L’apport de la mesure de l’index de pression systolique à l’aide d’un tensiomètre automatique

L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) est définie par l’obstruction totale ou partielle du calibre d’une ou plusieurs artères déstinées aux membres inférieurs, responsable le plus souvent d’une perte de charge hémodynamique, avec ou sans traduction clinique. Elle constitue la manifestation fréquente de l’athérosclérose chez les sujets âgés , diabétiques et chez les patients ayant plusieurs facteurs de risque cardiovasculaires [1]. L’AOMI peut être isolée, mais le plus souvent, elle est le témoin de l’existence d’autres localisations de la maladie athéromateuse coronaire, rénale ou cervicale [2].

IL est actuellement admis que la présence de L’AOMI est associée à une surélévation du risque de morbi-martalité cardiovasculaire [3,4]. Donc son dépistage précoce est d’une importance capitale. La mesure de l’indice de pression systolique (IPS) par le doppler continu constitue une méthode relativement simple, peu onéreuse et non invasive qui permet le dépisatge précoce des AOMI et la prédicition du risque cardiovasculaire. Elle est recommandée par plusieurs societés avantes à savoir l’ESH et l’ESC pour appréhender l’état de la perfusion distale des membres inférieurs [5]. Cependant cette méthode implique un équipement spécifique, une formation appropriée et elle est toujours critiquée d’etre chronophage, ce qui limite son utilisation dans la pratique courante. Par conséquent, la prévalence de l’AOMI est sous éstimée et son dépisatge précoce reste loin des attentes. La mesure de l’IPS à l’aide de tensiomètre automatique constitue une éventuelle alternative à la méthode conventionnelle par doppler continu. Elle a l’avantage d’etre anodine, simple, peu chronophage, peu coûteuse et n’implique aucun équipement spécifique ni formation spécialisée.Donc sa pratique en médecine préventive même au niveau des centres de santé les plus enclavés parait utile, notamment dans notre contexte marocain où l’AOMI reste une pathologie fréquente, sous diagnostiquée, et son dépistage n’est pas élargi en pratique courante et l’absence d’une étude marocaine antérieure.

La Haute Autorité de Santé (HAS) a défini en 2007 l‘artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) comme « une obstruction totale ou partielle du calibre d’une ou plusieurs artères destinées aux membres inférieurs ».

L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs est un rétrécissement du calibre des artères qui entraine une perte de charge hémodynamique, avec ou sans traduction clinique. Elle constitue la manifestation focale d’une maladie systémique qui est l’athérosclérose [19].

Les recommandations TASC II (Trans Atlantic Inter-Society consensus) [20] ont revu cette définition : il convient de parler d’artériopathie aorto-iliaque et des membres inférieurs puisque cette pathologie touche l’aorte sous diaphragmatique, les axes iliaques et les artères des membres inférieurs. L’AOMI est un marqueur d’athérosclérose systémique qui est associée à un sur-risque cardiovasculaire et au décès cardiovasculaire. C’est une maladie fréquente. Cependant, elle reste sous estimée, car elle reste souvent longtemps asymptomatique [21]. L’IPS représente un moyen pour évaluer la sévérité de l’atteinte athéromateuse des deux membres inférieurs, et c’est aussi un indicateur de survenue d’événements athérothrombotiques. Il peut être utilisé aussi bien chez la population indemne que chez les patients souffrant de maladie athéromateuse diffuse [22].

L’objectif du dépistage de l’AOMI est de diminuer le risque d’évolutioon vers l’ischémie tissulaire altérant la qualité de vie et d’identifier les patients à sur-risque d’événements cardiovasculaires. Il permet également de stratifier le risque cardiovasculaire de ces patients [22].

C’est une pathologie dont la prise en charge globale est à l’origine de couts importants pour la société. Aussi, compte tenu de son impact médico-socioéconomique, certaines sociétés savantes recommandent de dépister l’AOMI afin d’identifier des populations à risque et d’optimiser leur prise en charge thérapeutique [23].

L’HTA, le diabète, le tabagisme et les dyslipidémies sont les facteurs de risque principaux d’athérosclérose qui est l’étiologie la plus fréquente des artériopathies périphériques [24]. La détection de lésions d’athérosclérose des membres inférieurs chez des patients à risque cardiovasculaire permettra de faire un diagnostic précoce de l’AOMI  .

En Afrique du nord, l’urbanisation rapide et non contrôlée et le changement majeur du style de vie sont à l’origine des prévalences croissantes des pathologies telles que le diabète et l’hypertension artérielle (HTA) [21-22]. Le tabagisme, l’obésité et la sédentarité sont les facteurs de risque cardiovasculaire les plus marqués dans les zones urbaines [23]. Le taux d’urbanisation y est passé de 3% au début du 20è siècle, à 12% vers les années de l’indépendance et a atteint un rythme croissant supérieur à 7%, qui persiste depuis plusieurs décennies.

L’AOMI est sous diagnostiquée et pourtant des études ont montré des prévalences d’AOMI asymptomatiques variant de 7 à 43%, ce qui montre l’importance d’un dépistage systématique chez tous les patients à risque [27-28]. Le dépistage précoce de l’AOMI basé sur la mesure de l’index de pression systolique (IPS) aiderait à préserver l’intégrité cardiovasculaire individuelle dans les populations à risque [29].

De nombreuses études ont été réalisées ces 20 dernières années pour définir la prévalence de cette maladie évaluée à 1% avant 50 ans et à plus de 7% après 60 ans. Elle est trois fois plus forte chez l’homme avant 65 ans et identique dans les deux sexes au-delà de cet âge [30].

La prévalence serait en réalité sous-évaluée car elle varie en fonction du mode de dépistage. La mesure de l’Index de pression systolique permet de la multiplier par cinq [31]. Une étude menée sur des patients atteints de maladie coronaire a révélé une prévalence de 26% de cas d’artériopathie oblitérante des membres inférieurs dépistée par la mesure de l’IPS. 50% de ces cas étaient asymptomatiques selon Cambou JP et al. [32]. Dans son étude de 1985 sur 624 sujets âgés de 38 à 82 ans, issus de la Lipid Research Clinics Study, Criqui observait une fréquence de la claudication de 2% contre un diagnostic de la maladie posé chez 12% des sujets (diagnostic au moyen de données hémodynamiques) [33]. En 1991, Fowkes mesurait la prévalence de l’artérite au Royaume Uni, sur une population de 1592 sujets de médecine générale âgés de 55 à 74 ans (étude multicentrique de la région d’Edinburgh, patients tirés au sort, répartition équitable d’hommes et de femmes) : la recherche de claudication intermittente typique ou atypique mettait en évidence 4,5% de malades alors que l’association de tests hémodynamiques relevait 24,6% de patients artéritiques asymptomatiques, soit une prévalence totale de 29% [34].Meijer, en 1998, dans une étude prospective portant sur 7715 patients de plus de 55 ans (40% hommes, 60% femmes) vivant dans la région de Rotterdam, recensait 1,6% de claudicants contre 19% de sujets malades (IPS pathologique<0,9) [35]. Dans l’étude nationale muticentrique USA PARTNERS, incluant 6417 sujets de médecine générale de plus de 70 ans ou âgés de 50 à 69 ans et porteurs d’au moins un autre facteur de risque cardiovasculaire, les auteurs retrouvaient 29% d’artéritiques définis comme porteurs d’un IPS pathologique (trois fois plus que ne le laissait supposer la claudication intermittente seule) [36]. En France, Boccalon relevait en 2000 11% d’artéritiques (IPS<0,9) parmi 8987 sujets de médecine générale de plus de 40 ans ayant au moins un facteur de risque cardiovasculaire ou des douleurs à la marche[37].

Aux Etats Unis, chez 2174 sujets de plus de 40 ans (échantillon représentatif issu del’enquête NHANES, National Health and Nutrition Examination Survey 1999-2000), il était retrouvé 4,3 % de sujets artéritiques (IPS<0,9), permettant d’estimer à environ 5 millions le nombre d’Américains porteurs de la maladie [38]. En 2001, Hooi retrouvait chez les 3650 sujets de la Limburg Study 12,5% d’artéritiques (claudicants, ou asymptomatiques avec IPS anormal) et une incidence annuelle de 9,9 sujets sur 1000 pour l’AOMI asymptomatique et de 1/1000 pour l’AOMI symptomatique [39]. Belch, en 2003, dans son « appel à l’action » publié sur l’impulsion du groupe international Prevention of atherothrombotic disease network, énonçait quelques chiffres indiquant l’ampleur de la maladie : 27 millions d’artéritiques en Europe et Amérique du Nord (soit 16% des sujets de plus de 55 ans), se répartissant en 10,5 millions de sujets symptomatiques et 16,5 millions de malades asymptomatiques[40].

Table des matières

Introduction
Patients et méthodes
Résultats
I. Etude descriptive
1. Etude des données épidémiologique
2. Etude des facteurs de risque cardiovasculaire
2.1 Le diabéte
2.2 L’hypertension artérielle
2.3 Le tabagisme
2.4 La sédentarité
2.5 La ménopause
3. Etude clinique
3.1 L’indice de masse corporelle
3.2 L’examen des pieds
3.3 La palpation des pouls et la recherche des souffles artériels
3.4 La dysfonction érectile
4. Etude paraclinique
4.1 Bilan lipidique
4.2 Fonction rénale
4.3 Bilan du diabète
II. Étude analytique
1. Etude de la prévalence de l’AOMI dans notre population
2. Etude de la validité de la mesure de l’IPS par le tensiomètre automatique
3. Etude de la fiabilité de la mesure de l’IPS par le tensiomètre automatique
Discussion
I. Introduction
II. Epidémiologie
III. Rappel anatomique
IV. Rappel physiopathologique
V. Classitification de l’AOMI
VI. Traitement de l’AOMI
VII. Principaux Facteurs de risque de l’AOMI
VIII. Echelles d’evaluation du risque cardio-vasculaire
IX. Evaluation du risque cardio – vasculaire selon la société Européenne de cardiologie
X. Le dépistage de l’AOMI : L’index de pression systolique
XI. Comparaison des deux méthodes : validité et fiabilité
XII. Recommandations
Conclusion

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