Le genre par la cuisine de l’opposition historique de deux cuisines à la « dégenrisation »

Le genre par la cuisine de l’opposition historique de deux cuisines à la « dégenrisation »

women are cooks whereas men are chefs. It is not that men do not cook at home: they do (Murcott, 1983b)[…] But they can elect whether to do so where women have no option. Men ‘help’ (Oakley, 1974b), are ‘understudy’ cooks (Murcott, 1983b) but ‘they do not commonly take over the main meals, however competent they might be in the kitchen’ (Collins, 1985: 71). (Mennell et al., 1992) Dans la lignée des études récentes aux résultats ambivalents concernant l’enjeu que représente l’entrée des hommes dans la tâche spécifique de cuisine et la production du genre dans et par la pratique culinaire (Aarseth, 2009 ; Meah et Jackson, 2012 ; Parsons, 2014, 2015a, 2015b), nous nous demandons enfin si s’observe, chez les jeunes couples de jeunes adultes, un rapprochement des rapports à la cuisine entre hommes et femmes, en comparant les discours sur la cuisine des « chefs » et des « nourricières ». Nous verrons dans un premier temps que leurs représentations ont d’importants points communs, tou·tes déployant certaines exigences culinaires, considérant que la cuisine mérite l’investissement de ressources (temps, argent, matériel, etc.), cuisinant de façon relativement solitaire mais pour les autres, et valorisant leurs compétences tout en dévalorisant celle du ou de la partenaire (1). Nous constaterons ensuite des divergences, dans la lignée des différences de consommations et prises en charge observées parmi l’ensemble des partenaires. Les uns mobilisent davantage un imaginaire associé à la « grande cuisine », les autres au care (2). La santé est davantage privilégiée par certaines « nourricières », tandis que les « chefs » mettent un peu plus l’accent sur le plaisir (3). Enfin, les « chefs » prennent moins intégralement en charge leur partenaire (4).

Des exigences en commun

De nombreux éléments rapprochent le rapport à la cuisine des « chefs » et des « nourricières », accréditant la thèse de la « dégenrisation » de la cuisine chez les jeunes adultes. Ces cuisinières et cuisiniers vivent la cuisine comme une passion. Ils et elles l’associent à la découverte (de nouvelles saveurs, de nouveaux horizons alimentaires, de nouvelles compétences), prennent du plaisir à se faire à manger et plus encore à faire à manger pour les autres, sont fières·fiers de leurs compétences, investissent des ressources (temps, argent, espace, etc.) dans la pratique et sont exigeant·es à l’égard de cette pratique.Tout d’abord, la cuisine est pour elleux quelque chose de grand, de valorisé, y compris par sa ressemblance avec la cuisine professionnelle. Elle leur procure du plaisir, associé notamment à la découverte et à l’expérimentation. Gaëlle (« nourricière » de 21 ans, étudiante ingénieure en alternance, installée depuis 1 mois à Paris avec Damien, 24 ans, consultant en assurances) défend ainsi tout particulièrement la « gastronomie », face à un partenaire moins sensible :Elle aime notamment « la découverte », le « jeu », « tester des nouvelles choses », ou encore « expérimenter ». Elle oppose deux types de cuisine, l’une visant à « manger pour se nourrir » et l’autre à « manger pour le… plaisir de la… dégustation », et choisit pour sa part le second type. Elle se considère plus douée que Damien, de qui elle exige la reconnaissance de l’activité et l’investissement de ressources (financières et temporelles), puisque le couple se rend dans différents supermarchés les week-ends pour accéder à des produits spécifiques.

La cuisine de ces cuisinières et cuisiniers principaux est tournée vers les autres, pensée dans le but de nourrir d’autres personnes et de leur procurer du plaisir, mais par une activité pensée, elle, comme relativement individuelle. François (« chef » de 23 ans, en master de journalisme, installé depuis moins de 1 mois avec Camillia, 25 ans, également en master de journalisme) fait plus d’ « efforts » pour cuisiner pour d’autres, notamment en couple : Pour autant, iels n’aiment généralement pas cuisiner avec d’autres. Pour rappel, François considère que la cuisine doit être gérée par le/la « plus compétent·e » et ne laisse que rarement la main à une autre personne. Pour tou·tes, la cuisine est un lieu de contrôle relativement accaparé par celle ou celui cuisinant principalement. Claire (« nourricière » de 21 ans, mandataire judiciaire, installée depuis 3 ans dans une commune urbaine isolée) par exemple a progressivement chassé Christopher (22 ans, magasinier vendeur) de la cuisine, car elle ne supportait pas que les choses ne soient pas faites selon ses attentes : En effet, « chefs » et « cuisinières » ont conscience de leurs compétences, les mettent en avant, désirent les voir reconnues par leur entourage et dévalorisent réciproquement les (in)compétences de leur partenaire. Iels attendent une reconnaissance par la cuisine qui trouve satisfaction dans la valorisation de leurs compétences par l’entourage, à commencer par le/la partenaire. Fabien (« chef » de 21 ans, en service civique) raconte ainsi que ses ami·es viennent manger chez lui quand iels en ont marre de ne manger que des « pâtes ». Jeanne (« nourricière » de 24 ans, en master, installée depuis plus de 2 ans) semble quant à elle très fière qu’Aurélien (36 ans.

 

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