Le dialogue avec les parties prenantes
Comme définit par les experts de la planification « il doit apparaître comme un moyen de décrire un processus large, inclusif et ininterrompu entre une entreprise et ceux en mesure de subir un impact potentiel couvrant une large gamme d’activités ».
Les parties prenantes sont des personnes ou des groupes qui sont directement ou indirectement affectés par les activités de la banque, ainsi que ceux ayant des intérêts dans la banque et/ou la capacité d’influencer sur ses résultats, que ce soit positivement ou négativement. Les parties prenantes de CBAO peuvent comprendre les clients, les fournisseurs, les prestataires, les communautés, les autorités gouvernementales locales ou nationales, les politiciens, les responsables religieux, des groupes et organisations de la société civile avec leurs intérêts spéciaux ou d’autres entreprises.
Il faut souligner que les intérêts peuvent être différents, si les actionnaires sont intéressés par le résultat annuel que fait la banque, les clients eux auront pour intérêt la qualité du service qui leur ait proposé.
Nous étudierons les parties prenantes en prenant comme modèle la méthode développée par la Société Financière Internationale (SFI) intitulé « stakeholder engagement » qui a pour spécificité de se baser sur un ensemble de bonnes pratiques d’entreprises multinationales évoluant dans les pays en développement. Ainsi, pour plus de pertinence cet exercice ne concernera que le projet ; en effet, étant donné que les dégâts les plus importants des activités sont généralement causés par des projets.
De façon pratique, pour tous les projets pour lesquels CBAO interviendra comme chef de file ou comme simple participant, les exigences ci – après, listées dans le modèle standard défini par le Groupe de la Banque Mondiale, devront être respectées. Il s’agira d’un canevas qui servira de guide afin d’intégrer un certain de préoccupations dans le cadre des projets.
Analyse et identification des parties prenantes
Cet exercice consiste à analyser l’ensemble des rapports que la banque peut entretenir avec des personnes externes au projet. Ses parties prenantes qui sont les personnes intéressées par son activité, par conséquent, elles devront être identifiées, classées et hiérarchisées.
1. Identifiez ces parties prenantes directement et Indirectement affectées par le projet
Utilisez cette analyse pour établir et articuler la zone d’influence de votre projet, et déterminer qui peut être affecté et comment.
2. Identifiez celles dont les « intérêts » les classifient en tant que partie prenante
Pour certains projets, l’opposition qui se fera la plus entendre peut provenir de parties prenantes se trouvant en dehors de la zone affectée, dans d’autres parties du pays, voire dans d’autres pays ou même outre-mer.
Nb : Il est important d’avoir à l’esprit que la situation est dynamique et que les parties prenantes et leurs intérêts peuvent évoluer au fil du temps.
3. Soyez stratégique et sachez déterminer les priorités
Ces questions sont essentielles :
Qui sera négativement affecté par les impacts potentiels sociaux et environnementaux dans la zone d’influence du projet ?
Quels seront les plus vulnérables parmi ceux potentiellement impactés et des efforts spéciaux de mise en place du dialogue sont-ils nécessaires ?
À quel niveau du développement du projet les parties prenantes seront-elles le plus affectées (acquisition, construction, fonctionnement, déclassement).
Quels sont les divers intérêts des parties prenantes du projet et quelle influence cela peut-il avoir sur le projet ?
Quelles sont les parties prenantes qui pourraient améliorer la conception du projet ou en réduire les coûts ?
Quelles sont les parties prenantes pouvant apporter la meilleure assistance lors de l’évaluation de la portée des questionnements et des impacts ?
Qui est le plus ardent défenseur ou le meilleur opposant aux modifications que le projet apportera et pourquoi ?
Qui pourrait s’opposer et être préjudiciable au succès du projet ?
Avec qui est-il crucial d’engager le dialogue en premier et pourquoi ?
Quelle est la séquence optimale d’engagement du dialogue ?
4. Reportez-vous aux consultations et aux informations antérieures des parties prenantes
On peut vérifier si le projet fait partie de l’extension d’une opération ou d’un investissement précédent.
5. Développez des fiches de renseignements sociaux et économiques en vous concentrant sur les groupes vulnérables
La description des dimensions sociales et culturelles d’une zone peut comprendre des informations relatives à l’effectif de la population et la cartographie des emplacements, les caractéristiques démographiques de la population locale, le statut de la femme, les moyens d’existence (permanent, saisonnier, travail migratoire, chômage), le régime foncier et le contrôle des ressources naturelles. Il en est de même également, des Organisations sociales et de la question de la dynamique du pouvoir.
Des renseignements peuvent être recueillis concernant le niveau d’alphabétisation et le système de santé.
6. Vérifier les parties prenantes
L’identification des représentants des parties prenantes et les consultations par leur biais peuvent être une manière efficace de disséminer des informations vers un grand nombre d’entre elles et de recevoir des informations en retour de leur part.
7. Dialoguez avec les parties prenantes dans leurs propres communautés
Généralement les entreprises qui choisissent un site sur lequel les parties prenantes se sentent plus à l’aise, plus vraisemblablement sur un emplacement au sein de la communauté, ont tendance à bénéficier de processus d’engagement du dialogue plus productifs.
8. Rappelez-vous que le gouvernement est une partie prenante clé
Le gouvernement local peut favoriser un partenariat avec des entreprises privées à de nombreux égards, par exemple en fournissant des services, des informations de communication à destination des populations locales ou en intégrant des plans de développement local pour répondre aux besoins opérationnels du projet.
9. Travaillez avec les représentants, les ONG responsables et les organisations communautaires
Les organisations non-gouvernementales (ONG) et les organisations communautaires, particulièrement celles qui représentent des communautés directement affectées par un projet, peuvent être des parties prenantes importantes pour les entreprises afin d’identifier et d’ouvrir le dialogue sur une base proactive.
10. Reconnaissez les employés comme un bon moyen de communication
Que ce soit explicite ou implicite, les employés transmettent des messages sur l’entreprise et sur le projet vers le monde extérieur et favorisent la création de perceptions ainsi que le passage d’informations
Divulgation des informations
Soyez transparent
Les bonnes pratiques impliquent de prendre des mesures pour augmenter la transparence et la responsabilité en tant que moyen de promouvoir la compréhension sur votre projet et d’inspirer la confiance publique.
Mesurer les risques et les avantages
Il se produira des situations au cours desquelles la divulgation de certains types d’informations à des moments « sensibles » pendant le cycle du projet pourrait engendrer des risques.
Gérez les informations sur les questions sensibles et controversées
Il existe des problèmes avec certaines parties prenantes, comme l’acquisition de terre et la réinstallation, qui peuvent être particulièrement sensibles et être à l’origine de risques pour l’entreprise si des informations à leur sujet ne sont pas communiquées et gérées avec efficacité.
L’engagement communautaire
Il représente la volonté de l’entreprise d’apporter son appui à la communauté dans laquelle elle évolue. Appelé aussi investissement communautaire, il s’effectue sous forme de projet en faveur d’une cible. Le système anglo-saxon le considère comme une des modalités de l’investissement socialement responsable lorsqu’elle intègre des critères extra financiers.
En effet, la mise en oeuvre de produits tels que les fonds de solidarité ou de partage peuvent motiver ce type d’investissement qui a pour spécificité de créer un cadre positif réciproque aussi bien pour la communauté que pour l’investisseur.
Initier un projet communautaire pour CBAO peut avoir plusieurs enjeux. Sur le plan environnemental, il peut permettre à l’institution de réduire son empreinte écologique quelque soit le type du projet. Sur le plan purement économique, la banque peut accroitre sa part de marché et chiffre d’affaires tiré des résultats positifs du projet. Il peut être une réelle opportunité pour l’image de l’entreprise, un support alternatif pour sa communication aussi.
La réussite du projet communautaire dépendra fortement de la pertinence de la démarche « RSE » initialement entamée par l’entreprise, des outils relatifs à la détermination des enjeux ou encore de la cartographie des parties prenantes. Cette dernière aura un impact important pour le déroulement du plan d’actions qui sera choisi.
Le groupe de la Banque Mondiale a développé un standard en la matière et définit ce type d’investissement comme étant « considérées comme un moyen de promouvoir le développement local et d’apporter des bénéfices aux populations locales impactées par les opérations. Dans des conditions idéales l’investissement communautaire peut contribuer à établir des relations mutuellement bénéfiques entre les entreprises et leurs parties prenantes locales, à long terme à améliorer les conditions de vie des populations locales et à créer un environnement propice à l’investissement privé ».
Pour la Société Financière Internationale, cette méthode d’investissement est désignée par le vocable de l’Investissement Communautaire stratégique (IC) qui prend en compte les contributions ou actions volontaires des entreprises, pour aider de façon durable les communautés dans leurs zones d’influence à faire face à leurs priorités de développement et saisir des opportunités créent par le secteur privé, et qui visent à faciliter l’atteinte des objectifs opérationnels des entreprises.
Des donations philanthropiques, du mécénat, les entreprises évoluent vers des modèles stratégiques de planification et de mise en oeuvre de programmes d’investissement communautaires. Ces programmes constituent un moyen additionnel pour renforcer les impacts positifs et les avantages socioéconomiques.
Selon les experts de la Banque Mondiale « les entreprises appuient le renforcement des capacités, l’amélioration des conditions de vie, le transfert des compétences et l’accès aux services sociaux et aux infrastructures, souvent dans un contexte de niveau élevé de pauvreté , de risque social, d’attente des populations et de compétition entre les entreprises et les communautés pour l’utilisation des terres et des ressources naturelles.
Il est important de souligner que l’investissement communautaire est un investissement à valeur ajoutée. Il n’est pas non plus comparable aux mesures d’atténuation et de compensation des impacts environnementaux et sociaux causés par les activités de l’entreprise. Ces problématiques sont réglées par les Standards de Performance
Environnementale et Sociale de la Société Financière Internationale. Cependant, il serait très pertinent que les deux approches soient complémentaires en s’inscrivant dans une logique holistique de gestion des relations entre l’entreprise et les communautés locales. »
La SFI pour sa part a mis en place un cadre de planification stratégique pour l’investissement communautaire tournant autour de sept (7) points. Cette stratégie est caractérisée par l’aspect itératif du processus qui crée des étapes dont certaines sont gérées en interne par l’entreprise et d’autres par ses parties prenantes à travers une dynamique participative.
Dans cette étude nous nous fonderons essentiellement sur le Livret de Référence (Résumé des
Points Forts du Guide des Bonnes Pratiques) de la Société Financière Internationale. Le séhama suivant en décline les contours.