L’ampleur du diabète de type 2 et ses conséquences

L’AMPLEUR DU DIABÈTE DE TYPE 2 ET SES CONSÉQUENCES

Le diabète de type 2 ou diabète non insulinodépendant est une pathologie en augmentation dans le monde entier. De plus en plus, cette maladie prend des airs d’épidémie à travers la planète. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) prévoit que dans les pays industrialisés, le nombre de diabétiques de type 2 doublera d’ ici 2030 (Wild, Roglic, Green, Sicree, & King, 2004). Sur une période de seulement cinq ans, le diabète a vu sa prévalence augmenter tant au Québec que dans le reste du Canada (Cazale, Laprise, & Virginie Nanhou, 2009). Pour preuve, la prévalence du diabète au Canada a augmenté de 21 % entre 2002-03 et 2006-07. En 2006-07, le nombre de Canadiens atteints de diabète était estimé à près de deux millions, soit 6,2 % comparativement à 5,1 % en 1999-2000 (Agence de la santé publique du Canada, 2003, 2009). Sur ce nombre de diabétiques, il est important de noter que plus de 90 % de ceux-ci sont de type 2 comparativement à 10 % qui sont de type 1 (Diabète Québec, 2009, 201 Oa). L’Agence de la santé publique du Canada (2009) prévoit que d’ ici 201 2, le nombre de Canadiens atteints de diabète aura augmenté à environ 2,8 millions. Plus près de nous, dans le Bas-Saint-Laurent, 6, 1 % de la population (9 678) âgée de 20 ans et plus était atteinte de diabète en 2004-2005 (Agence de la santé et des services sociaux du Bas-Saint-Laurent, 2009b). Ces chiffres ne font que confirmer l’ampleur que le diabète de type 2 prend depuis plusieurs années dans la population.

Cette augmentation du nombre de diabétiques de type 2 peut s’ expliquer par l’adoption de mauvais comportements de vie. Selon l’Association canadienne du diabète (ACD) (2008), le style de vie actuel contribue à la mal bouffe et à l’ inactivité physique. En 2005, 2/3 des adultes canadiens et près de 1/3 des enfants âgés de 12 à 17 ans avaient un surplus de poids ou étaient obèses. Ce surplus de poids peut être directement lié à l’ augmentation du diabète de type 2, puisqu’ une fOlie corrélation a été démontrée entre la mesure de l’ obésité abdominale et le déve loppement du diabète de type 2 (Canadian Diabetes Association, 2008 ; Freemantle, Holmes, Hockey, & Kumar, 2008).

Les conséquences de cette augmentation peuvent s’ avérer désastreuses pour le système de santé canadien puisque la moitié des diabétiques canadiens ne contrôlent pas bien leur maladie. Une des raisons possibles des hyperglycémies prolongées est l’ absence de symptômes lors du diagnostic de diabète de type 2, ce qui amène les gens diabétiques à ignorer leur maladie (Benge, Mackenzie, McWilliams, & Carlson, 2009). Selon les recommandations canadiennes, pour bien contrôler son diabète de type 2 et ainsi diminuer ou retarder les complications à long terme, la personne diabétique doit maintenir une HbA l c à 7 % et moins (Canadian Diabetes Association, 2008). Selon l’étude DrCE (Diabetes In Canada Eva luation) fa ite au Canada en 2005, il est démontré qu ‘ une personne sur deux n’a pas atteint les taux cibles de glycémie recommandés par les Lignes directrices canadiennes de pratique clinique publiées en 2003.

Cette méconnaissance du diabète de type 2 amène son lot de problèmes. L’augmentation du nombre de personnes atteintes de diabète de type 2 génère pour le système de santé une surcharge tant pour les intervenants en santé que monétairement (Canadian Diabetes Association, 2008; Watts, Gee, O’Day, Schaub, Lawrence, Aron, & Kirsh, 2009). Selon l’ACD (2008), le mauvais contrôle de la glycémie à long terme crée des complications chroniques telles que le pied diabétique qui est la première cause non traumatique des amputations au Canada. On a diagnostiqué une néphropathie pouvant mener à long terme à une dysfonction rénale chez plus de 50 % des gens souffrant de diabète. Chez la population adulte, la rétinopathie diabétique est la cause la plus commune de cécité légale. De plus, 63% des adultes atteints de diabète souffrent d’ hypertension artérielle. Finalement, les adultes diabétiques sont plus à risque pour les cardiopathies ischémiques (incluant les crises cardiaques), l’ insuffisance cardiaque et les accidents vasculaires cérébraux (A VC) que les adultes non diabétiques (Agence de la santé publique du Canada, 2009; Canadian Diabetes Association, 2008). Toutes les complications et tous les traitements (médications et hospitalisations) que le diabète engendre pour les personnes atteintes de diabète coûtent plus de 5,6 milliards de doll ars annuellement au système de santé canadien (Canadian Diabetes Association, 2008).

Cette surcharge pour le système de santé crée un défi de taille et amène des difficultés majeures dans la gestion des maladies chroniques telles que le di abète de type 2. Il s’avère que les difficultés de gestion peuvent venir de l’application inadéquate des lignes directrices de pratique clinique, d’ un laisser-aller dans la coordination des so ins et d’ un manque d’éducation auprès de la clientèle diabétique de type 2 (Watts, et al. , 2009). En effet, le manque de références systématiques en CED, pour s’ assurer que les personnes vivant avec le diabète de type 2 reçoivent les soins recommandés ainsi que l’éducation basée sur l’autogestion pour diminuer les risques de développer des complications occasionnerait ces difficultés de gestion de la maladie (Canadian Diabetes Assoc iation, 2008 ; Watts, et al., 2009). Plusieurs cas cliniques démontrent que l’ enseignement de l’autogestion du diabète et les soins médicaux ne sont pas coordonnés et ce, malgré les recommandations des lignes directrices de pratique clinique qui affirment qu ‘ une éducation structurée doit être offerte à toutes les personnes diabétiques de type 2 dès leur diagnostic (Bannister, 2ûû8; Brown, 1999).

Toutes ces constatations faites par l’ ACD (2008), Bannister (2008), Brown (1999) et Watt et al. (2009) sont observables dans ma pratique professionnelle en CED. Premièrement, les personnes diagnostiquées avec le diabète de type 2 ne sont pas systématiquement dirigées vers le CED. Souvent, les références sont faites lorsque le diabète est instable, et ce, depuis plusieurs années, malgré l’instauration d’ une thérapie médicamenteuse par le médecin traitant (Ruppert, Uhler, & Siminerio, 2010). Lorsque les personnes diabétiques se présentent au CED, elles ont des lacunes dans leurs connaissances de la pathologie du diabète de type 2, dans leurs connaissances des normales visées, du rôle de l’ alimentation et de la pratique d’activités physiques dans le traitement du diabète de type 2 (Adolfsson, Walker Engstrom, Smide, & Wikblad, 2007; Deakin, Cade, Williams, & Greenwood, 2006; Scain, Friedman, & Gross, 2009; Skelly, Carlson, Leeman, HolditchDavis, & Soward, 2005 ; Steed, et al., 2005). De plus, elles n’ interviennent pas adéquatement lors d’épisodes d’hypoglycémie ou d’hyperglycémie.

Afin de contrer ce problème, l’ADC (2008) suggère l’implantation de programme d’enseignement en diabète dès le diagnostic. Plusieurs programmes d’enseignement ont fait l’objet d’étude à travers le monde afin d’optimiser l’ autogestion des diabétiques de type 2. Plusieurs approches sont évaluées, mais aucun consensus n’a été fait jusqu’ à ce jour en ce qui a trait à la meilleure méthode d’enseignement.

LES STRATÉGIES MISES EN PLACE POUR CONTRER L’EFFET DU DIABÈTE DE TYPE 2 

Depuis plusieurs années, diverses approches éducatives sont mises en place avec la clientèle diabétique dans le but de favoriser l’autogestion de leur maladie. L’ éducation en di abète est une des facettes du traitement permettant à la clientèle diabétique d’ améliorer son contrôle métabolique, son bien-être et par le fait même, diminuer le risque de développer des complications aiguës et chroniques à long terme (Sigurdardottir, Jonsdottir, & Benediktsson, 2007).

Plusieurs études démontrent que l’éducation auprès des diabétiques, même à court terme, augmente les connaissances et aide au contrôle métabolique des adultes atteints de diabète de type 2 (Norris, Engelgau, & Narayan, 2001; Pastors, Warshaw, Daly, Franz, & Kulkami, 2002; Pi-Sunyer, et al., 1999; Sigurdardottir, et al., 2007; Snowling & Hopkins, 2006). L’ éducation des diabétiques prend souvent la forme de programmes d’enseignement. Ces programmes d’enseignement peuvent avoir différents aspects tels que des rencontres individuelles, des rencontres de groupe ou des suivis téléphoniques (Adolfsson, et al., 2007; Bastiaens, et al., 2009; Canadian Diabetes Association, 2008; Deakin, et al., 2006; Gambling & Long, 2006; Jeffreys, 2008; Kerssen, Goudswaard, Quartel, Zuithoff, & Rutten, 2009; Lee, Yeh, Liu, & Chen, 2007; Scain, et al., 2009; Skelly, et al., 2005 ; M. Song & Kim, 2007; Steed, et al., 2005). Les stratégies d’enseignement peuvent aussi être très différentes afin d’ améliorer et de faciliter l’apprentissage des personnes atteintes de diabète de type 2. La méthode d’enseignement la plus répandue est celle qui utilise les modules spécifiques d’ enseignement (Barrera, Toobert, Angell, Glasgow, & Mackinnon, 2006; Jorgens, 1998). Cette méthode amène des changements significatifs dans les comportements de santé (alimentation et activité physique) des participants ainsi que dans leurs paramètres métaboliques (HbA lc, bilan lipidique, tension artérielle, glycémies capillaires, créatinine et microalbuminurie) et physiologiques (tour de taille, poids et indice de masse corporelle). Il existe aussi d’autres méthodes d’enseignement innovatrices telles que le Learning Map qui est un apprentissage de type ludique, le Supportive Care qui préserve l’ intégrité des patients en acceptant sa compréhension et son volonté de changement ; les enseignements interactifs en nutrition sur le Web; les outils d’ enseignement pour les analphabètes; ainsi que le Ta/king Grele qui encourage la discussion entre diabétiques (Garrett, et al. , 2005; Long, et al., 2006; RosaI, Goins, Carbone, & Cortes, 2004; Struthers, Hodge, Geishirt-cantrell, & De Cora, 2003; Taylor, Oberle, Crutcher, & Norton, 2005). Ces stratégies d’enseignement quant à elles, ont démontré une amélioration dans les comportements de santé et un sentiment de contrôle sur le diabète pour les participants. Cependant, il n’y a pas d’indications concernant l’effet de ces méthodes d’ enseignement sur les paramètres métaboliques et . physiologiques des participants.

Au Québec, la méthode privilégiée par les CED est celles des modules spécifiques d’enseignement comme recommandée par les lignes directrices canadieru1es de pratique clinique en diabète (2008) et Diabète Québec (Aris-Jilwan, 2008-2009). Les enseignements se font majoritairement en groupe ou individuellement et leur contenu vise sur les sains . comportements de santé et les méthodes de gestion du diabète afin d’atteindre les objectifs de contrôle du diabète de type 2 (Canadian Diabetes Association, 2008).

À l’ heure actuelle, près de 124 centres d’enseignement pour les diabétiques sont ouverts à travers le Québec. Ces CED sont majoritairement supervisés par des infirmières et ils offrent des programmes d;enseignement portant sur les comportements sains à adopter et sur l’importance de l’autogestion de sa santé. Le but de ces centres d’enseignement est de maximiser le contrôle du diabète chez leur clientèle et ainsi prévenir l’apparition des complications diabétiques à long terme.

Cependant, sur les 124 centres d’enseignement répertoriés au Québec, seulement 12 sont agréés par le programme d’agrément de Diabète Québec. Ce programme a été mis en place dans le but de reconnaître la qualité des soins offerts aux personnes diabétiques sur une période de cinq ans. Il s’ assure que toutes les facettes de la prise en charge de la clientèle diabétique font partie intégrante du programme d’enseignement distribué par les CED (services offerts) (Aris-Jilwan, 2008-2009).

Néanmoins, après une prise de contact avec les CED agréés, il ressort que ceux-ci ont le même contenu d’ enseignement, mais que les méthodes d’ enseignement diffèrent d’un centre à l’ autre. De plus, aucun de ces CED n’ a été évalué sur l’effet de son programme d’ enseignement sur le changement dans les comportements de santé ou sur les paramètres métaboliques et physiologiques de sa clientèle. Pour évaluer la performance des programmes d’enseignement, il faut non seulement évaluer les services offerts par le CED (processus), mais aussi sur ce qu’il est en mesure d’accomplir pour la clientèle (résultats) (Mulcahy, et al., 2003).

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 PROBLÉMATIQUE
1.1 L’AMPLEUR DU DIABÈTE DE TYPE 2 ET SES CONSÉQUENCES
1.2 LES STRATÉGIES MISES EN PLACE POUR CONTRER L’EFFET DU DIABÈTE DE TYPE 2
1.3 PROGRAMME D’AUTOGESTION DES SYMPTÔMES ADAPTÉ À LA CLIENTÈLE DIABÉTIQUE DE TYPE 2
1.4 LES PARTICIPANTS À L’ÉTUDE
1.5 BUT
1.6 HYPOTHÈSE DE RECHERCHE
CHAPITRE 2 CADRE DE RÉFÉRENCE
2.1 LE MODÈLE CONCEPTUEL DE LA GESTION DES SYMPTÔMES ADAPTÉ À UNE CLIENTÈLE DIABÉTIQUE DE TYPE 2
2.2 LES LIGNES DIRECTRICES CANADIENNES EN DIABÈTE DE TYPE 2
2.3 ADAPTATION DU MODÈLE CONCEPTUEL DE LA GESTION DES SYMPTÔMES POUR LA CLIENTÈLE DIABÉTIQUE DE TYPE 2 DU BAS-SAINT-LAURENT
CHAPITRE 3 RECENSION DES ÉCRITS
3.1 LES SOURCES DE DONNÉES
3.2 PROCESSUS DE SÉLECTION DES ARTICLES
3.3 EXTRACTION DES DONNÉES ET VALIDATION DU CONTENU DES ARTICLES SCIENTIFIQUES
3.4 ANALYSE DES ARTICLES DE RECHERCHE
3.4.1 L’effet des programmes d’enseignement sur les connaissances
3.4.2 L’effet des programmes d’enseignement sur la pratique d’ a ctivités physiques
3.4.3 L’effet des programmes d’ enseignement sur l’alimentation
3.4.4 L’effet des programmes d’enseignement sur les glycémies capillaires
3.4.5 L’effet des programmes d’enseignement sur l’HbAlc
CHAPITRE 4 MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
4.1 LE TYPE ET LE DEV IS DE RECHERCHE
4.2 OPÉRATIONNALlSATlON DES VARIABLES
4.2.1 Variable indépendante: Le programme d’autogestion des symptômes
4.2.2 Les symptômes
4.3 VARIABLES DÉPEN DANTES
4.3.1 Les connaissances
4.3.2 La pratique d ‘activités physiques
4.3.3 La quantité d e glucides ingérés par repas
4.3.4 Les giycémies capiilaires
4.3.5 L’ hémoglobine glycosylée (HbA1c)
4.4 AUTRES
4.4.1 Tension artérielle
4.4.2 Poids
4.4.3 Tour de taille
4.4.4 Âge
4.5 L E MILIEU DE RECHERCHE
4.6 L ES PARTICIPANTS
4.6.1 Recrutement des participants
4.7 DÉROULEMENT DE LA RECHERCHE
4.8 P LAN D’ANALYSE DES DONNÉES
4.9 CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES
CONCLUSION

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