Langue(s) étrangère(s) étudiée(s) au lycée

Les apprenants

Les destinataires des tâches que nous avons administrées étaient, donc, des apprenants de 13 à 19 ans, fréquentant le lycée scientifique, dont le niveau de connaissance en français se situait entre A1 et B2 du CECR (informations fournies par les professeures titulaires). Comme les apprenants ne se destinaient pas encore à des professions spécifiques, et afin de leur proposer des tâches susceptibles de les motiver, nous avons choisi des sujets différents (actuels, utiles et parfois un peu ludiques), compte tenu du curriculum scolaire, de l‟âge et des intérêts des destinataires. N‟oublions pas d‟ajouter que, selon les principes de l‟approche actionnelle, il s‟agissait notamment de tâches réalistes et que les supports utilisés, très souvent en version informatisée, étaient des documents les plus authentiques possibles (cf. 3.13., 4.5.5., 6.7., chap. 9 à 11). Il nous semble opportun de souligner que l‟analyse du corpus obtenu d‟après les réponses aux questionnaires préalablement distribués à plusieurs catégories de publics compétents, dont nous parlerons ensuite, nous a permis de cibler les exigences suivantes de la part des apprenants concernés (cf. chap. 2, 4.7.1., 5.3., 5.4., 8.1.) :
-apprendre à se débrouiller en France/dans un pays francophone dans la vie quotidienne ;
-être suffisamment capables de comprendre, lire, parler, écrire le français scientifique (notamment, en raison des exigences liées aux échanges Erasmus/Leonardo dans les universités, dont ils seront participants potentiels) ;
-s‟entraîner à la réalisation de tâches, en langue française, inhérentes aux activités propres d‟un étudiant/d‟un professionnel en disciplines scientifiques (compte tenu du niveau linguistique et de la préparation scientifique acquise).

Mise en place de la recherche-action

Caractéristiques de « notre » recherche-action

Comme nous l‟avons déjà explicité, nous avons choisi de mener, pour notre travail, une recherche-action° Elle est de type expérimental (et donc, analytique, déductive et avec un contrôle élevé des données explicites, même si – parfois – il pourrait arriver qu‟elle s‟éloigne un peu de ces caractéristiques). (Cf. 8.2., 8.6., chap. 11). En tant que recherche expérimentale, elle requiert « des entretiens et/ou une recherche-action, dans une approche compréhensive » et « des questionnaires établis en fonction de théories et/ou d‟expériences en laboratoire, dans une approche explicative » (Narcy-Combes, J.-P. 2005 : 104). Nous avons voulu déterminer à l‟avance notre posture afin d‟entreprendre une démarche cohérente, de gérer d‟une façon adéquate le choix de celle-ci et de bien employer ses outils, de comprendre de façon efficace la complémentarité entre compréhension/explication/interaction etc. (Cf. 8.1.1., 8.5.1., 8.5.2.). Vu notre condition exceptionnelle d‟« invitée » au sein d‟un établissement d‟accueil, au sein duquel nous avons mené notre recherche-action soumise à des contraintes institutionnelles plutôt rigoureuses, il nous est difficile de nous reconnaître tout à fait dans l‟une des postures répertoriées dans le tableau à la p. 350 (cf. annexes, 8.5.1., 8.5.2.). En nous appuyant sur les observations supplémentaires de l‟auteur cité ci-dessus, prévoyant quand même l‟existence d‟autres attitudes ou de combinaisons d‟attitudes, notre posture correspondrait à une condition intermédiaire entre l‟« aide à l‟apprenant » et le « respect de l‟ordre et des règles ». La première est liée au « besoin de reconnaissance » et au souhait de promouvoir l‟autonomie guidée de l‟apprenant, la deuxième au « besoin de sécurité/de pouvoir », motivée par notre condition d‟enseignante pas encore titularisée (malgré les acquis préalables possédés), ne pouvant pas profiter d‟un établissement « fixe » dans lequel planifier opportunément des recherches en didactique de longue durée, impliquant des apprenants « connus » (cf. chap. 9 à 14). Les caractéristiques générales de la recherche-action d‟après J.- P. Narcy-Combes, et que nous avons choisie en tant que positionnement pour les démarches à entreprendre au sein de notre travail, ont été déjà illustrées au chap. 8. L‟auteur a remarqué que la recherche-action est une recherche plongée dans l‟interaction sociale, dans la vie réelle, et qu‟il ne s‟agit pas d‟une recherche de laboratoire : elle exige donc, à la fois, innovation, créativité, scientificité et distanciation (idem : 121). Il a ajouté qu‟ « une recherche-action doit mesurer la validité pratique des emplois qu‟elle fait des descriptions de la langue ou de l‟apprentissage » (idem : 133), que « la conduite de la partie recherche varie selon les contextes » et que la première étape relève du terrain : il s‟agit, en effet, de l‟identification d‟un problème, pour la résolution duquel il est fondamental de mener une réflexion, de prendre du recul, de regarder vers la (les) théorie(s) et/ou vers d‟autres pratiques, dans le but de trouver de nouvelles solutions. Grâce à l‟apport des regards sur les théories et des pratiques d‟autres contextes, de même qu‟à la réflexion en groupe, les chercheurs arriveront, dans la plupart des cas, à redéfinir le problème constitué par une action à mener. Les objectifs de l‟action à mener jailliront suite à cette nouvelle identification de l‟action en question° Cela permettra de déterminer, dans l‟optique de la recherche, les variables à étudier (idem : 114- 115). Pour cette raison, il est souhaité que s‟instaurent l‟organisation d‟un travail en équipe et la négociation de l‟action de la part de tout le groupe (cf. chap. 10).

QUESTIONNAIRES (compte rendu de l’enquête préliminaire)

Au début de l‟année 2008, nous avons élaboré trois questionnaires en italien (anonymes, selon les principes de la recherche-action). La formulation choisie a été celle du « questionnaire à réponse ouverte ». Bien qu‟il pose le problème de la synthèse par l‟enquêteur et soit coûteux à enregistrer (saisie et recodage des données), il est susceptible de favoriser l‟empathie avec le répondant et permet, souvent, d‟obtenir plusieurs informations intéressantes, de type qualitatif. Ces questionnaires (que, pour des raisons de praticité, nous avons administré, si possible, par courriel étaient opportunément différenciés, même par rapport au nombre/aux types de questions et aux publics (moins d‟items pour les plus jeunes, davantage pour les destinataires expérimentés) ; ils visaient à préparer un travail sur le terrain (prévu pour l‟automne 2009). Une fois identifiée la problématique, nous avons bâti les questionnaires, compte tenu de la nécessité de mieux connaître le domaine sur lequel portait notre étude. Pour ce faire, nous avons repéré les thèmes concernant l‟enquête, puis les informations primaires recherchées, nous permettant de rédiger, au fur et à mesure, tous les items. Nous avons posé, en premier, les questions portant sur les déterminants sociaux des répondants, puis celles concernant leurs expériences scolaires/universitaires/professionnelles et linguistiques (cf. 4.6.1., 5.2. à 5.6.). Ces dernières ont été suivies par des questions plus implicantes et plus précises, portant progressivement vers les thèmes visés par notre question initiale de recherche et sollicitant les destinataires à exprimer un avis, à donner des conseils et à écrire des observations supplémentaires en la matière (cf. 3.1.2., 3.2., 5.2. à 5.6., 6.1.1., 6.4., 6.6.1.). Remarquons que nous nous sommes présentée aux répondants potentiels tout en fournissant des informations supplémentaires, personnelles et universitaires, par rapport au texte introduisant chaque questionnaire. Les destinataires de notre enquête étaient constitués par :
1. Des apprenants majeurs qui allaient terminer le lycée scientifique (ou des étudiants qui, après leur « diploma di maturità scientifica » – diplôme de fin d‟études de la filière scientifique – fréquentaient justement des facultés scientifiques, la faculté d‟ingénierie ou celle de médecine) ;
2. Des étudiants qui allaient avoir leur licence/mastère/doctorat dans les disciplines déjà citées, ou de jeunes professionnels spécialisés dans ces mêmes disciplines, ayant fréquenté le lycée scientifique et ex-participants au Projet Erasmus/autre en France ;
3. Des professionnels ayant obtenu un mastère (une ancienne maîtrise) ou bien un doctorat dans les domaines en question, qui avaient travaillé (ou avaient fait des stages, ou avaient participé à des congrès) en pays francophones.
Le but de l‟enquête préliminaire (terminée à la fin de décembre 2008) était, donc, d‟évaluer les expériences de caractère linguistique des interviewés (en contexte scolaire, extrascolaire et professionnel) et les « desiderata » (en vue d‟un éventuel – ou d‟un ultérieur – séjour d‟étude, de travail ou de recherche en contexte francophone), afin d‟en tenir compte lors du choix/de l‟élaboration des tâches à proposer aux destinataires de notre expérimentation, susceptibles de vivre des expériences du même genre dans l‟avenir (cf. 5.1.1., 5.2., 5.3., 5.3.1., 5.5., 5.6.). Nous avons inséré les textes intégraux des questionnaires dans les annexes (n° 14 à n° 16) ; soulignons que, lors de l‟examen des données obtenues, nous en avons reformulé, au fur et à mesure, les items en français (cf. chap. 9). Dans les paragraphes suivants, nous présenterons le compte rendu détaillé des résultats obtenus.

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« QUESTIONNAIRE POST-LICEO » (compte rendu)

Nous commençons par l‟examen des données concernant le « Questionnaire Post- Liceo », constitué de 31 items, dont 8 (items 1, 5, 8, 10, 18, 20, 22, 29) ont fait l‟objet d‟une analyse statistique. Il a été difficile de repérer des destinataires ayant les pré-requis convenables à notre enquête. À cet effet, nous avons contacté de nombreux lycées de plusieurs régions italiennes mais – dans les écoles ayant des classes adaptées à participer à notre recherche – les chefs d‟établissement ne nous ont pas répondu, n‟ont pas été disposés à parler avec nous, ou bien n‟ont pas réussi à convaincre les professeurs de langues à proposer le questionnaire à leurs apprenants. Il en est de même par rapport aux étudiants universitaires, désormais très intéressés par leur nouvelle vie et, quelquefois, désireux d‟oublier leur expérience scolaire. En outre, ces derniers devaient avoir passé, impérativement, le « diploma di maturità scientifica » (examen de fin d‟études du secondaire de la filière scientifique), afin que nous puissions profiter le plus possible de leurs avis concernant la filière d‟études secondaires faisant l‟objet de notre recherche.

Pour résumer

L‟apport des données obtenues grâce au « Questionnaire post-liceo » a été sans doute utile pour notre recherche. L‟intérêt montré par les répondants envers le choix potentiel de sujets scientifiques en classe de langue a confirmé notre hypothèse initiale (cf. chap. 7) et nous a encouragée dans notre idée de proposer aussi des tâches à ce sujet, permettant ainsi de varier le contenu des séances « traditionnelles ». Les réactions positives des jeunes ayant participé à des initiatives linguistiques scolaires à l‟avant-garde et les souhaits de ceux qui aimeraient la réalisation de changements institutionnels, à l‟enseigne de la modernité et de la créativité, nous ont soutenue dans notre projet de choisir des supports nécessitant l‟emploi d‟ordinateurs connectés à Internet et privilégiant des thèmes liés à l‟actualité, susceptibles d‟apporter des changements même par rapport au rôle de l‟apprenant (plus autonome/motivé, cf. chap. 3) et de l‟enseignant (en qualité de médiateur/tuteur, cf. chap. 4). En outre, vu que « le nombre de jeunes en partance pour l‟étranger va augmenter, la France étant une destination très recherchée pour la haute qualité de son système éducatif et de ses conditions de vie » (Wehrle 2010 : 26), par le biais de notre recherche nous espérons avoir permis à des lycéens/anciens lycéens d‟Italie de réfléchir concrètement sur l‟importance des échanges culturels entre pays différents et sur la prise en compte – parfois sous-évaluée – du choix de séjourner dans un pays francophone.

« QUESTIONNAIRE ERASMUS » (compte rendu)

Continuons le compte rendu de notre enquête en présentant les résultats issus de l‟analyse du deuxième questionnaire (« Questionnaire Erasmus », avec 40 items), dont 9 (items 1, 4, 8, 14, 21, 22, 25, 31, 39) ont fait l‟objet d‟une analyse statistique. Il a été adressé à des étudiants fréquentant des facultés scientifiques, la faculté d‟ingénierie et celle de médecine (ou à de jeunes professionnels spécialisés dans ces domaines), ayant participé au « Projet Erasmus » (« Leonardo », autre) en France et ayant obtenu, de préférence, un « diploma di maturità scientifica » (diplôme de fin d‟études du secondaire, filière scientifique). Il a été très difficile de réussir à atteindre le nombre de 60 participants à l‟enquête – nécessaire, afin d‟analyser selon des critères statistiques quelques items – car les lois pour le respect de la vie privée n‟ont pas permis aux universités italiennes de fournir les noms et les coordonnées des étudiants en mobilité et des « anciens Erasmus » . En outre, plusieurs interviewés, ayant déjà l‟équivalent d‟un mastère (d‟une ancienne maîtrise) se sont rendu compte beaucoup mieux que les étudiants proprement dits de la nécessité d‟aider la recherche en didactique et de l‟importance de la connaissance des langues en milieu professionnel. Il nous semble opportun d‟introduire notre commentaire en précisant que, lors de l‟élaboration de ce questionnaire, les destinataires envisagés étaient uniquement – comme nous l‟avons déjà expliqué – des étudiants ayant participé au « Projet Erasmus » (« Projet Leonardo », autre) en France, ou des étudiants en mobilité lors de l‟interview, avec un diplôme italien de filière scientifique, de même que le public idéal concerné par les recherches de notre thèse.
Cependant, face aux difficultés pratiques de caractère juridique (impossibilité d‟accéder aux données universitaires, diffusion interdite de celles-ci de la part du secrétariat) qui nous empêchaient d‟atteindre les résultats quantitatifs souhaités, nous avons décidé d‟accepter aussi les contributions de quelques participants diplômés du lycée classique, du lycée linguistique ou ayant obtenu un baccalauréat de la filière technique. Les expériences de ces interviewés se sont révélées intéressantes et ont été, pour nous, source de réflexion° Pour la même raison, nous avons accepté un nombre – extrêmement limité – d‟étudiants et de jeunes professionnels ayant séjourné dans d‟autres pays francophones, un étudiant ayant participé au « Projet Erasmus » en Angleterre (mais ayant fait des expériences linguistiques significatives par  rapport à l‟étude du français) et un jeune professionnel d‟origine française, ayant obtenu le « bac S » en France, ancien étudiant Erasmus ainsi qu‟ancien doctorant en Italie : avec son « profil à rebours », par rapport à celui recherché, il a fait l‟objet d‟une petite « réflexion supplémentaire » de caractère comparatif entre les expériences et les desiderata d‟un exétudiant italien et celles d‟un ex-étudiant français. Ce même jeune scientifique a accepté de remplir aussi notre « questionario professionisti » (questionnaire adressé aux professionnels), dont nous parlerons ensuite.

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