La théorie du syndrome hollandais

La théorie du syndrome hollandais

Les concepts de Dutch disease et de Booming sector

Le terme Dutch disease20 recouvre les effets adverses exercés sur l’industrie manufacturière néerlandaise par les découvertes de gaz naturel des années 60. Ces découvertes ont débouché sur un modèle qu’EUman (1977, p. 283) caractérise par l’impact direct limité sur le niveau d’activité et l’emploi, la faiblesse des profits, à l’exception de certains secteurs liés à la prospection pétrolière et de Shell en particulier, l’importance des revenus fiscaux permettant un niveau de bien-être des plus généreux (eu égard aux normes internationales), le développement important des industries avant 1974 à forte intensité énergétique (produits chimiques, métallurgie, papier et horticulture) au détriment des industries intensives en main-d’œuvre, l’expansion considérable des importations en raison d’une situation favorable de la balance des paiements et le découragement des exportations autres que le gaz en raison de la réappréciation continue du florin, notamment vis-à-vis du dollar. Les coûts élevés de la main-d’œuvre néerlandaise ne sont pour Ellman que le produit du mode d’affectation des recettes gazières, à savoir l’accroissement considérable des salaires et des avantages sociaux (maladie, invalidité, chômage, retraites et salaire minimum). Cette hausse importante des coûts relatifs par unité de produit dans une situation caractérisée par une très forte insertion des Pays-Bas dans l’économie mondiale créa une contraction des profits, les prix tant internes qu’externes étant largement administrés par les concurrents. Pour Ellman « l’impact du gaz sur les coûts et la structure de l’économie néerlandaise est similaire à celui qui résulte d’un Gold Standard à parité trop élevée : II induit des changements structurels rapides dans l’économie, caractérisés inter-alia par la contraction rapide des industries intensives en main-d’œuvre et une économie reposant de plus en plus sur les industries capitalistiques du savoir et des services (Ellman, 1977, p. 285). Ce modèle a été affiné en 1981 par Ellman. Parallèlement au concept du Dutch disease naissaient en Australie les modèles dits du booming sector (secteur en boom) censés illustrer un certain nombre d’épisodes historiques caractérisés par des booms sectoriels comportant des effets adverses sur les autres secteurs. Pays dont l’histoire est jalonnée de « booms » miniers, l’Australie constitue un laboratoire intéressant pour ce type de modèles. De fait, déjà, Cairnes avait souligné les effets adverses exercés par les découvertes de mines d’or, dans les années 1850, sur les autres industries australiennes. Rien d’étonnant si c’est donc d’Australie que partit l’idée que le développement des ressources naturelles impliquait un déclin relatif nécessaire de l’industrie manufacturière (R. G. Gregory, 1976). Dans son article, Gregory esquissa les changements structurels attendus pour l’économie australienne consécutivement au développement sur une grande échelle du secteur minier. L’économie australienne se caractérisait alors par la poursuite d’un boom minier majeur depuis la fin des années 60 et par un vaste recours aux tarifs pour stimuler le secteur manufacturier local. La croissance des exportations s’accompagna de celle des importations tandis qu’une tendance à un excédent de la balance des paiements se faisait jour. Le dollar australien augmenta fortement par rapport au dollar us entre 1969 et 1974 passant de $ 1,1 us à $ 1,488 début 1974. La croissance globale suffit en elle-même à assurer le plein-emploi malgré des changements structurels dans l’économie dont la contraction du secteur agricole, principal secteur « commercialisé » du pays. La situation s’inversa rapidement à partir de 1974-1975, le taux de change du dollar australien baissant ainsi que le niveau de l’emploi tandis que le taux d’accroissement de la consommation connaissait une forte décélération et que se détériorait la balance des paiements (Hall et Alkinson, 1983, p. 114 et s.), ceci à la suite des réajustements des prix du pétrole et de la baisse des cours du minerai de fer qui se conjuguèrent pour neutraliser le boom. Dans les deux cas, Dutch disease ou modèles du booming sector, la conséquence est le déclin relatif du secteur commercialisé ou productif. Le modèle de Gregory peut être considéré comme le point de départ de la controverse autour du pétrole de la mer du Nord et de son impact sur l’économie britannique dans la mesure où il fut à la base de la célèbre analyse de Forsyth et Kay, elle-même suivie des travaux majeurs de Corden, Neary et Van Wijnbergen.

Les modèles de base du syndrome hollandais

Le modèle de Gregory

Les effets du développement du secteur minier australien au début des années 70 sur les autres secteurs de l’économie en général et sur le secteur industriel manufacturier en particulier, a été élaboré et exposé par R.G.Grégory en 1976. Son modèle a tenté d‘étudier le rôle du taux de change réel dans les effets d’un boom sur l’offre d’exportation et la demande d’importation. Comme l‘a montré Jean-Paul Azam, il est important de faire la distinction entre le taux de change réel et le taux de change effectif réel car ce dernier est un concept statistique et généralement utilisé par le FMI pour montrer qu‘une baisse de ce taux est une dépréciation alors que le premier est un concept théorique qui exprime l‘inverse c’est-à-dire lorsque le taux de change réel monte, on parle d‘une dépréciation. Son modèle montre que la découverte d’une ressource minière aboutit nécessairement à une augmentation de l’offre d’exportation qui se traduit, au niveau des comptes extérieurs, par un excédent de la balance des paiements.L’illustration du modèle de Grégory est faite à travers la figure n°3.1. Les prix considérés dans le modèle sont les prix des biens commercialisés internationalement, importations et exportations sont considérés relativement aux prix des biens domestiques (non commercialisés) et que l’économie australienne ne peut pas influencer les prix mondiaux (l’hypothèse d’un petit pays). 

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