La limbo- conjonctivite endémique des tropiques (LCET)

Collecte des Données, Classement et Standardisation du trachome

Les Assistants médicaux en ophtalmologie chargés de mener l’étude sur le trachome ont été spécifiquement formés pour collecter les données. Pendant deux jours, les Assistants médicaux en ophtalmologie (AMO) ont été formés sur le système de codification de l’OMS pour diagnostiquer les stades cliniques du trachome. Cette formation a inclu aussi la manière de choisir les ménages dans une grappe afin d’enregistrer leurs résultats sur les formulaires de collecte de données. En outre, il y a eu une session de formation pratique où les équipes d’enquête ont visité des villages non choisis dans l’enquête pour pratiquer la sélection de ménage, la codification du trachome, le remplissage des formulaires de collecte de données. Quand au moins 25 patients pouvaient être identifiés avec des signes de trachome actif, les examinateurs participaient à une étude fiable pour confirmer l’accord de codification du trachome chez les patients. Le coordinateur de l’étude a identifié 50 personnes, parmi lesquelles 25 présentaient un trachome actif (TF ou TI). Le reste était des patients avec d’autres signes du trachome, d’autres conditions de l’oeil et des yeux normaux. Chaque AMO a examiné toutes les 50 personnes en utilisant une loupe grossissante de 2,5 à la lumière de la torche ou du jour et enregistré ses résultats sur un formulaire pré conçu. Pour ceux qui avaient le trachome, tous les AMO étaient obligés d’enregistrer leurs résultats en utilisant le système de codification de l’OMS. Les diagnostics de chaque examinateur étaient comparés à ceux d’autres ophtalmologues représentant la référence. Le niveau d’accord indiquait à quel degré tous les examinateurs interprétaient les signes de la même façon. L’hypothèse dans ce test était que les résultats des ophtalmologues étaient corrects. Tous les AMO utilisés dans la collecte des données devaient obtenir un accord de plus de 80%.

Evaluation de la taille de l’Echantillon

En supposant que la prévalence actuelle du TF chez les enfants de 1à 9 ans était de 20% et pour fournir au moins une chance (un pouvoir) de 90% en déterminant un intervalle de confiance de 95% du TF chez les enfants de 1 à 9 ans supérieur à 10%, une taille efficace d’échantillon de 246 enfants était demandée pour chaque cercle. En prenant 20 grappes de 24 ménages, cela a fourni une taille d’échantillon suffisamment efficace pour les évaluations du cercle, ce qui signifiait une taille de ménage de 6 personnes ; la proportion des enfants de 1 à 9 ans étant de 30%; approximativement on acceptait un taux de refus ou d’absence de 15% des enfants de 1 à 9 ans. L’effet de conception choisi était calculé à partir d’une enquête de prévalence précédente similaire du trachome. Avec ces hypothèses ci-dessus un total de 480 ménages par cercle devrait fournir 848 enfants âgés de 1 à 9 ans. Si 50% de la population avait 15 ans ou plus, un taux de refus et d’absence de 15% était acceptable, approximativement 1.224 adultes devaient être examinés dans chaque cercle. Au total le nombre de personnes examinées dans chaque district approchait les 2.448.

Travail sur le terrain Après avoir obtenu l’accord du chef de village, un volontaire était recruté dans chaque village pour guider l’équipe dans son déplacement dans le village. Le visage de chaque enfant de 1 à 9 ans était apprécié pour la présence ou l’absence d’écoulement oculaire nasal. Cela a été suivi par l’examen des yeux pour les signes de trachome. Pour chaque sujet, l’oeil droit d’abord a été examiné ensuite l’oeil gauche. Un adulte a été interrogé dans chaque ménage pour déterminer la présence et l’utilisation de la latrine familiale, la première source d’eau,

b/ Caractéristiques cliniques :  La prévalence du trachome actif chez les enfants de 1 à 9 ans. Selon l’enquête nationale réalisée entre 1996 et 1997 au Mali le taux de prévalence du trachome actif (TF+TI) dans la région de Ségou était de 23,4% [6]. En 2010, la prévalence du trachome actif (TF+TI) dans ladite région après 3 années mise en oeuvre de la stratégie CHANCE est passée à 4,25%, nettement inférieure au seuil d’intervention de 10% de l’O.M.S. Après un peu plus d’une décennie le taux du trachome actif est réduit approximativement au 1/5. Ce résultat découlerait indubitablement des efforts soutenus de la lutte contre l’endémie trachomateuse à travers les TDM pendant 3 années d’affilée y compris les campagnes de sensibilisation, d’information, d’éducation et de communication pour susciter des changements comportementaux. Chez les enfants de 1 à 9 ans le sexe masculin était autant atteint par le trachome actif que le sexe féminin avec respectivement 3,82% et 4,69%. Ce résultat ne montre pas une différence statistiquement significative. Chez les mêmes enfants la prévalence du trachome actif prédominait dans la tranche d’âge de 5 à 9 ans avec 5,07% en 2010. Ce résultat est comparable à celui d’une étude réalisée dans l’arrondissement de Ouéléssébougou (Mali) en 2005 par BAGAYOKO qui avait trouvé que la courbe de prévalence se situait entre 5-9 ans avec 32% [1]. Ceci peut être expliqué d’une part, par le fait qu’à cet âge les enfants prennent en charge leur propre hygiène corporelle et s’amusent beaucoup dans la poussière, ils sont négligés par les parents qui s’occupent plutôt des plus petits. D’autre part, ces enfants sont aussi moins représentés lors des séances de distribution d’antibiotique.

Au Mali, une étude réalisée en 2005 à Dioïla par LONGTCHI.S a montré que la prévalence du trachome actif était passée de 33,50% en 1996-97 à 0,81% en 2005 chez les enfants de moins de 10 ans [7]. La même année, une étude similaire menée à Koulikoro par NGUIMDO. Y a permis de montrer que la prévalence du trachome actif est passée de 35% à 2,61% dans sept districts sanitaires de la région de Koulikoro après la mise en oeuvre de la stratégie CHANCE. Dans la sous région, en Gambie, une étude réalisée par Hunt et coll. [5] en 2001 avait permis de montrer que l’Azithromycine par voie orale semblait pouvoir offrir un moyen de lutte contre le trachome cécitant. Au Niger, la prévalence du trachome actif est passée de 62,3% en 1999 à 7,6% en2005 dans le district de Magaria et de 49,6% en 1999 à 6,7% en 2005 dans celui de Métamèye [14]. De manière générale, l’efficacité de l’Azithromycine sur le trachome actif a été démontrée par plusieurs études. Comme celle menée par SCHACHTER J et coll. [17] qui a montré que la distribution de masse de l’Azithromycine était-elle aussi efficace pour le contrôle du trachome. Selon l’OMS après 3 ans, lorsque la prévalence de TF dans une communauté est inferieure à 5 %, il est déconseillé de procéder à une distribution de masse dans cette communauté. Dans notre étude, TF était bien inférieure à 5%, ainsi, nous préconisons l’approche « village par village » pour identifier les communautés qui ont une prévalence de TF>10% et y faire un TDM pendant 3 années, en renforçant ou en mettant en place les composantes N et CE.

Conclusion et recommandations

Conclusion Notre étude portait sur la lutte contre le trachome à Ségou après trois ans de mise en oeuvre de la stratégie « CHANCE ». Dans cette étude, il s’agissait de mesurer l’impact de trois années de mise en oeuvre de la stratégie « CHANCE » dans la quatrième région du Mali. Les taux de prévalence nous ont permis de montrer l’impact de cette stratégie. La prévalence du trachome actif était estimée à 4,25% dans la population de 1-9 ans avec une prédominance de 5,07% pour la tranche d’âge de 5-9 ans. D’un point de vue statistique, le trachome actif n’était pas lié au sexe, mais plutôt à l’âge et à la non scolarisation des enfants en âge scolaire de la région de Ségou. La proportion des enfants à visage propre était inférieure au seuil de 80% de l’OMS après 3 ans de mise en oeuvre de la stratégie « CHANCE ». La prévalence du trichiasis trachomateux était de 0,89% dans la population de 15 ans et plus, elle prédominait de 4,35% pour la tranche d’âge de 60 ans et plus avec une légère dominance du sexe féminin. Ce taux est inférieur au seuil d’intervention de l’OMS fixé à 1%. Dans l’ensemble, nos résultats traduisent un impact positif de trois années de mise en oeuvre de la stratégie CHANCE, entre autres le TDM et les campagnes de chirurgie dont a bénéficié la région pendant 3 ans, mais aussi des activités d’assainissement de l’environnement et la promotion de la propreté du visage. A ce titre, ils doivent servir de tremplin pour la poursuite des activités dans le cadre de la lutte contre le trachome à Ségou.

Table des matières

I- INTRODUCTION
II- OBJECTIFS
III-GENERALITES
IV-METHODOLOGIE DE L’ETUDE
V-RESULTATS
VI-COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VII-CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
VIII-REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
IX-ANNEXES

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