L’ANALYSE FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE DES PROJETS

L’ANALYSE FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE DES PROJETS

La préparation des projets de développement a oscillé, depuis trois décennies, entre l’impératif de soumettre tout projet à un examen financier et économique approfondi, et l’absence totale de cette préoccupation. Dans un cas comme dans l’autre, l’analyse économique a souvent été perçue comme un exercice de justification de décisions prises par ailleurs, ou encore comme un gaspillage de temps et de moyens… Il n’est pas sûr que certains acteurs ne voient encore ces méthodes avec l’un ou l’autre de ces regards… Le présent manuel a pour ambition de montrer que ces méthodes sont utiles, d’une part, pour élaborer et évaluer un projet en toute transparence, et, d’autre part, pour aider ceux qui doivent prendre les décisions de financement à se forger une opinion globale sur l’intérêt du projet pour la collectivité qui le met en œuvre y compris sa contribution aux politiques économiques et aux réformes structurelles (au contraire, la mesure dans laquelle il les contrarie). Ce manuel d’analyse faisant appel en permanence au jugement de l’analyste. Il s’agit de mesurer et de calculer, mais il s’agit surtout de comprendre, afin de prévoir, préparer et apprécier « ce qui va se passer » et, après coup, d’en tirer des leçons. Vue sous cet angle, l’analyse financière et économique, loin d’être capable de justifier toutes les décisions, peut contribuer à éviter l’enchaînement irrationnel, mais encore courant, qui fait qu’un projet sur lequel ont commencé à se pencher un gouvernement et des bailleurs de fonds extérieurs est nécessairement un bon projet qui verra le jour. Mais elle n’est que l’une des facettes de l’appréciation du projet : les informations partielles qu’elle fournit doivent être complétées par des analyses sociales, institutionnelles, techniques et environnementales appropriées. Par exemple, un projet socialement utile peut être entrepris même si son bilan économique apparaît négatif ; inversement un projet dont les effets économiques sont positifs peut ne pas être entrepris, s’il suscite des effets négatifs, sur l’environnement ou la santé. La méthodologie présentée ici vise d’une part à comprendre les mécanismes de création de revenus, pour les différents protagonistes du projet comme pour l’économie nationale et, d’autre part, à étudier dans quelle mesure les moyens mis à la disposition du projet sont employés efficacement. Le critère essentiel qui a présidé à l’élaboration de ce manuel est l’opérationnalité dans le cadre des moyens habituellement à la disposition des équipes d’évaluation de projet. Les aspects pratiques des méthodes ont été préférés à leur sophistication, souvent intellectuellement satisfaisante, mais dont l’application est peu probable dans la plupart des cas.

Qu’est-ce qu’un projet de développement ?

 Le cadre logique de gestion du cycle de projet(1) décrit les projets de développement comme des interventions se définissant par : ! un but que l’on cherche à atteindre… ➠ l’objectif spécifique ! … et que l’on peut décomposer en « produits » (matériel, organisationnel, institutionnel, juridique)… ➠ les résultats ! … provenant d’une combinaison de moyens de tous ordres (études, investissements, mise en place d’organismes spéciaux, actes juridiques, etc.) ➠ les activités Un projet s’inscrit toujours dans une perspective plus large, le cadre d’objectifs globaux auxquels il apporte sa contribution. Il doit donc être conforme à une stratégie sectorielle.

Un projet est une action dynamique et multiforme destinée 

à lever certaines contraintes ou à en réduire l’impact (en matière d’hygiène urbaine, de transports, de livraisons de fournitures agricoles adaptées, de production de matériaux de construction, de diversification des régimes alimentaires, de production de produits vivriers, de rareté de devises, etc.) ; ! et/ou à exploiter certaines potentialités (force de travail, zones littorales, patrimoine historique, énergie hydraulique, etc.). Les projets sont des interventions destinées à provoquer des changements. Ils comportent inévitablement des risques puisque les résultats futurs sont par nature incertains. Au-delà de leurs résultats directs, ils ont aussi fréquemment des effets induits dans l’économie, l’environnement naturel, les relations sociales, institutionnelles ou politiques. Pour l’économiste un projet est une combinaison de ressources bien définies, planifiée dans le temps : ➠ les coûts dont on attend une amélioration du bien-être pour la collectivité : ➠ les avantages 1.1.2. Aider à la décision Fondamentalement, l’analyse financière et économique a pour objet de déterminer et de quantifier les coûts et avantages des projets de développement afin de faciliter la prise de certaines décisions tout au long du cycle du projet. Remarque : L’analyse financière et économique doit être complétée par l’évaluation des autres facteurs de viabilité(1) : politiques de soutien, technologies appropriées, protection de l’environnement, aspects socio-culturels et relatifs à la place des femmes dans le développement, capacités institutionnelles et de gestion publiques et privées.

Les différents domaines d’analyse 

En matière d’études de développement, on appelle : ! « analyse financière » l’examen des activités et flux de ressources des agents pris individuellement (entreprise industrielle, commerciale, organisme public, etc.) ou par grands types (les artisans, les paysans, les commerçants de détail, etc.). ➠ on se situe du point de vue d’un agent particulier (ou d’un type d’agents) ! « analyse économique » l’examen des flux concernant des regroupements pertinents d’agents, ensemble des agents impliqués dans un projet (filière de production, économie nationale ou régionale, par exemple) et de leur impact pour la collectivité. ➠ on se situe du point de vue de la collectivité Les analyses financière et économique sont avant tout des techniques de production d’informations standardisées, utiles à la compréhension des mécanismes à l’œuvre et des comportements des acteurs et à la prise de décisions opérationnelles Elles renseignent sur différents aspects du projet, essentiellement : ! l’efficacité : qui compare les résultats du projet à ses objectifs spécifiques ; ! l’efficience : qui compare les résultats obtenus aux moyens mis en œuvre (l’analyse de la rentabilité des investissements relève de ce niveau) ; ! la viabilité : qui détermine la mesure dans laquelle les résultats (les avantages) se pérennisent après la fin du projet ; ! les effets (impact) : qui identifient et mesurent les conséquences sur l’économie nationale ; ! la pertinence : qui établit la relation entre les objectifs spécifiques du projet, ses résultats et effets, d’une part, et les objectifs globaux et les contraintes dominantes de l’environnement économique, d’autre part.  Les calculs financiers et économiques des projets absorbent souvent une grande part de ressources en temps. Il doit cependant rester clair que l’aboutissement de ce travail réside dans les analyses menées autant que dans les chiffres eux-mêmes. A chaque niveau d’analyse correspondent divers tableaux (les « comptes ») et indicateurs. Les indicateurs mesurent des aspects clés du fonctionnement ou des résultats du projet. N.B. : L’analyse est trop souvent limitée au calcul d’un seul critère de rentabilité : le Taux de Rentabilité Interne. Or, en aucun cas le jugement sur le projet ne peut se résumer à l’appréciation d’un seul critère. C’est une compréhension globale de l’impact du projet qui doit être présentée aux décideurs.

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