selon cette définition, nous pouvons remarquer que les investissements directs étrangers (IDE) sont apparus comme le principal composant de la mondialisation. D’ailleurs, plusieurs autres études ont insisté sur l’importance du rôle de l’IDE qui apparaît l’un des principaux moteurs les plus puissants de la mondialisation. Ceci est justifié par l’ancien directeur de l’OMC, Mr Renato Ruggiero, qui a déclaré que « l’investissement direct étranger est devenu un moteur essentiel de la mondialisation». Il a mis l’accent sur le rôle important des IDE dans la création d’une relation solide et durable entre les pays et l’économie mondiale.

Le phénomène d’IDE ne cesse de se développer. La croissance spectaculaire et l’afflux très intéressant de ce type d’investissement durant ces dernières années constituent un phénomène frappant de l’économie mondiale. L’évolution des mouvements de la délocalisation se développe malgré la méfiance de certains pays en voie de développement de ce phénomène de la délocalisation. La cause principale de cette suspicion c’est d’avoir considéré les IDE comme le facteur dominant qui réduit le bien être social du pays d’accueil. Cependant, durant ces dernières années, il y a eu un changement radical et très remarquable de l’attitude des pays en voie de développement vis-à-vis de ce phénomène. Ainsi, la politique d’attraction des IDE a remplacé le comportement de méfiance des mouvements de la délocalisation.

La notion d’attractivité des territoires apparaît au cœur des caractéristiques de la mondialisation. Plusieurs Etats sont « aujourd’hui au cœur de la disjonction territoires nations. Ils cherchent à réguler et développer des territoires nationaux notamment par une attractivité des firmes… ». (Hugon P, 1997) .

La problématique de l’attractivité est devenue au centre des préoccupations centrales aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voie de développement. On entend par politique d’attractivité des IDE toute action qui a pour but d’attirer les investisseurs étrangers sur le territoire national. Ces investissements sont censés créer des postes d’emplois supplémentaires, transférer des nouvelles technologies et des nouveaux modes de gestion, générer de nouvelles explorations. Une autre définition de l’attractivité aux IDE peut être avancée comme suivant : c’est l’ensemble des différentes politiques économiques, financières, fiscales, douanières et institutionnelles que les autorités ont élaboré dans le but de rendre leurs régions plus attractives aux investissements directs étrangers.

Hatem (2004) a défini l’attractivité des territoires comme suit : « c’est la capacité pour un territoire d’offrir aux acteurs des conditions qui les convainquent de localiser leurs projets sur leur territoire plutôt que sur un autre ». Selon l’OCDE (2005)  , l’attractivité des territoires est « la capacité d’attirer de la main d’œuvre qualifiée et des compétences comme des moyens pour favoriser le développement économique de la régénération urbaine».

La notion d’attractivité des territoires est reliée essentiellement à la capacité d’attirer les investissements étrangers, d’assurer et de maintenir leurs installations, de bénéficier de leurs externalités positives et d’en faire profiter les entreprises locales. En fait, dans un contexte de mondialisation, le phénomène d’attractivité des territoires repose sur une série d’avantages compétitifs de la localisation pour offrir « un terrain homologué ». Selon Michalet (2007) : la dynamique de la mondialisation exacerbe la compétitivité entre les firmes…Elle met aussi en rivalité les économies nationales en tant que territoires spécifiques…Il s’agit donc d’augmenter l’offre d’avantages compétitifs pour répondre à la pression concurrentielle » .

La plupart des pays, en optant pour l’intégration dans l’économie mondiale, ont déployé tous leurs efforts non seulement pour être attractifs et « séduire » plus des firmes multinationales, mais aussi bénéficier des externalités de la localisation de ces firmes sur leur territoire. Michalet (1997) considère que « le renforcement de l’attractivité des nationaux pour les investissements étrangers est devenu, depuis la fin des années 80, le nouvel impératif des politiques industrielles, au Nord comme au Sud ».

Plusieurs mesures d’incitation et d’encouragement ont été adoptées afin de faciliter l’implantation et d’assurer un environnement attractif propice tant aux investisseurs locaux qu’à ceux provenant de l’extérieur du territoire. Mucchielli et al. (2000) ont distingué trois instruments qui sont mis à la disposition des Etats dans le but d’attirer les IDE :
– Les différences de niveaux d’imposition sur les sociétés
– Les incitations à l’investissement
– Les mesures d’aménagement du territoire .

Cependant, Mucchielli et al. ont insisté sur la nécessité de ne pas séparer les deux dimensions importantes qui sont « l’attractivité réelle » et « l’attractivité artificielle ». En effet, le premier terme est relié à la différence des coûts comparés, les infrastructures, les voies de communications…Concernant alors le deuxième terme, il est en relation avec les cadeaux fiscaux, aux subventions à l’implantation…

Pour Michalet (2007), il est nécessaire de mettre à disposition « un terrain de manœuvre homologué » qui contient des règles de jeu standards appelées « level playing field ». Cet auteur affirme que « le climat des affaires doit obéir partout aux mêmes critères juridiques et institutionnels…ce qui ne signifie pas de faire disparaître toutes les disparités économiques, sociales ou culturelles qui tiennent à l’existence ancienne des espaces nationaux » .

Michalet (1999) a identifié quatre volets nécessaires à la construction de l’attractivité des territoires afin d’accéder au rang des pays attractifs :
– La construction de l’image du territoire
– Les services aux investisseurs potentiels
– Le ciblage des investisseurs potentiels
– Les incitations financières .

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE 1 – INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS : LES APPROCHES THEORIQUES ET LES DETERMINANTS
INTRODUCTION
SECTION 1 – LE FONDEMENT THEORIQUE DES INVESTISSEMENTS DIRECTS A L’ETRANGER
SECTION 2 – LES DETERMINANTS DES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS SELON LES APPROCHES MICRO-ECONOMIQUES ET MACRO-ECONOMIQUES
CONCLUSION
CHAPITRE 2 – LES POLITIQUES D’ATTRACTIVITE DES INVESTISSEMENTS ET LA RELATION ENTRE LES FIRMES ET LES TERRITOIRES
INTRODUCTION
SECTION 1 – LES APPROCHES DE L’ATTRACTIVITE DES TERRITOIRES
SECTION 2 – LES FACTEURS DE L’ATTRACTIVITE DES TERRITOIRES
SECTION 3 – LA COMPETITIVITE TERRITORIALE
CONCLUSION GENERALE

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