La référentiel du métier d’enseignant

Extrait de la publication mensuelle du « Café pédagogique », mi avril 2013

Enseignement agricole Par Monique Royer

Avec ses effectifs, l’enseignement agricole est l’équivalent de l’Académie de Grenoble. Le secteur privé y est fortement majoritaire et ses établissements regroupent en leur sein les trois voies de formation (scolaire, apprentissage et formation pour adultes). Les liens avec les secteurs professionnels sont forts à la fois dans la mise en oeuvre des formations avec des périodes de stage, dans la gestion avec leur présence dans les conseils d’administration et par l’expérimentation en s’appuyant sur l’exploitation agricole ou l’atelier technologique, partie intégrante de l’EPL. Les missions de l’enseignement agricole, au nombre de 5, sont variées : assurer la formation générale, technologique et professionnelle initiale et continue, participer à l’animation et au développement des territoires ; contribuer à l’insertion scolaire, sociale et professionnelle des jeunes et à l’insertion sociale et professionnelle des adultes :contribuer aux activités de développement, d’expérimentation et d’innovation agricoles et agroalimentaires, participer à des actions de coopération internationale, notamment en favorisant les échanges et l’accueil d’élèves, apprentis, étudiants, stagiaires et enseignants.
L’établissement d’enseignement agricole est ancré dans son territoire et son environnement professionnel. Il n’est guère étonnant que le ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Forêt, le considère comme un acteur de l’évolution du monde agricole, Plusieurs chantiers sont actuellement ouverts à l’échelle nationale et européenne. Les assises de l’installation agricole ont été lancées afin de rénover le système d’accompagnement et de financement des nouveaux agriculteurs : accès au foncier, évolution des compétences pour assurer la pérennité des exploitations, harmonisation des dispositifs ; la réflexion est nourrie par les contributions régionales élaborées par des acteurs de terrain. Des assises sont également organisées pour les filières bois et agroalimentaire. Stéphane Le Foll a placé l’agroécologie comme un facteur de développement de l’agriculture française. Avec la campagne « Produisons autrement » lancée le 18 décembre à Paris,. il défend le principe d’une agriculture économiquement et écologiquement performante. Là encore, le rôle des EPL est réaffirmé avec en première ligne les exploitations agricoles, témoins de bonnes pratiques et lieux d’expérimentation. L’enseignement agricole verra aussi sans doute ses référentiels évoluer pour intégrer plus fortement encore l’approche agronomique ainsi que les modes de production, de consommation et de commercialisation respectueuses de l’environnement.
La concertation pour la refondation est donc contextualisée dans une période où l’agriculture doit évoluer pour subsister. Former de futurs citoyens, acteur de la société dans laquelle ils vivent, l’ambition assignée par Edgard Pisani à l’enseignement agricole lors de sa reconstruction au début des années 60, se trouve ainsi revitalisée. Encore une fois, ce n’est pas surprenant, Stéphane Le Foll, ancien élève et ancien prof dans un lycée agricole, a partagé avec Edgard Pisani, la création du club Saint-Germain, un groupe de réflexion sur les politiques alimentaires et agricoles. Sur le versant des idées, comme sur celui de l’action, il a donc pu mesurer l’efficacité des méthodes appliquées dans l’enseignement agricole avec la pédagogie du projet, la dimension socio-culturelle, l’ancrage professionnel et l’importance de la vie scolaire. En apparence, le système éducatif agricole fonctionne bien avec des taux d’insertion professionnelle et de réussite à l’examen au beau fixe,. Les axes de la refondation rappellent toutefois que des évolutions sont nécessaires par exemple pour augmenter le taux d’accès à l’enseignement scolaire ou encore développer la coopération internationale. De moins en moins « filles et fils d’agriculteurs », les élèves sont aujourd’hui moins familiers que ceux d’hier des réalités de leur futur univers professionnel. La présence de Vincent Peillon aux côtés de Stéphane Le Foll lors de l’ouverture de la concentration montrait que les deux systèmes éducatifs devaient nourrir leur réflexion de l’expérience de l’autre et dessiner en commun certaines lignes. La réforme de la formation des enseignants de l’éducation nationale aura un impact sur celle des profs de l’enseignement agricole. La refonte du socle commun sera appliquée aussi dans les lycées agricoles accueillant des 4e et des 3e. Les deux systèmes sont aussi en attente de l’acte III de la décentralisation qui redéfinira les rôles des acteurs de l’éducation sur le plan régional. Avec le début de la concertation, entre particularités et similitudes, l’enseignement agricole commence déjà à faire entendre sa voie.

Extrait de la publication mensuelle du « Café pédagogique », mi avril 2013

La classe Par François Jarraud L’école de la défiance

Le mal qui ronge la société française c’est la défiance. Et son origine est à chercher dans l’école française. C’est la thèse défendue par Yann Algan, Pierre Cahuc et André Zylberberg (Sciences Po) dans « La fabrique de la défiance ». L’ouvrage fait le lien entre le type d’école que la France a choisi, les résultats du système éducatif, les difficultés de développement économique et la crise politique. La thèse est fort bien documentée. Et elle invite à recréer du lien social. « La défiance est au coeur de notre mal. Elle détruit inexorablement notre lien social…. Elle résulte d’un cercle vicieux qui nous distingue des autres pays. Le fonctionnement hiérarchique et élitiste de l’école nourrit celui des entreprises et de l’Etat ». Pour les auteurs le mal français, celui qui nous empêche d’avancer, a sa source dans l’école. La thèse est osée. Mais elle est aussi très bien documentée par les auteurs qui s’appuient sur plusieurs études internationales. Ainsi ils montrent la singularité des méthodes pédagogiques françaises à l’intérieur de l’OCDE. CE qui distingue les jeunes Français c’est qu’ils passent leur temps à l’école à se taire et à gratter. Les enquêtes TIMSS et CIVED, sur des jeunes de 15 ans, montrent que 56% des élèves français déclarent passer « tout le temps » à noter, ce qui nous classe 3ème parmi les pays de l’OCDE. 72% de travaillent jamais en groupe. La majorité des élèves dans PISA déclarent que le professeur ne donne jamais la parole. Ces trois caractères dessinent une école « verticale » pour les auteurs. « Les enfants confrontés à un enseignement vertical croient moins en la coopération entre élèves… Ils déclarent plus souvent ne pas être évalués à leur juste valeur », ce qui est justement le cas d’un tiers des jeunes français. Ce sentiment d’injustice est d’autant plus fort que l’évaluation est omniprésente et dessine le destin scolaire du jeune. Avec à la clé, une autre spécialité française : le redoublement qui en France prend une importance singulière. Ces méthodes ont des conséquences sur les résultats scolaires. Cette école où tout tombe d’en haut forme des élèves incapables d’initiative, perdus dès qu’il faut faire preuve d’autonomie et de confiance en soi. Là encore PISA a identifié ces points faibles qui expliquent le score médiocre de l’école française. A plus long terme, pour les auteurs, cette école installe « l’obsession hiérarchique » tout au long de la vie professionnelle. Le salarié français se méfie plus que les autres de ses collègues. Il est moins autonomes. Pour les auteurs on a là un réel handicap pour le développement économique, une sorte de taxe que l’on s’impose soi-même. L’école à la française serait donc responsable d’une certaine inadaptation au monde moderne et du déclin français. Ils ne disent pas comment changer l’école. Mais on retrouve dans la loi de refondation des points qui font écho aux préoccupations des auteurs. Et c’est bien la défiance bien installée qui se dresse sur la route de la refondation. A ce titre, ce petit livre, facile à lire, apporte un éclairage précieux sur la société française et sur son rapport difficile avec la modernité.

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