LE DÉVELOPPEMENT DES POLITIQUES ET PROGRAMMES D’APPUI À LA CRÉATION D’ENTREPRISES

LE DÉVELOPPEMENT DES POLITIQUES ET PROGRAMMES D’APPUI À LA CRÉATION D’ENTREPRISES

Botzung (1996, p. 136) a souligné que « l’appui aux petites entreprises constitue un champ d’opération et d’investigation au croisement de l’entreprise, de l’entrepreneur et du trinôme État/bailleur/opérateur. La petite entreprise s’insère dans un champ de relations interactives avec un environnement peu favorable caractérisé par un marché souvent étroit, une forte concurrence, des systèmes d’approvisionnement incertains et un cadre législatif et fiscal inadapté. L’entrepreneur apporte son savoir-faire, généralement acquis sur le tas, son itinéraire entrepreneurial et ses références sociales intériorisées. Sur ce terreau et face à ces contraintes structurelles, les dispositifs d’appui visent à lever les hypothèques pesant sur l’environnement de l’entreprise, conseillent et élaborent des formations à l’attention des entrepreneurs, et mettent en œuvre des systèmes de crédit ». Force est alors de constater que de nombreuses structures et mécanismes publics et privés d’appui à la création d’entreprises ont vu le jour ces dernières années, en développant des services et en offrant des produits pour faciliter la démarche des candidats entrepreneurs au moment de la confection de leurs projets et le développement de ceux-ci (Sur lement, 2009) ; car si l’entrepreneur est l’auteur principal de son projet, il ne peut pas envisager de réaliser seul son parcours (Barès et Muller, 2007). Cette attention est due en fait à ce que la petite entreprise est liée non seulement aux facteurs de réalisation de soi et d’insertion sociale, mais aussi à la création d’emplois, ce qui a amené l’environnement social et politique à faciliter son accueil (Tounès, 2004). En effet, aujourd’hui et partout dans le monde, le contexte économique est caractérisé par la montée du chômage, surtout en milieu des jeunes diplômés. Pour cela, la diffusion de la culture d’entreprise, la formation à l’entrepreneuriat et l’amélioration des capacités d’entreprendre contribueront sans aucun doute à la sensibilisation au travail indépendant, et par la suite à la multiplication des entrepreneurs. Se pose alors la question de l’identification des conditions de l’environnement propices à l’éclosion des jeunes entrepreneurs, non seulement pour augmenter le nombre de créations d’entreprises, mais aussi pour assurer leur survie et favoriser leur pérennisation.

Le développement des réseaux d’accompagnement 

« L’accompagnement est souvent présenté comme l’un des facteurs de réussite des projet de création, reprise ou développement d’entreprise. Les pays dans lesquels la densité entrepreneuriale est la plus forte sont aussi ceux où l’accompagnement précoce est le plus développé » Cuzin et Fayolle (2006, p. 92) LAROUSSE (2005) s’en tient à définir le terme « accompagner » comme « aller quelque part avec quelqu’un, le conduire, l’escorter, mettre en place des mesures visant à atténuer les effets négatifs sur lui ». De son côté, Paul (2010, p. 16) considère l’accompagnement comme « un espace au sein duquel le professionnel crée les conditions pour qu’une personne s’exerce, avec lui, à décrire quelle est sa situation, à poser et construire quel est son problème, à identifier quelles sont ses ressources, celles dont il dispose jusqu’à maintenant et celles qu’il devra acquérir, à chercher ensemble comment mobiliser ces ressources au sein d’un environnement donné, à exprimer ses choix, exercer son pouvoir de décision et développer concrètement son pouvoir d’agir ». A partir de cette définition, on peut relever qu’accompagner un porteur de projet, nécessite différents niveaux de services qui peuvent être offerts à savoir : l’accueil et l’information, l’accompagnement et la formation, ainsi que le conseil et le suivi postcréation (Lévy-Tadjine, 2004 ; Sénicourt et Verstraete, 2000a). Durant la première phase de la création, qui est généralement perçue comme cruciale, l’entrepreneur a besoin de quelqu’un qui l’écoute, l’informe et l’oriente. Souvent, les structures d’appui mettent à la disposition des créateurs potentiels une pléthore de documentations et d’actions, en vue de les informer sur les procédures de création, les formalités à accomplir, les aides dont ils pourront bénéficier…, et ce à travers la mise à leur disposition des cellules d’écoute et l’organisation des sessions d’information. Ainsi, le chargé de mission doit détecter les besoins éventuels de formation technique ou en gestion chez le porteur de projet, et l’orienter vers les organismes complémentaires. La figure ci-dessous de Benoun et Sénicourt (1994), décrit de manière synoptique les diverses actions susceptibles d’aider l’entrepreneur dans les diverses phases, depuis la phase où il est créateur potentiel, jusqu’à la phase où il devient un créateur effectif. Ainsi, les aides et l’assistance à la création d’entreprise s’appliquent suivant trois phases. La première correspond à celle qui vient avant la création, depuis la fécondation et l’émergence de l’idée jusqu’à la création. La deuxième phase est pendant la création, période qui s’étale de la mise en œuvre effective du projet à son existence juridique. Quant à la troisième phase, elle va de la création, jusqu’aux premières années de son existence : c’est la phase après création

 

En se référant au schéma précédent, on remarque qu’un certain nombre d’actions devrait être développé pour aboutir à un système fiable d’aide et d’assistance à la création d’entreprise, notamment par : – L’information et la sensibilisation. Souvent elle est d’ordre général, et s’adresse au grand public, l’informant sur l’importance de l’entrepreneuriat. Elle suscite l’intérêt des candidats, en les faisant passer d’une attitude négative ou neutre, à une attitude réceptive et positive vis-à-vis de la création d’entreprise. – La stimulation et la formation. Il s’agit là d’un ensemble d’informations et d’actions orienté plus aux créateurs potentiels, leur permettant l’acquisition des connaissances en matière d’avantages, aides financières… et les rendant capables de prendre la décision de créer un projet. Cette formation générale destinée aux Individus ou entreprise s Individus ou entreprises créateurs potentiels, peut revêtir un aspect spécifique, et sera donc destinée aux créateurs révélés. Elle prend souvent la forme d’une préparation à l’action de réaliser le projet. – La préparation et le conseil. A ce niveau, la formation passe souvent par une assistance plus ou moins personnalisée. Le créateur révélé exprime un besoin en termes de conseils, le plus souvent dans le domaine technique, juridique, financier ou commercial. Cette assistance peut lui permettre d’éviter des erreurs qui ont pu être commises, et de réduire les risques qui pourraient se révéler. Vient donc la phase d’accompagnement proprement dite, où l’appui sera focalisé sur l’accomplissement des séances de formations dans le but de soutenir le porteur de projet dans l’élaboration de l’étude de faisabilité de son projet, et notamment l’étude de l’opportunité de l’idée, l’étude de marché, l’étude juridique, financière… Toutefois, ce dispositif général d’accompagnement doit être « pertinent », dans le sens où il doit « dépasser la logique fondée sur les seuls accès à l’information et à la formation standardisée » (Sammut, 2003a, p. 162), pour se focaliser plutôt sur l’adéquation dynamique entre les besoins d’assistance et l’offre de prestations (Cuzin et Fayolle, 2004). Malgré le développement des structures d’accompagnement ces dernières années, les outils proposés et leur technicité sont parfois mal adaptés aux besoins de développement de l’entreprise en question (Berger-Douce et al., 2011). D’ailleurs, Fayolle (2002, 2004) pense quant à lui, qu’il vaut mieux proposer au créateur des situations d’apprentissage et éviter de se réfugier derrière des solutions techniques, pour arriver à faire en sorte que l’entrepreneur apprenne à faire son métier de chef d’entreprise sans l’accompagnateur, car l’essence de l’accompagnement est de favoriser l’autonomisation du créateur. Ainsi, l’accompagnateur ne joue le rôle ni du gestionnaire, ni d’un expert comptable ; il est non plus ni un conseiller juridique, ni un expert technique (Granger, 1999). Son rôle consiste donc à aider le créateur d’entreprise à exercer son nouveau métier de chef d’entreprise et résoudre les problèmes qui se posent à lui. C’est pourquoi, et en reprenant la définition de Cuzin et Fayolle (2004, p. 87), l’accompagnement en création d’entreprise doit se présenter « comme une pratique d’aide à la création d’entreprise fondée sur une relation qui s’inscrit dans la durée entre un entrepreneur et une personne extérieure au projet de création ». Cette définition est en adéquation avec l’approche de Sammut (2003a) qui plaide en faveur d’un accompagnement ancré dans le temps, synonyme d’une relation symbiotique entre accompagnant et accompagné. L’accompagnement ne peut être performant que s’il s’inscrit dans la durée (Deschamps et al., 2010). En effet, l’accompagnement en création d’entreprises devra se présenter comme une pratique d’aide ante-création, qui se succédera par un suivi post-création ; la priorité ne doit pas être focalisée sur l’accès à la création au détriment de l’assistance postcréation (Sammut, 1998b). D’ailleurs la littérature semble s’accorder sur le fait que l’accompagnement des entrepreneurs tout au long du processus de création et au cours des premières années d’existence de la nouvelle entreprise, constitue un élément majeur de la pérennisation de celle-ci (Berger-Douce, 2005, Chabaud et al., 2003 ; Hernandez, 1999 ; Sammut, 1998a, 1998b, 2003b), étant donné que l’entreprise en création est déjà très fragile et pourrait être confrontée à des problèmes, qui a priori, semblent anodins, mais s’avèrent par la suite déterminants, hypothéquant la survie de cette entreprise (Sammut, 2003b). Ainsi, le suivi ou l’assistance post-création appréhende toute forme d’appui visant à atteindre une parfaite adéquation entre l’entrepreneur, son nouveau projet et l’ensemble qui constitue son environnement, pour développer et forger les compétences du jeune créateur dans différents volets, notamment managérial, administratif, stratégique, commercial, financier…, lui permettront par la suite de bien construire son entreprise et d’agir efficacement sur son environnement. Donc, c’est un processus qui fait apparaître les interactions entre les disciplines de manière concrète (Dokou, 2001), permettant au jeune créateur débutant de développer ses qualités pour pouvoir piloter son entreprise. Toutefois, et au-delà d’un accompagnement « standard », plusieurs pratiques peuvent apparaître susceptibles de constituer des approches suffisamment personnalisées de l’accompagnement, dont la différenciation émane de plusieurs paramètres, tels que la nature du projet de création (création d’entreprise ex-nihilo, création d’entreprise essaimée, création d’entreprise innovante ou start-up….), ou encore la personnalité du créateur, son potentiel entrepreneurial et ses besoins éventuels d’aide et de soutien (un créateur novice, un diplômé créateur, un chômeur créateur…). Dès lors, on peut citer le tutorat, le mentorat, le coaching, le counselling, etc. Ces terminologies, bien qu’elles appartiennent au même champ sémantique du verbe « accompagner » (Paul, 2002), présentent des enchevêtrements et des différences au niveau de leurs définitions.

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