Le fondement de la justice dans la philosophie de platon

NATURE DE LA JUSTICE ET DEFINITIONS

Dans son sens étymologique, la justice vient du mot latin « justitia » qui veut dire, droiture, légalité, légitimité, égalité. De cette définition étymologique, nous constatons que la justice tend toujours vers ce qui est bien. Elle est donc la conformité aux lois sociales puisque c’est en respectant les lois préétablies qu’il y aura égalité et légitimité dans une société donnée. De ce fait, l’homme doit chercher à être juste. De cette définition, nous pouvons affirmer d’ores et déjà qu’un homme est dit juste s’il est droit, légal, s’il se conforme aux lois, ou s’il est incorruptible dans la société. De ce fait, on peut qualifier les sophistes de gens injustes en ce sens qu’ils ne cherchent que leurs intérêts particuliers si bien qu’ils ne respectent pas les lois sociales. La justice est donc l’état d’un être incorruptible face aux autres. Celle-ci doit être manifestée partout, même au niveau de l’Etat. Mais la justice révélée par Platon a aussi d’autres significations selon le contexte qu’elle reflète à travers l’histoire. Ainsi, au moment où des désordres sociopolitiques bouleversaient la cité athénienne, Platon a fait dire à Thransymaque que : « La justice est l’intérêt du fort »3.

Cette pensée se présente comme étant une allusion à l’usage de la force à laquelle certains concitoyens ont recours pour chercher leurs avantages. Certes, on ne peut pas aveuglément blâmer cette affirmation car, en vérité, elle relève des réalités historiques que la cité athénienne avait vécues. Aussi elle ne constitue pas une véritable justice, telle que celle-ci se manifeste habituellement, parce qu’elle ne se préoccupe ici que d’une minorité, au lieu de faire preuve d’une haute vision pour la société. Aussi, ce n’était donc qu’une manifestation avide de l’égoïsme, laquelle traduit l’insatiabilité du désir de s’enrichir de la part des pouvoirs politiques et de certains mauvais éducateurs. Mais quoiqu’il en soit, un tel comportement humain doit toujours sa nature et ses fondements à l’action de l’âme. A ce propos, Platon écrit : « Par exemple, chaque fois qu’un homme désire, ne diras-tu pas que son âme tend à ce qu’elle désire ou qu’elle attire à elle ce qu’elle voudrait, ou en tant qu’elle veut qu’une chose lui soit procurée, elle se fait à elle-même un signe d’acquiescement […], impatiente qu’elle est de voir son désir se réaliser » 4.

Parmi les phénomènes qui régissent la vie intérieure de l’homme, le désir est celui qui a toujours la capacité de faire tendre l’individu vers une certaine chose. Et cette attitude ne pourrait avoir lieu sans l’action de l’âme, car naturellement, celui-ci apparaît, en quelque sorte, comme le moteur de toute intention humaine, mauvaise ou bonne. Par conséquent, les conduites de tout citoyen ne viennent jamais spontanément. Elles ne relèvent pas non plus des actions extérieures de l’homme, mais elles demeurent plutôt l’oeuvre exclusive de l’âme humaine. Dès lors, il faut donc chercher au niveau des individus les causes du mal qui fait souffrir l’Etat. Nous lisons dans La République : « Il serait en effet ridicule de prétendre que le caractère emporté qu’on voit dans les Etats réputés pour leur violence […] n’avait point passé de l’individu dans l’Etat »5. C’est pourquoi les moeurs d’un Etat viennent toujours des moeurs des individus, et la justice des individus conditionne inévitablement celle de l’Etat, dans la mesure où celle-ci n’est constituée que par des particuliers, à défaut desquels, l’Etat ne serait qu’une institution dépourvue de signification. Et si l’action de ces particuliers ne contribue pas à la réalisation du bien de la cité, c’est au nom de l’Etat que ce comportement est connu. Plus ils agissent conformément à la justice, meilleure sera aussi la réputation de l’Etat dans ce sens. En ce qui concerne alors cette action juste, c’est à l’âme seule que revient le droit de commander, parce que, « La fonction de l’âme est de gouverner la vertu et la justice »6.

JUSTICE ET INJUSTICE

La justice et l’injustice sont deux concepts qui font la préoccupation majeure de la philosophie de Platon. La politique à Athènes, au temps de Platon, était une lutte perpétuelle entre clans, entre politiciens avides de pouvoir et avides de satisfaire leurs ambitions, sans se soucier de l’intérêt de la cité. Dans cette perspective, Platon qui rêvait d’instaurer la justice dans la cité pour le bien de tous les citoyens a blâmé toutes les injustices qui y régnaient. Pour montrer la distinction entre la justice et l’injustice, voici ce que dit Platon dans La République : « La justice, dis-je, ressemble donc à l’homme sage et bon et l’injustice à l’homme méchant et ignorant »12. Nous pouvons d’abord dire que Platon privilégie la justice par rapport à l’injustice. Si la justice ressemble à l’homme sage, c’est qu’elle est une science et nous constatons que Platon qualifie l’injustice d’ignorance, de méchanceté. Si le juste correspond à l’homme sage, c’est nécessaire, et c’est parce que la sagesse est un savoir à la fois pratique et théorique qui fait agir l’homme dans le bon sens. L’homme injuste qui correspond à l’ignorant est méchant et nuisible, puisqu’il n’est pas différent de l’animal sur le plan de l’ignorance. La sagesse évite le mal et l’ignorance y conduit. En fait, Platon accepte que la justice est sagesse.

Par contre, l’injustice est vice et ignorance. En somme, la justice est conçue comme une sagesse, parce qu’elle fait agir l’homme comme un homme de justice. La justice est aussi un bien pour l’homme, parce que l’homme juste peut défendre ses droits ainsi que le droit d’autrui. L’injustice introduit dans la cité la haine entre les citoyens. Voici ce que dit Platon : « L’injustice fait naître entre les hommes des dissensions, des haines et des luttes, tandis que la justice entretient la concorde et l’amitié »13. L’injustice, en tant que vice et ignorance, fait naître entre les hommes des désaccords, des haines et des luttes. Nous constatons ici que Platon blâme d’une manière ferme l’injustice qui est le contraire de la justice. Il faut user de la justice pour qu’elle serve davantage à donner de meilleures solutions à la vie de l’individu et de la cité, tandis que l’injustice est taxée d’ignorance. Nous pouvons même citer l’exemple célèbre du proverbe français : « Les bons comptes font les bons amis », qui signifie que si nous voulons rester amis, il faut s’acquitter exactement de ce que nous devons l’un à l’autre. La justice empêche donc une personne de transgresser la loi, par la suite, elle oblige l’homme à respecter toutes les lois et à dire toujours la vérité. De plus, respecter la vérité est un caractère enviable chez l’homme puisque cela conduit à être sage, voire juste. Voilà pourquoi Platon dit ceci : « Donc l’âme juste vivra bien et l’injuste mal »14. L’homme juste mènera une vie heureuse et l’homme injuste une vie malheureuse. Nous pouvons aussi constater que l’homme juste et l’âme juste peuvent surveiller l’âme injuste parce que la justice et l’injustice semblent se différencier selon les actes commis par une personne. En ce sens, Aristote dit ceci : « Nous avons divisé l’injustice en le contraire de la loi et l’illégal et la justice en le conforme à la loi et légal »15.

Table des matières

LA NOTION DE JUSTICE CHEZ PLATON DANS LA REPUBLIQUE
DEDICACE
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LE FONDEMENT DE LA JUSTICE DANS LA PHILOSOPHIE DE PLATON
CHAPITRE I : NATURE DE LA JUSTICE ET DEFINITIONS
CHAPITRE II : JUSTICE ET INJUSTICE
CHAPITRE III : LE COURAGE
CHAPITRE IV : LA TEMPERANCE
CHAPITRE V : LA SAGESSE
CHAPITRE VI : LA SCIENCE RHETORIQUE ET LA COMPREHENSION DE L’INJUSTE
CHAPITRE VII : LA POLITIQUE
CONCLUSION PARTIELLE
DEUXIEME PARTIE : GENESE DES CITES INJUSTES ET LES FORMES D’ETATS
CHAPITRE I : L’OLIGARCHIE
CHAPITRE II : LA DEMOCRATIE
CHAPITRE III : LA TYRANNIE
CHAPITRE IV : LA RECHERCHE DU BIEN DANS LA CITE
CHAPITRE V : LE PHILOSOPHE DANS LA CITE
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
INDEX
TABLE DES MATIERES

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