Les stratégies développées par les populations

 Action limitant la pression anthropique

Changement de combustible et de matériels de construction Vu que le bois de mangrove est en diminution et alors que les besoins ne cessent d’augmenter, il est important de trouver d’autres alternatives au combustible. Le changement de combustible est la solution trouvée par les populations qui habitent dans des milieux à forte mortalité de palétuviers. Ce changement n’a pas été brutal, il s’est fait de manière progressive avec l’alternance du bois de mangrove et du bois issu de la forêt pour des utilisations domestiques. Maintenant, les populations se rabattent sur le bois de forêt. Ce qui ne fait que déplacer le problème : la pression anthropique va se faire ressentir sur les formations forestières du plateau.

En effet, la dégradation connait une telle ampleur qu’il est difficile trouver des palétuviers nécessaire au plafonnage. Face à cela le bois de rônier ou de bambous sont utilisés pour le plafonnage des maisons comme nous le voyons sur la photo. Les stratégies développées par les populations Dégradation de la mangrove dans la communauté rurale de Niaguis (région de Ziguinchor) 64 Photo 16 : Plafond d’une chambre à partir des branches de rôniers (Auguste Preira, octobre 2013) Cette pratique ancienne dans la zone de Niaguis commence à prendre de l’ampleur dans les zones telles que Boulome où la mangrove est fortement éprouvée. 

La pratique de l’ostréiculture

La cueillette des huîtres est une activité très ancienne dans la région. Elle cause généralement la coupe des racines des palétuviers. Ce qui est néfaste pour le développement de la ressource et de l’activité. Ainsi il faut noter que c’est sur les racines des palétuviers que se fixent les huîtres et cela empêche très souvent leurs croissances. Donc pour limiter cette pratique, une solution fut imaginée c’est l’ostréiculture. L’ostréiculture est l’élevage des huîtres. Elle est une bonne alternative car demandant moins de travail et limite les éventuels incidents qui pourraient résider dans la cueillette sur les palétuviers (coupure et inflammation sur les bras et pieds) A Niaguis, cette activité est menée par les femmes qui sont organisées en groupement.

Chaque GIE effectue son périmètre d’ostréicole, et au moment de la récolte et de la vente le bénéfice est partagé. Cette technique facile mettre en œuvre et donne de très bons résultats. L’ostréiculture est un travail qui fait appel à un ensemble de procédé. D’abord, il faut procéder au choix du site où se fera l’ostréiculture. Cette phase est importante pour obtenir de bons résultats. Ainsi le lieu doit surtout être à coté d’une zone contenant beaucoup d’huitres évoluant à l’été naturel. Aussi sur ce site le courant doit être de faible densité et la salinité ne devrait pas être supérieure à 50g/l. Après le choix du site, il faut préparer les guirlandes qui sont faites avec des fils de pêche et de coquilles d’huitres vides. Une fois ces guirlandes réalisés, ils sont placées sur des perches en bois qui sont plantés. La bonne période pour disposer ces guirlandes pour permettre le captage des naissains est entre fin juin et début juillet.

Après que ces guirlandes ont été Dégradation de la mangrove dans la communauté rurale de Niaguis (région de Ziguinchor) 65 installées, il est nécessaire de faire des suivis réguliers sur les lieux soit au moins chaque deux semaines afin de nettoyer les guirlandes et permettre aux huîtres de s’y fixer. Après cette opération vient la phase de détroquage qui consiste à enlever des guirlandes les jeunes huîtres. La pose de guirlandes jusqu’au détroquage peut durée 10 voire 18 mois. Cette opération se fait au village une fois que les huitres sont minutieusement décrochées des guirlandes. Une fois au village les grosses huitres sont enlevés et les plus petits sont laissés pour être replacées dans leur environnement naturel et permettre leur croissance normale. Cette pratique tend de plus en plus à se développer dans les villages de la CR de Niaguis, ce qui permet d’obtenir une meilleure qualité sans coup férir. Ce qui amène même certaines à délaisser la cueillette traditionnelle qui demande beaucoup plus d’effort. Les femmes interrogées affirment ne plus avoir recours aux coupes des racines de palétuviers dans la cueillette des huîtres.