La construction d’un rapport identitaire et culturel et la mobilisation de normes et de valeurs dans les discours

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Les situations de communications : objets et moments de la recherche

Initialement, ma conception et mon approche du terrain s’appuient essentiellement sur le travail d’habilitation à diriger des recherches de Joëlle Le Marec. Elle écrit ainsi (Le Marec, 2002, p. 15) : En sciences de la communication, les pratiques de communication sont à la fois le dedans et le dehors de la pratique scientifique. Elles en sont le dedans à double titre : elles sont constituées en objet et constituent des techniques permettant d’étudier ces objets. Elles en sont le dehors car elles remplissent le quotidien de la circulation des savoirs communs sans aucun besoin ni souci de la référence à la scientificité : la communication est tout à la fois l’objet, la méthode, et l’extérieur de la méthode, le monde de sens commun contre lequel elle se pose. » (Le Marec, 2002)
J’aborde le terrain comme « un ensemble de situations où ce ne sont pas les choses inscrites qui constituent des représentations, mais les choses en train d’être construites dans les communications, encore indécidables quant à ce qu’elles vont « donner » ou pas au bout du compte » (Le Marec, 2002, p. 26). Je rejoins en cela l’idée de Grounded Theory de Strauss, reprise par Kaufmann :
Un tel mode de construction de l’objet est typique des méthodes qualitatives, qui sont confrontées à la très grande richesse informative du terrain : la problématisation ne peut être abstraite de ce foisonnement. […] Il en résulte une théorie d’un type particulier, frottée au concret, qui n’émerge que lentement des données. Ce qu’Anselme Strauss (1992) appelle la Grounded Theory, la théorie venant d’en bas, fondée sur les faits. » (Kaufmann, 2008 ; p.24)
L’idée de la « grounded theory » est reformulée par Le Marec (2002), qui lui donne une portée nouvelle, absente chez Kaufmann, pour la construction d’une connaissance scientifique de l’objet de recherche :
Selon cette conception, éloignée de l’ethnométhodologie, il ne s’agit pas d’aller chercher ses concepts dans le terrain, lequel resterait alors identifié à une sorte de vrai monde où sont les vrais acteurs et où se pensent vraiment les choses vraies, mais de se situer le plus longtemps possible dans la zone de confrontation entre la réaction de l’observation au questionnement et la réaction du questionnement à l’observation, sans précipiter la conceptualisation mais sans y renoncer non plus, avec prudence, patience, en évitant les points d’appui fournis par les positions analytiques trop critiques ou les modélisations trop affirmées. » (Le Marec, 2002 ; p. 26)
Si la construction d’un savoir scientifique, auquel je souhaite parvenir, s’appuie ainsi sur le terrain, je ne pars pas pour autant de l’idée d’une continuité avec le sens commun d’où proviendrait la connaissance scientifique par une rupture épistémologique douce voire absente, « donnant à voir le thème de l’enquête de façon toujours plus éloignée du regard spontané d’origine ; mais sans jamais totalement rompre avec lui » (Kaufmann, 2008, p. 24). Je suis au contraire convaincue de la nécessité d’une attention particulière à un certain désir de scientificité, tel que l’affirme Le Marec (2002) :
Il faut absolument préciser d’emblée qu’il ne s’agit pas de promouvoir une approche compréhensive et détendue au service d’un type de savoir social qui ne prétendrait à aucune singularité, contre toute espèce de prétention à l’objectivation. Car pour prétendre faire le métier de chercheur, il faut bien se soutenir d’un désir de scientificité collectivement assumé à un moment donné, ce qui implique d’une manière ou d’une autre la volonté d’instaurer une coupure épistémologique, quels que soient les aménagements très nombreux dont a bénéficié la notion en sciences humaines. » (Le Marec, 2002 ; p. 15)

La scientificité du savoir construit

Dans sa leçon inaugurale au Collège de France en mai dernier (le texte intégral avec l’appareil de notes, ainsi que l’enregistrement sont en ligne), Claudine Tiercelin a défendu plusieurs positions sur la pratique de la science, qu’elle soit “exacte” ou “humaine”, qui me semblent des conditions nécessaires à toute recherche, et même des exigences : l’incertitude fondamentale de la science conçue comme enquête toujours révisable, la mise en commun des intelligences et des paroles dans des lieux où se conjoignent l’enseignement et la recherche, et la pratique de la vérité de la part du chercheur, indispensable à sa liberté de penser […] » (Paveau, 4 février, 2012)
La mise en œuvre d’une démarche de recherche en sciences humaines vise à rompre avec une connaissance spontanée (Bachelard, 1993), et qui peut sembler évidente, de l’objet choisi, ainsi que l’exprime Le Marec et Babou (2004) :
Ce qui peut caractériser les sciences humaines et sociales et plus particulièrement les sciences de la communication, c’est qu’elles traitent de thèmes qui font déjà l’objet de multiples discours sociaux qui créent le sentiment qu’on en sait déjà toujours bien assez, et même presque trop, à leur sujet. On est à l’opposé de la figure du besoin de connaissance qui serait suscité par la curiosité pour l’inconnu ou l’exceptionnel. Il faut sans cesse cultiver une curiosité volontariste pour des objets trop connus. » (Le Marec et Babou, 2004 ; p.5)
Ce qui s’avère d’autant plus nécessaire quand il s’agit de faire de la recherche sur la recherche. Pour Latour et Woolgar (1996, p. 24) c’est également la trop bonne connaissance qui pourrait être un obstacle :
Mais comment maintenir la distance et l’indépendance quand on est soi-même un chercheur, un Occidental, un intellectuel ? Quelqu’un peut-il être assez ignorant des sciences pour jeter un regard vraiment neuf sur l’activité savante ? » (Latour et Woolgar, 1996)
Ils choisissent d’évacuer cette difficulté par l’adoption d’une posture d’étranger au laboratoire. Celle-ci paraît discutable si l’on considère au contraire que les chercheurs, quelque soit leur discipline, sont pris dans des enjeux semblables du fait de la structuration institutionnelle de la recherche : évaluation, fonctionnement par projet, etc. (Le Marec et Babou, 2008). Nous verrons comment le regard peut être assumé en tant que non ignorant (voir Itinéraire 3), et comment, aiguisé par l’approche communicationnelle, il peut proposer une autre perspective sur la pratique de recherche.
Je choisis ici délibérément et je suis particulièrement attentive à ne pas transposer un modèle de scientificité issu des sciences de la nature à mon travail, afin de prendre en compte la spécificité des questionnements et de modes de construction de la connaissance de la recherche en sciences humaines et sociales, et plus particulièrement en sciences de l’information et de la communication. Je me reconnais ainsi dans la définition de J. C. Passeron de ce qui confère scientificité et véricité aux sciences sociales, et partage l’idée de fonder l’élaboration de connaissances scientifiques dans un « va-et-vient » entre empirie et théorie :
Les sciences sociales sont définies par J. -C. Passeron comme indexées à des contextes. […] Ce mode d’explication repose sur la compréhension d’une action en situation et s’oppose au mode explicatif des sciences nomologiques. Ces dernières ont en effet pour but de produire des lois. Les procédures de vérification de ces lois ont été définies par K. Popper. Une loi, pour être vraie, doit être falsifiable. J. -C. Passeron tente précisément d’attribuer un autre « régime de scientificité » aux sciences sociales en faisant de la falsifiabilité une procédure de vérification inadéquate, dans la mesure où les événements du cours historique du monde, ne sont pas réitérables. Les sciences sociales reposent sur un va-et-vient entre empirie et théorie (les faits construits ont force d’exemples ou de contre-exemples de la théorie), tandis que les sciences nomologiques se fondent sur un rapport des faits aux lois établies (les faits ne font que confirmer ou infirmer une loi). » (Souloumiac et Fossier, 2003)
Je refuserai par exemple d’utiliser la notion de « biais » dans mes entretiens, dans la mesure où c’est encore une fois la globalité de la situation de communication qui constitue mon objet de recherche. Ainsi comme l’explique J. Le Marec (2002, p. 15-16) :
Cette situation rend par exemple intenable le recours à la notion de biais pour tenter de dissocier dans l’enquête ce qui relève de la situation de communication sociale et ce qui relève de l’instrumentalisation de cette situation à des fins de recueil de matériau sur les communications sociales. […] Cependant, faire entrer dans le champ de la méthode les pratiques de communication mobilisées par la recherche, ne consiste en aucun cas à instrumentaliser ces pratiques de communication pour les transformer en nouvelles techniques (d’enquête, de conduite de la recherche, d’interprétation). Il s’agit en revanche de rendre explicites et discutables collectivement certaines de ces pratiques de communication, dans la mesure où elles font partie de l’activité scientifique. Dans cette perspective, c’est la méthode qui intègre de la communication, et non les communications qui sont convertibles en techniques. » (Le Marec, 2002)
Je verrai plutôt un gage de scientificité dans la place que je donne à l’interprétation et dans le renoncement à une objectivité « pure », assumée dans la démarche de recherche mise en œuvre, et intrinsèque aux objets non contrôlés, humains et complexes des sciences humaines et sociales, et plus particulièrement aux situations de communication étudiées (Le Marec, 2002, p. 18) :
La mixité des savoirs mobilisés ne vient pas que du chercheur, elle vient du terrain elle-même, des situations dans lesquelles il est plongé. Sur le terrain, le chercheur ne peut maîtriser la signification des situations de communications, qui engagent d’autres acteurs que lui-même, et dont le sens global ne peut être revendiqué par une seule des parties. Le chercheur est obligé de renoncer à cette part manquante, perpétuellement. L’interprétation lui permet de reconstruire un texte cohérent, un point de vue – parfois une multiplicité de points de vue, toujours eux-mêmes reconstitués d’un point de vue privilégié. Mais il ne peut faire en sorte que les communications sur le terrain ne soient pas toujours beaucoup plus que du recueil de matériau, ou plutôt, qu’elles soient avant tout autre chose sur le moment, autre chose dont la signification ne dépend pas que de lui, en tant qu’acteur social n’ayant nulle priorité sur l’interprétation de la situation sur-le-champ, sinon son cadrage préalable et son interprétation ultérieure. » (Le Marec, 2002)
C’est au niveau de cette interprétation ultérieure que la connaissance scientifique se construit, que l’intersubjectivité s’élabore, par la confrontation à d’autres terrains, à d’autres travaux, et par la mise à l’épreuve des concepts élaborés dans un aller-retour permanent au terrain, et sans prétention à la catégorisation exhaustive de tous les éléments observés (Le Marec, 2002), au risque de céder à un réductionnisme desservant la pertinence de l’interprétation.

La construction d’une posture de chercheur

Dès lors que le chercheur se considère comme partie prenante de la situation de communication qu’il étudie, deux questions principales se posent à lui : celle de la relation enquêteur-enquêté établie et en évolution au cours de l’entretien, et celle plus large de sa relation au terrain. Afin de construire une posture de chercheur, et d’aboutir à une connaissance scientifique, le passage par la réflexivité, tout au long du travail mené, nous paraît incontournable et constitutif de la démarche de recherche.
C’est vrai que la réflexivité est une notion plastique, mais il y a quand même des choses qu’elle n’est pas : simple reflet spéculaire, psychanalyse, récit de soi ; c’est autre chose, ça travaille, ça agit, ça “fait” […] – toutes ces catégories emmêlées sont passionnantes à démêler », M-A. Paveau26
La réflexivité, telle que je l’entends n’est pas l’exigence de symétrie que définissent Latour et Woolgar (1996, p. 27). Elle sera comprise dans un premier temps27 comme le Citation de Marie-Anne Paveau extraite de son commentaire du billet du 1er février 2012, repris dans le billet en ligne « Qu’est-ce que la réflexivité », publié le 12 février 2012, sur le carnet de recherche Les Espaces réflexifs mouvement, l’acte28 permettant de prendre conscience de la perspective depuis laquelle on parle, avec quels présupposés (postulats, hypothèses), quels a priori, suivant quelles valeurs implicites, selon quelles normes (notamment de communication) intégrées (Jurdant, 2006 ; Le Marec, 2002 ; Le Marec, 2002 ; Durrive, Faury et Henry, 2012 ; Faury et Le Marec, 2012). C’est donc une réflexivité dynamique, qui fait quelque chose à la connaissance, que nous souhaitons mettre en pratique et étudier tout à la fois, de manière, justement, réflexive.

Le « nous » ou le « je »

De “Je” à “Il” il n’y a qu’un “Tu” me direz-vous. Et c’est pourtant un véritable enjeu que de choisir sa place pronominale. » (Messal, 29 janvier 2012)
Je choisis de mettre en œuvre une démarche réflexive : celle-ci exige que je sois capable de situer mon discours si je souhaite en restituer et partager ses conditions de construction. Bien loin d’un besoin narcissique ou d’une forme d’égocentrisme qui m’amènerait à ne pas souhaiter effacer le chercheur face à sa recherche, je considère l’utilisation du « je » plutôt que « nous » comme incontournable et nécessaire, afin de situer la perspective depuis laquelle le chercheur parle.
Cette exigence est réaffirmée par l’objet même de ma recherche : le chercheur-enquêteur, comme les chercheurs-enquêtés, développe un rapport identitaire et culturel aux sciences, du fait de son parcours, de son expérience vécue de la pratique de recherche. De la même manière que la réflexivité m’apparaît comme un processus dynamique, en tant que « pratique active, et modificatrice » (Paveau, 30 mars 2012)

La relation enquêteur-enquêté : la familiarité avec le terrain comme point de départ

A l’opposé de la posture d’étranger, constitutive d’une démarche qui se voudrait ethnographique, je choisis de prendre la familiarité avec le terrain de recherche pour point de départ, à la fois d’un questionnement de recherche et de la relation enquêteur-enquêté (Thiault, 2009). Cette posture se construit à partir de mon propre parcours de recherche (voir encadré page suivante).
Après avoir suivi une formation en biologie moléculaire et cellulaire (Master recherche) et avoir effectué environ un an et demi de stage en laboratoire de recherche, j’ai ressenti le besoin de me distancer de cette discipline pour mieux en percevoir les enjeux dans ses relations entre science et société. C’est assez naturellement que la recherche en sciences humaines est apparue comme le lieu adapté à cette réflexion. Cette obligation, ou en tout cas perçue comme telle, de devoir quitter ma discipline d’origine pour mieux la prendre comme objet de recherche29, n’a pas été sans une rupture avec une certaine conception de la recherche en biologie. Mon propre rapport identitaire et culturel aux sciences est donc loin d’être neutre : les normes et les valeurs sont constitutives de celui-ci.
L’Itinéraire 3 vise à ancrer cette idée de réflexivité dans le terrain, dans la posture de chercheur, dans le rapport enquêteur-enquêté et dans l’analyse de discours, dans la mesure où l’on suppose que cette réflexivité construit ce que nous appelons un rapport identitaire et culturel aux sciences. Terme emprunté à Marie-Anne Paveau, dans son commentaire au billet « Qu’est-ce que la réflexivité », publié le 12 février 2012, sur le carnet de recherche Les Espaces réflexifs.
Calbérac, Yann et Faury, Mélodie (6 février 2012) “Parcours de la réflexivité”. Espaces réflexifs [carnet de recherche]. Consulté le 17 février 2012. http://reflexivites. hypotheses. org/440
Le travail de thèse présenté ici constitue en quelque sorte le résultat d’un cheminement: de l’identité de « biologiste » à celle de « chercheur en étude de sciences »30.
Si la communauté « S. T. S. » peut un jour déboucher sur la définition d’une identité commune de ses membres, je dirais que l’un des traits majeurs de cette définition fera sans doute référence à leur état d’EXILÉ. S’engager dans « S. T. S. » c’est d’abord sortir d’un champ donné, non pas par incompétence (quoique cela puisse constituer une raison comme une autre, sur laquelle le contrôle ne serait pas plus facile qu’ailleurs !) mais au nom des questions dont on peut se sentir porteur et qui n’auraient pas réussi à s’ajuster à la créativité mise en oeuvre dans le cadre disciplinaire d’origine. Ces questions ne sont pas forcément formulées en clair ; elles peuvent n’exprimer au départ qu’une résistance diffuse à l’emprise qu’une discipline ou une spécialité exerce sur l’esprit de ses membres. Mais n’est-ce pas parce que l’expérience de ces questions sans réponse s’est multipliée à travers les disciplines, que des noyaux « S. T. S. » se sont formés un peu partout dans le monde, donnant aux porteurs de ce « virus questionneur » la possibilité de travailler ensemble ? » (Jurdant, 1984)
Ainsi, pour décliner ce que propose D. Pestre (2006, p. 60), je voudrais dans ce travail oublier la science pour penser la diversité des expériences vécues, dépassant largement l’idée d’une science tournant autour d’une question de recherche et de connaissances, pour envisager comment se construit ou se déconstruit un rapport identitaire et culturel aux sciences par l’épreuve de la pratique chez les acteurs de la recherche rencontrés.
Il importe de comprendre ce que faire de la science veut dire. Le seul exposé de l’état des connaissances, comme cela se pratique dans l’enseignement et dans les émissions de vulgarisation scientifique, ne suffit pas pour comprendre comment elles ont été élaborées. L’image de la science que se construit l’étudiant à partir de ses cours a souvent peu de chose à voir avec la science telle qu’elle se pratique. […] Certains discours de la philosophie qui dégagent une conception générale et universelle de la science et la proposent comme norme à suivre par les chercheurs sont néfastes. D’une part, ils produisent une mystification de la science, bien différente des pratiques effectives ; ils sont de peu d’utilité pour guider concrètement le chercheur dans son travail. Ils offrent une occasion de réfléchir sur la science et d’en modifier le cours, mais ils sont surtout le privilège de ceux qui ont déjà fait leurs preuves et qui ont le loisir de discourir sur la science. D’autre part, cette conception générale de la science, mise en avant pour lutter contre les pseudo-sciences et contre irrationalisme, est si éloignée des pratiques scientifiques concrètes qu’elle perd sa crédibilité. A défaut d’une représentation philosophique proche de ce qui peut effectivement s’observer ou se pratiquer, le chercheur réflexif ou l’observateur extérieur risque d’être conduit vers le pire des relativismes : « s’il n’y a pas une science universelle alors tout se vaut ». » (Vinck, 2007 ; p. 6-7)
Finalement, il paraît nécessaire de lier l’évolution de ma question de recherche à mon activité d’enseignement science-société auprès de biologistes31 tout au long des années de doctorat (monitorat), et à ce que les échanges avec les étudiants m’ont apporté. L’implication Je pouvais dire en début de première année de thèse : « je me sens biologiste ». J’envisageais même alors de revenir à la pratique de la recherche en biologie après ma thèse. Cette affirmation « je suis », « je me sens » est bien sûr plus difficile et nuancée en fin de thèse (sentiment d’appartenance à un nouveau collectif de recherche, identité projetée et différences ressenties avec les interlocuteurs, biologistes, étudiants, etc. ; expérience vécue de la pratique de recherche en sciences de l’information et de la communication, etcetera).
Co-organisation d’une unité d’enseignement de vingt-six heures pour les étudiants en première année de Master Biosciences de l’ENS de Lyon, dans le cadre de mon monitorat dans ce module d’enseignement provient de mes principales préoccupations : donner des outils conceptuels aux futurs chercheurs pour penser leur métier, identifier ce qui relève des choix possibles ou des règles de fonctionnement instituées, pour prendre notamment du recul par rapport à de potentielles désillusions dans la découverte de la pratique, leur donner la possibilité d’identifier les différentes manières possible de faire de la recherche et les inciter à une pratique responsable de celle-ci, en initiant au plus tôt une démarche réflexive au sein de leur cursus de formation.
Plutôt que de « se rendre familier d’un terrain tout en demeurant indépendant et à distance » (Latour et Woolgar, 1996, p. 23), je choisis de chercher à me donner les moyens, par l’approche communicationnelle et par l’inter-subjectivité permise par le collectif, de construire une connaissance non plus immédiate mais scientifique de ce terrain. Il s’agit bien de réfléchir à « la posture du chercheur en sciences humaines et sociales travaillant sur des pratiques de recherche. » (Le Marec & Babou, 2002, p. 7), dans le cadre d’une réflexion plus large, présenté comme un défi pour la communauté des STS par Le Marec et Babou (2002, p. 10) : Comment peut-on prétendre avoir une position d’extériorité en étant des professionnels de la recherche travaillant sur la circulation des savoirs, donc directement sur nos propres valeurs et pratiques ? Comment construisons-nous ces positions d’extériorité ? » (Le Marec et Babou, 2002)
J’essayerai d’esquisser une modeste contribution à cette question fondamentale lorsque je développerai la question de la réflexivité dans la dernière partie de ce manuscrit (Itinéraire 3).
La réflexivité est en effet centrale dans le présent travail, et à plusieurs niveaux. Elle ne se réduit pas à un concept que l’on chercherait à mobiliser pour « rendre scientifique » les connaissances produites. Il s’agira bien plus de parcourir les dimensions réflexives de la communication et de la sociabilité inhérentes à la situation d’entretien (relation d’enquête, posture de chercheur, partage d’implicites, appropriation de la situation d’entretien, etc. ). Je considère ainsi la réflexivité liée chez l’enquêté à la mise en mot, c’est à dire à ce que B. Jurdant appelle l’oralité (Jurdant, 2006 ; Jurdant, 2009), mais j’intègre aussi celle du chercheur dans la démarche de recherche elle-même. De la même façon que les situations de communication sont à la fois objets et pratiques de ma recherche (Le Marec, 2002), j’aborderai la réflexivité à la fois comme un parti pris méthodologique, mis en pratique de manière dynamique, et un objet d’étude dans le cadre du terrain choisi.

Positionnement et démarche de recherche

A mon sens, le problème est du même ordre avec la « science » [qu’avec la Révolution française], un objet à haute valeur symbolique dans notre monde et qui suscite des caractérisations aussi nombreuses qu’affectivement fortes. Car nous sommes marqués par elles deux (la Révolution française et la Science), la question de ce qu’elles sont ne peut pas ne pas être constamment reposée et rouverte. A mon sens, c’est ce à quoi les études sur les sciences ont le plus contribué depuis trente ans : faisant de la science un objet historique, elles ont conduit à ce qu’on oublie la science, objet bien trop chargé idéologiquement », pour pouvoir enfin analyser, comprendre et penser les sciences et les pratiques de science. » (D. Pestre, 2006 ; p. 7)
De cette mise en garde, je retiens tout d’abord l’idée de la charge idéologique de la science. Je ne chercherai pas à répondre à la question de ce qu’est la science, dans une sorte de visée de définition : mon objet de recherche est bien l’investissement de la science par les acteurs eux-mêmes, la charge idéologique dont ils l’investissent et plus précisément l’expression de cette charge dans les discours. Nous ne ferons pas de la science un objet historique, mais bien chargé de valeurs.
Appartenant moi-même aux « acteurs » de la science, on voit immédiatement combien une approche réflexive sur l’initiation de cette recherche et une explicitation de mon propre positionnement sont nécessaires.

Problématique, hypothèses et questions

En quelques mots
Finalement, l’objet de ma recherche se constitue d’abord du sens que les acteurs donnent à leur pratique et du rapport identitaire et culturel qu’ils expriment. Les discours des enquêtés sont alors sont pris comme des discours sur la recherche, élaborés dans une situation de communication à laquelle le chercheur-enquêteur participe.
Mon objet d’étude comporte donc la situation d’entretien au cours de laquelle ces acteurs construisent ce discours sur eux-mêmes et sur leur parcours, ainsi que de l’effet de l’entretien lui-même sur l’actualisation (oralité, réflexivité) de ce rapport identitaire et culturel.
Trois questions transversales
De la problématique initiale et de sa confrontation préliminaire au terrain, je souhaite finalement exprimer trois questions auxquelles je m’efforcerai de répondre et qui structurent mon travail. Elles s’incluent toutes les trois dans la problématique large de la construction d’un rapport identitaire et culturel aux sciences. Ces questions nous aident à concevoir comment rendre intelligibles certains aspects de ce rapport aux sciences, et permettent de rentrer de façon transversale dans l’analyse de l’ensemble des entretiens menés. L’analyse fait parler le terrain et le traitement de ce qui est recueilli sur le terrain évolue lui-même au fur et à mesure de la recherche : il ne s’agit pas de dérouler une méthode préconstruite pour étudier un objet lui-même préalablement identifié. Mon travail de thèse, initié par les questions présentées ci-dessous consiste à articuler la construction synchrone d’une problématique, d’un objet de recherche et d’une méthodologie d’analyse, qui s’alimentent et s’enrichissent mutuellement.
La première question correspond à l’effet de l’expérience vécue de la pratique sur la conception individuelle de ce qu’est et fait la science, la recherche. Il s’agit de comprendre les modalités de l’inflexion ou de la modification d’un rapport culturel et identitaire aux sciences par l’entrée par la pratique de la recherche scientifique telle qu’elle est énoncée par les enquêtés, dans les cadres définis par les protocoles d’entretien utilisés.
La seconde est celle de la relation entre sciences et valeurs. Ce lien est-il perceptible dans les récits de l’expérience vécue de la pratique de recherche ? Comment cette relation est-elle ou a-t-elle été éprouvée par les enquêtés dans leur pratique quotidienne de la recherche ? Le rapport entre sciences et valeurs tel qu’il est vécu individuellement et/ ou collectivement a-t-il une influence sur les parcours de chercheurs ?
La troisième question s’intéresse à la réflexivité dans les discours et dans la pratique de recherche, à son effet sur la construction ou l’actualisation d’un rapport individuel et collectif aux sciences. Trois entrées seront donc privilégiées afin de saisir les modalités de la construction d’un rapport identitaire et culturel aux sciences : au cours de la pratique quotidienne des chercheurs et jeunes chercheurs (expérience vécue de la pratique) ;
en lien avec un rapport aux valeurs dans la pratique de la recherche (sciences et valeurs) ;
au cours de l’entretien lui-même lors de la mise en œuvre d’un discours sur soi et sur sa propre pratique (réflexivité).

Hypothèses méthodologiques

Des moyens empiriques sont développés afin de mettre en place les conditions favorables à l’appréhension sur le terrain du sens que les acteurs donnent à leur pratique, ainsi que les modalités et les inflexions de la construction d’un rapport identitaire et culturel aux sciences.
A quelles conditions peut-on le percevoir dans l’enquête ?
A quel engagement dans la situation de communication cela correspond-il ?
A quelle mise à distance de sa propre pratique cela correspond-t-il ?
Autant de questions qui permettent de cerner les enjeux des protocoles utilisés ainsi que ceux des situations de communications qu’ils rendent possibles.
Hypothèse 1
La première hypothèse méthodologique consiste à considérer que c’est à certains moments spécifiques de la carrière de recherche, notamment au tout début, à la fin, ou encore certains tournants importants, que les chercheurs sont amenés à construire leur identité et un discours sur eux-mêmes ainsi que sur ce qu’ils peuvent représenter pour autrui, à partir de leurs pratiques. En particulier, la nécessité de choisir de s’engager ou non dans une carrière de recherche, ou au contraire d’en partir, favorise également l’émission d’un discours sur la pratique de recherche. Les entretiens sont abordés comme autant de situations amenant à la mise en place d’un tel discours par les enquêtés, encouragés par l’intérêt manifesté par l’enquêteur (Le Marec, 2005).

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1. Que signifie être scientifique ?
2. La question du sens dans les études de sciences et la construction d’un objet de recherche
Ce que les chercheurs font et ce qu’ils disent qu’ils font
Une approche interdisciplinaire de l’objet et une démarche SIC sur le terrain
Délimitation de mon étude
3. La construction d’un rapport au terrain
D’une approche compréhensive sociologique à l’entrée par les pratiques de communication
« Une pratique de recherche irréductiblement empirique »
Les situations de communications : objets et moments de la recherche
La scientificité du savoir construit
4. La construction d’une posture de chercheur
Le « nous » ou le « je »
La relation enquêteur-enquêté : la familiarité avec le terrain comme point de départ
Positionnement et démarche de recherche
5. Problématique, hypothèses et questions
En quelques mots
Trois questions transversales
Hypothèses méthodologiques
6. Délimitation du terrain
Deux opérateurs : le parcours et la distance à la pratique
Définition de la notion de terrain
7. Structure de la thèse
8. Deux principaux objectifs
Itinéraire 1 – Conclusion – Résumé
Itinéraire 2 – Conclusion – Résumé
Itinéraire 3 – Conclusion – Résumé
Résumé de la thès
ITINERAIRE 1 La construction d’un rapport identitaire et culturel par la pratique de recherche – Le cas de doctorants en biologie expérimentale
Introduction – L’expérience de thèse
I. Approche communicationnelle : les pratiques de communication dans les pratiques de recherche des doctorants
1. Cadrage théorique et méthodologique
1. 1. Les pratiques de communication pour rendre compte de la pratique de recherche
1. 2. Les doctorants, une place à part entière dans le laboratoire de recherche
2. Méthode développée : le relevé des pratiques de communication
2. 1. Détail de la méthode utilisée
2. 2. Présentation des doctorants rencontrés
Des doctorants en thèse de biologie expérimentale
Le choix entre une carrière de recherche et une carrière d’enseignement
La prise de contact
Les lieux d’entretien
Prises de notes par les doctorants
– Encarts –
Daniel – Vivre une expérience rédhibitoire, pris entre deux conceptions opposées de la recherche
Florent – Le laboratoire comme lieu de socialisation, où il s’agit de faire ses preuves
Eléonore – Le plaisir des expériences et de la technique, dans un sujet à l’interface
Philippe – Le travail de recherche, un territoire de jeu conquis et maîtrisé
Pauline – Une recherche engagée, inconcevable sans enseignement
Lucie – Ces échanges qui font la science
Axelle – Produire des résultats ne suffit pas
Solenne – Temps, projets et publications au centre de la recherche
Laurent – La thèse, une découverte du fonctionnement de la recherche
II. Pratiques de communication dans la pratique de recherche des doctorants – Résultats
1. Pratiques de communication dans la pratique de recherche des doctorants
1.1. Diversité des pratiques au cours de la thèse
Diversité des moments de la thèse où se déroule l’entretien
1. 2.Travail d’expérimentation à la paillasse
1. 2. 1. Les expériences structurent l’activité du doctorant
A l’échelle de la journée, du mois et des années de thèse
Au centre de nombreuses pratiques de communication
1. 2. 2. Les expériences au centre ou non de l’activité du « vrai » chercheur : quelle conception du métier de chercheur ?
Des rapports différents au temps passé à la paillasse
Selon que les techniques utilisées sont maîtrisées ou non
Selon les contraintes liées à l’objet de recherche
Selon le statut accordé aux expériences
1. 3. Pratiques de communication des doctorants et conceptions de la pratique de recherche
1. 3. 1. Des conceptions différentes de la place des expériences dans le travail de recherche
1. 3. 2. La publication d’articles
1. 3. 2. 1. La publication comme structurant l’activité en « milieu interne »
Obtenir des résultats pour écrire un article
Interagir et répartir les tâches pour l’écriture d’un article
Interagir avec son directeur de thèse pour l’écriture d’articles
1. 3. 2. 2. Perception du fonctionnement de la recherche au-delà du laboratoire et expression d’une certaine conception du travail de recherche
Des équipes de recherche plus ou moins en concurrence
La signature des publications
L’expérience de l’évaluation par les pairs
Le développement de stratégies de publication
Les publications d’un laboratoire comme critère d’évaluation et de choix
1. 3. 3. Les collaborations
1. 3. 3. 1. Les collaborations : mise en place, entretien, relais, fonctionnement, communication
Collaboration et publication
De l’échange de bons procédés à la collaboration
1. 3. 3. 2. La place et le rôle des doctorants dans les collaborations
Mise en place et entretien d’un réseau
2. Le statut du doctorant dans le laboratoire
Le cadre d’un débat sur le statut des doctorants
2.1. La thèse entre apprentissage et activité de recherche
La spécificité d’une formation par la pratique
La particularité des sciences expérimentales
La production de connaissances
Les doctorants : techniciens, étudiants ou jeunes collègues ?
2. 2. Etude de la relation entre le doctorant et son directeur de thèse
2. 2. 1. Relation hiérarchique ou de collègues ?
2. 2. 2. Identification ou rejet : une construction identitaire par la relation au directeur de thèse
2. 2. 2. 1. Identification au directeur de thèse
Entente et qualité de l’encadrement
Ressembler ou vouloir ressembler
Reconnaissance de la légitimité et de l’expérience : un rôle de guide
2. 2. 2. 2. Critique et rejet de la recherche telle qu’elle est pratiquée par le directeur de thèse ou dans le laboratoire
III. Espaces mentaux et temps de la recherche
1. Structuration physique, symbolique et temporelle de l’espace mental
1. 1. L’organisation de l’espace mental de la recherche autour des expériences
1. 2. L’organisation de l’espace mental de la recherche autour du sujet de recherche
1. 3. La structuration de l’espace mental
2. La définition des contours de l’espace mental de la recherche
2. 1. Conception de la thèse et du statut du doctorant
2. 1. 1. L’appropriation d’une posture et la définition des contours de l’espace mental de la recherche pendant la thèse
2. 1. 2. L’attribution d’un espace par le directeur de thèse
2. 2. La conception initiale de la recherche (ou idéal de la recherche) et la configuration de l’espace mental
2. 3. Indexation et transformation de l’espace mental dans le temps
3. La construction d’un rapport identitaire et culturel aux sciences par l’épreuve de la pratique
Imaginaire préalable de la recherche et épreuve de la pratique
Une expérience vécue de la pratique quotidienne de la recherche qui configure
l’espace mental de la recherche
ITINERAIRE 2 La construction d’un rapport identitaire et culturel et la mobilisation de normes et de valeurs dans les discours
Introduction
Les valeurs, incontournables
Rapport aux normes et aux valeurs dans les discours sur la science, constitutif du rapport identitaire et culturel aux sciences
I. Premier mouvement – Etudier les valeurs et les normes dans les discours : la construction d’une approche communicationnelle
1. Construction d’une méthodologie et résultats issus du terrain : voir et comprendre l’expression de valeurs dans les discours
1.1. Valeurs et contre-valeurs : ce qui est prôné versus dénigré
Définition et méthode
Résultats
1. 2. Les valeurs en tant que « champs de motivation »
Définition et méthode
Résultats
2. Discussion épistémologique : retour réflexif sur le rapport aux normes et valeurs dans l’analyse de leur expression
2. 1. Les valeurs existent-elles ?
La question du statut objectif et universel des valeurs
2. 2. Adhérer à des valeurs communes : l’universalité des valeurs en question
2. 2. 1. La raison ou le sens moral aux fondements de l’universalité des valeurs
2. 2. 2. L’intérêt du plus grand nombre au fondement de leur universalité
2. 3. Des valeurs aux jugements de valeur
2. 4. Justification des « agirs » et catégorisation des valeurs
3. Définition des valeurs
II. Deuxième mouvement – Etudier la mobilisation des valeurs et des normes dans les discours
1. Construction d’une méthodologie et résultats issus du terrain : voir et comprendre la mobilisation de valeurs dans les discours
1.1. Les évidences et la normalité
Méthode
Résultats
Les normes implicites : pouvoir, devoir, falloir
1.2. Les conflits de normes et de valeurs
Méthode
Résultats
Les réunions d’équipe, des pratiques normales et normées, en théorie
1. 3. Expérience vécue de la pratique et idéal de la recherche : l’engagement dans un parcours de recherche
Expression de l’idéal : les moments de son expression, pour dire quoi de soi et de sa pratique de recherche
1. 3. 1. Idéalisme et réalisme : confrontation avec les faits et effets sur l’expérience vécue
Des doctorants qui vivent leur idéal
Des doctorants réalistes, qui sont en accord avec leur expérience de la pratique Doctorants désillusionnés
1. 3. 2. Adéquation ou inadéquation entre place souhaitée et attribuée dans l’espace mental de la recherche
1. 3. 2. 1. Une adéquation entre espace attribué et espace projeté, et projection dans le métier de chercheur
1. 3. 2. 2. Inadéquation qui ne remet pas en question l’engagement dans la pratique de recherche
1. 3. 2. 3. Inadéquation qui conditionne une inflexion dans le parcours : aller vers l’enseignement
1. 4. Les manières de dire
La relation enquêteur-enquêté, une relation vivante
Un exemple : le rire, anecdotique, parasite ou signifiant ?
Comment peut-on interpréter les rires ?
Que faire du rire ? Replacer l’émotion et la relation au centre de l’entretien
2. Discussion épistémologique : retour réflexif sur le rapport aux normes et valeurs dans l’analyse de leur mobilisation
2. 1. Posture de chercheur et analyse de la mobilisation de valeurs dans les discours
2. 2. Normes et valeurs dans les discours : quelles frontières ?
Des frontières floues entre les concepts
III. Troisième mouvement : les valeurs de la science et discours sur les sciences
1. Ce que disent les études de science du rapport entre sciences et valeurs : La science comme activité sociale, liée à des valeurs
De la science pure à une science comme activité sociale
L’étude des valeurs dans les STS (Science and Technological Studies)
Emprunter le regard historique pour comprendre le lien entre science et valeurs : les enjeux politiques, économiques, militaires des institutions scientifiques
Des régimes de production des savoirs associés à des normes et des valeurs
2. Les relations entre valeurs et science : de quelles valeurs parle-t-on ?
La dissociation entre valeurs et faits comme donnant à la méthode et aux résultats leur valeur
Mouvement d’essentialisation : extraire les valeurs de la science
Mouvement de légitimation de la pratique scientifique par des valeurs
Amoralité de la science et valeurs cognitives ou épistémiques
La formation des scientifiques : prise de conscience, paradoxes ou entretien des valeurs ?
ITINERAIRE 3 Réflexivité, oralité et relation enquêteur-enquêté : l’actualisation d’un rapport identitaire et culturel aux sciences par la situation d’entretien
Introduction
I. La réflexivité du chercheur-enquêteur : parcours, pratiques de recherche et témoignages sur la pratique
1. La construction d’une posture de chercheur et d’un discours scientifique sur la pratique de recherche
1. 1. Terrain familier, recherche indigène : les origines d’un questionnement D’une expérience vécue à un questionnement de recherche en sciences humaines
1. 2. La relation au terrain
Le sens des chercheurs
La familiarité : le partage d’une identité commune ?
D’une connaissance familière à une connaissance scientifique
Quelle réflexivité pour quelle posture ?
2. Réflexivité par soi ou médiatisée par l’autre : interdisciplinarité et espaces d’intersubjectivité
2.1. L’approche bourdieusienne de la réflexivité
La réflexivité, comme condition de la démarche scientifique
2. 2. Oralité et réflexivité
La « conscience réflexive » et l’actualisation du rapport identitaire et culturel aux sciences
La notion d’« espaces de réflexivité »
La réflexivité comme « valeur-méthode »
2. 3. Une réflexivité qui prend en compte la situation de communication et la relation enquêteur-enquêté
2. 3. 1. Une réflexivité intrinsèquement liée à l’approche communicationnelle
Les médiations construisent nos objets de recherche
Considérer la réflexivité à différents niveaux
Construire son objet face au terrain : la réflexivité incorporée dans la démarche de recherche
Les composites et la sémiotique de Peirce
Une démarche de thèse construite en cohérence avec un environnement scientifique
2. 3. 2. La réflexivité face aux questions spécifiquement posées par le champ des études de sciences
3. Une réflexivité qui mène à une certaine conception de la scientificité des sciences de l’information et de la communication
3.1. Sens commun et connaissance scientifique : approche communicationnelle et scientificité
3. 2. Le collectif et la construction d’une intersubjectivité
La scientificité par le collectif
Interdisciplinarité : la réflexivité par soi et par l’autre
II. Terrain, mise en oeuvre d’une démarche réflexive et résultats (en terme de construction de notre objet de recherche)
1. Construction d’une méthode d’étude de la réflexivité dans les entretiens
1.1. Etudier la réflexivité sur le terrain
La relation entre chercheur-enquêteur et chercheur-enquêté dans la situation d’entretien
L’actualisation du rapport identitaire et culturel aux sciences de l’enquêteur
1.2. La relation enquêteur-enquêté au centre de l’attention réflexive
Témoignage de doctorant : soi, l’autre et le même
Le partage d’une expérience vécue
La dynamique de l’entretien
La distance à l’expérience vécue comme initiatrice du changement de perspective
Témoignage d’ancien chercheur en sciences expérimentales : soi, l’autre et le même
2. L’hétérogénéité impensée de la science
Représentations de la « science » dans les discours sur la pratique de recherche
2.1. De quelle(s) science(s) parlent les enquêtés ?
2.2.De quelle(s) science(s) parle-t-on dans les recherches en STS ?
CONCLUSION GENERALE
Parcourir trois Itinéraires
La démarche réflexive, une démarche concrète et féconde
La construction de savoirs par la démarche réflexive
Les pratiques de communication dans les pratiques de recherche – Itinéraire 1
La mobilisation de normes et de valeurs dans les discours sur soi, sur la recherche et sur la science – Itinéraire 2
L’actualisation d’un rapport identitaire et culturel aux sciences dans l’entretien – Itinéraire 3
La construction d’outils d’analyse
Un enjeu pour la thèse qui constitue aussi sa limite
Définition et discussion de mon objet de recherche : le rapport identitaire et culturel aux sciences
De la construction d’un objet de recherche à sa mise à l’épreuve d’autres terrains

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