La nature en poésie

SÉQUENCE I : LA NATURE EN POÉSIE (groupement de textes)

Objectifs

* Aborder la poésie à travers le thème de la nature.
* Découvrir des poèmes, en repérer les marques caractéristiques (versification, images, sonorités).
* Étudier les relations entre les mots (synonymes, antonymes, homonymes, paronymes) et la notion de champ sémantique.
* Savoir employer comparaisons et métaphores.
* Rédiger des textes poétiques (poème à contraintes formelles et calligramme).
* Lire et réciter des poèmes de façon juste.

* SÉANCE N°1 : LECTURE

Étude d’un sonnet : le Lombric, de Jacques Roubaud (extrait des Animaux de tout le monde) :

Le Lombric

Conseils à un jeune poète de douze ans
Dans la nuit parfumée aux herbes de Provence,
le lombric se réveille et bâille sous le sol,
étirant ses anneaux au sein des mottes molles
il les mâche, digère et fore avec conscience.
Il travaille, il laboure en vrai lombric de France
comme, avant lui, ses père et grand-père ; son rôle,
il le connaît. Il meurt. La terre prend l’obole
de son corps. Aérée, elle reprend confiance.
Le poète, vois-tu, est comme un ver de terre
il laboure les mots, qui sont comme un grand champ
où les hommes récoltent les denrées langagières ;
mais la terre s’épuise à l’effort incessant !
sans le poète lombric et l’air qu’il lui apporte
le monde étoufferait sous les paroles mortes.
Jacques Roubaud, Les Animaux de tout le monde, éditions Ramsay.

Exploitation possible : lecture analytique du sonnet

1. Questions de préparation (maison) :
– chercher dans le dictionnaire le sens des mots : lombric, mottes, forer, obole, denrée.
– à qui s’adresse le poète ? (Observe le sous-titre et le vers 9)
Les questions seront corrigées au cours de la lecture analytique, et les réponses exploitées pour élaborer une interprétation.

Questions de lecture analytique (en classe) :

le 1er quatrain : une unité de sens

a) que décrit le poète dans le 1er quatrain ? = travail nocturne et discret du lombric dans la terre.
b) relis à haute voix le 1er vers : combien de pieds compte-t-il ? Comment appelle-ton ce type de vers ?
c) relis à haute voix le vers 2 : que constates-tu ? =rythme 6/6 de l’alexandrin qui traduit le réveil lent du lombric sous la terre.
d) relis à haute voix les 3-4 : que constates-tu ? = allitérations expressives + enjambement qui évoque le cheminement régulier du lombric au travail.
e) souligne les verbes employés pour évoquer l’action du lombric ; comment le poète montre-t-il que le lombric se réveille lentement et se met ensuite au travail avec beaucoup d’énergie ? (Compte le nombre de verbes employés dans chaque vers).
f) que signifie l’expression « avec conscience » ? Est-ce qu’un lombric peut avoir une « conscience » ?

le 2d quatrain : une unité de sens

a) que décrit le poète dans le 2d quatrain ? Qu’ajoute-t-il dans sa description ?
– observe les rimes des vers 1 et 5 : que peut-on remarquer de l’espace ? = élargissement (Provence-France)
– pourquoi parle-t-il du père et du grand-père ? Qu’est-ce que cela montre du temps ? = d’une nuit à une histoire individuelle puis à une histoire plus large de plusieurs générations.
– quels sont les termes qui font penser à un être humain ? = un début de personnification.
b) relis à haute voix le 2d quatrain en respectant la ponctuation et la syntaxe. Que constates-tu ? Compare le rythme produit à celui du premier quatrain = la mort soudaine du lombric est exprimée à travers des ruptures grammaticales marquées par la ponctuation, et un rythme plus rapide.
c) qui était le sujet des verbes dans les trois premières phrases du poème (? (1er et début du 2d quatrain) ? Comment le poète montre-t-il l’importance du lombric ? = il est décrit ds 6 vers et demi.
d) comment décrit-il la mort du lombric ? Observe la place du verbe (soulignée par la ponctuation, au centre du vers, juste avant la césure – le milieu du vers-); explique le sens du mot « obole ». Reformule l’idée exprimée par l’image = faire une offrande
e) observe les rimes des vers 4 et 8. Quel lien établissent-elles entre le lombric et la terre ?
f) qui est le sujet du verbe dans les 2 phrases suivantes (vers 7 et 8). = la terre, qui bénéficie du travail et de la mort du lombric. Explique l’expression « reprend confiance ». Qui peut « reprendre confiance » ? = personnification de la terre.
g) que fait le lombric ? (explique le mot « aérée »).Quelle est la fonction du lombric par rapport à la terre ?

les 2 quatrains : une unité de sens

a) qu’est-ce qu’ils racontent ? Quel titre pourrait-on leur donner ?
b) que peut représenter le lombric ?
c) observe les rimes des deux quatrains. Que constates-tu ? = l’unité de sens est renforcée par le parallélisme et la similarité des rimes

4. le 1er tercet : une unité de sens = comparaison travail du poète et du lombric

a) à qui s’adresse le poète dans le 1er tercet? Mets en relation l’apostrophe « vois-tu » avec le sous-titre du poème.
b) relève une comparaison dans le vers 9. Quel mot rappelle l’expression « un ver de terre » ?
c) quels sont les mots qui ont déjà été employés dans les 2 quatrains ?
d) relève une comparaison au vers 10. Explique l’expression « denrées langagières » = nourriture des mots
Pourquoi les mots peuvent-ils être comparés à un grand champ que le poète laboure ?
Pourquoi les mots peuvent-ils donner des « denrées langagières » ?
e) explique la comparaison entre le poète et le lombric= il travaille les mots comme le lombric travaille la terre.

5. le 2d tercet : une unité de sens = comparaison de la fonction du lombric et du poète (l’air, la respiration vitale)

a) qu’est-ce qui épuise la terre ?
b) explique l’expression « le poète lombric » = métaphore, le lien entre les deux mots est plus étroit que dans la comparaison du vers 9, puisque le mot de liaison « comme » a disparu.
c) relève, au vers 13 un mot qui rappelle « aérée » du vers 8
d) explique, en reformulant les idées, les vers 13 et 14
e) quelle est la fonction du poète ?

6. les deux tercets : une unité de sens = le travail et la fonction du poète
– observe les rimes = alternance de rimes masculines et féminines ; compare-les aux rimes des 2 quatrains
– comment sont agencées les rimes des 2 tercets ? Les rimes contribuent à renforcer l’unité des 2 tercets (unité phonique qui renforce l’unité sémantique)

Bilan

Dans le sonnet « Le lombric », Roubaud se sert d’une comparaison entre le lombric et le poète pour définir à la fois un travail discret (thème de la nuit, des profondeurs de la terre), très concret (la terre-les mots) et patient, et une mission essentielle, celle du poète qui permet à la terre et au monde de survivre. Les deux quatrains sont consacrés à la vie et à la mission du lombric, mais certains mots préparent déjà une personnification qui débouche sur la comparaison et la métaphore du poète qui apparaît dans les deux tercets. Le choix d’un lombric, un simple ver de terre, montre que Roubaud a une conception très modeste de sa tâche qu’il considère cependant comme absolument indispensable à la vie. C’est en réalité le travail et la mission du poète que définit Roubaud dans ce poème : les deux tercets éclairent le sens symbolique des deux quatrains. Un poème qui décrit, comme ici, le travail du poète s’appelle un art poétique.

GRAMMAIRE ET VOCABULAIRE

– Objectifs : montrer l’importance d’une forme grammaticale dans la structuration d’un poème ; travailler sur les synonymes et les antonymes ; repérer une figure de style : l’opposition (l’antithèse)

« J’aime l’araignée et j’aime l’ortie… » de Victor Hugo (extrait des Contemplations) :

J’aime l’araignée et j’aime l’ortie,
Parce qu’on les hait;
Et que rien n’exauce et que tout châtie
Leur morne souhait;

Parce qu’elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants;
Parce qu’elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;

Parce qu’elles sont prises dans leur œuvre ;
0 sort ! fatals nœuds !
Parce que l’ortie est une couleuvre,
L’araignée un gueux ;

Parce qu’elles ont l’ombre des abîmes,
Parce qu’on les fuit,
Parce qu’elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit.

Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh! plaignez le mal !
Il n’est rien qui n’ait sa mélancolie;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu’on oublie
De les écraser
Pour peu qu’on leur jette un œil moins superbe,
Tout bas, loin du jour,
La mauvaise bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !
Juillet 1842.
Victor Hugo, les Contemplations, Livre troisième, poème XXVII.

Exploitation possible : lecture analytique du poème

1. Questions de préparation (maison)

– chercher dans le dictionnaire le sens des mots suivants : chétives, guet-apens, gueux, abîmes, fauve (adjectif)
– relever, dans la 1ère strophe, deux verbes de sens contraire.

2. Questions de lecture analytique (en classe)

a) relève le 1er et le dernier mot du poème. Que constates-tu ?
– quel est le sujet dans le 1er vers ? Quel est le sujet dans les 2 derniers vers ?
– qu’est-ce qu’il y a de commun entre le poète et l’araignée et de l’ortie ?
b) relis à haute voix la 1ère strophe : combien de pieds comptent les vers 1 et 3 ?
Combien de pieds comporte les vers 2 et 4 ? Est-ce la même chose pour toutes les strophes ?
c) observe les 4 1ères strophes et encadre les répétitions. Que constates-tu ?
– observe la ponctuation : combien de phrases peux-tu compter ? = une seule phrase qui constitue une unité de sens.
– dans la 2de strophe, souligne les expressions qui qualifient les araignées et les orties. Est-ce qu’elles sont valorisantes ou dévalorisantes ?
– pourquoi le poète aime-t-il les araignées et les orties ?
– résume par une courte phrase les 4 1ères strophes.

d) observe la strophe 5 : à qui s’adresse le poète ?
– quel est le mode et le temps des verbes ?
– le professeur doit expliquer la structure « pour peu que », qui peut être remplacée par « si seulement ».
– que demande le poète ?

e) relis les 2 dernières strophes. Combien de phrases peux-tu compter ?
– dans les 2 1ers vers, relève les sujets. Que constates-tu ?
– que veulent dire ces 2 1ers vers ? Reformule-les dans une courte phrase.
– dans la 2ème phrase, relève les sujets. Que constates-tu ? = passage du général (pronoms indéfinis : tout, rien) au singulier (la mauvaise bête, la mauvaise herbe)
– résume, par une courte phrase les 3 dernières strophes.

Bilan 

Victor Hugo déclare son amour à deux êtres qui sont généralement détestés et qu’il présente comme étant maudits. Il pense que tous les êtres, même malfaisants ou laids, ont droit à la pitié et surtout à l’amour : tous désirent être aimés, tous en ont besoin. Ce désir d’amour passe du « morne souhait » de la 1ère strophe à la parole formulée « Murmurent : Amour ! ». Il emploie une structure répétitive ( « parce que », puis « pour peu que » ) pour insister sur le malheur que vivent ces êtres défavorisés, et pour persuader les passants et les lecteurs de ne pas les rejeter.

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