L’atelier culturel comme dispositif de médiation culturelle dans l’hôpital psychiatrique

L’atelier culturel comme dispositif de médiation culturelle dans l’hôpital psychiatrique

Le concept de médiation culturelle est un élément central de cette étude. Les recherches de divers auteurs tels que Jean Caune, Jean Davallon ou Michèle Gellereau nous permettront dřappréhender lřatelier culturel comme objet de recherche et de montrer quřil est un dispositif de la médiation culturelle à lřœuvre dans lřhôpital, dans le cadre du programme national « Culture à lřhôpital ». Dans un premier point, ce chapitre complète notre cadrage théorique, nous allons y voir que le concept de médiation culturelle revêt divers aspects que lřon retrouvera dans lřespace de lřatelier culturel ; il sřagit entre autres de la présence dřun élément tiers et de la modification de la prise en compte du sujet dans lřacte de médiation. Dans un second point, il sřagira de définir les points qui nous permettent dřappréhender lřatelier culturel en tant quřobjet de recherche. Nous postulons que ce dernier fait figure de dispositif communicationnel dans lřétablissement hospitalier. Il sřagira alors dřidentifier les éléments participants dřun tel constat, de comprendre quels aspects de lřatelier permettent de le penser et de lřétudier en tant que dispositif de médiation culturelle. Lřemploi de la notion de médiation est très polysémique. Nous ne prétendons pas ici en faire la chronologie ou en donner une énième définition. Nous reprendrons seulement les principales approches qui ont été formulées en Sciences de lřInformation et de la Communication et que nous avons mobilisées, dans la construction de notre cadre théorique. Notre posture sera de penser davantage en matière de relations quřen matière dřobjet, nous allons voir que cette approche est caractéristique en SIC, notamment dans les études menées autour de la médiation culturelle.

Jean Caune fait remonter lřusage de la notion de médiation comme thème de société aux années 1990. Elle est mobilisée dans les diverses politiques dans un désir de réduction de la fracture sociale. Lřanalyse discursive des textes sur le programme « Culture à lřhôpital » a rendu compte de la mobilisation faite par les politiques, de la culture dans les hôpitaux, pour restituer aux patients une part de leur citoyenneté (lřaccès possible à la culture). Jean Caune marque une distinction entre médiation culturelle et médiation sociale. Lorsque la première nřest utilisée que comme « fonction immédiate de réparation », autrement dit dans lřunique objectif dřune restitution du lien social sa fonction ne peut être que limitée avec un risque important « dřinstrumentalisation ». Nous rejoignons lřauteur sur cette idée et sur celle consistant à dire que la médiation culturelle prend son inscription dans la durée. Sur nos terrains de recherche, nous postulons que cette durée se formalise par une réappropriation de lřexpérience vécue dans la pratique soignante, par une modification des interactions entre les acteurs ainsi que par une modification des représentations sociales (liées aux patients et à la maladie mentale). Cřest ce que nous tâcherons dřanalyser par la suite.

L’élément « tiers » dans l’acte de médiation

Comme nous lřavons souligné, les définitions concernant la médiation sont nombreuses ; cependant quelle que soit la discipline par laquelle elle est mobilisée, un point apparaît comme faisant consensus, il sřagit de « lřélément tiers ». Dans notre cas, nous nous appuierons sur la définition quřen donne Jean Davallon : « Si la forme de cet élément varie considérablement dřun auteur à lřautre, en revanche, lřaction de cet élément semble posséder quatre caractéristiques.(i) Cette action produit toujours plus ou moins un Ŗeffetŗ sur le destinataire de la communication : il va accéder, apprendre, passer, etc. Cette action est, de plus, modalisée : il est un bénéficiaire respecté, valorisé comme sujet, et non pas instrumentalisé. (ii) Lřobjet, lřacteur ou la situation de départ subit une modification du fait quřil est intégré dans un autre contexte. Par exemple, lřobjet technique mis en contexte dřusage fonctionne différemment du fait de la médiation, même sřil nřest pas transformé en tant que tel. Phénomène semblable pour lřœuvre dřart, le savoir, lřacteur pris en charge par une médiation. (iii) Lřopérateur de lřaction (lřélément tiers en tant que médiateur) est certes tantôt action humaine, tantôt objectivé sous forme de dispositif, tantôt les deux, mais quoi quřil en soit, il y a presque toujours débat sur sa forme et sa nature. (iv) Lřaction de lřélément tiers a toujours un impact sur lřenvironnement (le plus souvent lřenvironnement social) dans lequel elle se situe. Par conséquent, le premier constat que lřon peut faire est que la notion de médiation apparaît chaque fois quřil y a besoin de décrire une action impliquant une transformation de la situation ou du dispositif communicationnel, et non une simple interaction entre éléments déjà constitués, et encore moins une circulation dřun élément dřun pôle à lřautre » (Davallon, 2004 : 43).

 

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