Le nationalisme

Le nationalisme

Le nationalisme des années 1950 

Les années 1950 furent une décennie complexe et riche en événements qui ont marqué et changé l’univers social, politique et culturel du pays, apportant un peu plus d’éclaircissement aux notions de « conscience nationale », « aspirations nationales », « culture brésilienne » et « culture nationale »139. Des idées déjà en marche depuis quelques années et qui y ont trouvé un terrain favorable et ont pu se développer. Ainsi, au début des années 1950, surtout après la décision de Getúlio Vargas de participer à l’élection présidentielle et sa campagne fondée sur une sorte de nationalisme économique d’opposition aux économies étrangères, le mot nationalisme faisait partie de tous les débats. Comme l’a affirmé Hélio Jaguaribe, un important intellectuel de l’époque, « Explicitement ou implicitement, le nationalisme constitue la plus importante ligne de division de tous les débats qui s’engagent au Congrès, dans la presse et au sein même du gouvernement et de l’administration. Les tendances qui le représentent ou qui le soutiennent dépassent les divisions entre les partis, la distinction entre les groupes du gouvernement et de l’opposition et même des conflits de classe ». En fait, ce supposé pacte social prôné par les nationalistes pendant les années 1950 était le résultat d’une envie de plus en plus grandissante d’autonomie du pays face aux grandes puissances et d’une croissance économique qui a permis l’émergence d’un nouveau profil sociopolitique de la société brésilienne. Une croissance économique qui était le corollaire de l’accélération de l’industrialisation qui a entraîné l’affirmation de la bourgeoisie industrielle, de la classe moyenne urbaine, de la classe ouvrière et qui a déterminé une nouvelle direction pour la politique extérieure du pays. Avec l’augmentation de la participation populaire et l’accroissement des conflits sociaux en conséquence des contradictions internes, qui contrariait le supposé pacte social interclasses, Vargas, en quête d’apaisement social et de développement du pays, n’a eu d’autre solution que de rétablir le projet nationaliste de développement industriel fondé sur le remplacement des importations et l’accroissement de l’industrie de base en collaboration avec les États-Unis, en échange de son soutien à la politique américaine durant la guerre froide. Un projet dont l’échec causé par la victoire d’Einsenhower, le candidat républicain à l’élection de 1953, n’a fait qu’accroître le niveau du nationalisme. Ainsi, ce projet politico-nationaliste, dont l’objectif n’était autre que « l’obtention de l’unité intérieure nécessaire au projet industrialisant (‘rendant possible l’union capital-travail’) et vidé de contenu anti-impérialiste, a fini par être galvanisé par la participation populaire qui grandissait dans le milieu urbain» et dont la campagne pour la nationalisation du pétrole et le suicide de Vargas en furent l’apogée. Au début des années 1950, le nationalisme devient la principale arme de propagande du populisme. Néanmoins, cette discussion sur le nationalisme, du moins dans sa forme économique, était apparue pour la première fois dans le scénario politique brésilien à partir de la Révolution de 1930, notamment après l’implantation de la dictature de l’État Nouveau en 1937. À partir de cette période, le thème du nationalisme est devenu monnaie courante dans les secteurs progressistes, chez les intellectuels et dans la bourgeoisie industrielle, abandonnée pendant l’ancienne république en faveur des barons du café. Rappelons que le PCB, principal revendicateur et propagateur d’un nationalisme plus intensif, n’a été fondé qu’en 1922. Avant les années 1930, il n’y avait presque pas de distinction entre les entreprises nationales et étrangères, comme nous l’explique Hélio Jaguaribe : « Dans le cadre du semi-colonialisme et du sous-développement du Brésil d’avant 1930, les classes dirigeantes étaient commandées par la logique dictée par notre hétéronomie et notre capacité exogène. Et le peuple brésilien constituait, de façon prédominante, par la main-d’œuvre, initialement esclave et, ensuite, sujette à un statut de quasi servitude de la glèbe, destinée à produire les articles avec lesquels nous contribuons au ravitaillement du marché nord-américain et européen. La logique de notre économie imposait aux classes dirigeantes une vision du monde centrée, non pas sur le Brésil, simple instrument au service des économies industrielles, mais sur ces dernières, auxquelles se destinait notre production et desquelles provenaient autant les biens de consommation réclamés par ces classes que les idées qui les nourrissaient. Et les masses travailleuses, privées de conscience propre et des moyens de les acquérir, ne disposaient pas, non plus, des conditions pour revendiquer la défense de leurs intérêts, déterminés par un régime productif allocentrique, dont les prix étaient fixés de l’extérieur par les marchés acheteurs» . Ce sont les Constitutions de 1934 et de 1937 qui commencèrent à imposer certaines limites à l’expansion des entreprises étrangères en créant les premières législations favorables à la nationalisation progressive de ces entreprises, notamment celles actives dans les secteur des ressources minérales, hydroélectriques et des communications, mais aussi des banques et des compagnies d’assurance. Dans un discours de 1942, Estillac Leal, encore colonel à l’époque, affirmait que : « il n’est pas possible que nous voulions laisser à autrui ce qui reviendrait essentiellement à nous, ce qui est notre devoir primordial et qu’il n’y a que nous qui pouvons l’exercer avec amour, avec les vues tournées seulement vers nos intérêts fondamentaux… L’œuvre de libération économique des nations et de sa défense ne pourront avoir lieu que sous l’impulsion vigoureuse, énergique, persévérante, des nationaux ». Ce nationalisme économique ne s’opposait pas aux pays étrangers. Cependant, même si les mesures approuvées ne repoussaient pas totalement les capitaux étrangers, à condition que les entreprises eussent au moins 60 pour cent de leur capital sous contrôle national, elles ont permis une augmentation considérable du nombre d’entreprises brésiliennes. Pragmatique, cette première vague de nationalisation visait surtout à contrôler certains secteurs considérés comme essentiels et a consacré une pratique ou une forme de nationalisme connue sous le nom de « desenvolvimentista » (« développementiste »). Ainsi, nous avons vu la nationalisation de plusieurs compagnies de transport maritime ainsi que des ports qui étaient contrôlés par des entreprises étrangères jouissant de quelques privilèges. Les banques et assurances étaient aussi visées. La Charte de 1937 affirmait, à son article 145, que seules pourront fonctionner au Brésil les banques de dépôts et les entreprises d’assurance ayant des Brésiliens comme actionnaires ». Néanmoins, les entreprises existantes ne respectant pas cet article pouvaient continuer à fonctionner normalement, car cette loi n’était valable que pour les nouvelles entreprises. A partir de 1941, autant les compagnies d’assurance que les banques de dépôts furent interdites aux étrangers. Même si le contrôle des eaux et la nationalisation de l’énergie électrique – contraire aux intérêts des compagnies étrangères qui en contrôlaient l’approvisionnement – furent imposés par la Constitution de 1934, ce n’est qu’en 1939 qu’a été créé le Conseil National des Eaux et de l’Énergie, constitué par cinq membres choisis par le président et qui ne pouvaient avoir aucune relation, directe ou indirecte, avec des entreprises liées à la « production, transmission, distribution ou vente d’énergie électrique146». Le Conseil contrôlait le prix du kilowatt et a interdit son augmentation, ce qui a provoqué un boycott des entreprises décidant de ne pas accroître ni d’améliorer leurs services de façon à pouvoir satisfaire la demande croissante en raison du processus d’industrialisation et de l’augmentation de la population urbaine, occasionnant ainsi un « déficit qui porte préjudice à l’économie du pays, sensible surtout dans l’après-guerre ». 

Le nationalisme culturel et la quête d’authenticité 

Comme nous venons de le voir, dans les années 1950, le nationalisme économique et politique a quasi entièrement remplacé le nationalisme culturel, présent depuis le Romantisme, le Modernisme et, notamment, depuis la Révolution de 1930 et l’avènement de Casa-grande e senzala, le livre de Gilberto Freyre publié en 1933 et qui a été le premier à souligner l’importance de la culture noire, à la considérer et à la définir comme un paradigme identitaire et qui, comme nous le verrons par la suite, a eu une certaine influence sur la conception de la culture populaire des chanchadas. Il est clair que cette valorisation de la culture afro-brésilienne, érigée en identité nationale, a eu une énorme influence sur la conception du nationalisme culturel brésilien. Un nationalisme culturel qui, dû au fait pionnier de quasi-découverte d’une culture, ne la renfermait pas sur elle-même, comme une chose monolithique et en stagnation. A ce moment-là, la culture choisie par Freyre sert simplement à l’affirmation d’une identité culturelle, d’une authenticité, par opposition à d’autres cultures possibles, non authentiques. Elle est le résultat même d’un processus historique et de l’interaction sociale entre les différents groupes ayant formé le Brésil et ne serait authentique que parce qu’elle est née au Brésil, résultant de son brassage racial et culturel. Le traditionalisme de Freyre, qui transforme la culture populaire en folklore et ne la reconnaît plus comme un fait historiquement conditionné, n’est venu qu’a posteriori. Ce nationalisme culturel, au moins jusqu’au début des années 1960, était fondé sur la notion d’authenticité et ne rejetait pas la culture de l’autre. Un peu comme les nationalistes modérés, ce nationalisme respectait les formes d’expression des cultures allogènes mais lui préférait les cultures endogènes. La culture étrangère était toujours perçue comme un point de référence incontournable qu’on ne pouvait et ne devait pas éviter, mais dont il fallait s’en distinguer dans la quête d’une authenticité et de particularités locales. Construite et imaginée comme la majorité des concepts, la notion d’authenticité, qui se confond avec celle d’identité nationale, a toujours été diverse et difficile à cerner, car elle était perméable aux subjectivités et aux époques, même si elle passait invariablement par la valorisation d’une spécificité préalablement définie comme étant typiquement nationale et porteuse de valeurs universelles, par opposition à une forme de culture considérée comme inauthentique et, de ce fait, non-nationale. Pour le sociologue américain Immanuel Wallerstein, les nationalistes du monde moderne sont « l’expression ambiguë d’une demande à la fois de participation dans le système, d’assimilation dans l’universel, d’élimination de tout ce qui n’est pas égal et en effet différent, et,simultanément, de désengagement du système et d’adhésion au particulier, à la réinvention des différences. En vérité, il s’agit d’un universalisme au travers du particularisme et d’un particularisme au travers de l’universalisme». Cette définition de l’auteur américain rejoint celle de la philosophe brésilienne Marilena Chaui quand elle affirme que l’utilisation de l’expression « national-populaire » au Brésil, synonyme d’authenticité donc, « indiquait une unité géographique, anthropologique, juridique et politique dotée d’une face externe et d’une face interne, le national étant l’extériorité et le populaire, l’intériorité». Le national, intérieur, s’opposerait à l’européen, extérieur, mais s’identifierait à son modèle d’universel dans un processus à la fois d’indifférenciation et d’intégration. En ce sens, les cultures différentes ou les cultures autres, qui serviraient initialement comme paradigme de comparaison pour la différenciation identitaire et « universalisante », ne seraient pas forcément inférieures ou supérieures, mais simplement inauthentiques, non typiques. 

L’indianisme 

La quête d’authenticité, d’une identité culturelle au Brésil, depuis le début, a souvent portée sur les plus diverses formes et expressions de la culture populaire brésilienne. Le Romantisme brésilien est le premier à avoir essayé de la définir et de la caractériser, notamment avec le courant indianiste. Tributaire d’une période de nationalismes, il semblait naturel que les écrivains de ce mouvement se tournassent vers la réalité brésilienne, vers ce qu’il y avait de populaire, natif et typique, étant donné que le reste était lié à une métropole dont ils cherchaient à se distinguer et à s’éloigner. Le critique littéraire Pereira da Silva, l’un des fondateurs et principaux critiques du Romantisme brésilien, après avoir affirmé que la France et l’Italie n’avaient réussi à créer une poésie originale fondée sur les choses nationales qu’après avoir abandonné l’imitation des arts étrangers, constatait, un peu amer, que : « au Brésil, cependant, cette révolution poétique ne s’est malheureusement pas encore fait complètement sentir, nos poètes renient leur patrie, oubliant de chanter les beautés des palmiers, les délicieux bord de l’Amazone et du Prata, les forêts vierges, les superstitions et pensées de nos compatriotes, leurs us, coutumes et religions, pour saluer les Dieux du Polythéisme [sic] grec, s’inspirer d’étranges croyances, auxquelles nous ne croyons pas, et ne prêtons aucune importance, et ce faisant agissent comme de simples imitateurs173 d’idées et de pensées d’autrui174 ». Nous pouvons noter dans cette plainte, l’envie d’une chose typique et qui fasse sens pour le public brésilien. Ce passage nous montre, très clairement, les principales caractéristiques qui sont devenues les lignes directrices ayant guidé le mouvement dans sa recherche d’une littérature nationale. D’abord, nous pouvons constater que l’authenticité s’opposait à l’idée d’imitation d’une culture ou d’un art exogènes qui devaient être rejetés à tout prix. Cette idée de copie de l’étranger comme synonyme d’inauthenticité et de cosmopolitisme suscitée par le mouvement a marqué les esprits lettrés brésiliens pendant longtemps, jusque dans les années 1960 où elle a refait surface à chaque fois qu’il était question d’originalité artistique et d’identité nationale. L’autre directive importante qui ressort de ce passage, et qui a constitué le thème de base de l’indianisme, est l’incitation à la reconnaissance et à la valorisation d’une partie de la culture populaire de l’époque vue quasiment comme un devoir civique et patriotique. L’autre partie, la culture afro-brésilienne, encore enchaînée et inféodée aux préjugés de l’époque, a dû attendre la plume de Gilberto Freyre pour se libérer des amarres qui l’attachaient aux maisons des esclaves, gagner les traits d’une identité nationale et, finalement, gagner droit de cité. Outre leur position idéologique concernant le régime esclavagiste – plusieurs d’entre eux étaient propriétaires d’esclaves -, les romantiques ont justifié le choix de l’indianisme175 par le fait qu’il s’agissait d’une culture et d’un peuple entièrement nés au Brésil, même si au milieu du XIXe siècle une immense majorité des aborigènes brésiliens se trouvait déjà assimilée par la culture européenne. Au départ, donc, c’est l’aspect nativiste qui a déterminé le choix du populaire. Comme dans le cas du Romantisme européen, il a fallu, pour trouver cette originalité typique, reculer dans le temps. Si en Allemagne on va jusqu’à l’Antiquité, au Brésil et en Amérique latine de manière générale, on revenait au passé pré-colonial pour mieux mythifier le passé historique, la nature et les aborigènes, le « bon sauvage », qui devenait le peuple « mythique et héroïque fondateur de la race brésilienne176». Un retour vers un passé non colonial, qui pouvait être interprété comme une condamnation du présent et tout ce qu’il symbolisait à mesure que le mouvement plongeait dans le passé pour trouver ce qu’il ne trouvait pas dans le présent, mais aussi comme une négation du présent (dans le sens de la dissimulation de la réalité) à mesure que le mouvement passait sous silence les contradictions internes de la société de l’époque, tel que l’esclavage et l’état de total délabrement dans lequel se trouvait l’indien brésilien, si les auteurs n’avaient pas été aussi conformistes qu’ils le paraissaient, si leur position n’avait pas été aussi idéologique. Cette idée d’une culture nationale sans le Noir créait un paradoxe qui s’accentuait avec la transformation de l’indien brésilien en une sorte de chevalier européen. Donc, en l’absence de tout réalisme et de toute conscience critique, cette quête d’authenticité des romantiques ne s’est pas réalisée sans poser quelques problèmes. Au mépris de l’importance que le mouvement a eue dans la quête d’une identité culturelle nationale, en choisissant l’élément indigène comme symbole de l’authenticité brésilienne, au détriment total de l’élément noir, « l’indianisme mettait en évidence sa valeur idéale – exprimée à travers les déformations d’un subjectivisme romantique – en opposition à la pauvre et prosaïque réalité de l’époque ; mais, en même temps, il accomplissait une fonction sociale foncièrement évasive, en laissant dans l’ombre les contradictions sociales concrètes du Brésil de l’époque177». En agissant d’une telle façon, ils se mettaient au diapason de la mentalité prédominante durant cette période très marquée par les théories racistes européennes qui considéraient le Noir comme un être inférieur et qui, pour cette raison, trouverait beaucoup de difficultés à être mythifié. En raison de l’influence non négligeable de la culture européenne178 sur les romantiques brésiliens – à tel point que certains critiques leur nient l’épithète de nationaux -, nous pouvons constater que leur choix ne s’est pas fait par opposition à une culture exogène, mais a été l’objet d’une quête d’authenticité, d’une envie de nationalité, qui passait par un primitif typique et s’opposait moins à la culture portugaise et européenne qu’à l’élément portugais – très renié parce que colonial et nonnational – et son influence. Une influence dont les écrivains cherchaient à se différencier et à se débarrasser dans leur envie d’émancipation vis-à-vis de la métropole. En réalité, dans cette envie d’universalisation, on s’inspirait d’une forme reconnue et consacrée, même si elle était exogène, pour mieux représenter un contenu, une matérialité typiquement nationale. La forme pouvait être universelle, mais le contenu ne pouvait être autre que national, local. Dans une patrie récemment proclamée, il y avait une énorme demande de brésilité que la littérature a très bien su combler. Rappelons que le mouvement apparaît au début des années 1830, après l’indépendance brésilienne survenue en 1822 qui a exercé une grande influence sur leur conception d’une littérature nationale et patriotique179. Une nation nouvelle et indépendante devait avoir une littérature nouvelle et authentique. Même si cette conception d’une authenticité bâtie sur la valorisation idéale de l’élément primitif et sur les aspects plus pittoresques du paysage brésilien de l’indianisme au prix d’une totale ignorance des problèmes des Noirs semblait absurde et problématique, elle a eu, au moins, le mérite de valoriser une culture jusqu’alors perçue négativement et d’affirmer une identité nationale à partir d’un composant local et natif qui a eu une « grande importance dans la formation d’une littérature brésilienne autonome180» et dans la recherche et l’affirmation d’une thématique nationale et populaire qui a sonné quasiment comme une déclaration rebelle d’indépendance contre la culture européenne. Des qualités qui ne furent pas souvent saluées par la critique. Certaines de ces critiques apparaissaient là où on les attendait le moins et parfois n’étaient pas dépourvues de mépris envers ce peuple que l’indianisme a désigné comme national et modèle pour une littérature brésilienne, ainsi que d’un certain ethnocentrisme qui ne voyait pas d’un bon œil la valorisation d’une culture native et populaire, considérée comme pauvre et sous-développée, au détriment de la culture métropolitaine dite d’élite. Silvio Romero – peut-être le critique le plus brillant de sa génération, pour qui l’Indien n’avait ni sentiment patriotique ni l’étoffe du héros décrits par l’indianisme – a écrit que l’ainsi nommée : « poésie purement indienne est une poésie bi-forme, qui n’est ni brésilienne, ni indigène. La race sauvage, avec tous les enchantements et hallucinations de l’homme enfant, vierge et agréablement espiègle, avec tous les effluves apparents d’une immense poésie, est aujourd’hui une image muette devant disparaître du centre de notre vie, dans l’agitation de notre civilisation. Elle n’a pas voulu ou n’a pas pu sentir les agitations d’un autre vivre, écouter les bruits d’autres formes de désirs, de libertés, de croyances, de luttes, que la foule, parfois tyrannique, des conquérants, a voulu lui faire entendre. La race sauvage est morte ; nous n’avons plus rien à craindre ou à attendre d’elle. Le colon européen n’a pas eu à livrer de grandes batailles face à un ennemi tenace : il a dû assister au défilé triste et émouvant de la masse sauvagement bonne et sympathique des adorateurs de Tupã ». 

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