La maladie d’Alzheimer

L’Organisation mondiale de la santé (2012) définit la démence en tant que syndrome caractérisé par des troubles évolutifs de la cognition. Ces dégénérescences neurologiques affectent les capacités mnésiques, logiques et comportementales de l’individu en plus de diminuer son autonomie dans la réalisation de tâches quotidiennes (OMS, 2012). Décrite pour la première fois par le neurologue allemand Alois Alzheimer au début des années 1900, la maladie d’Alzheimer est l’une des formes les plus courantes de démence et toucherait 60 à 70 % des gens qui en sont atteints (OMS, 2012). C’est en raison de cette prédominance, autant dans les prévalences que dans la littérature et les recherches, que le présent essai se concentrera sur ce type de démence en particulier. La portion restante de patients engloberait les cas de démences vasculaires, mixtes, parkinsoniennes et à corps de Lewy (APA, 2000; Poirier & Gauthier, 2011). La maladie d’Alzheimer toucherait majoritairement les femmes dans une proportion de 59 %, principalement en raison de leur longévité accrue (APA, 2013; Poirier & Gauthier, 2011). Parmi les facteurs de risque principaux de la maladie figure d’ailleurs la vieillesse (Lindsay et al., 2002). Chez les 65 ans et plus, en 2011, 14,9 % des Canadiens souffraient de troubles cognitifs dont la maladie d’Alzheimer et les autres types de démences font partie (Société Alzheimer du Canada, 2012). Cette prévalence mondiale serait appelée à tripler d’ici 2050 (OMS, 2012), ce qui en fait une condition de santé publique préoccupante. TI n’y a donc pas de doute quant à la pertinence de s’intéresser aux impacts de cette maladie sur les individus atteints, puisqu’ un nombre grandissant de personnes auront à composer avec celle-ci au cours de leur vieillissement. Ainsi, les critères sur lesquels se basent les professionnels habilités à poser le diagnostic de la maladie d’Alzheimer de même que l’ évolution de la maladie seront approfondis dans la prochaine section avec le souci de se sensibiliser aux pertes attendues et aux complications que celles-ci engendrent au quotidien pour le patient qui en est atteint.

Les critères diagnostiques de la démence de type Alzheimer 

Avec la publication de la plus récente version du manuel diagnostique des troubles mentaux (APA, 2013), les critères diagnostiques des troubles cognitifs et de la maladie d’Alzheimer ont été remaniés et se sont précisés. L’ appellation « démence» présente dans le DSM-IV (APA, 2000) a été remplacée par celle de trouble neurocognitif majeur dans le DSM-5 (APA, 2013). Le trouble neurocognitif léger a également fait son apparition parmi les diagnostics possibles. En fait, les troubles cognitifs sont désormais classés en fonction de leur sévérité de laquelle découlent des sous-types étiologiques dont font partie la maladie d’Alzheimer, la dégénérescence du lobe fronto-temporal, la maladie à corps de Lewy, la démence vasculaire, les lésions cérébrales issues de traumatismes, la prise de médication ou d’ autres substances, le VIH, les maladies à prions, la maladie de Parkinson, la maladie de Huntington et les autres conditions médicales, à étiologies multiples ou non spécifiées, pouvant entraîner une détérioration du fonctionnement cognitif.

Dorénavant, sous le diagnostic de trouble neurocognitif majeur sont regroupées toutes les pathologies qui entraînent un déclin cognitif significatif en regard du niveau de performance antérieur de la personne dans un domaine ou plus (attention complexe, fonctions exécutives, apprentissage et mémoire, perceptuel et moteur, cognition sociale), et ce, en fonction de l’évaluation que fait le patient, un proche ou un professionnel qualifié de l’évolution des manifestations cliniques liées à la maladie. Les troubles neurocognitifs sont également fonction des pertes subies en ce qui a trait à la performance cognitive de l’individu telles qu’appuyées par des tests standardisés ou par toute autre évaluation quantitative valide (APA, 2013). De plus, le trouble neurocognitif majeur relève de déficits qui perturbent ou entravent la réalisation des activités quotidiennes, sans que ces difficultés ne soient attribuables spécifiquement à un délirium ou à un autre trouble d’ordre mental, comme la schizophrénie ou un épisode de dépression majeure.

Le trouble neurocognitif léger, pour sa part, donne lieu à une baisse <;lans la performance de l’individu atteint, tel que celui-ci, un proche ou un professionnel habilité peut le constater. Par contre, la principale différence réside dans le fait que ces pertes n’interfèrent pas significativement avec le fonctionnement quotidien du patient. Bien qu’en apparence moins critique, cet état peut tout de même s’avérer le précurseur d’une dégénérescence qui progressera vers un trouble neurocognitif majeur à plus ou moins long terme. Pour conclure à la présence d’une maladie d’Alzheimer possible ou probable, selon le DSM-5 (APA, 2013), la personne touchée doit répondre aux critères du trouble neurocognitif léger ou majeur et présenter une évolution insidieuse, peu remarquée au départ, et graduelle des pertes cognitives observées dans un ou plusieurs des domaines mentionnés. Une maladie d’Alzheimer probable est diagnostiquée lorsque l’un ou l’ autre des symptômes cités sont enregistrés. TI devient plutôt question de maladie d’Alzheimer possible en présence d’ antécédents familiaux de maladie d’Alzheimer connus sur le plan génétique, d’un déclin de la mémoire et de l’apprentissage, d’une baisse dans les capacités cognitives suivant une progreSSIOn soutenue et graduelle des symptômes de même que dans les cas où aucune évidence supposant une mixité étiologique n’ est relevée. TI doit également y avoir absence d’ autres maladies neurodégénératives ou cérébrovasculaires et/ou d’ autres conditions pouvant contribuer aux pertes cognitives d’origine mentale, neurologique ou systémique pour considérer le diagnostic de maladie d’Alzheimer possible (APA, 2013).

Il faut noter qu’ au moment de poser un diagnostic, il ne sera jamais question de maladie d’Alzheimer avérée, mais bien possible ou probable comme en fait état le DSM-5 (APA, 2013). Celle-ci ne pourra être formellement confirmée qu’une fois le patient décédé, par l’intermédiaire d’ analyses approfondies des structures cérébrales lors de l’ autopsie (Villeneuve & J agust, 2015).

Dans le DSM-IV (APA, 2000), source principale employée dans la plupart des études répertoriées dans cet essai, la démence de type Alzheimer se traduit par une détérioration de la mémoire donnant lieu à des difficultés à acquérir et à mémoriser de nouvelles informations ou à se rappeler des informations acquises dans le passé. De plus, un ou plusieurs des déficits suivants sont suggérés comme pouvant aussi faire partie de la symptomatologie observée chez le patient: aphasie  , apraxie  , agnosie  et altération des fonctions exécutives  . L’atteinte des fonctions exécutives peut notamment occasionner des problèmes dans le domaine de la planification et de l’organisation dans le temps, ou encore affecter le raisonnement abstrait CAPA, 2000). TI est mentionné qu’à ce tableau clinique peuvent s’ ajouter, dans certains cas, des perturbations comportementales de l’ordre de l’errance ou de l’agitation. Ces déficits multiples engendrent une altération significative du fonctionnement social ainsi que professionnel de la personne atteinte et sont appelés à s’intensifier au fil du temps dû au déclin cognitif continu que prévoit l’évolution de la maladie CAPA, 2000). Cette évolution a été détaillée sous sept stades distincts faisant état de l’ ampleur des symptômes observables à chacun d’ entre eux (Reisberg et al., 1984). Encore à ce jour, ces stades sont utilisés pour définir le degré d’ atteinte de l’individu.

En somme, d’abord consciente des pertes qu’elle subit aux stades précoces et dans l’ appréhension de celles qui viendront ultérieurement, la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer devient de mOlfiS en mOlfiS lucide, à mesure que la maladie s’installe, perdant graduellement la conscience de soi et des autres. TI semble nécessaire de se familiariser avec la progression de la maladie à ses divers stades en vue d’identifier les pertes concrètes qu’appréhende dans un futur plus ou moins rapproché le patient recevant un diagnostic, plus particulièrement les facultés dont il aura à apprivoiser la dégénérescence en début de maladie, alors que pleinement conscient de la détérioration de sa condition.

Table des matières

Introduction
Chapitre 1. Le deuil
Les étapes du deuil normal
Les particularités du deuil compliqué
Le deuil à un âge avancé
Le deuil face à la maladie
Le deuil anticipé
Le deuil anticipé du point de vue de la personne mourante
Chapitre 2. La maladie d’Alzheimer
Les critères diagnostiques de la démence de type Alzheimer
L’ évolution de la maladie
Les avancées de la recherche et leurs implications pour la personne atteinte
Chapitre 3. Le deuil vécu par la personne âgée à l’ annonce d’un diagnostic de
maladie d’ Alzheimer
L’ annonce du diagnostic
L’enjeu identitaire ou le deuil de Soi
Les stratégies adaptatives mises en place par l’ aîné
L’intervention à un stade précoce
Discussion
Les failles méthodologiques des études consultées
Les implications pour le futur
Conclusion

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