L’autonomie collective au service du climat de classe

L’autonomie collective au service du climat de classe

Développement psychologique de l’enfant de à ans 

  1. Développement socioaffectif de l’enfant en maternelle 
  2. Concept de soi et estime de soi

 Le concept de soi est la représentation globale que nous nous faisons de nous-mêmes, de nos caractéristiques et de nos traits. L’enfant, en maternelle, peut se définir lui-même, mais cette définition est basée sur des critères extérieurs, des actes concrets ou des notions de possession ou d’appartenance (« je suis dans la classe de.. » « Je suis la copine de… »). Les apparences sont très importantes pour l’enfant. Selon des analyses néopiagétiennes, la perception qu’un enfant de – ans a de lui-même se fait au cas par cas, il ne fait pas de lien logique entre deux éléments qui le caractérisent. Ce n’est que vers – ans qu’il peut faire les connections logiques entre deux aspects de sa personnalité (je cours vite, je frappe fort dans la balle avec le pied, donc je pourrai faire partie d’une équipe de foot). Vers ans, le regard des autres prend une place de plus en plus importante dans la définition de soi, les messages envoyés par l’entourage de l’enfant modulent sa perception de lui-même : c’est le début de l’estime de soi. L’estime de soi est la perception de sa propre valeur. Pour un jeune enfant, en maternelle, cette estime n’est pas nuancée, il se définit globalement comme bon ou mauvais, et cette perception est basée, non sur l’ensemble de ses capacités, mais sur des éléments concrets, des caractéristiques observables (« j’ai cinq amis dans ma classe »). De plus, chez les jeunes enfants, le regard des pairs influence cette perception : d’une part l’enfant va se considérer bon ou mauvais en fonction de ce que les autres enfants de son groupe font, et d’autre part, selon une étude de Harter (1990), l’approbation de l’adulte, des parents en particulier, joue un rôle prépondérant sur l’estime de soi. . Régulation des émotions Le jeune enfant, entre et ans, sait déjà différencier les expressions faciales chez les autres, et déchiffrer les expressions les plus basiques. Il comprend que les émotions sont liées aux expériences et aux désirs et qu’un camarade qui obtient ce qu’il désire sera content, alors que celui qui ne l’obtient pas sera triste et contrarié. Il lui reste maintenant à comprendre ses propres émotions plus complexes, et surtout à comprendre comment les maîtriser, processus dont la réussite dépendra, entre autres, de son niveau de développement cognitif et langagier. « La compréhension et la régulation des états internes représentent l’une des acquisitions majeures de la petite enfance (Dennis, 00). En effet, l’enfant qui comprend ses propres émotions est capable de mieux les contrôler et d’être plus sensible à ce que les autres ressentent. La régulation des émotions guide des comportements de l’enfant (Laible et Thomson, 199) et contribue à développer chez lui la capacité de bien s’entendre avec les autres (Denham et al., 00). » (Papalia & Feldman, 01). A l’âge où l’enfant entre en maternelle, il entame un long processus d’apprentissage : il apprend donc à exprimer des émotions de plus en plus complexes, mais également à tenir compte des émotions des autres et de ce que les autres attendent de lui. Si l’enfant est capable d’empathie bien avant ans, c’est lors de son entrée en maternelle que l’enfant va devoir se servir de ses capacités d’empathie à des fins altruistes et sociales. 

Développement social : les premiers amis

 Vers l’âge de ans, l’enfant est capable d’altruisme, de tenir compte des autres, pour leur bien à eux, et non pour le sien. C’est le début du comportement prosocial : « Le comportement prosocial désigne un ensemble d’actes volontaires dirigés vers les autres dans le but de leur apporter un bénéfice, voire du bien-être. Ces actes incluent notamment l’aide, le partage, le réconfort, la coopération, le bénévolat et la protection contre le danger ou l’intimidation. » (Spivak, Durlak, 01). L’entrée en maternelle correspond donc, en général, à la période où l’enfant commence à être en mesure de développer une interaction véritable avec ses pairs, l’amitié. Ces relations ont des fonctions précises : elles permettent à l’enfant d’apprendre l’empathie, la résolution de conflit, et de comprendre les normes et les valeurs morales nécessaires à la vie en société. 

Développement de la personnalité 

 La théorie du développement psychosocial d’E.Erikson Selon la théorie développée par le psychanalyste Erik Erickson, l’enfant, entre, vers ans, dans le troisième stade de développement de sa personnalité, celui de la crise « initiative versus culpabilité ». Ayant acquis l’autonomie et la confiance nécessaire durant les deux premiers stades, l’enfant est désormais prêt à passer à l’action, de façon indépendante, en prenant des initiatives. Comme ces initiatives dépassent parfois les limites imposées par les adultes, elles ne sont pas toujours bien perçues par ceux-ci, qui vont alors freiner ces initiatives, entraînant un sentiment de culpabilité chez l’enfant. L’enjeu de ce stade est donc pour l’enfant de réussir à adapter ses prises d’initiatives au cadre imposé, de développer sa capacité à se donner un but, afin d’assumer ses initiatives sans être inhibé par la culpabilité. L’enjeu pour l’adulte, et l’enseignant particulièrement, est donc de donner aux enfants de maternelle un cadre favorisant la prise d’initiative et l’autonomie tout en maintenant la discipline nécessaire au développement de l’enfant. L’enseignant en maternelle doit donc tenir compte, dans ses attentes par rapport aux élèves, des critères du stade de développement socioaffectif de l’enfant : le début de la construction de l’estime de soi, qui est modulée par les regards extérieurs, et particulièrement par ceux de l’adulte, la maitrise de ses propres émotions et le décryptage de celles de son entourage qui l’aide à développer l’empathie, puis progressivement un comportement tourné vers l’autre, le comportement prosocial. L’enseignant doit également tenir compte du stade de développement de la personnalité de l’enfant, qui doit réussir à trouver un équilibre initiative / culpabilité pour être capable de choisir ses buts.  

  1. Le développement cognitif de l’enfant en maternelle
  2. Des caractéristiques du stade préopératoire de Piage

Parmi toutes les caractéristiques du stade préopératoire que traverse l’enfant de à ans, selon Piaget, deux paraissent intéressantes dans le cadre de ce mémoire : la transduction, et l’égocentrisme. « La transduction en psychologie du développement est un type de raisonnement typiquement utilisé par des enfants de deux à sept ans, précédant l’apparition du raisonnement par induction et par déduction » Piaget (19). La transduction est la capacité d’établir un lien, logique ou non, entre deux évènements proches dans le temps. Il ne s’agit pas de logique inductive (exemple : tous les élèves de ma classe sont nés en 01, donc les élèves de Moyenne Section sont tous nés en 01), ou déductive (exemple : les élèves de Moyenne Section sont nés en 01, donc tous les enfants de ma classe sont nés en 01). L’enfant, au stade préopératoire, établira un lien de cause à effet, parfois non-existant, entre deux évènements s’ils surviennent en même temps, ce qui lui permet d’établir un lien entre l’action d’un élève, et la réaction d’un autre. Selon Piaget toujours, une des principales limites du stade préopératoire, et par conséquent du développement cognitif de l’enfant, est la centration : la tendance à se centrer uniquement sur un aspect d’une situation. L’égocentrisme, qui est une forme de centration, consiste en l’impossibilité, pour l’enfant, de prendre en compte le point de vue d’une autre personne. Diane E.Papalia et Ruth D.Feldman, donnent l’exemple d’une petite fille de ans qui, regardant la mer, demande à son père si les vagues continuent de déferler « même quand on dort ? ». Le jeune enfant, vers trois ans, pense être le centre du monde et il a beaucoup de mal à décentraliser son point de vue. 

La maîtrise du langage 

Entre l’entrée à la maternelle et l’entrée à l’école élémentaire, le vocabulaire expressif de l’enfant s’enrichit en moyenne de 0 mots et passe de 00 à ans, à 00 vers ans. (Robert E. Owens, 01). Cette capacité à enrichir son vocabulaire aussi rapidement est possible grâce à la « catégorisation rapide », un processus qui permet à l’enfant de faire une hypothèse sur la signification d’un mot jusqu’alors inconnu, en fonction du contexte, et de le stoker dans sa mémoire. Autour de – ans, le langage se complexifie, contient de plus en plus de conjonction, et la conjugaison des verbes à l’imparfait et au futur commence à être maitrisée. Dès son entrée en maternelle, l’enfant commence à être capable de langage social : il connait les règles qui régissent la communication, sait demander quelque chose, raconter une histoire, donner une explication, et il est en mesure d’ajuster son langage en fonction de son interlocuteur afin d’être compris.  

Table des matières

INTRODUCTION
1. Cadre du mémoire.
1. Développement psychologique de l’enfant de à ans
1. Développement socioaffectif de l’enfant en maternelle .
1. Concept de soi et estime de soi
2. Régulation des émotions .
2. 1Développement social : les premiers amis .
2. 2Développement de la personnalité – La théorie du développement psychosocial
d’E.Erikson .
3. Le développement cognitif de l’enfant en maternelle
3.1. Des caractéristiques du stade préopératoire de Piaget
3.2 La maîtrise du langage
3.3 Les fonctions exécutives de l’enfant
4. Le climat de classe en maternelle
4.1. Qu’est-ce qu’un bon climat de classe en maternelle ?
4.2 Un des leviers du climat scolaire en maternelle
4. 3 L’autonomie collective
1. La définition de l’autonomie .
. L’autonomie dans les programmes, au service du climat de classe
5. Présentation de la problématique .
5.1. La régulation autonome des conflits
5.2 L’analyse des émotions .
. L’empathie et le comportement prosocial
. Comprendre les causes d’un conflit
. Les outils pour comprendre et intervenir lors d’une situation de conflit
. Se passer de l’adulte pour respecter les règles de vie
1. La mise en place des règles de vie
. L’appropriation des règles par la responsabilisation
. Les outils pour réparer une infraction
. Coopérer
1. Comprendre le dicton : l’union fait la force
. Comprendre l’intérêt de l’entraide et de la coopération
6. Bilan et perspectives.
1. Autonomie collective pour la résolution des conflits
. Autonomie collective pour le respect des règles de vie
. Autonomie collective pour le travail en coopération
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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