La commission des affaires culturelles

LA COMMISSION DES AFFAIRES CULTURELLES

La mission a été très intéressée par les nombreuses initiatives qui fleurissent au Canada dans cette direction. On citera par exemple « Les scientifines », association qui s’adresse aux jeunes filles de milieux défavorisés de certains quartiers de Montréal pour susciter chez elles un intérêt pour les sciences et les nouvelles technologies et les aider dans l’apprentissage de ces matières afin de prévenir le risque de décrochage scolaire et d’encourager la poursuite des études. Les animatrices de cette association, que la mission a rencontrées, font le constat qu’il faut déconditionner les filles et les rassurer pour développer leurs compétences en sciences car, spontanément, elles ne s’affrontent pas à un problème si elles ne sont pas sûres d’avoir la réponse. Les thèmes étudiés sont inspirés par le vécu des élèves (Halloween et les chauves- souris) ou l’actualité (les ouragans, le réchauffement de la planète). Ici les sciences sont utilisées comme outil d’intégration sociale.

l’apprentissage des mathématiques et aux croyances et préjugés véhiculés par la famille, l’école et la société qui les détournent des études scientifiques. Au Québec comme en France, les performances scolaires des filles y compris en sciences et en mathématiques sont équivalentes voire supérieures à celles des garçons et pourtant elles choisissent beaucoup moins souvent que les garçons d’étudier et de faire carrière dans les domaines scientifiques, particulièrement les sciences appliquées, l’ingénierie et l’informatique. Ces constats font écho à ceux exprimés par de nombreux interlocuteurs de la mission en France, notamment Mme Marie Reynier, directrice générale de l’École nationale supérieure des arts et métiers (ENSAM). Elle a constaté à l’occasion d’enquêtes réalisées parmi les étudiants que l’image de l’école qu’elle dirige est très liée à celle de l’usine, ce qui n’attire guère les filles… En outre, de nombreux pères, qui ont connu les restructurations dans leur vie professionnelle pensent que leurs filles supporteraient mal d’être bousculées de la sorte.

C’est ce que fait aussi, à un autre bout de la planète, l’association pour la formation des femmes aux mathématiques et aux sciences en Afrique (FEMSA). Cette ONG africaine, soutenue par l’UNESCO se propose d’améliorer la participation et les résultats des filles dans les matières scientifiques et technologiques, pour le primaire comme le secondaire. Elle a créé des centres nationaux qui contribuent au renforcement des capacités du corps enseignant et offrent un espace de réflexion aux scientifiques femmes. Elle organise également des clubs et des stages pour les filles, des concours et des expositions. Des études menées par la FEMSA ont montré que les filles s’approprient mieux les connaissances scientifiques lorsque l’enseignement est concret. Un bilan du programme de la FEMSA en Tanzanie a révélé qu’en cinq ans, le nombre de filles du secondaire inscrites dans les matières scientifiques a beaucoup augmenté.

signification particulière, adaptée de la figure complexe de Rey(6). On explique à un premier groupe qu’il s’agit d’évaluer les compétences en géométrie et à l’autre les compétences en dessin. Les résultats montrent bien un écart important entre les bons élèves et ceux qui sont en échec lorsque l’épreuve est intitulée « construction d’images en géométrie », alors qu’il n’y a pas de différence lorsqu’elle est présentée comme une évaluation en dessin. Une seconde expérience complète la première. Cette fois on prend 40 élèves de 6ème/5ème, des deux sexes, tous en réussite en géométrie, avec au moins 14/20 au deuxième trimestre, juste avant l’étude. On applique la même procédure mais en remplaçant la condition dessin par une condition plus explicitement ludique : « Jeu de mémoire». Dans la condition géométrique, les résultats des garçons sont meilleurs, tandis que dans la condition dessin, les filles l’emportent très largement. Le chercheur en déduit que pour réussir en mathématiques et plus généralement en sciences, les filles du secondaire mais aussi du primaire doivent faire face à un obstacle, ancré dans le stéréotype de genre, auquel ne sont pas confrontés les garçons. Les enfants connaissent très tôt ces stéréotypes et il y a donc sans doute un travail important à faire dans l’environnement scolaire pour les faire tomber.

On peut citer ici quelques réflexions édifiantes de deux jeunes lycéennes reçues par la mission. La première, élève de seconde, a déclaré à propos de la physique: « Pour vous donner un exemple, on nous a rendu ce matin un contrôle auquel j’ai eu 6 sur 20. On nous avait demandé de calculer la masse de l’atome et de dire le nombre de protons, mais on ne sait rien de ce qu’est un atome ». Elle ajoute un peu plus loin qu’elle préférerait passer des heures à manipuler plutôt qu’à faire des calculs de puissances. La seconde est élève de première littéraire et ce qu’elle dit corrobore tout ce que la mission a entendu en France et à l’étranger : « J’aimais bien les mathématiques et les sciences mais quand nous avons commencé à apprendre la physique et la chimie, et alors que le collège était équipé de grandes tables de travaux pratiques, nous n’avons eu qu’une ou deux séances dans l’année ; tout le reste a été fait sous forme de cours théoriques. Au collège, j’arrivais encore à comprendre mais, au lycée, il n’y a plus eu que des cours théoriques, sans travaux pratiques du tout ; on n’y comprenait rien. Pourtant, ça m’intéressait, j’ai fait des efforts, mais j’ai eu trois professeurs différents et plutôt que d’expliquer les choses, ils les ont compliquées ».

 

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