La déviance et le contrôle social dans la vie de couple

LA DEVIANCE ET LE CONTROLE SOCIAL DANS LA VIE DE COUPLE

Les deux termes sont « déviance» et « contrôle social» sont inséparables dans la vie en société. Nous allons dans la suite les voir un à un pour mieux comprendre.

LA DEVIANCE DANS LE COUPLE

La déviance a fait son apparition au cours des années 50 dans la sociologie américaine. Le Pour les fonctionnalistes, la déviance c’est la transgression des règles sociale.1Pour eux, un individu est donc considéré comme déviant si son comportement s’éloigne sensiblement des modèles et les normes acceptées par la société. Certaines normes sont explicites (les lois et les règlements) et d’autres sont implicites (les règles de politesses, les promesses…). Et la transgression de ces normes entraine une sanction qui varie selon la nature de la norme.
La vie en famille n’est pas toujours en harmonie quelques soient les formes familiales. Parfois, les couples traversent des périodes de crises, des conflits voire des violences. Selon les actualités, en France, un des pays qui se concentre vivement sur la vie sociale de sa population, une femme meurt tous les deux jours et demi à cause des agressions du conjoint. Dans le cadre de notre étude, nous allons se concentrer sur la déviance au niveau de la famille, plus précisément au niveau du couple, qui est la violence conjugale. Le déviant c’est le conjoint.

Définition de la violence conjugale

La « violence conjugale à l’égard des femmes» désigne tout acte de violence dirigé par les partenaires intimes (les hommes) contre les femmes en tant que telles et pouvant causer aux femmes des préjudices ou des souffrancesphysiques, sexuelles ou psychologiques, y compris les menaces de tels actes, les contraintes ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée 2.Autrement dit, elle englobe toutes les formes de maltraitance subis par la femme au niveau du ménage. Elle est souvent l’apanage de ménages biparentaux.

La violence physique

C’est la forme la plus courante et la plus connue parmi les quatre. La violence physique se définit par tout acte fait de manière répétée ou non entrainant la souffrance physique du partenaire : CBV ou les Coups et Blessures Volontaires (coups de poings, coups de pieds, étranglements, coups de couteau voire meurtre), la privation de soins, de nourritures etc. La violence commence par des abus verbaux et physiques et se termine parfois par des meurtres.
Le phénomène des femmes battues est courant à Madagascar. Se sentant d’un pouvoir statutaire supérieur à celui de la femme, des hommes estiment qu’ils ont le droit de châtier leur femme. En effet, ils les considèrent comme leurs sujets du fait qu’ils les prennent en charge. Les figures suivantes montrent des exemples de violence physique.

la violence psychologique

La violence psychologique se manifeste par des menaces (menace de mort,..) des paroles humiliantes et dévalorisantes, des diffamations, de l’adultère, de la destruction de biens (habits, assiettes, ou d’autres objets) ou encore par l’interdiction imposée par l’auteur de la violence d’agir en toute autonomie (le fait d’interdire aux mères de travailler par exemple). Elle a un impact négatif sur l’esprit et le psychique des victimes.

La violence financière ou économique

La subordination économique de la femme malgache la rend vulnérable puisqu’elle doit dépendre de son partenaire pour vivre. La violence économique est perçue lors de l’irresponsabilité de l’homme face aux devoirs conjugaux. Ceci s’explique par le fait que le mari ne donne pas d’argent à sa femme pour subveniraux besoins quotidiens du ménage ou bien il ne donne qu’une partie de son salaire (il ya des femmes qui ne connaissent même pas le montant exact du salaire de leur mari, ou encore, le fait que le partenaire gère lui-même l’argent). Il peut arriver que l’homme interdise à sa femme de travailler afin qu’il puisse conserver son autorité envers elle. Ainsi, suite à l’abandon de familles qui est un phénomène fréquent, la femme se trouve dans des difficultés énormes puisqu’elle doit seule faire face aux besoins de sa famille.
Tels sont les quatre types de violence au foyer. Il est à noter que parfois l’usage abusif des boissons alcoolisées ou de drogue est le facteur qui déclenche cette violence. Celle-ci fait également suite à un conflit conjugal né des disputes entre les époux et dont les origines sont diverses. A part cela, la frustration du mari devant une situation financière difficile constitue un autre facteur d’origine de la violence physique, sexuelle, économique et psychologique. Cette dernière boucle ainsi le cycle vicieux de violence au sein de la famille.

TERRAIN D’ETUDE ET ECHANTILLONNAGE

Selon les analyses réalisées par la Banque Mondiale en 1995, les violences dans la famille sont des causes importantes d’invalidité etde décès des femmes en âge de procréer (entre 15 et 49 ans).
En vue de mieux analyser les manifestations de la violence conjugale sur les femmes, une étude de terrain est nécessaire. Nous allons voir, tout d’abord, dans une première section notre cadrage de terrain. Une seconde section portera sur les échantillonnages.

TERRAIN D’ETUDE

Cadrage de terrain

Comme terrain de recherche, nous avons choisi le Ministère de la Population et des Affaires Sociales (MPAS) à Ambohijatovo. Plus précisément, pour mener nos recherches sur la violence conjugale et la participation des femmes dans les instances de décisions, il nous convient de choisir la Direction de la Promotion du Genre. Cette dernière nous a ensuite proposés des différents Associations et des organismes sociaux, y compris le centre d’écoute Mifohaza, pour mener nos recherches.

ECHANTILLONNAGE

Dans notre étude, nous avons pris deux échantillons. Le premier échantillon, appelé E1,est pris par tirage au sort au sein du centre Mifohaza d’Ampandrana. Quant au second, appelé E2, est pris au sein d’une association appelée FVV pour femmes victimes de violence conjugale, sise à Anosipatrana.

La population cible

Type de population

Ce sont des femmes malgaches, victimes de violence au foyer. Elles sont 30 au sein du centre Mifohaza. Elles viennent des six arrondissements de Tananarive et aussi des zones périphériques de la capitale. Nous pensons que ce n’est pas suffisant pour notre recherche, alors nous avons enquêté 20 femmes, membres de l’association FVV, qui habitent dans les environs d’Anosibe et d’Anosipatrana. Elles tout, comptent 50 femmes. Nous avons aussi mené des enquêtes auprès de leurs enfants et qui sont au total 25. En général, ce sont des femmes issues de familles défavorisées qui viennentdans ce centre d’écoute. De même pour l’association FVV.

LES MANIFESTATIONS DE LA VIOLENCE CONJUGALE

Dans ce quatrième chapitre, nous allons essayer d’apporter les réponses sur les causes et les impacts de la violence domestique. Ilsera divisé en deux grandes sections pour mieux étudier les deux hypothèses : en premier lieu, nous allons aborder pratiques coutumières à l’égard des femmes et en second lieu, nous allons vérifier si la violence au foyer est une sorte d’emprise pour les victimes.

LES CAUSES DE LA VIOLENCE CONJUGALE

Les pratiques coutumières

Les facteurs d’origine de la violence à l’égard des femmes sont plusieurs : la pauvreté, l’inégalité de sexe et l’injustice sont des facteurs majeurs. Il s’avère nécessaire de voir si certaines cultures malgaches aboutissent à cette inégalité de sexe. C’est ce qui nous fait entrer dans notre première hypothèse qui est la suivante :
Le poids des pratiques coutumières négatives à l’égard de la femme sont des facteurs qui engendrent la violence dans le couple.
Les pratiques coutumières sont nombreuses à savoir :
Des expressions qui rabaissent le statut de la femme malgache
Il se trouve que certaines pratiques coutumières malgaches dévalorisent le statut des femmes et sont perçues comme des sources de domination masculine.
Le tableau suivant montre quelques expressions qui rabaissent les rôles de la femme malgache:

Une femme au foyer

Cela fait partie de la culture malgache et de nos jours, certaines familles en pratiquent encore. La société traditionnelle malgache pense que les mères de famille ne devront pas pratiquer d’activités génératrices de revenu. Leur rôle est juste de s’occuper des enfants et des tâches ménagères. Par ailleurs, les femmes, avec un inferieur niveau intellectuel, dans la plupart des cas, doivent dépendre de leur époux. Elles peuvent se retrouver dans une situation de dénuement une fois que leur conjoint disparait ou ils se séparent (les cas de divorce sont rares). N’ayant exercé de travail rémunérateur ni disposé de biens qui leur permettent de s’adonner à des activités de productions formelles, elles deviennent des proies faciles pour la violence.
Dans l’échantillonnage de femmes que nous avons vu, certaines ne subissent pas de violence financière mais juste de type psychologique.
Voici des exemples où les mères de famille sont victimes de violence financière : Madame N, âgée de 31 ans, est une mère de deux enfants de 10 ans et de 7 mois. Elle ne travaille pas mais s’occupe de ses enfants. Son mari est machiniste dans les zones franches.
Âgé de 33 ans, il est devenu alcoolique et ne donne presque pas d’argent disait cette femme.
C’est pour cela qu’elle a demandé de l’aide au centre Mifohaza. Elle ajoute : « Ces derniers mois, il ne me donne pas d’argent si je ne viens pas dans son lieu de travail tous les fins du mois. Le mois dernier, je n’étais pas disponible devenir dans son lieu de travail et il ne m’a donné que 25 000 Fmg de son salaire mensuel 3 jours après le payement de son salaire. De plus, nous avons fait un petit commerce (riz et hui le) pour pouvoir gagner un peu d’argent mais il a toute pris notre économie (250 000 Fmg) e t a invité ses amis à boire. Quand je lui ai demandé où est-ce qu’il a mis l’argent, il m’a dit qu’il y en plus. Et pour couronner le tout, il m’a harcelé devant nos voisins. Vous savez quoi ? Je ne savait même pas qu’il a eu une indemnité de 800 000 Fmg ». C’est en arrivant au centre que le mari a donnéune part de son indemnité (500 000 Fmg) au juriste et c’est ce dernier qui l’a donnée à la femme.
Une autre enquêtée : une femme, mère de trois enfants de 5 et 7 ans, est victime de violence financière. De plus cette femme est enceinte de sontroisième enfant et elle n’a pas d’argent pour l’accouchement surtout s’il existe des complications. Or, le mari ne donne pas assez d’argent. En effet, elle et son partenaire ne sont pas encore mariés civilement alors que ce dernier demande la séparation parce qu’il a trouvé une autre femme.
A la fin, les parents ont décidé de se séparer et de diviser les biens en deux parties égales. En outre, c’est la femme qui a eu la garde des enfants mais le père doit payer les frais et les fournitures d’accouchements et une somme de 500 000Fmg par mois (à payer au centre) pour les pensions alimentaires des enfants. Et la mère vient récupérer l’argent au centre tous les mois. Source: Enquête personnelle au centre Mifohaza d’Ampadrana, Avril 2010
A part les sources des violences citées plus haut, il en existe aussi d’autres que l’on ne peut négliger dans la société à savoir :

L’instabilité professionnelle du conjoint

Actuellement, notre pays traverse une période de crise politique. L’économie malgache est de plus en plus instable. Le taux de chômage n’arrêt pas d’augmenter.
Dans la famille, lorsqu’il existe des problèmes autravail (risque de chômage technique), l’homme devient irritable, stressé. Ce sont des facteurs qui le poussent à être physiquement ou moralement agressif envers sa femme et ses enfants.L’alcoolisme du mari
L’alcoolisme est une des premières causes de la violence. Avec l’alcool, l’homme se sent supérieur et maître de tous. Son agressivité augmente de plus en plus et il est capable d’exécuter des choses dangereuses. Voyons cet exemple : « Mon mari est une véritable bête quand il est ivre. Il me bat et tape aussi sur les enfants pour rien. Je me souviens bien de la première fois qu’il m’a frappée. C’était un vendredi soir et on a déjà notre premier enfant. Il revenait de son travail ivre. Je lui ai demandé s’il pouvait acheter à manger puisque je n’avais rien gagné de l a journée. En fait, j’avais tellement mal aux dents et je ne pouvais pas travailler (je gagne ma vie en lavant les linges des autres ou en cherchant de l’eau pour eux). Il a tout de suite ma l réagi. D’abord il a tapé sur les meubles. Il a cassé la vaisselle. Ensuite, il m’a tapée ». Source: enquête personnelle avec une femme âgée de 30 ans, centre Mifohaza, Mars 2010.
Vu ce témoignage, l’homme est une « vraie une bête » lorsqu’il abuse de l’alcool et arrive à faire des choses épouvantables à son entourage et sa partenaire est la première victime.

Un esprit de jalousie exagéré du mari

Il ne faut pas oublier qu’un homme jaloux violente déjà psychologiquement sa partenaire. Dans les comportements de jalousie de l’homme, il se peut qu’il aime trop sa femme ou bien il ne lui fait pas confiance. Les deux peuvent arriver en même temps. Voyons le témoignage de cette jeune femme : « Je viens d’avoir 22 ans et mon partenaire en a 41. Nous ne sommes pas encore mariés civilement. Je vis avec lui depuis un an et demi et nous n’avons pas encore eu d’enfant. Je l’aime mais parfois il me met la pression. Cette je une femme a dit que son mari était tellement jaloux, et qu’elle ne pouvait pas avoir des copains dans notre quartier, et encore moins de les parler. De plus, je ne sors jamais seule (chez le c oiffeur, au marché, même pour les réunions de fokontany). Tous les matins, avant son départ au travail, il m’achète tout ce dont j’ai besoin de la journée et quand je lui demande d’alle r en ville (à Analakely, à Mahamasina ou à Ambodin’Isotry pour faire les courses), il me dem ande de me faire accompagner par quelqu’un de notre voisin qu’il n’a pas trop le cho ix. Et si je résiste, il me gronde. Parfois, il me bat quand il est ivre et me dit que j’ai un aman t et que c’est parce qu’il m’aimait s’il se comportait ainsi ; et qu’il n’avait pas de raison d e vivre si je le quitte » Sources: Observation et enquête personnelle, Anosibe – Antananarivo, Avril 2010 Vu les comportements de cet homme nous pouvons direque cette jeune femme est victime de violences psychologiques et physiques mais elle ne se rend pas vraiment compte qu’elle vit des la violence. De plus elle est refermée en elle-même. Elle n’a donc aucune chance de prendre sa propre décision. Elle ajoute qu’elle n’a pas le choix parce que sa famille est pauvre et se trouve très loin de la capitale (à Manalalondo) et pense toujours que le « tokantrano fiafiana ».

Table des matières

REMERCIEMENTS
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : APPROCHE THEORIQUE SUR LA FAMILLE ET LA VIOLENCE CONJUGALE
– Chapitre I : Approche conceptuelle de la famille
– Chapitre II : La déviance et le contrôle social dans la vie de couple
DEUXIEME PARTIE : APPROCHE CONCEPTUELLE SUR LA VIOLENCE CONJUGALE
– Chapitre III : Terrain d’étude et échantillonnage
– Chapitre IV: Manifestations de la violence conjugale
TROISIEME PARTIE : APPROCHE PROSPECTIVE, RECOMMANDATIONS ET ACQUISITIONS PROFESSIONNELLES
– Chapitre V : Bilan du problème
– Chapitre VI : Solutions, recommandations et apports du stage
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
LISTE DES ACCRONYMES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES PHOTOS
ANNEXES
RESUME

projet fin d'etude

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