LE VEHICULE ELECTRIQUE EN CHINE, ENTRE FORCES INSTITUTIONNELLES ET FORCES MARCHE

LE VEHICULE ELECTRIQUE, ENTRE URGENCE ET OPPORTUNITE POUR LA CHINE 

Le véhicule électrique, entre urgence et opportunité Aujourd’hui, la Chine est considérée par la majorité des constructeurs automobiles comme le marché unique montrant le plus grand potentiel pour les VE, en regard des investissements colossaux et continus des autorités chinoises. Mais pourquoi l’état considère le VE comme l’une des 7 priorités nationales ? Nous avons identifié 4 enjeux majeurs. La pollution locale de l’air comme source majeure d’instabilité sociale La pollution locale, visible, est davantage liée aux particules (PM10, PM2.5, NOx, SOx) qu’au CO2, et est surtout perceptible dans les grands centres urbains. Cette pollution locale est devenue un véritable problème de santé publique au début des années 2000. Le lien entre pollution particulaire locale et nombre annuel de morts prématurés est démontré notamment par des articles du Ministère de la Protection de l’Environnement chinois et du Dr. Chen Zhu (Chen et al., 2013), l’ancien Ministre de la Santé, qui soutien publiquement le combat contre la pollution.Cette pollution est d’origine multiple (Fig. 38) : poussières naturelles, agriculture, industrie, génération d’énergie, combustion de carburants fossiles non véhicules, ou encore nos véhicules thermiques. Ce véritable problème de santé publique est aujourd’hui discuté sur les réseaux sociaux chinois et devient un problème à l’origine d’instabilité sociale que le gouvernement veut à tout prix contenir. 

La pollution globale, un enjeu secondaire

La pollution globale est à l’échelle de la nation et implique les particules et les gaz à effet de serre (CO2). L’un des débats sur le VE concerne le mix énergétique chinois. Le VE aurait un impact négatif au global, la production d’électricité chinoise étant basée à 70% sur l’exploitation de centrales à charbon, fortement émettrices de particules et de CO2. Toutefois, si la priorité du gouvernement est l’apaisement des tensions sociales dû à la pollution, le débat reste localisé aux grandes villes. L’enjeu est la pollution locale, il s’agit donc de déplacer la pollution particulaire des zones urbaines vers les zones rurales en priorité. Le VE alimenté par des centrales à charbon éloignées des grandes villes est une première étape. La technologie est vouée à évoluer. Le mix énergétique s’appuie de plus en plus sur le nucléaire et la production d’énergie durable. Les centrales à charbons sont au centre d’un programme de développement national visant à en baisser les émissions (carbon capture). Aussi, les émissions indirectes des véhicules électriques dépendant du mix énergétique, le parc de VE peut être dépollué au cours du temps, au contraire des véhicules thermiques. Un véhicule à essence émettra au global toujours le même taux de pollution durant sa vie. Mais un véhicule électrique peut devenir au global de plus en plus vert au fil de la dépollution des infrastructures de production d’électricité. Par contre, le CO2 est un enjeu économique pour la Chine sur la scène mondiale avec la mise en place des marchés et régulations carbone.

Une stratégie énergétique nationale en faveur de l’électromobilité

L’un des enjeux majeurs de l’industrie des VE est la baisse de la dépendance énergétique de la Chine au pétrole (Fig. 39). La Chine importe déjà près de 60% de sa consommation, un taux analogue aux USA mais avec une croissance bien plus élevée. C’est un enjeux économique long terme majeur et l’automobile constituant une part non négligeable de la consommation d’énergie fossile (20%), le VE prend part à cette stratégie défensive.  Une stratégie mondiale de leapfrogging technologique Les VE participent aussi à une dynamique offensive de la Chine. Après l’échec du rattrapage de l’automobile thermique occidentale par l’industrie chinoise, même après 30 ans de co-entreprises diverses le long de la chaine de valeur, la Chine considère les VE comme une opportunité de sauter l’étape du véhicule thermique et de quitter sa position de follower pour devenir leader d’une industrie automobile devenue électrique.