L’ACCEPTATION DES ROBOTS

L’ACCEPTATION DES ROBOTS

DEFINITIONS

« Acceptation » et « robot », sont les principes que nous allons associer. En ce qui concerne la définition de robot, nous allons reprendre celle vue dans le chapitre précédent, « Entité mécanique, contrôlée par un logiciel qui lui permet d’effectuer des mouvements autonomes ». L’acceptation, c’est approuver quelque chose ou quelqu’un, interagir avec cette personne ou objet sans crainte. Ne pas le rejeter pour ses différences. Ne pas avoir peur, ne pas être réticent, ne pas ressentir de la colère ou la haine. C’est se sentir en confiance pour vivre avec. En combinant ces deux notions, la définition suivante prend forme : accepter un robot, c’est approuver et accepter la présence et l’interaction avec cet être mécanique 79 Asimov, La Gloire de Trantor. 76 contrôlé par un logiciel et capable d’effectuer des mouvements en autonomie. Les êtres humains ne refusent pas de collaborer avec lui ni éprouver d’hostilité à son encontre. C’est un contrat entre deux parties, l’humain et le robot. Bien sûr, l’acceptation ne va pas de soi : ce n’est pas quelque chose d’inné. Tout comme il existe des conventions sociales qui permettent de vivre en groupe, il peut y avoir des conventions, des normes, applicables lors de l’élaboration des caractéristiques techniques, esthétiques, ergonomiques ou comportementales. Quelques principes, à prendre en compte lors du design du robot, peuvent permettre à ce dernier d’être mieux accepté. Ce principe d’acceptation des robots s’applique notamment aux robots qui vont partager l’espace avec des êtres humains et peut-être interagir avec eux. Il n’est nullement question ici de robots d’usines, par exemple, qui n’interagissent qu’avec les humains que chargés de leur entretien.

POURQUOI DOIT-ON TRAVAILLER SUR L’ACCEPTATION DES ROBOTS ?

Pourquoi est-il nécessaire de travailler sur l’acceptation des robots ? Il y a plusieurs aspects. D’une part l’aspect social. Les robots intègrent doucement notre quotidien. Cela a commencé avec les robots aspirateurs comme Roomba, les jouets comme Aibo le chien de Sony. Aujourd’hui, Pepper, le robot de Softbank Robotics (anciennement Aldebaran) et donc la petite sœur de Nao (les lignes de son design et son nom suggère un genre plutôt féminin), est la star de spot publicitaire pour le constructeur automobile Renault, mais assure aussi un rôle de promotion dans ses showrooms. « Elle » accueille également les clients de certaines banques à Taïwan, et vous pouvez aussi la croiser dans certaines grandes surfaces comme Carrefour ou dans un magasin Kiabi. De même, Buddy, le robot de Blue Frog Robotics va intégrer les équipes de la SNCF et arpenter les allées des iDTGV. En fait, ce futur hypothétique où les robots vivent parmi les êtres humains, c’est maintenant ! Évidemment cette phrase peut faire peur à certains. L’imaginaire populaire pousse immédiatement en avant Skynet, et certains imaginent déjà qu’une armée de Terminator va bientôt ravager la planète ! Sauf ce futur-là, s’il doit un jour arriver, est encore bien lointain si on en juge par les actuels résultats de la robotique. Dans le film Terminator, Skynet est une IA globale qui contrôle des machines à une échelle planétaire dans un futur imaginé dans les années 1980. Ce n’est pas la vitesse de pointe de 3 km/h et le faible poids de Pepper qui vont mettre une personne en danger ! C’est en partie pour cela qu’il nous faut travailler sur l’acceptation, parce que cette nouvelle « espèce » peut faire peur et qu’il y a toujours, en occident du moins ce syndrome de Frankenstein où la créature artificielle se retourne contre son maître. Peur qu’elle nous fasse du mal, peur qu’elle vole nos emplois. C’est que l’étude de Céline Ray et Francesco Mondana dévoile. Une partie de leur article 

WHAT DO PEOPLE EXPECT FROM ROBOT ?

(Qu’est-ce que les gens attendent des robots ?) est consacrée à ce que les deux-cent-quarante individus interrogés durant leur enquête trouvent négatif dans le développement des robots, et ce dont ils ont peur. Le détail des réponses est présenté dans la figure suivante. Plusieurs causes sont ainsi évoquées, autonomie du robot, perte d’emploi, perte de contrôle et dysfonctionnement du robot, dépendance aux machines et perte d’autonomie, paresse, remplacement des humains, perte des contacts humains, mauvaise utilisation des machines, etc. Chacune de ces causes est évaluée selon trois critères, enjeu personnel, enjeu sociétal et peur. Sur le plan personnel, c’est la perte d’emploi qui arrive en tête avec 14% des réponses. C’est également le cas au niveau professionnel mais à 47%. C’est donc bien une des principales causes de la nonacceptation des robots. En revanche, ce qui effraie le plus les personnes questionnées pour l’enquête (37%) est la perte de contrôle et le dysfonctionnement de la machine. Ce qui peut clairement faire penser au syndrome de Frankenstein, où la punition de l’homme pour avoir cherché à reproduire artificiellement la nature est le retournement de la créature envers son créateur. Il est important de noter que cette enquête a été réalisée durant la foire de Genève (Suisse), fin 2007. Il s’agit donc de réponses venant d’une population occidentale. Les réponses pourraient être différentes en fonction des pays. En effet, comme le souligne Frédéric Kaplan81, qui a travaillé sur les différentes perceptions des robots dans différentes cultures, il existe une une forte disparité entre l’occident et l’orient. 

L’aspect culturel

Il est étrange d’ailleurs de constater une telle scission entre l’Occident, en particulier la vision américaine des robots, et l’Extrême-Orient, en particulier le Japon. Deux visions extrêmement différentes, deux philosophies de vie et deux jugements sur la reproduction de la nature. Dans la culture américaine, le salut vient de l’évolution de l’homme par les superpouvoirs qu’ils soient d’origines scientifique, divine, extra-terrestre ou juste le fruit de 79 l’évolution. Tout commence avec SUPERMAN en 193882, né de la plume de Jerry Siegel et du crayon de Joe Shuster : version moderne du Golem, il arrive durant une période trouble de l’humanité, à l’aube de la seconde guerre mondiale avec la montée de l’antisémitisme. Les créateurs de Superman et de Batman (1939), de confession Juive, ont certainement été marqués et leurs travaux en portent les stigmates. Là où l’homme failli, il faut un surhomme pour sauver l’humanité. Après Superman, des centaines de super héros, toujours en fonction aujourd’hui grâce à la pusillanimité des majors du cinéma et du comic book, vont voir le jour. Au Japon, après la guerre, l’homme a failli aussi, et le pays a été détruit par la guerre, et les japonais portent les stigmates du traumatisme laissé par les bombes. Le Japon va aussi se reconstruire culturellement avec l’industrie du manga et de l’animé, dont la France est depuis plusieurs décennies boulimique. Dans cette ambiance morose, le prolifique auteur Oszamu Tekuka va faire naître TETSUWAN ATOM83, connu en France sous le nom d’ASTRO LE PETIT ROBOT. Astro, est un robot à l’apparence d’un enfant, c’est un personnage positif, qui va aider l’humanité. Le premier d’une longue série de personnages de robots qui va conduire aux robots géants84, véhicules qui vont aider l’homme à dépasser ses limites physiques. Ce sont deux approches différentes sur la façon dont l’homme va évoluer pour devenir plus fort. En occident, reproduire la nature de manière artificielle est un péché. Les créations de l’homme qui vont dans ce sens semblent prédestinées à se retourner contre lui, de Frankenstein à Terminator, en passant par les robots de la pièce de Capek. Les exemples sont nombreux. Alors qu’au japon, le robot est un instrument salvateur face à la menace, peut-être même une des évolutions possibles de l’homme comme on peut le voir dans des œuvres comme GHOST IN THE SHELL.

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